81
Document 4 - Modèle des relations transfrontalières au poste-frontière entre
Tijuana et San Diego
Cette représentation graphique montre les flux de voyageurs transfrontaliers au poste-
frontière entre Tijuana et San Diego selon les motifs de déplacement. Pour chaque type
de motif, l’épaisseur des flèches est proportionnelle au nombre de personnes interrogées.
Le total des réponses recueillies est supérieur à 100 % car certaines personnes réalisent
leurs déplacements en vue de satisfaire plusieurs activités. La longueur des flèches est,
elle, proportionnelle à la distance du déplacement des voyageurs : du local (zone blanche
autour de la frontière) à l’international (zone la plus sombre) en passant par la région. Il
s’agit d’un graphique construit à partir des données brutes (traitées et classées par l’auteur)
de l’enquête du San Diego Dialogue réalisée auprès de 6 000 personnes en 1992.
Sources : M.-C. Macías, « Jeux et enjeux d’une mobilité transfrontalière à contre-courant à la frontière Mexique-États-Unis », in Transcontinentales, 8/9 | 2010,
consultable en ligne URL: http://transcontinentales.revues.org/796.
Affaires
E.U.
Californie
San Diego
Tijuana
Basse-Californie
Mexique
TravailTourismeLoisirs Services Shopping
Motivations du passages
transfrontaliers (> 100%)*
Affaires
Travail
Tourisme
Loisirs
Shopping
Services
Vers le
Mexique
9,7 %
6,0 %
31,2 %
43,4 %
31,4 %
11,7 %
Vers les
États-Unis
8 %
30 %
10 %
19 %
62 %
5 %
* Flèches proportionneles aux réponses cumulées
Nous observons d’abord que selon leur origine, les flux sont inégalement distribués :
les frontaliers mexicains sont plus soucieux de profiter des opportunités offertes par cette
situation géographique alors que les voyageurs venus du nord de la frontière sont plus
occasionnels et leurs motivations relèvent d’activités moins basiques. Plus de la moitié
des passages sont réalisés par des résidents du Mexique (55,6 %). Si les entrepreneurs
transfrontaliers sont aussi nombreux à se déplacer pour affaires d’un côté à l’autre de
la frontière, les travailleurs frontaliers, quant à eux, sont majoritairement mexicains. Les
passages transfrontaliers motivés par l’offre de services et de marchandises sont encore
plus inégaux entre les deux côtés. En allant vers le nord, les transfrontaliers réalisent
des achats au bénéfice des commerces de détail états-uniens. En allant vers le sud, les
visiteurs, majoritairement d’origine hispanique, recherchent la consommation de services
dans le cadre de leurs activités de loisirs (43,4 % des déclarations), de tourisme (31,2 %)
ou de shopping (31,4 %) - cette dernière motivation allant souvent de pair avec les loisirs.
Les voyageurs originaires des États-Unis visitent principalement la Basse Californie lors
de séjours touristiques (séjour hors du domicile supérieur à 24 heures) ou les loisirs
(séjour inférieur à 24 heures). Il s’agit là d’une pratique très ancienne puisque depuis les
années 1910-1920, les Californiens passaient la frontière pour fréquenter les bars (surtout
pendant la période de la prohibition), les discothèques, les Casinos et les maisons closes
de Tijuana. Depuis lors, des complexes hôteliers se sont développés sur la côte pacifique
s’adressant à une clientèle plus variée. En revanche, 62 % des transfrontaliers venant du
Mexique déclarent compter réaliser des achats à l’occasion de leur visite. Ils ne sont
respectivement que 19 % et 10 % à déclarer se rendre aux États-Unis pour leurs loisirs ou
y passer des vacances. Le plus souvent ces dernières activités sont également associées
au shopping : la sortie au centre commercial est l’occasion de faire une promenade en
famille. Que ce soit à Tijuana ou à San Diego, les Mexicains profitent des installations
commerciales pour aller au restaurant, au cinéma ou au parc.
Depuis le 11 septembre 2001, les flux Nord/Sud ont considérablement diminué du
fait des contrôles qui ralentissent le passage de la frontière et des restrictions (comme
l’obligation du passeport pour les citoyens états-uniens). Cette tendance s’est accentuée
depuis le lancement de la guerre contre le narcotrafic en 2007 ; dans les villes les plus
violentes de la frontière, notamment à Ciudad Juárez, les touristes états-uniens sont rares
et les frontaliers mexicains préfèrent passer la frontière vers le nord pour se divertir.
La frontière Mexique-États-Unis, un espace de relations Marie-Carmen Macías