LES CONSEQUENCES DE LA CRISE IMMOBILIERE AUX ETATS-UNIS
Le ralentissement brutal du marché du logement aux Etats-Unis remonte à un an. Celui-ci est
susceptible d’affecter la croissance américaine de deux façons : directement, à travers
l’investissement logement, et indirectement, à travers la consommation des ménages. Le
revenu disponible est en effet sous pression, et à cela s’ajoute la baisse de l’effet richesse liée
à celle de la valeur du patrimoine immobilier. On notera à ce sujet, que la consommation des
ménages américains reste solide, grâce notamment à la bonne résistance du marché de
l’emploi. Ce phénomène est assez simple à cerner et à analyser : on sait ainsi que cela va se
traduire par un ralentissement de l’économie américaine (annoncé depuis longtemps) dont la
plupart des spécialistes attendent un rebond dès la seconde moitié de l’année 2008.
La volatilité actuelle des marchés provient, quant à elle, de la crise dite des « subprime loans ».
Pour mémoire, ces crédits « subprimes » sont des prêts qui ont été accordés à des ménages
disposant de peu de moyens avec des taux supérieurs au marché et souvent à taux variable, le
tout sans garantie (ces prêts ont essentiellement été octroyés entre 2004 et 2007, époque où
aucune règle n’existait). Ces prêts sont excessivement sensibles aux augmentations de taux
d'intérêt US, et, de plus, incluaient des dispositifs flexibles permettant des paiements très bas
pendant les 3 premieres années. C'est pourquoi la hausse récente des taux d'intérêt US a eu un
effet immédiat et défavorable sur les paiements mensuels de ces ménages. Ces prêts
représentent environ 10% du total des prêts accordés au cours de cette période, dont une part
importante risque de ne pas être remboursée. L’impact est estimé par Ben BERNANKE
(Président de la Réserve Fédérale américaine) à 100 Mds$ pour le secteur financier. Toutefois,
le secrétaire au Trésor, Henry Paulson, a justement souligné la solidité des institutions
financières américaines afin de minimiser le risque. En effet, grâce à l’innovation financière,
ce risque n’est pas seulement porté par les banques mais a été mutualisé sous forme de
créances mutualisées appelées CDO (collateralized debt obligation) dont se sont portés
acquéreurs de nombreux fonds de gestion alternative. De fait, la faillite de plusieurs brokers
spécialisés dans les subprimes et celle de quelques hedge funds reste à ce jour gérable.
En revanche, comme toujours en matière financière, c’est le développement de l’aversion au
risque qui est à craindre, plus que le risque lui-même. La première conséquence de cette
aversion est le renchérissement du coût du crédit qui se traduit par un élargissement des
spreads et impacte aussi bien le marché du crédit, que celui de la dette émergente ou celui des
« prêts à effet de levier». C’est ce dernier effet qui pèse sur les marchés d’actions car il fait
craindre un fort ralentissement des opérations de fusion/acquisition qui constituent depuis
plusieurs mois un catalyseur à la hausse des marchés grâce à l’activité des fonds de Private
Equity. Toutefois, ce renchérissement du coût du crédit reste heureusement assez sélectif et
intervient à un moment où les entreprises publient une fois de plus d’excellents résultats
trimestriels.