2
La conséquence en sera que les prix proposés par les établissements en Suisse seront
encore moins concurrentiels et que le tourisme, en tant que branche importante, s’affaiblira
encore davantage. Grand nombre de fournisseurs et de prestataires du secteur tertiaire
(tels que téléphériques, coiffeurs, magasins de vêtements, etc.) souffriront des retombées.
Les entrepreneurs de l’hôtellerie-restauration dans les régions frontalières se trouveront
quant à eux confrontés à un tout autre problème. De nombreuses villes et régions situées
près de nos frontières, que ce soit en Allemagne, en Autriche ou en France, sont
accessibles rapidement en voiture pour les nombreux habitants du plateau suisse. Ainsi, les
établissements en Suisse qui sont situés près des frontières se trouvent en concurrence
directe avec ceux des pays adjacents. Aujourd’hui déjà, on observe non seulement un
«tourisme d’achats», mais également un «tourisme culinaire» dans les régions proches des
frontières. Si l’initiative sur les salaires minimums devait être acceptée, cet effet se
renforcera encore en matière de l’hôtellerie-restauration. La hausse des coûts sera
répercutée sur la facture du client, qui prendra encore plus souvent qu’il ne le fait déjà la
clé des champs, pour aller déguster son repas à l’étranger.
Les restaurateurs en Suisse auront encore de moins bonnes cartes en cas de salaire
minimum imposé par l’Etat. Le Tessin entre autres pourrait ressentir cet effet de manière
particulièrement forte, l’hôtellerie et la restauration y jouant notamment un rôle socio-
économique particulièrement important.
Une autre conséquence grave est une potentielle dégradation des rapports de travail, effet
que l’on peut observer dans de nombreux pays voisins. Car, en effet, l’initiative sur les
salaires minimums admet des exceptions, par exemple pour les stagiaires. Pour de
nombreuses branches au sein desquelles les salaires sont bas, l’initiative sur les salaires
minimums pourrait tout simplement être éludée en engageant plus de stagiaires. On risque
ici de voir naître une «génération stage», expression encore quasi inconnue en Suisse,
mais courante en Allemagne et en France par exemple.
3. L’initiative conduit à une suppression de postes de travail.
L’initiative sur les salaires minimums garantit certes un salaire minimum de CHF 4000.–.
Dans le même temps cependant, se pose la question de savoir quels employeurs peuvent
se permettre de verser de tels salaires. Pour certains travailleurs potentiels, l’initiative sur les
salaires minimums élève dès le départ le seuil à franchir pour parvenir à une embauche. Ce
sont justement ceux qui dépendent de postes munis d’un profil d’exigences bas qui se
trouvent ainsi particulièrement pénalisés.
Les restaurateurs, et surtout les petits établissements dont le chiffre d’affaires est modeste
et qui ne peuvent tout simplement pas se permettre de verser un salaire minimum de
CHF 4000.–, engageront moins de personnel. Par suite, le service perdra en qualité, les
clients seront moins satisfaits, et le chiffre d’affaires baissera.
4. L’initiative menace le partenariat social.
Il n’incombe pas à l’Etat de déterminer les salaires. Au contraire: le niveau des salaires a
toujours constitué un objet de négociation principal entre les partenaires sociaux, ainsi
qu’un élément central de toute convention collective de travail. En voulant imposer des
salaires minimums sans tenir compte des différences régionales, l’initiative sur les salaires
minimums menace de mettre fin à cette flexibilité.