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IB
2010
Médicaments pour le traitement
de la maladie d’Alzheimer
Le déclin des facultés mentales et la difficulté à gérer le quotidien sont des effets de la maladie d’Alzheimer. Mais il existe des
médicaments, appelés procognitifs, qui retardent ces pertes.
Pour une personne atteinte d’Alzheimer et pour ses proches soignants, ce ralentissement de l’évolution des symptômes permet
d’améliorer leur qualité de vie. Ces médicaments jouent donc un
rôle important dans le traitement de la maladie d’Alzheimer.
Deux types de médicaments sont aujourd’hui utilisés
pour le traitement de la maladie d’Alzheimer : les
inhibiteurs de la cholinestérase ( ChE ) et la mémantine. Les inhibiteurs de la ChE sont prescrits aux stades précoce et modéré de la maladie, la mémantine
aux stades modéré et avancé. Ces médicaments peuvent améliorer passagèrement les fonctions cognitives, les stabiliser ou retarder leur dégradation. Mais
ils ne peuvent ni stopper la maladie, ni la guérir.
Les inhibiteurs de la ChE
Action des inhibiteurs de la ChE
Dans la maladie d’Alzheimer, mais aussi dans d’autres
formes de démence, on observe un déséquilibre
chimique dans le cerveau caractérisé par une perte
d’acétylcholine, un neurotransmetteur assurant plusieurs fonctions telles que la mémorisation ou l’apprentissage. S’il manque d’acétylcholine, le cerveau
est donc moins performant.
La cholinestérase, également présente dans le
cerveau, est une enzyme qui détruit l’acétylcholine.
Afin d’éviter que le taux d’acétylcholine ne continue
de baisser chez une personne atteinte de démence,
le médecin prescrit des médicaments qui neutralisent l’action de la cholinestérase : les inhibiteurs de la
cholinestérase.
Chez certains patients, le traitement avec un inhibiteur de la ChE peut stabiliser les fonctions cognitives ainsi que les capacités fonctionnelles en moyenne
pendant 6 mois. De plus, il peut atténuer une éventuelle apathie ainsi que des troubles neuropsychiatriques. Mais même au-delà de cette période, le médicament ralentit la dégradation des facultés mentales.
Pour de nombreux malades Alzheimer et leurs proches, les inhibiteurs de la ChE ont un effet positif
avéré sur la qualité de vie.
Trois substances actives
Les trois inhibiteurs de la ChE disponibles à ce jour
sont l’Aricept® ( substance active : le donépézil ),
l’Exelon® ( substance active : la rivastigmine ) et le
Reminyl® ( substance active : la galantamine ). L’effet
et la tolérance d’un médicament chez un individu
donné ne peuvent être connus qu’en l’essayant. Si
l’essai n’est pas concluant, l’effet souhaité sera peutêtre obtenu en passant à l’un des autres médicaments disponibles.
Prescription d’inhibiteurs de la ChE
Le médecin prescrit un inhibiteur de la ChE pour traiter une maladie d’Alzheimer, en principe à un stade
léger à modéré. L’assurance maladie de base couvre
ce traitement pour autant que le MMS ( Mini Mental
State ) soit égal ou supérieur à 10 points ( sur 30 ).
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L’assurance maladie de base couvre ce traitement.
L’Exelon® est également prescrit et admis pour une
démence liée à la maladie de Parkinson. Certaines
études semblent attester que les inhibiteurs de la ChE
agissent aussi en cas de maladie d’Alzheimer à un
stade avancé, de démence vasculaire et de démence à
corps de Lewy. Ils ne sont cependant pas admis pour
ces indications en Suisse, en d’autres termes : ils ne
sont généralement pas prescrits par les médecins ni
remboursés par l’assurance maladie de base.
Traitement avec des inhibiteurs de la ChE
Le traitement initial avec des inhibiteurs de la ChE
doit commencer le plus tôt possible, donc dès qu’il y
a une forte probabilité qu’il s’agisse d’Alzheimer ou
que le diagnostic de la maladie a été posé. Si le
patient tolère bien le médicament, le médecin en
contrôle l’efficacité au bout de trois mois. Un médicament est efficace si les capacités cérébrales du
malade se sont stabilisées ou améliorées, mais on
tient aussi compte de l’évolution de son autonomie
dans les activités quotidiennes, de son comportement et de son humeur. Ce premier bilan de contrôle
est établi sur la base des informations fournies par le
patient lui-même, par ses proches soignants et, le
cas échéant, par les professionnels impliqués. Si le
médicament ne produit pas l’effet escompté, le
médecin peut proposer un essai avec un autre inhibiteur de la ChE.
Le traitement avec un inhibiteur de la ChE se fait
toujours avec la plus forte dose tolérée par le patient.
Lorsque, l’effet positif des inhibiteurs de la ChE sur
les fonctions cognitives et les capacités fonctionnelles n’est plus perceptible, le médecin peut, d’entente
avec la personne malade, les proches et les soignants,
introduire un traitement à la mémantine.
Effets secondaires des inhibiteurs de la ChE
Seuls ou associés à d’autres médicaments, les inhibiteurs de la ChE peuvent avoir des effets indésirables
ou aggraver d’autres maladies. Avant le début du
traitement, le médecin traitant doit donc savoir si le
patient souffre d’autres affections et connaître tous
les autres médicaments qui lui sont administrés. En
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présence de certaines autres maladies, le médecin préférera éviter un traitement par inhibiteurs de la ChE.
En général, les inhibiteurs de la ChE sont bien
tolérés. Ses principaux effets secondaires sont : nausées, vomissements, diarrhées et perte d’appétit. Ils
apparaissent surtout en début de traitement et disparaissent souvent avec le temps. Une augmentation
par paliers du dosage du médicament permet d’atténuer ces effets indésirables.
Mémantine
Action de la mémantine
La mémantine est une substance qui agit sur un autre
déséquilibre chimique cérébral observé lors de
démence. Elle neutralise les effets néfastes d’un
excès de glutamate dans le cerveau.
Le cerveau a besoin de glutamate comme neurotransmetteur pour des fonctions centrales. Dans la
maladie d’Alzheimer, les neurones malades libèrent
trop de glutamate dans le cerveau. Le glutamate va
s’ancrer sur les récepteurs d’autres neurones et les
stimule constamment, ce qui les affaiblit et finit par
les mettre hors d’état de fonctionner. De plus, les
neurones trop stimulés ne parviennent plus à reconnaître les signaux d’information et d’apprentissage
normaux, ce qui entraîne une diminution des performances du cerveau. La mémantine intervient dans ce
processus en bloquant une partie des récepteurs : les
neurones ainsi protégés reconnaissent à nouveau les
signaux d’information et d’apprentissage normaux.
Un traitement à la mémantine permet, en cas de
maladie d’Alzheimer, de stabiliser pendant quelque
temps les fonctions cérébrales et la capacité d’exécuter les activités de la vie quotidienne. De plus, la
mémantine a dans certains cas un effet positif sur les
troubles du comportement liés à la démence comme
l’irritabilité, l’agitation et l’agressivité. La mémantine
peut ainsi faciliter le quotidien des patients, de leurs
proches soignants et des professionnels impliqués.
Elle peut diminuer, voire rendre inutile, l’administration d’autres médicaments ( psychotropes ) aux effets
secondaires parfois lourds.
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Prescription de la mémantine
En Suisse, il existe deux médicaments dont la substance active est la mémantine : l’Axura® et l’Ebixa®.
Le médecin les prescrit en cas de maladie d’Alzheimer modérée à sévère. L’assurance maladie de base
rembourse ce traitement pour la maladie d’Alzheimer, mais pas pour d’autres formes de démence, et
uniquement si le résultat du MMS se situe entre 3 et
19 points.
Le traitement à la mémantine fait souvent suite à
un traitement avec un inhibiteur de la cholinestérase.
Il se poursuit en général aussi longtemps qu’un effet
positif sur les capacités cognitives, l’autonomie dans
les actes du quotidien ou le comportement puisse
s’observer. En cas d’arrêt de ce traitement, il est
important d’observer attentivement l’évolution de
l’état du patient.
disponibles sans ordonnance. En Suisse, il existe
actuellement deux médicaments ( Symfona® et Tebokan® ) à base d’extrait standardisé de ginkgo qui, eux,
sont remboursés par l’assurance maladie de base.
Il n’est pas clairement établi si l’extrait de ginkgo
agit sur la maladie d’Alzheimer ou les autres formes
de démence. Il existe certes des études qui attestent
d’une amélioration passagère des fonctions cognitives, mais comme les données recensées sont trop
disparates, il n’est pas encore possible de l’affirmer
avec certitude. C’est pourquoi le traitement standard
de la maladie d’Alzheimer se fait toujours avec les
inhibiteurs de la cholinestérase et la mémantine.
Selon les connaissances actuelles, l’extrait de
ginkgo a peu d’effets secondaires. Or, la plus grande
prudence est de mise si le patient prend déjà des
médicaments anticoagulants.
Effets secondaires de la mémantine
Seule ou associée à d’autres médicaments, la
mémantine peut avoir des effets indésirables ou
aggraver d’autres maladies. Avant le début du traitement, le médecin traitant doit donc savoir si le patient
souffre d’autres affections et connaître tous les autres
médicaments qui lui sont administrés.
En général, la mémantine est bien tolérée. Ses
principaux effets secondaires sont : maux de tête,
somnolence, constipation, vertiges et hypertension.
Ils apparaissent surtout en début de traitement et
disparaissent souvent avec le temps. Une augmentation par paliers du dosage du médicament permet
d’atténuer ces effets indésirables.
Autres informations et
conseils utiles
Extrait de ginkgo
Action du ginkgo
L’extrait de ginkgo est une substance active d’origine
végétale obtenue à partir des feuilles de l’arbre
Ginkgo biloba. Comme il a un effet stimulant sur l’irrigation sanguine du cerveau, il est prescrit aux personnes âgées souffrant de manque de concentration,
de pertes de mémoire, de vertiges et de fatigue. L’extrait de ginkgo se retrouve dans maintes préparations
Le médecin peut-il prescrire simultanément un
inhibiteur ChE et de la mémantine ?
Selon les directives de l’Institut suisse des produits
thérapeutiques « Swissmedic », l’assurance de base
obligatoire ne rembourse qu’un seul médicament
spécifique pour la démence à la fois.
Plusieurs études ont cependant démontré une
efficacité accrue du traitement si l’inhibiteur de la
ChE n’est pas discontinué lorsque débute la thérapie
à la mémantine. Pour cette raison, le médecin peut
estimer judicieux de prescrire simultanément un inhibiteur de la ChE et de la mémantine, que ce soit pour
un temps limité ou prolongé. Il faut savoir que dans
ce cas, l’assurance de base ne rembourse généralement qu’un seul des deux médicaments.
Quand le médecin interrompt-il la prise du médicament ?
Les caisses maladie exigent un contrôle de l’efficacité des médicaments procognitifs à intervalles réguliers. Pour l’apprécier, le médecin aura d’une part
recours au test MMS, mais d’autre part il évaluera
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aussi si l’autonomie dans les activités quotidiennes,
le comportement et l’humeur du patient se sont stabilisés. Il prend en compte les observations détaillées
et l’avis du patient et des proches sur l’efficacité du
traitement. S’il n’a ( plus ) aucun effet positif sur les
capacités cognitives, fonctionnelles ou le comportement du malade, le traitement médicamenteux est
généralement arrêté. Le séjour dans un home n’est par
contre nullement une raison d’arrêter le traitement.
Prise du médicament
Le médecin doit expliquer au patient et à ses proches
comment prendre les médicaments : pour qu’ils agissent, les médicaments procognitifs doivent être pris
sans interruption sur une période prolongée. Il est
important de prendre le médicament toujours au
même moment de la journée. Il ne faut pas modifier
le dosage de sa propre initiative. Si on oublie de prendre le médicament, il faut attendre la prochaine prise
prévue et prendre la dose normale – donc il ne faut
pas prendre deux doses en une fois. Si le médicament n’est pas pris pendant plus de trois jours d’affilée, il faut contacter le médecin.
Pour qu’une personne atteinte de démence prenne
correctement ses médicaments, les proches s’occupant d’elle ou, si cette personne vit seule, les services
de soins à domicile, devraient contrôler la prise de
médicament. Le semainier est une aide très pratique,
il facilite le contrôle et assure la régularité de la prise
des médicaments. Attention, en cas de surdosage, il
faut immédiatement contacter le médecin ou le centre de toxicologie.
L’Exelon® est disponible en comprimés, en solution buvable et, depuis peu, sous forme de patch à
coller sur la peau et à changer chaque jour. Par rapport à la forme orale, le patch a plusieurs avantages
notamment au niveau des effets secondaires : il
assure une concentration plus régulière de la substance active dans le sang et il ménage l’estomac et
l’intestin. Il peut être une bonne alternative pour les
patients qui ont de la peine à avaler des médicaments
ou qui s’y refusent.
Comme pour les préparations orales, les soignants, qu’ils soient proches ou professionnels, doi-
vent veiller à la bonne utilisation du patch : il doit être
changé toutes les 24 heures et il est impératif d’enlever l’ancien patch avant d’en mettre un nouveau pour
éviter tout risque de surdosage.
L’Aricept® est également disponible sous la forme
de comprimés orodispersibles qui fondent dans la
bouche et s’avalent ainsi sans peine. Les médicaments à base de mémantine sont disponibles sous
forme de comprimés et de gouttes.
Pour en savoir plus, consultez :
le médecin de famille
une Clinique de la mémoire ( adresses disponibles auprès du téléphone Alzheimer ou sous
www.alz.ch )
si vous suspectez une intoxication: Centre
Suisse d’Information Toxicologique: Tél.145
( 24h/24 )
Téléphone Alzheimer : 024 426 06 06
lundi - vendredi, 8 - 12 h et 14 - 17 h
© octobre 2008. Mise à jour juin 2010.
Rédaction : Jen Haas, équipe Téléphone Alzheimer.
Ont collaboré à la réalisation de cette fiche d’information en tant
qu’experts :
Prof. Dr Christophe Büla, Médecin Chef, Dr Stephan Eyer, Chef de clinique, Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV), Lausanne
Prof. Dr. med. Reto W. Kressig, FMH Innere Medizin, Chefarzt Akutgeriatrie, Universitätsspital Basel.
Dr. med. Andreas Studer, FMH Psychiatrie und Psychotherapie, Leitender Arzt, Felix Platter-Spital Basel.
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Association
Alzheimer Suisse Rue des Pêcheurs 8E 1400 Yverdon-les-Bains
Tél. 024 426 20 00 Fax 024 426 21 67 [email protected] www.alz.ch
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