standardisés et formalisés comme celui de la médecine, Woollven a montré lors des 
journées  d’étude que  nous avons organisées  que la  dyslexie ne  recouvrait   pas la 
même réalité des deux côtés de la Manche. Dans tous ces cas, le risque est d’être 
abusé par des effets de langage qui, en cachant les différences, conduisent à voir de 
l’identique   partout.  Afin   de   lutter   contre   ces   fausses   équivalences   sémantiques, 
Barbier (2002) propose de construire un « troisième langage », celui de la recherche, 
qui   permet   de   se   dégager   des   sens   indigènes   et   de   pouvoir   ainsi   les   analyser 
distinctement. 
Le piège de l'équivalence fonctionnelle
La troisième erreur découle de la construction inconsciente de ce que l’on 
pourrait appeler des équivalents fonctionnels. Il s’agit dans ce cas de construire des 
entités contextualisés mais néanmoins considérées équivalentes. Cette erreur se laisse 
moins facilement saisir dans la mesure où elle implique de déconstruire les habitudes 
mentales formées dans un cadre national. En effet, suivant Les règles de la méthode  
sociologique, le sociologue cherche à se donner une définition précise qui rompt avec 
le sens commun en évitant l’ethnocentrisme afin, justement, d’échapper à une vision 
anhistorique du phénomène. Souvent, cette définition, bien que détachée du contexte 
national particulier, reste imprégnée des schèmes de pensée propre à son contexte de 
production, ne serait-ce que parce qu’elle est formulée dans une langue spécifique. 
Dans le cadre de l’enquête que j’ai menée, par exemple, avant de pouvoir traiter la 
question des « travailleurs pauvres », il me fallait une définition de la pauvreté. La 
définition de Simmel, selon laquelle les personnes pauvres dans une société donnée 
sont les personnes auxquelles la société vient en aide en raison de ce manque de 
moyens, permettait a priori d’éviter la vision ethnocentrique de la pauvreté. Dans le 
cas de la définition de la pauvreté par le dispositif d’assistance, le danger consiste 
alors à rassembler sous la même catégorie de « pauvre » les allocataires du RSA et 
ceux du Hatz IV (« l’équivalent » allemand). Les systèmes de protection sociale, bien 
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