C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux Analyse spatiale des phénomènes sociaux (M2) Chapitre 1 INTRODUCTION A l’ANALYSE SPATIALE DES PHENOMENES SOCIAUX Claude GRASLAND – Professeur de Géographie - Université Paris Diderot Objectifs 1 - Déconstruire quatre oppositions binaires sources de confusion. 2- Définir le cadre général de l'enseignement proposé 3- Appliquer ce cadre sur un exemple théorique et un exemple réel Plan de cours 1. Quatre oppositions fallacieuses (obstacles épistémologiques) 1.1) 1.2) 1.3) 1.4) SOCIAL / SPATIAL SPATIAL / TERRITORIAL QUALITATIF / QUANTITATIF MICRO / MACRO 2. Un cadre théorique à la frontière de la géographie et de la sociologie 2.1) 2.2) 2.3) 2.4) Blau & Tobler Positions sociales et spatiales Interactions et positions Echelles et temporalités 3. Quelques exemples d’application 3.1) L’exemple de la prison 3.2) L’exemple de l’électrification à Yemessoa 3.3) L’exemple du retard et de la mobilité des collégiens en Ile de France Bibliographie Blau P.M., 1977, Inequality and heterogeneity, New York, Free Press Blau P.M., 1993, « Multilevel Structural Analysis », Social Networks, 15, pp. 201215. Boudon R., 1970, L’analyse mathématique des faits sociaux, Plon, Paris, 2nd edition, 1970. Degenne A., Forsé M., 1994, Les réseaux sociaux, Masson, Paris Durkheim E., 1894, Le suicide, Chapitre IV, L'Imitation Grasland C., 2009, “Spatial Analysis of Social Facts”, in :Bavaud F. & Mager C. (Eds),. Handbook of Theoretical and Quantitative Geography, Lausanne, FGSE, pp. 117-174 Raffestin C., 1978, "Les construits en géographie humaine : notions et concepts", Géopoint 1978, Univ. de Lyon II, Lausanne et Genève, pp. 55-73 Simmel G., 1999 (1903), Sociologie, PUF, Paris, Tobler W., Wineburg S., 1971, A Cappadocian Speculation, Nature, Friday May 7 1971, No. 5297 Vol. 231, pp. 39-41 Tobler W.R., 2004, On the First Law of Geography: A Reply, Annals of the Association of American Geographers, 1467-8306, Volume 94, Issue 2, 2004, pp. 290-293 1 /12 C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux Document 1.1 : Textes de Simmel et Durkheim sur les frontières et les discontinuités "Dans tous les rapports des hommes entre eux, la notion de frontière est d'une importance capitale même si son sens n'est pas toujours sociologique; car assez souvent elle ne signifie que le fait qu'une personnalité a trouvé ses limites, quant à sa force, son intelligence, sa résistance ou sa jouissance - mais sans qu'à ce terme s'installe une autre personnalité dont la propre frontière rendrait plus visible celle de la première. Ce dernier cas de figure, la frontière sociologique, implique une action réciproque tout à fait particulière. Chacun des deux éléments agit sur l'autre en lui fixant la frontière, mais le contenu de cette action est justement la détermination de ne pas vouloir ou pouvoir du tout agir au-delà de cette frontière, donc sur l'autre. Si cette notion universelle de limitation réciproque est tirée de la frontière spatiale, celle-ci n'est pourtant, plus profondément, que la cristallisation ou la spatialisation des processus psychiques de délimitation, seuls effectifs. Ce ne sont pas les pays, les terrains, les territoires de villes ou de cantons qui se limitent mutuellement, mais leurs habitants ou propriétaires qui exercent cette action réciproque dont je viens de parler. La coexistence de deux personnalités ou ensembles de personnalités confère à chacun une cohésion interne en soi, une dépendance mutuelle de ses éléments, un rapport dynamique entre le centre et eux; et c'est précisément ainsi que s'établit entre les deux termes ce que symbolise la frontière dans l'espace, le parachèvement de la norme positive du pouvoir et du soit dans son propre domaine par la conscience que le pouvoir et le droit ne s'étendent justement pas jusque dans l'autre domaine. La frontière n'est pas un fait spatial avec des conséquences sociologiques, mais un fait sociologique qui prend une forme spatiale." G. Simmel, 1999 (1903), Sociologie, PUF, Paris, p. 607 "En définitive, ce que nous montrent toutes les cartes, c'est que le suicide, loin de se disposer plus ou moins concentriquement autour de certains loyers à partir desquels il irait en se dégradant progressivement, se présente, au contraire, par grandes masses à peu près homogènes (mais à peu près seulement) et dépourvues de tout noyau central. Une telle configuration n'a donc rien qui décèle l'influence de l'imitation […]" "Il n'y a ici ni imitateurs ni imités, mais identité relative dans les effets due à une identité relative dans les causes. Et on s'explique, aisément qu'il en soit ainsi si, comme tout ce qui précède le fait déjà prévu, le suicide dépend essentiellement de certains états du milieu social. Car ce dernier garde généralement la même constitution sur d'assez larges étendues de territoire. Il est donc naturel que, partout où il est le même, il ait les mêmes conséquences sans que la contagion y soit pour rien. C'est pourquoi il arrive le plus souvent que, dans une même région, le taux des suicides se soutienne à peu près au même niveau. […]" "Ce qui prouve que cette explication est fondée, c'est qu'on le voit se modifier brusquement du tout au tout chaque fois que le milieu social change brusquement. Jamais celui-ci n'étend son action au delà de ses limites naturelles. Jamais un pays que des conditions particulières prédisposent spécialement au suicide n'impose, par le seul prestige de l'exemple, son penchant aux pays voisins, si ces mêmes conditions ou d'autres semblables ne s'y trouvent pas au même degré. " Durkheim E., 1894, Le suicide, Chapitre IV, L'Imitation 2 /12 C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux Les géographes ne sont évidemment pas les seules à s'intéresser aux limites et aux discontinuités et les autres disciplines de sciences sociales ou de sciences physiques peuvent apporter beaucoup à la compréhension phénomènes de limite ou de discontinuité en géographie. Les géographes n'ont d'ailleurs même pas le monopole de l'étude des limites territoriales ou des discontinuités spatiales auxquelles ils se ont intéressé assez tardivement, et surtout sous l'angle de la géographie politique (e.g RATZEL) ou de la géographie physique (limites climatiques, biogéographiques, topographiques, …). L'un des premiers auteurs français à avoir étudié de façon détaillé la signification des discontinuités dans la distribution des phénomènes sociaux est Durkheim dans Le Suicide (1894). Dans le chapitre 4 de cet ouvrage, Dukheim cherche à réfuter le rôle de l'imitation et veut montrer que le suicide est un phénomène social global et non pas un phénomène psychologique reposant sur des déterminants individuels. Il utilise un raisonnement spatial et cartographique pour montrer que, si l'imitation était un facteur déterminant du suicide, celui-ci afficherait une distribution spatialement continue organisée par des gradients autour des foyers émetteurs que sont les grands pôles de concentration du peuplement (Figure 1). Si au contraire le suicide est lié à un milieu social global, sa distribution doit former des régions homogènes séparées par des discontinuités (Figure 2). 3 /12 C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux Document 1.2 : Trois textes de Simmel sur la question de l'individu et des formes d'association. « Le fait que les individus sont à côté les uns des autres, par conséquent extérieurs les uns aux autres, n’empêche pas l’unité sociale de se constituer ; l’union spirituelle des hommes triomphe de leur séparation spatiale. De même, la séparation temporelle des générations n’empêche pas que leur suite ne forme pour notre représentation un tout ininterrompu. Chez les êtres que l’espace sépare, l’unité résulte des actions et des réactions qu’ils échangent entre eux ; car l’unité d’un tout complexe ne signifie rien d’autre que la cohésion et cette cohésion ne peut être obtenue que par le concours mutuel des forces en présence .» « Le facteur dont l’idée se présente le plus immédiatement à l’esprit pour rendre compte de la continuité des êtres collectifs, c’est la permanence du sol sur lequel ils vivent. L’unité, non pas seulement de l’Etat ,mais de la ville et de bien d’autres associations, tient d’abord au territoire qui sert de substrat durable à tout changement que subit l’effectif de la société. A vrai dire, la permanence du lieu ne produit pas à elle seule la permanence de l’unité sociale ; car, quand la population est expulsée ou asservie par un peuple conquérant, nous disons que l’Etat a changé bien que le territoire reste le même. En outre, l’unité dont il s’agit ici est toute psychique, et c’est cette unité psychique qui fait vraiment l’unité territoriale, loin d’en dériver. Cependant, une fois qu’elle s’est constituée, elle devient à son tour un soutien pour la première et l’aide à se maintenir. Mais bien d’autres conditions sont nécessaires. La preuve c’est que nombre de groupes n’ont aucun besoin de cette base matérielle. [...] En définitive, cette première condition n’assure guère que d’une manière formelle la persistance du groupe à travers le temps. » G. Simmel, 1896-1897, Comment les formes sociales se maintiennent, in Sociologie et Epistémologie, PUF, 1981, pp. 175-176 « Comment donc, si les êtres individuels existent seuls, expliquer le caractère supra-individuel des phénomènes collectifs, l’objectivité et l’autonomie des formes sociales ? Il n’y a qu’une manière de résoudre cette antinomie. Pour une connaissance parfaite, il faut admettre qu’il n’existe rien que des individus. Pour un regard qui pénétrerait le fond des choses, tout phénomène qui paraît constituer au-dessus des individus quelque unité nouvelle et indépendante se résoudrait dans les actions réciproques entre les individus. Malheureusement cette connaissance nous est interdite. Les rapports qui s’établissent entre les hommes sont si complexes qu’il est chimérique de vouloir les ramener à leurs éléments ultimes. Nous devons plutôt les traiter comme des réalités qui se suffisent à elles-mêmes. C’est donc seulement par méthode que nous parlons de l’Etat, du droit, de la mode, etc., comme si c’étaient des êtres indivis. C’est ainsi encore que nous parlons de la vie commune d’une chose unique, tout en admettant qu’elle se réduit à un complexus d’actions et de réactions physico- chimiques échangées entre les derniers éléments de l’organisme. Ainsi se résout le conflit entre la conception individualiste et ce que l’on pourrait appeler la conception moniste de la société ; celle-là correspond à la réalité, celle-ci à l’état borné de nos facultés d’analyse ; l’une est l’idéal de la connaissance, l’autre exprime sa situation actuelle» G. Simmel, 1896-1897, « Comment les formes sociales se maintiennent », in Sociologie et Epistémologie, PUF, 1981, pp. 174 « Si la sociologie devait réellement, comme on le prétend, embrasser l’ensemble de tout ce qui arrive dans la société, et exécuter la réduction de tout l’individuel au social, elle ne serait rien, alors, qu’un nom général pour la totalité des sciences modernes de l’esprit. Du même coup, elle ouvrirait la porte aux généralisations vides et aux abstractions apanage de la philosophie. [...] Une sociologie proprement dite étudiera seulement ce qui est spécifiquement social, la forme et les formes de l’association en tant que telle, abstraction faite des intérêts et des objets particuliers qui se réalisent dans l’association.[...] Il y a société, au sens large du mot, partout où il y a action réciproque des individus. [...] Les causes particulières et les fins sans lesquelles naturellement il n’y aurait pas d’association, sont comme le corps, la matière du processus social ; que le résultat de ces causes, que la recherche de ces fins entraîne nécessairement une action réciproque, une association entre les individus, voilà la forme que revêtent les contenus. Séparer cette forme de ces contenus, au moyen de l’abstraction scientifique, telle est la condition sur laquelle repose l’existence d’une science spéciale de la société. » G. Simmel, 1894, Le problème de la sociologie, in Sociologie et Epistémologie, PUF, 1981, pp. 164 4 /12 C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux Document 2.1 : Cadre théorique : le système des positions élémentaires Blau’s structural analysis begins by defining a multidimensional space by way of describing the social position of individuals according to a range of properties known as structural parameters. According to Blau, structural parameters belong to either one of two elementary kinds that may combine to form more complex combinations. (1) Nominal parameters pertain to the qualitative attributes of individuals and define social categories such as ethnic group, religious affiliation, professional activity, etc. The degree of differentiation of nominal positions is a reflection of the heterogeneity defined by Blau in the simplest sense of the term as the probability that two members of a given population belong to different groups. (2) Graduate parameters refer to quantitative attributes, i.e. continuous distributions of differences of resources and statuses such as income, education, etc. that serve to define social strata. The degree of differentiation of graduate parameters reflects inequality, defined at its most basic as the coefficient of variation (or Gini index) of differences between levels. Applied to the study of geographical positions, Blau’s distinction overlaps with the distinction made in my own work and discussed in the previous section between territorial parameters and spatial parameters of location. (3) Territorial parameters pertain to qualitative variables of the location of individuals such as their affiliation with different territorial grids, which operate an exhaustive partition of space and society. Every individual belongs to one or several territorial grid; the status of these parameters is formally equivalent to the status of the nominal parameters defined by Blau. In its paper of 1977 on ‘Macro sociological theory’ Blau include ‘places’ as a particular case of nominal parameter and proposes some specific theorems related to the effect of place location and distance. But he does not consider as useful to distinguish this parameter of other categorical variables like sex or religion, even if it recognizes that they produce specific effects on social integration and organization of heterogeneity and inequalities. (4) Spatial parameters refer to quantitative variables of location such as a system of coordinates including latitude (X) and longitude (Y). This two-dimensional space may be characterized by a metrics with the usual properties of mathematical distance (identity, symmetry, triangular inequality). Note the significant difference with Blau’s level variables; insofar as spatial parameters commonly operate in pairs (a system of coordinates with a metrics) and, in most cases, they are not oriented. MATHEMATICAL PROPERTIES SOCIETAL PROPERTIES SOCIOLOGICAL POSITIONS (-> Social distances) NOMINAL / QUALITATIVE (-> Heterogeneity) Area uncertainty Social category (ex. Cast, social class or professional category) (ex. religion) GRADUATE / QUANTITATIVE (-> Inequality) Social level (ex. income) (ex. nationality) (ex. ethnical Group) (ex. distance from a center) Territorial location (ex. position in urban network) Spatial location Area of uncertainty GEOGRAPHICAL POSITIONS (-> Geographical distances) of (ex. administrative units) Source : Grasland C., 2009, 5 /12 (ex. latitude, longitude) C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux Document 2.2 : Cadre théorique : des positions aux interactions The internal structure of sociological, economic or geographical systems (individuals, companies and places respectively) invariably contains two main sub-systems describing respectively the elements of the system (the structure) and the interactions between these elements (relations). The positions correspond to different groups of attributes of the elements, according to whether they are quantitative or qualitative, geographical or sociological, etc. Every type of position may of course correspond to several variables and not just a single variable as in the examples cited above. In cases where the elements of the system are not individuals that are deemed to be identical, it is often necessary to draw on another category of indicators that describes the weight or size of the social aggregates (population), their activities (added value) or the space in which they are distributed (surface area). The differences of position across the full range of criteria define opportunities for relations between pairs of elements. These opportunities correspond to a rate of potential interaction ranging between 0 and 1 when the elements are individuals of equal weight. By contrast, they correspond to a potential volume of relation in cases involving aggregates of different sizes. These opportunities for relations correspond to an offer of relation that is the product of elementary constraints connected with the differences of position and which result from a whole range of economic, psychological and informational factors. The offer of relation is then subject to a number of systemic constraints that result from the total energy available within the system and to its distribution between the different individuals located therein. Every individual may wish to establish a minimum number of relations, but they may not be able to forge an infinite number. Individuals occupying a central position will therefore probably have fewer relations than might have been predicted on the basis of their total number of opportunities for relations. The relations effectively observed within the system correspond therefore to the effective realization of opportunities for relations relayed to positions under different constraints. They can be analyzed by means of different grids according to the hypotheses made about the position determinants that have the greatest impact. Territorial interaction may correspond for instance to the fact that individuals belonging to the same territorial grid have a higher number of exchanges than individuals belonging to different territorial grids. Spatial interaction corresponds to the fact that the probability of relation decreases with the geographical distance between individuals (measured in time, cost or kilometers). Categorical interaction corresponds to the fact that individuals with the same affiliation to a given social category have more intense relations than individuals belonging to different groups. Hierarchical interaction corresponds to the fact that two individuals with identical social positions will forge relations more easily than individuals with different social positions. But these laws of interaction can in some instances be reversed, especially when individuals developing a relation do so on the basis of complementarities rather than affinity or identity. Furthermore, it is important to bear in mind that the different forms of interaction distinguished here operate simultaneously and that combined effects of varying complexity may appear. Whatever the precise operative mode of the sub-system of interaction, it is at any rate liable to generate two kinds of systemic modification. First of all, relations may cause mobility, i.e. a modification of sociological or geographical positions of individuals who have entered into a relation. The first effect of such mobility is to alter the position of individuals who have entered into direct contact and thus to increase their future opportunities for relations. But mobility can also generate a modification of the opportunities for relations related to the development of networks that facilitate or hinder opportunities for relations between individuals, all other things being equal in relation to their positions. A second consequence of relations relates to the memory of past relations, which bring about an alteration of the rules governing the elementary and systemic constraints of the entire system. Two individuals who have forged an initial relation may for instance enter into contact more easily in the future (self-maintenance of relations). Two hostile groups who have entered into contact may see their hostility increase or attenuate. It is therefore not merely the state of the system but also its parameters of operation that are liable to change over time. The resulting framework for analysis can be presented in Erreur ! Source du renvoi introuvable.. C. Grasland, 2009 6 /12 C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux C. Grasland, 2009 7 /12 C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux Document 2.3 : Cadre théorique : niveau d’agrégation et temporalités The external structure of social or spatial systems (Erreur ! Source du renvoi introuvable.) also needs to be taken into account theoretically in order to understand its dynamics. The interactions observed between elements correspond to a precise moment (T) and a specific level of organization (L) of spatial or social reality. Yet the reality that is amenable to observation at this level and at this given time is not independent of entrances and exits from other systems occupying different positions in time and within the hierarchy of organizational levels . By remaining confined to relations of immediate proximity, the state of the system (L, T) obviously depends first of all on its previous state (L, T-1), which has generated a number of legacies. But it also depends on its future state (L, T+1) to the extent that agents’ decisions take account of a range of anticipations pertaining to the future evolution of the system. As for organizational levels, the state of the system (L, T) is the emerging effect of interactions forged between elements at a lower level (L, T-1), but it is also subject to a range of constraints and determinations related to the impact of systems of interaction at a higher level (L, T+1). However, the successive analysis of different organizational levels is not the only possible approach. Increasingly, studies in the field seek to apprehend simultaneously several levels with new statistical instruments of information, especially in the context of multilevel models. C. Grasland, 2009 8 /12 C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux Document 3.1 : Un exemple théorique d’application : la prison On considère une population X composée de 32 individus répartis à l'intérieur d'un espace de forme carré noté E. Espace d'étude E Cet espace est divisé en quatre unités territoriales appelées quartiers et notés Q1..Q4. Maillage des quartiers Q1 Q2 Q3 Q4 Chaque quartier est lui-même divisé en quatre unités territoriales appelées cellules et notées C1..C16. Maillage des cellules C1 C2 C5 C6 C3 C4 C7 C8 C9 C11 C13 C14 C10 C12 C15 C16 La position exacte des individus à l'intérieur de l'espace E est inconnue, l'information la plus précise étant la localisation des individus à l'intérieur des cellules. On supposera que chaque individu appartient à une cellule et une seule et que toute cellule peut théoriquement accueillir l'ensemble de 0 à 32 individus. C. Grasland, DESCRIPTION QUATRE SITUATIONS DE sociaux Univ. Paris 7 / DES M2-CARTHAGEO-Recherche / AnalyseTHEORIQUES spatiale des phénomènes REPARTITION Quatre situations de répartition des individus (notées A, B, C et D) sont proposées. Situation A Situation B Situation C Situation D 2 2 2 2 3 3 2 2 1 2 2 1 3 2 2 3 2 2 2 2 3 3 2 2 2 3 3 2 2 1 1 2 2 2 2 2 1 1 2 2 2 3 3 2 2 1 1 2 2 2 2 2 1 1 2 2 1 2 2 1 3 2 2 3 9 /12 C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux Exercice n°1 En l'absence de toute information sur la nature des cellules, des quartiers et des individus, proposez une série de mesures permettant de comparer la concentration spatiale de la population composée par les 32 individus dans les situations A, B, C et D. Quelles situation spatiale correspond à la plus forte concentration spatiale ? A la plus faible concentration spatiale ? Ces mesures sont-elles toujours valables si les cellules sont de superficie différente ? Exercice n°2 L'espace étudié est une prison où les prisonniers sont regroupées dans des cellules hermétiquement closes par des murs étanches. Le directeur de la prison cherche à minimiser les interactions entre les prisonniers (nombre de contacts possibles au cours d'un intervalle de temps). Il se demande quelle distribution de prisonniers (A,B,C,D) répond le mieux à cet objectif. Quelle mesure de concentration permet de répondre à la question posée par le directeur de la prison ? Exercice n°3 Même situation que dans l'exercice n°2, mais on suppose que les prisonniers dont les cellules sont localisées à l'intérieur d'un même quartier peuvent se rencontrer de temps à autre. Proposez une ou plusieurs mesures de concentration décrivant cette nouvelle situation ? Exercice n°4 Même situation que dans l'exercice n°2, mais on suppose que les prisonniers localisées dans des cellules contiguës (mur commun) peuvent communiquer en tapant sur les murs. Les messages peuvent être transmis de proche en proche mais avec un certain délai et une certaine déperdition de la qualité de l'information. Proposez une ou plusieurs mesures de concentration adaptées à cette situation. Exercice n°5 On suppose enfin que les situations A, B, C, D décrivent la localisation des prisonniers à l'intérieur d'une cour dallée où les prisonniers peuvent circuler librement dans toutes les directions de l'espace. Proposez une ou plusieurs mesures de concentration adaptées à cette situation. 10 /12 C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux Document 3.2 : Un exemple réel d’application : l’électrification des ménages du village de Yemessoa (Cameroun) en 2005 Extrait des données collectées par A.G. Monnier (Maîtrise de Géographie, 2005) NQ Elect2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Quar_nom Dist_poteau Sexe 1500 20 10 110 30 7 50 15 30 20 Biling Bitom Biling Bitom Biling Bitom Biling Bitom Biling Bitom Biling Bitom Biling Bitom Biling Bitom Biling Bitom Biling Bitom Age Auto_eval Budget_men Femme 0 (3) Grand Femme 61 (3) Grand Femme 60 (2) Moyen Homme 55 (2) Moyen Femme 38 (1) Petit Femme 52 (2) Moyen Homme 54 (2) Moyen Homme 51 (2) Moyen Homme 48 (2) Moyen Homme 31 (1) Petit 2350 1950 1600 2600 1300 1700 1900 3200 3600 1250 Table Salon Oui Oui Oui Oui Non Oui Oui Non Non Oui Oui Non Non Oui Non Non Non Non Non Non Pour la quasi-totalité des ménages du village (340) on dispose de données décrivant tout d’abord la présence ou non de l’électricité (Elect2) puis une série d’informations sur le quartier de résidence, la distance au poteau électrique le plus proche, le sexe et l’âge du chef de ménage, son auto-évaluation sociale, son budget mensuel, la présence d’une table ou d’un salon … Exemple de variable spatiale qualitative (le quartier de résidence) NB NQ Elect2 Quar_nom Non Oui Biling Bitom 22 Edip Ndam 10 Elig Messobo 23 Mebang Mengoe 15 Nkol Ambenbe 53 Nkol Mekongo 18 Nkol Nguégué 28 Zogo Ntso 28 Total général 197 44 46 23 19 5 2 3 142 Total général TxElec 66 67% 10 0% 69 67% 38 61% 72 26% 23 22% 30 7% 31 10% 339 42% Exemple de variable sociale qualitative (sexe et autoévaluation) NB NQ Sexe Femme Auto_eval (1) Petit (2) Moyen (3) Grand Total Femme Homme (1) Petit (2) Moyen (3) Grand Total Homme Total général Elect2 Non 13 8 37 58 24 38 76 138 196 Oui 3 6 9 18 22 41 61 124 142 Total général TxElec 16 19% 14 43% 46 20% 76 24% 46 48% 79 52% 137 45% 262 47% 338 42% 11 /12 C. Grasland, Univ. Paris Diderot / M2 SDT GEOPRISME / Analyse spatiale des phénomènes sociaux Exemple de variable spatiale quantitative (la distance à un poteau électrique) dist connecté non connectétot [0;5] 19 5 [5;10] 39 13 [10;15] 16 25 [15;50] 43 57 [50;200] 10 13 [200;600] 9 24 [600;1000] 6 26 [1000;1500] 4 13 [1500;3000] 1 19 148 195 d_mean 24 52 41 100 23 33 32 17 20 343 2,5 7,5 12,5 32,5 125 400 800 1250 2250 tx connexion 79% 75% 39% 43% 43% 27% 19% 24% 5% 43% Exemple de variable sociale quantitative (le budget des ménages) BudQual Non 0-1000 1000-2000 2000-3000 3000-4000 4000-6000 6000-8000 8000-12000 12000-20000 > 20000 Total général Oui 20 51 28 45 13 15 14 7 4 197 2 7 31 47 18 16 7 10 4 142 Total général BudgMoy TxConn 22 500 9% 58 1500 12% 59 2500 53% 92 3500 51% 31 5000 58% 31 7000 52% 21 10000 33% 17 16000 59% 8 25000 50% 339 12 /12