Etude sur une rémunération équitable pour les créateurs de musique à l’ère du numérique
Résumé analytique
Cette étude se base sur des données financières et économiques permettant d’analyser la
structure actuelle du marché de la diffusion numérique de musique, en la comparant à d’autres
secteurs qui distribuent des contenus créatifs, afin de déterminer une valeur appropriée des
œuvres musicales et un partage équitable des revenus.
Les résultats font apparaître que, tels qu’ils sont actuellement structurés, les services de
diffusion numérique reposent sur une chaîne de valeur d’exploitation qui sous-estime la
valeur des œuvres musicales qui sont à la base de leur activité. En outre, les contraintes
de réglementation, les déséquilibres des marchés et les labels qui négocient avec les
prestataires de services pour tous les types d’ayants droit ont abouti à un traitement
préférentiel des principales maisons de disque aux dépends des créateurs individuels et
des interprètes.
Notre étude montre que les taux du marché pour l’utilisation de musique par les services de
diffusion en continu devraient s’élever à 80% des revenus bruts, versés à l’ensemble des ayants
droits, ce montant étant partagé à part égale entre les maisons de disques/ interprètes d’une
part et les éditeurs de musiques/auteurs d’autre part. Actuellement, les services versent 60 à
70% des revenus bruts aux titulaires de droits selon une répartition d’environ 94/6 en faveur des
labels.
Pour vaincre ces obstacles à la pérennité à long terme de ces services et encourager la
répartition équitable des revenus, une approche de type « équitable » basée sur un ensemble
de normes commerciales éthiques, transparentes, faciles à comprendre qui offre un choix aux
consommateurs lors de l’achat mérite d’être prise en considération.
Bien que les services de diffusion numérique constituent actuellement moins de 15% des parts
de marché de la musique mondiale, ils sont en passe de devenir le modèle prédominant de
distribution de musique dans le futur. En fournissant un accès pratiquement au répertoire
mondial entier des œuvres musicales sur de multiples dispositifs et plateformes, la diffusion
numérique est une aubaine pour les consommateurs de plus en plus mobiles et offre un
potentiel considérable aux créateurs.
Pourtant, à ce jour, le marché du streaming en est encore à un stade de développement où les
taris des abonnements et les revenus de la publicité sont inférieurs à ceux qui prévaudraient
dans un marché mature. Par ailleurs, les interprètes, les auteurs et compositeurs se sont
vivement insurgés à propos des faibles rémunérations qu’ils reçoivent de ces prestataires de
services pour l’utilisation de leurs œuvres. Aux EU, des services populaires tels que Pandora,
Spotify et iTunes Radio octroient aux interprètes, par droit de diffusion, entre 0,001 $ et 0,005 $,
généralement autour de 0,0012 $. Pour les compositeurs et les auteurs, ces montants sont
encore inférieurs. En Europe, les chiffres sont très similaires. Cependant, même les montants
étonnamment faibles distribués ne bénéficient pas toujours aux créateurs et interprètes compte
tenu d’un certain nombre de pratiques très contestables aussi bien lors des négociations des
taux que de la répartition des fonds collectés, à la base de la division déjà inéquitable des
revenus.
En l’absence d’un soutien suffisant aux personnes mêmes qui leur proposent le contenu créatif
qui alimente leur activité, ces services de streaming peuvent compromettre leur future viabilité.
Compte tenu de la puissance économique des industries du divertissement et de la culture,
nous avons tous un intérêt tout particulier à voir ces services fonctionner avec succès.