L`élargissement du monde (XVIe-XVIIe siècle)

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II – Révolutionner les savoirs de la science
1) Une autre connaissance du Ciel
Le système
de Ptolémée
(IIe siècle
après J.-C.),
Andreas
Cellarius,
Atlas
céleste,
1708
Le soleil tourne autour de la Terre
Le système de Copernic (1543), Cellarius, Atlas, 1708
Le soleil est le centre de l’Univers
Du géocentrisme à
l’héliocentrisme
L’héliocentrisme est la
théorie selon laquelle
le soleil est au centre
de l’Univers.
Nicolas Copernic,
astronome polonais, publia
en 1543 des hypothèses
qui rompaient avec le
savoir antique : la Terre
n’est pas le centre de
l’Univers mais toutes les
sphères tournent autour du
Soleil, qui est le vrai centre
de l’Univers.
Les conséquences du système de Copernic
La fin
du cercle parfait
L’orbite de Mars vue dans le
système géocentrique (avant
1596) puis héliocentrique (après
1596) selon Johannes Kepler
Le monde est
rempli d’une
matière fluide
universelle
La fin
du monde fini
Le système de
Descartes,
Claude Buy de
Mornas, Atlas
historique et
géographique,
1761
Il existe un
nombre infini
de mondes
2) Une autre connaissance du corps humain
La leçon d’anatomie, Rembrandt (1606-1669), 1632
L’anatomie au Moyen Âge
Médecin pratiquant
une dissection,
Liber notabilium Philippi
septimi francorum regis, a
libris Galieni extractus,
Gui de Pavie, Italie, 1345
L’anatomie est l’étude du
corps humain et des
organes qui le composent.
Localisation des organes – Le diaphragme,
Liber notabilium Philippi septimi francorum regis,
a libris Galieni extractus, Gui de Pavie, Italie, 1345
Paroi abdominale – L’utérus,
Liber notabilium Philippi septimi francorum regis,
a libris Galieni extractus, Gui de Pavie, Italie, 1345
Le péritoine – L’œsophage,
Liber notabilium Philippi septimi francorum regis,
a libris Galieni extractus, Gui de Pavie, Italie, 1345
André Vésale (1514-1564),
Pierre Poncet, XVIe siècle
Le projet de Vésale
« L’anatomie était alors traitée de
manière si superficielle que, m’étant
entraîné tout seul, sans guide, à
disséquer des animaux, […] je fis en
public une dissection plus poussée
que celle qui devait avoir lieu et qui
devait concerner, comme le veut la
coutume, presque exclusivement les
seuls viscères. Mon propos était de
mettre à jour les muscles de la main
et de disséquer plus à fond les
viscères : car, à l’exception de huit
muscles de l’abdomen honteusement
déchiquetés dans le mauvais ordre,
personne ne nous avait montré un
muscle, ou un os et encore moins un
réseau nerveux, des veines et des
artères. »
Source : André Vésale,
De humani corporis fabrica, 1543.
De humani corporis fabrica,
André Vésale, 1543,
réédité par J. Janssonium,
Amsterdam, 1642
Planches anatomiques,
Léonard de Vinci, Carnets,
1510-1511
L’anatomie humaine
connut aussi des progrès
considérables grâce aux
dissections du flamand
André Vésale. Fondées
sur l’observation
approfondie du corps,
elles permirent de
corriger les erreurs des
savants grecs.
Soigner, de l’Antiquité à l’époque moderne
Médecin grec pratiquant la
saignée, vers 480-470 av. J.-C.
Médecin arabe pratiquant la
saignée, Kashan, XIIIe siècle
Médecine
et astrologie,
Très riches heures
du Duc de Berry,
XVe siècle
Dix livres de la chirurgie : avec le magasin des instrumens
necessaires à icelle, Ambroise Paré, Paris, 1564
3) Une autre conception de la science
Une nouvelle méthode pour les sciences
« Mes idées sont nées de la pure et simple expérience qui est la vraie
maîtresse. L’expérience est la seule interprète de la nature. Il faut
donc la consulter toujours et la varier de mille façons. Aucune
investigation humaine ne se peut appeler vraie science si elle ne
passe par des démonstrations mathématiques. »
Source : Paracelse, Liber paragraphorum, épître, vers 1527.
Une nouvelle méthode en médecine
« Qui donc ignore que la plupart des médecins de notre temps ont
failli à leur mission de la manière la plus honteuse, en faisant courir
les plus grands risques à leurs malades ? Ils se sont attachés, avec un
pédantisme extrême, aux sentences d’Hippocrate, de Galien et
d’Avicenne. Ce sont donc l’expérience et la raison, et non les
autorités, qui me guideront lorsque je prouverai quelque chose. »
Source : Paracelse, Liber paragraphorum, épître, vers 1527.
Le rôle de l’expérience
dans les progrès
de l’astronomie
Galileo Galilei, dit Galilée
(1564-1642), Leoni Ottavio, 1624
Lunettes astronomiques
de Galilée, 1609-1610
Galilée observe Jupiter
« Le 7 janvier de cette année 1610, à
la première heure de la nuit, alors
que je regardais les astres avec la
lunette, Jupiter se présenta à moi, et
j’aperçus près de la planète trois
astres, petits certes, mais très
brillants. […] Nous n’avons plus
seulement une planète tournant
autour d’une autre tandis que
l’ensemble tourne autour du Soleil.
Nous voyons de nos propres yeux
quatre astres qui tournent autour de
Jupiter, comme la Lune autour de la
Terre, tandis que l’ensemble tourne
autour du Soleil. »
Source : Galilée,
Le Messager des étoiles, 1610.
L’observation des lunes de Jupiter,
Le Messager des étoiles, Galileo Galilei, 1610
Les satellites galiléens de nos jours, montage d’images obtenues
par la sonde spatiale Voyager-1 lors de son survol de Jupiter,
début mars 1976
III – Utiliser et
diffuser les savoirs
nouveaux
1) L’exploitation du
Nouveau Monde
Les grands empires
précolombiens
La conquête espagnole du Mexique (1519-1521)
Novembre 1518 Hernan Cortés part explorer les
côtes du Yucatan.
Octobre 1519 Cortés fait brûler ses vaisseaux pour
obliger ses soldats à le suivre dans la
conquête de l’empire aztèque.
Portrait d’Hernan Cortés
Cortés, La Malinche et son
armée, fin XVIe siècle
L’empire aztèque à l’arrivée des conquistadors
L’empire aztèque s’est développé du XIVe siècle jusqu’à sa destruction en 1521.
Sa capitale Tenochtitlan a été fondée en 1325 ou 1345. A l’arrivée des Espagnols,
il comptait environ 25 millions d’habitants et était à l’apogée de sa puissance.
La fondation
légendaire de
Tenochtitlan,
Codex Mendoza,
1535-1550
La légende veut
qu’après des siècles
d’errance les
Aztèques aient fondé
leur capitale à
l’endroit où ils virent
un aigle perché sur
un figuier de
Barbarie, comme le
leur avait annoncé
leur dieu tribal,
Huitzilopochtli.
Pendentif représentant un chefguerrier en tenue rituelle,
1200-1521
Masque de turquoise
pouvant représenter la
divinité Xiuhtecuhtli, trouvé
à Mexico, 1400-1521
Serpent à deux têtes, probablement porté comme pectoral
lors des cérémonies, Mexique, 1400-1521
Dans la mythologie
aztèque, le serpent
était très important.
Il était associé à
plusieurs divinités :
le serpent à plumes
(Quetzalcoatl), le
serpent de feu
(Xiuhcoatl), le dieu
de la chasse
(Mixcoatl) et la
déesse de la terre
(Coatlicue)
Ornements de collier
en forme de grenouille
(symbole de la fertilité et de la
pluie dans la culture Aztèque),
XVe-début XVIe siècle
Jarre tripode
en forme d’oiseau,
XVe-début XVIe siècle
Novembre Cortés rentre sans combat dans la capitale
aztèque, Tenochtitlan (200 000 habitants).
1519
Bien que reçu comme un demi-dieu, il
prend l’empereur Moctezuma II en otage.
Le marché de Tlatelolco, quartier commerçant de Tenochtitlan
« En arrivant à la grand place, […] nous tombâmes en admiration
devant l’immense quantité de monde et de marchandises qui s’y
trouvait […]. Commençons par les marchands d’or, d’argent, de
pierres précieuses, de plumes, d’étoffes, de broderies et autres
produits ; puis les esclaves, hommes et femmes […]. D’autres
marchands se trouvaient là, vendant des étoffes ordinaires en coton
[…]. On y voyait aussi des marchands de cacao. […] Il y avait encore
le département de la poterie, faite de mille façons, depuis les jarres
d’une taille gigantesque jusqu’aux plus petits pots. »
Source : Bernard Diaz del Castillo, Histoire véridique de la conquête
de la Nouvelle-Espagne, 1568.
Juin Les Aztèques se révoltent contre les Espagnols.
1520 Assiégés, ils s’enfuient de Tenochtitlan au cours
de la « Nuit triste » (Noche Triste), où ils
perdent de nombreux hommes.
La Noche triste
du 30 juin 1520,
Lienzo de Tlaxcala,
XVIe siècle
Mai- Avec l’appui d’alliés indiens, Cortés assiège
août Tenochtitlan. La ville prise, il est nommé
1521 gouverneur de la Nouvelle-Espagne par le roi.
La prise de
Tenochtitlan,
Lienzo de
Tlaxcala,
XVIe siècle
Tenochtitlan-Mexico lors de sa
conquête, P. Savorgnano,
Praeclara Ferdinadi Cortesii de
Nova maris Oceani Hyspania
Narratio, Nuremberg, 1524
Les causes de la victoire espagnole
Les soldats espagnols face aux guerriers aztèques,
Codex Duran, XVIe siècle
Arme à feu
(arquebuse)
Arbalète
Les conséquences
de la conquête
«
Comment
pouvez-vous
maintenir [ces Indiens] dans une
telle oppression et un tel
épuisement, sans leur donner à
manger ni soigner leurs maladies,
puisqu’à cause du travail excessif
que vous leur imposez ils
meurent, ou plutôt vous les tuez,
pour avoir un peu plus d’or
chaque jour ? […] Ne sont-ils pas
des hommes ? »
Source : Sermon d’Antonio
Montesinos, cité par Bartolomé
de Las Casas, Histoire des Indes,
terminé en 1562.
Evolution de la population
aztèque entre 1519 et 1605
Des
missionnaires
espagnols
détruisent des
statues d’idoles
aztèques,
copie du
Manuscrit
mexicain de
Tlaxcala,
1585
Couteau de sacrifice,
Mexico, 1400-1521
Sacrifices
humains
par les
Aztèques,
Codex mexicain
Les échanges de Séville avec l’Amérique en 1584 (% en valeur)
Séville  Amérique
Amérique  Séville
Produits manufacturés :
78 % dont :
- textiles (toiles, fils,
habits…) : 80 %
- autres (papier…) : 20 %
Métaux précieux :
80 % (or et argent)
Produits agricoles : 22 %
(surtout vins et huile)
Denrées coloniales :
20 % (colorants, cuirs,
plantes médicinales)
Les aventuriers avides de nouveaux savoirs sur la
Terre laissèrent vite place à des hommes de guerre
animés par la seule soif des richesses, comme Hernan
Cortés.
Sa conquête de l’empire aztèque, rapide (deux ans
seulement : 1519-1521) en raison de la supériorité
militaire espagnole, aboutit ainsi au massacre de
nombreux indigènes, à la réduction en esclavage de ce
peuple amérindien, à sa christianisation et au pillage
des ressources des terres nouvelles (or, argent…).
Les premiers empires coloniaux
(XVe siècle-milieu du XVIIe siècle)
Suite aux conquêtes, grâce
à leur supériorité en
matière cartographique,
Espagnols et Portugais
constituèrent les deux plus
grands empires coloniaux
du monde.
Une colonie est un territoire
possédé et administré par
un pouvoir étranger à ce
territoire.
L’arrivée massive en Europe de l’or et de l’argent des
colonies du Nouveau Monde ainsi que la diffusion de la
religion chrétienne et des langues européennes hors
d’Europe expliquent la domination des puissances
européennes sur le reste du monde à partir du XVIe
siècle.
2) Lieux et moyens de diffusion des savoirs nouveaux
Les hautslieux
scientifiques
en Europe
aux XVIe et
XVIIe siècles
Le soutien de mécènes
Les Académies : la science au service du pouvoir
Colbert présente à Louis XIV les membres de l’Académie Royale
des Sciences créée en 1666, Henri Testelin, vers 1667
Science
astronomique
Carte
du
Canal
royal
des
DeuxMers
Science
géographique
Globe terrestre
Traités scientifiques
publiés par les
académiciens
Globe céleste
Sextant
Science
astronomique
Science
vétérinaire
Squelette
de girafe
Observatoire
de Paris (1671)
Sphère
armillaire
Lunette astronomique
Squelettes
d’animaux
Les scientifiques
Abbé Jean-Baptiste
du Hamel, 1er
secrétaire de
l’Académie
Membres de la Cour
Le contrôle
du pouvoir royal
Monsieur,
frère du
roi
Colbert,
ministre
du roi
Louis XIV
(roi)
Charles Perrault, haut
fonctionnaire du roi
Dans toute l’Europe, à partir du XVe siècle, la confiance
des savants dans le progrès des sciences les amena à
se regrouper hors des universités pour augmenter et
diffuser leurs découvertes. Dans ce but et pour utiliser
ces connaissances nouvelles à des fins politiques, des
princes mécènes comme Louis XIV créèrent pour eux
des Académies.
3) Des savoirs nouveaux difficiles à imposer
Les systèmes
du monde en
balance,
Giovanni
Battista Riccioli,
Almagestum
novum
astronomiam
veterum
novamque
complectens,
Bologne, 1651
Système de
Copernic
héliocentrique
Système de
Ptolémée
géocentrique
Galilée, Sustermans Justus,
vers 1635
Les idées de Galilée
« Depuis plusieurs années déjà, je me
suis converti à la doctrine de Copernic,
grâce à laquelle j’ai découvert les causes
d’un grand nombre d’effets naturels
dont il est hors de doute que
l’hypothèse commune ne peut rendre
compte. J’ai écrit sur cette matière bien
des considérations, des raisonnements
et des réfutations que jusqu’à présent je
n’ai pas osé publier épouvanté par le
sort de Copernic lui-même, notre
maître, qui, s’il s’est assuré une gloire
immortelle auprès de quelques-uns,
s’est exposé d’autre part (si grand est le
nombre des sots) à la dérision et au
mépris de beaucoup d’autres. »
Source : Galilée, Lettre à Kepler,
août 1597.
Cardinal Robert Bellarmin
L’Eglise censure les idées de Copernic
« Première proposition à étudier : le Soleil
est au centre du monde et complètement
immobile de mouvement local.
A l’unanimité, cette proposition est
déclarée insensée et absurde en
philosophie, et formellement hérétique,
en tant qu’elle s’oppose expressément
aux sentences de la Sainte Ecriture, en
plusieurs endroits, soit sur le sens
littéral
des
mots,
soit
sur
l’interprétation commune des Saints
Pères de l’Eglise. »
Source : Sentence du Saint-Office, 1616.
Frontispice du Dialogue sur
les deux grands systèmes du
monde, Galilée, 1632
Urbain VIII, Le Bernin, 1632
Sagredo
(l’homme
naïf)
Salviati
(idées de
Copernic)
Simplicio
(idées de
Ptolémée)
Le procès de Galilée devant l’Inquisition à Rome
(12 avril-22 juin 1633), peinture anonyme, Italie, 1680
7 cardinaux :
le tribunal de
l’Inquisition
Fra Fiorenzuola,
commissaire général
Couvent Santa Maria
sopra Minerva à Rome
La Terre au centre des
sphères de l’univers,
Gossuin de Metz,
L’Image du monde,
copie du XIIIe siècle
Pour les hommes
d’Eglise qui jugent
Galilée, le
géocentrisme est
prouvé par la Bible.
L’héliocentrisme lui est
contraire : Galilée est
donc un hérétique du
point de vue de la foi et
a tort du point de vue
scientifique.
L’abjuration de Galilée (22 juin 1633)
« Moi, Galiléo, fils de feu Vincenzio Galilei de Florence, âgé de soixante-dix ans, ici
agenouillé devant les très éminents cardinaux inquisiteurs généraux jure que j’ai
toujours tenu pour vrai, et tiens encore pour vrai tout ce que la Sainte Église
Catholique affirme, présente et enseigne. J’ai été condamné d’abandonner
complètement la croyance fausse que le Soleil est au centre du monde et ne se déplace
pas et que la Terre n’est pas au centre du monde et se déplace ; j'ai été condamné à ne
pas défendre ni enseigner cette doctrine erronée ; et j’ai été averti que cette doctrine
n’est pas conforme à ce que disent les Saintes Écritures. […] J’abjure et je maudis d’un
cœur sincère et d’une foi non feinte mes erreurs. »
La réhabilitation de Galilée (31 octobre 1992)
« Galilée, qui a pratiquement inventé la méthode expérimentale, avait compris, grâce à
son intuition de physicien de génie et en s’appuyant sur divers arguments, pourquoi
seul le soleil pouvait avoir fonction de centre du monde, tel qu’il était alors connu,
c’est-a-dire comme système planétaire. L’erreur des théologiens d’alors, quand ils
soutenaient la centralité de la terre, fut de penser que notre connaissance de la
structure du monde physique était, d’une certaine manière, imposée par le sens
littéral de l’Écriture Sainte. »
Source : Jean-Paul II, Discours aux participants de l’assemblée plénière
de l’Académie pontificale des sciences, § 12, AAS 85 [1993], p. 770.
Durant tout le Moyen Âge, soit
plus de 1000 ans, les
observations scientifiques du
monde étaient toujours liées
aux vérités religieuses
contenues dans la Bible. C’est
pourquoi, en niant le
géocentrisme qui était, selon
l’Eglise, prouvé par la Bible,
des scientifiques comme
Galilée furent sanctionnés.
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