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convenance, un être humain depuis toujours «complet» aux yeux de
Jonas.
Ce n'est pas, cependant, à ces utopies (dépassées aujourd'hui)
que le message jonassien devrait s'adresser mais bien à la
dynamique technoscientifique dont l'opérativité met réellement en
question la condition humaine.
— La peur comme procédé heuristique et comme instrument
de persuasion (B.Sève). L'heuristique de la peur est conçue comme
un moyen d'éviter les conséquences néfastes du progrès
technoscientifique pour l'existence et l'essence humaines. La peur
salutaire engendrée par des anticipations systématiquement
pessimistes des effets de la techno science, doit révéler les
véritables valeurs humaines et justifier les décisions autoritaires et
impopulaires que les politiciens devront peut-être prendre pour les
préserver. B.Sève critique les conséquences anti-démocratiques de
cette perspective.
* La deuxième section
{H.T.Engelhardt
et l'éthique du discours)
comporte deux chapitres consacrés au rapport que la pensée
d'Engelhardt entretient avec deux champs contemporains de la
réflexion philosophique, la bioéthique et le langage :
— Bioéthique et éthique procédurale (M.-H.Parizeau). Les
Foundations of
Bioethics10
proposent des principes régulateurs
(Principe d'autonomie et Principe de bienfaisance) qui doivent
gérer de manière éthique (sans violence) la confrontation des
différences individuelles et collectives dans une société pluraliste.
Le langage, médium de l'expression et de la discussion, occupe une
place de première importance dans cette éthique procédurale
attentive à la problématique morale de la société américaine en
général et de la profession médicale en particulier.
— Les Foundations of Bioethics d'Engelhardt et l'éthique
discursive (W.Kuhlmann). Etre moral, pour Engelhardt, c'est tolérer
n'importe quelle croyance pour autant qu'elle ne cherche à
s'imposer que de manière symbolique, c'est-à-dire par le langage.
C'est précisément ici que l'éthique procédurale se démarque de
l'éthique du discours apelienne : celle-ci exige, en se rapportant à
l'universalité de la Raison impliquée dans le Logos (langage) que la
discussion argumentée conduise à des conlusions-décisions
reconnues comme rationnelles par toutes les parties intéressées a u
débat. Il
s'agit
en effet d'éviter les usages langagiers (sophisme,
propagande,...) qui, en manipulant symboliquement autrui, entrent
en conflit avec l'éthique du respect de l'autre.
* La troisième et dernière section {H.Jonas et
H.T.Englehardt
en
perspective) ouvre l'horizon de l'analyse critique de ces deux
pensées à la philosophie politique, au
néo-aristotélisme
et à la
religion :
1
^.T.Engelhardt,
The Foundations of Bioethics, Oxford-New York, Oxford
University Press, 1986