iTunes Radio secoue le streaming musical

16 BILAN 26 JUIN 2013
Nouvelle offensive dans
la guerre des paquets
PAR MARY VAKARIDIS Des automates à colis, des heures
de livraison étendues: La Poste renforce son offre
afin de pouvoir concurrencer les prestataires privés.
A   ,
le boom de la vente par
correspondance saute aux
yeux. Des paquets Zalando
et Amazon s’amoncellent
jusqu’au plafond derrière le collaborateur
du géant jaune. Ce marché est en outre
dopé par un taux de retour des envois qui
avoisine les 80% pour la confection,
certaines entreprises comme Zalando
off rant les frais de port pour les retours.
En progression de quelque 5% annuels,
ce marché représente un domaine straté-
gique pour La Poste, dont les activités liées
au courrier et aux offi ces de poste dé-
clinent face aux facilités off ertes par
internet. La régie a donc lancé ce mois
de juin une off ensive en direction de la
clientèle privée. Le géant jaune va élargir
ses horaires de livraison aux soirées et au
samedi. Dès ce mois, les clients en ligne
peuvent faire prendre en charge les colis
en retour par le facteur à leur domicile
(pick@home).
Cet automne, La Poste va installer des
automates dans les gares, les stations-
service, les centres commerciaux et les
universités. Baptisé My Post 24, le service
permet de retirer des paquets à toute
heure du jour et de la nuit. Dans un pre-
mier temps, une quarantaine d’appareils
vont être installés dans toute la Suisse,
en commençant par Berne et Zurich.
Un système qui existe déjà en Allemagne
et aux Etats-Unis. «A partir d’octobre,
la clientèle pourra aussi gérer en ligne la
réception des envois faisant l’objet
d’un avis de retrait», détaille Nathalie
Dérobert, porte-parole de La Poste.
Du retard à rattraper
Chez la concurrence privée, on estime
que La Poste est surtout en train de rattra-
per son retard. Président de l’association
KEP & Mail, qui réunit une quinzaine de
prestataires, Peter Sutterlüti relève que
«DHL dispose déjà d’automates à colis».
En plus des poids lourds tels que les
groupes français DPD, allemand DHL
et américain UPS, de nouveaux acteurs
pénètrent ce marché convoité. «Valora
propose maintenant dans ses kiosques
de renvoyer les colis achetés par corres-
pondance pour bien moins cher que
La Poste», poursuit Peter Sutterlüti.
En Suisse romande, Naville fait de même
avec son service Relais Colis.
Président de la Commission fédérale
de La Poste (PostCom), Hans Hollenstein
tire un bilan positif de la libéralisation
du marché des colis remontant à 2004:
«Le client bénéfi cie d’une diversité et
d’une qualité des prestations en améliora-
tion constante. Parallèlement, le volume
d’aff aires en croissance off re de bonnes
perspectives aux prestataires.»
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iTunes Radio secoue
le streaming musical
PAR DINO AUCIELLO Apple débarque avec ses 500 millions
d’utilisateurs sur le marché de l’écoute de musique
sans téléchargement. L’étau se resserre sur Pandora,
Spotify et les autres acteurs du secteur.
A ’  lance-
ment cet automne de la
radio en streaming iTunes
Radio, Apple amorce sa
collaboration la plus ambi-
tieuse avec l’industrie de la musique
depuis la mise en ligne de son iTunes
Music Store il y a maintenant dix ans. A
son catalogue numérique de morceaux
vendus à l’unité, l’entreprise de Cupertino
ajoute plus de 200 stations radio gratuites,
fi nancées par la publicité et qui s’écoutent
sans télécharger de fi chiers. Avec aussi des
programmations sur mesure générées
selon les goûts des auditeurs.
Ce modèle n’est pas révolutionnaire. Il
se calque sur celui de la web radio
Pandora. Cet acteur pionnier du streaming
musical, fondé en 2000 et disponible
uniquement dans quelques pays dont les
Etats-Unis, compte 200 millions d’utilisa-
teurs, dont 70 millions actifs par mois.
Pour Benoît Flamant, directeur gestion
tech chez Fourpoints Investment
Managers à Paris, Apple va mener la vie
dure à Pandora: «Ce type de service, qui
n’a pas de barrière à l’entrée, n’a rien
qu’Apple ne puisse faire elle-même.
Pandora a beau être une des premières à
innover dans le streaming, Apple ras-
semble 500 millions d’utilisateurs dans le
monde qui lui sont plutôt fi dèles. Au fi nal,
pour le géant, ce n’est jamais qu’un
service additionnel.»
Basée à Genève et diff usée
en streaming dans une cen-
taine de pays, la radio internet
Traxx FM est bien consciente
de ce que signifi e l’irruption du
mastodonte sur le marché.
«L’arrivée d’iTunes Radio
complique les choses, bien
qu’elle fût attendue, commente le codirec-
teur Alexandre de Senger. Pour nous
distinguer, nous investissons principale-
ment sur la qualité de la programmation:
chaque semaine, quelque 350 nouveaux
titres sont programmés sur les 25 stations
de radio que nous proposons, soit davan-
tage que la plupart de nos concurrents.»
Accords avec les majors
Les radios en ligne ne sont pas les seules
concernées. Accessibles gratuitement ou
sur la base d’un abonnement mensuel, les
catalogues de morceaux en streaming
comme le suédois Spotify, le français
Deezer, ou encore Soundcloud et Rdio
pourraient aussi se retrouver sur un siège
éjectable.
Ce n’est cependant pas l’avis des ana-
lystes du cabinet Forrester qui estiment
que ces pure players ont fi nalement peu à
craindre d’Apple «à condition que la
compagnie ne retire pas soudainement
leurs applications de l’App Store».
Pour Mike McGuire, analyste et vice-
président de la recherche chez Gartner,
«ce qui sera intéressant sur le long terme,
c’est d’observer comment les artistes et les
majors de la musique vont réagir. D’autant
plus que Pandora et les autres services de
streaming par abonnement font pression
sur les ayants droit pour faire baisser les
charges liées aux droits d’auteur.»
Une stratégie qu’Apple pourrait vite
démonter. D’après le Wall Street Journal, la
marque à la pomme a conclu des accords
sur les royalties qui profi tent davantage
aux maisons de disques que ceux noués
entre ces dernières et Pandora. De quoi
aff aiblir les petits acteurs du streaming
peu à peu.
TENDANCES MUSIQUE
DES SERVICES COMME
SPOTIFY, DEEZER,
OU SOUNDCLOUD ET RDIO
POURRAIENT
SE RETROUVER SUR
UN SIÈGE ÉJECTABLE
PHOTO: GIANNI DILIBERTO/FSTOP/CORBIS
UNE PROGRESSION CONSTANTE
STREAMING En 2012, 20% des ventes
de musique dématérialisée proviennent
des services de lecture en continu selon
la Fédération internationale de l’industrie
phonographique (IFPI). A l’origine de nouveaux
modes de consommation, notamment sur les
smartphones et les tablettes, des valeurs
montantes du net comme Pandora et Spotify
grignotent de plus en plus de parts et se
saisissent des revenus de la
publicité mobile. Or cela a fini par
attirer les plus grands. Quelques
semaines avant Apple et son
iTunes Radio, Google a lancé «All
access», un catalogue musical de
18 millions de morceaux, tandis
que Microsoft propose son Xbox
Music depuis 2012.
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