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• Les adultes de l'école doivent apprendre à ne pas transformer une situation de
crise en situation de violence. Celle-ci témoigne avec vigueur de la nécessité, qu’au-delà de
la didactique, les relations affectives enseignants - élèves - classe soient prises en compte.
• Les rapports de la violence avec l'agressivité, la haine, la crise, le passage à
l’acte sont complexes
• Les sanctions disciplinaires, dans les écoles, doivent être réfléchies, être
moralement, éthiquement, légalement justes.
• La violence de l'école amplifie celle des quartiers et réciproquement
• Les adultes sont démotivés (donc possiblement violents) car ils sont confrontés
en permanence à leur impuissance
• etc
Interrogeons-nous les motifs les plus fréquents d’orientation en structure éducative
spécialisée (ITEP) et sur ce qu’ils révèlent d’une absence de réflexion institutionnelle ?
Avons-nous eu une lecture complexe sur les trois niveaux de la personnalité, du fonctionnement du
groupe classe et de l’école, du quartier, des relations familles-école ? Quels moyens d’observation,
avec quelle parole de l’enfant avons-nous été capable d’échanger ? L’orientation n’a t-elle pas été
l’aboutissement d’une exaspération, d’une impuissance après une série d’affrontements personnels
enseignant-élève, de chronicisation de la crise relationnelle ?
Toute une frange d’élèves ne peuvent être considérés comme handicapés car leurs difficultés ne
sont pas assez sévères et ne relèvent pas des critères d’inclusion : le recours au secteur médico
social (les ITEP) ne peut se justifier sur l’échec de l’Education Nationale à accueillir de nombreux
élèves qui rejettent ou qui ne trouvent pas leur place dans le modèle traditionnel. Cette frange
d’élèves est plus ou moins importante selon les territoires et je pense, surtout dans les quartiers ZUS
ou dans les zones rurales en voie de désertification. L’enfant violent expose l’enseignant à une
souffrance, en lien avec l’impuissance de rejoindre cet enfant de manière positive. Certains essaient
de passer « la patate chaude » (technique de gestion habituelle dans les collèges), d’autres
revendiquent l’orientation ITEP, d’autres essaient d’inventer des solutions. Celles-ci exigent que
l’enseignant sache se donner une marge de manœuvre entre les règlements, les idéologies des
collègues, des inspecteurs et son expérience personnelle, qu’il puisse rester inventif.
2) Définitions actuelles du handicap, des troubles des conduites
A) Handicap
La législation a largement évolué ces dernières années, avec notamment la loi du 11 février
2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes
handicapées, qui donne du handicap la définition suivante :
« Constitue un handicap (…) toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en
société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle,
durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques,sensorielles,mentales,cognitives ou
psychiques,d’un poly-handicap ou d’un trouble de santé invalidant. ». La classification de Wood,
depuis de nombreuses années, distinguait bien la lésion (anatomique) de la déficience (fonctionnelle)
du handicap (social).
Mon inquiétude, surtout en ce qui concerne le handicap psychique, reconnu désormais dans la loi de
2005, concerne la discordance entre les intentions généreuses de la loi et les pratiques et les
mentalités de notre société. Nommer un enfant handicapé au nom de difficultés comportementales
pourrait se justifier par le fait qu’il y a limitation de son insertion scolaire, par exemple. Mais ceci
suppose que tout repose sur l’enfant et un déficit fonctionnel personnel. Cela nie l’existence de
personnes incarnant les pathologies groupales ou au moins les dysfonctionnements groupaux
(familiaux, institutionnels).