DiabetesVoice
Juin 2013 • Volume 58 • Numéro 2 45
contrôle glycémique d'une personne insuli-
nodépendante devient instable.
Les personnes atteintes de diabète de type 1
qui ne produisent pas d'insuline endogène
doivent calculer la quantité d'insuline requi-
se et les heures d'injection en fonction des
différentes sources de glucose. L'utilisation de
certaines informations spécifiques – quantité,
type et qualité des glucides ; glycémie actuelle ;
niveau d'activité et présence de certaines va-
riables (heures de sommeil, stress, infection,
hormones, etc.) – permet de déterminer la
quantité d'insuline exogène requise.6,7,8 Même
si c'est difficile, il est possible d'estimer la dose
d'insuline requise pour parvenir à un taux
de glycémie proche de la normale après un
repas. Les sources de glucose non alimentaires
(c.-à-d. endogènes) engendrent un problème
de dosage de l'insuline dans la mesure où il est
quasiment impossible de prédire la quantité
de glucose libérée par le foie et le moment
où cette libération surviendra. La personne
sous insulinothérapie est donc contrainte de
prendre de l'insuline de manière proactive,
au risque de voir son taux de glycémie chuter
si le foie n'apporte pas sa contribution, ou
d'attendre que sa glycémie augmente pour
prendre une dose d'insuline supplémentaire.
Dans les deux cas, le contrôle glycémique
risque fort d'être irrégulier.
Prenons l'exemple de trois apports journaliers
en glucides différents pour une personne in-
sulinodépendante : plus de 100 g/jour ; moins
de 30 g/jour ; et entre 30 et 99 g/jour. Dans
le cas d'un apport supérieur à 130 g/jour, le
glycogène stocké par le foie suffit à répondre
aux besoins énergétiques du cerveau. Une
gluconéogenèse, c'est-à-dire la production de
glucose par le foie dans la circulation systé-
mique, a lieu, mais principalement la nuit ou
en cas de besoin imprévu de glucose (activité
ou stress, par exemple).
Dans le cas d'un faible apport en glucides, la
gluconéogenèse doit combler le manque. Si
l'apport journalier réel en glucides est inférieur
à 20-30 g/jour, la gluconéogenèse se déroule en
continu et le foie libère une quantité constante
de glucose. La dose d'insuline requise pour
gérer ce glucose est essentiellement basale et
seules de faibles quantités sont nécessaires au
moment des repas. Il est cependant difficile
de respecter en permanence un tel niveau de
restriction des glucides. La plupart des per-
sonnes atteintes de diabète ne parviennent pas
à s'en tenir à ce régime strict et leur contrôle
glycémique s'en ressent.
Un plan de repas prévoyant un apport en
glucides alimentaires compris entre 30 et
100 g/jour est encore plus difficile à gérer
pour une personne insulinodépendante. La
contribution du foie à la glycémie est mixte
et découle à la fois de la glycogénolyse, de
la libération de glycogène par le foie et de
la gluconéogenèse. La contribution du foie
ne pouvant être prédite, il est impossible
d'anticiper la dose d'insuline requise pour
empêcher une hausse ou une chute excessive
du glucose. La personne atteinte de diabète
de type 1 ne peut donc réagir qu'a posteriori,
une fois que son taux de glycémie change.
Des hypoglycémies et des hyperglycémies se
produisent indépendamment de la nourriture
ingérée ou du fait que le patient soit à jeun.
En résumé, un plan alimentaire composé
de moins de 100 g de glucides par jour se
traduit par un contrôle glycémique irrégu-
lier. Il est quasiment impossible de mettre au
point un régime insulinique efficace à même
d'identifier les pics et les chutes du taux de
glycémie. Un régime pauvre en glucides ne
constitue pas une stratégie appropriée pour
les personnes atteintes de diabète de type 1
principalement à cause de leur absence de
réactions biologiques efficaces ou de leur
incapacité à identifier une modification du
taux de glucose secrété par le foie. Ce type de
régime pour la gestion du diabète de type 1
d'un point de vue alimentaire se traduit par
un contrôle glycémique irrégulier frustrant
tant pour la personne atteinte de la condition
que pour l'équipe soignante.
Franziska Spritzler et
Carolyn Robertson
Franziska Spritzler est diététicienne
clinique au sein du Département des
anciens combattants et éducatrice certifiée
en diabète à Los Angeles (États-Unis).
Carolyn Robertson est infirmière clinicienne
spécialisée, certifiée en tant qu'éducatrice en
diabète et en gestion avancée du diabète.
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Pratique clinique