Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
«Exsultate, jubilate», motet pour soprano et orchestre K. 165
Fin octobre 1772, Wolfgang Amadeus Mozart et son père Leopold ont entamé leur troisième et dernier
voyage vers l’Italie. Pour le jeune compositeur, ce périple a été empreint d'une «crise romantique» où
l’enjouement et la légèreté des œuvres plus juvéniles ont cédé la place à une gravité annonçant la
violence dramatique des pages symphoniques de l’année 1773. Au cours de ce voyage, Mozart a signé
à quelques jours de son dix-septième anniversaire le motet «Exsultate, jubilate», une œuvre qui s’est
imposée par la suite comme l’une des plus populaires du compositeur salzbourgeois. L’ouvrage était
destiné à Venanzio Rauzzini (1746-1810), célèbre castrat italien qui s’est produit sur de nombreuses
scènes européennes. Mozart lui a d'abord donné le rôle de «primo uomo» dans son opéra Lucia Silla
avant de lui confier cette pièce sacrée en quatre volets, destinée à mettre en valeur toute l’étendue
vocale et la riche palette expressive du sopraniste. Le compositeur a désigné cet «Exsultate, jubilate»
comme un «motet», genre vocal apparu au XIIe siècle qui se présente généralement comme une pièce
polyphonique à caractère sacré. Le terme doit pourtant se comprendre ici tel que le compositeur
allemand Johann Joachim Quantz l’a défini en 1752 dans son Essai sur la manière de jouer la flûte
traversière: «une cantate sacrée pour soliste, en latin, comprenant deux airs et deux récitatifs, finissant
par l’alléluia et interprétée par l’un des meilleurs chanteurs pendant la messe après le credo».