Non à l`initiative sur les salaires minimums

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Non à l’initiative sur les salaires minimums
L’initiative sur les salaires minimums lancée par l’Union syndicale suisse exige que la
Confédération fixe, sur le plan national, un salaire minimum légal de 22 francs par heure,
qui devra être adapté constamment à l’évolution des salaires et des prix. En outre, la
Confédération et les cantons devront encourager la fixation de salaires minimums dans les
conventions collectives de travail. Si l’initiative passe, la Suisse aurait de loin les salaires
minimums les plus élevés du monde. Les conséquences en seraient une hausse des prix,
des suppressions de postes de travail et d’autres désavantages, en particulier au détriment
de la branche de l’hôtellerie-restauration.
1. L’initiative conduit à une hausse des prix.
Les initiants aiment à prétendre que des salaires minimums plus élevés conduisent à un
plus grand pouvoir d’achat des consommateurs, ce qui reviendrait, selon eux, à renforcer
l’économie. Ils déclarent en outre que le coût de la vie élevé en Suisse, en comparaison à
ceux des autres pays en Europe, justifierait un salaire minimum généreux.
Cependant, il faut souligner le fait que l’initiative tend à augmenter les salaires surtout dans
les branches prestataires de services. Or, ces branches se distinguent par l’importance de
la part des salaires versés par rapport aux coûts totaux. Ainsi, il est à craindre que
l’augmentation des salaires et des coûts sera (devra être) reportée principalement sur les
consommateurs parce que les entrepreneurs ne pourront pas supporter ces coûts plus
élevés sans mettre en jeu leur existence. Ceci risque d’être le cas également et surtout
dans le commerce de détail. La soi-disant hausse du pouvoir d’achat se trouverait ainsi
immédiatement réduite à néant.
De plus, l’économie suisse se trouvera affaiblie au niveau international, en raison d’autres
hausses des salaires. Le haut niveau des salaires, mais aussi la force du franc représentent
aujourd’hui déjà un désavantage concurrentiel.
2. L’initiative nuit à la capacité concurrentielle de la restauration.
Le partenariat social représente la base sur laquelle repose le succès économique de la
Suisse. Les dernières décennies ont montré que les conventions collectives de travail (CCT)
constituent un moyen éprouvé pour faire prévaloir sur le marché du travail des conditions
de travail équitables, adaptées à chaque branche prise individuellement. Le partenariat
social garantit la stabilité, la quiétude et la paix du travail, ce qui permet de surmonter plus
facilement les récessions et de maintenir le chômage à un niveau bas. Les syndicats
compromettent inutilement ces acquis.
La branche de l’hôtellerie-restauration doit en particulier se battre âprement. Les régions
touristiques doivent lutter plus durement pour attirer des touristes en provenance de notre
pays comme de l’étranger. Certes, la Suisse représente encore et toujours une destination
de rêve pour les touristes venant d’Inde, de Chine ou du Japon et ce, malgré les prix
élevés. Les clients européens et ceux qui vivent en Suisse – qui constituent encore la part
du lion parmi les clients – réagissent de manière nettement plus sensible aux prix pratiqués.
Dans l’hôtellerie-restauration, les frais salariaux représentent la part principale du prix global
du produit. C’est pourquoi, les prestations d’hôtellerie-restauration menacent de devenir
plus chères encore.
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La conséquence en sera que les prix proposés par les établissements en Suisse seront
encore moins concurrentiels et que le tourisme, en tant que branche importante, s’affaiblira
encore davantage. Grand nombre de fournisseurs et de prestataires du secteur tertiaire
(tels que téléphériques, coiffeurs, magasins de vêtements, etc.) souffriront des retombées.
Les entrepreneurs de l’hôtellerie-restauration dans les régions frontalières se trouveront
quant à eux confrontés à un tout autre problème. De nombreuses villes et régions situées
près de nos frontières, que ce soit en Allemagne, en Autriche ou en France, sont
accessibles rapidement en voiture pour les nombreux habitants du plateau suisse. Ainsi, les
établissements en Suisse qui sont situés près des frontières se trouvent en concurrence
directe avec ceux des pays adjacents. Aujourd’hui déjà, on observe non seulement un
«tourisme d’achats», mais également un «tourisme culinaire» dans les régions proches des
frontières. Si l’initiative sur les salaires minimums devait être acceptée, cet effet se
renforcera encore en matière de l’hôtellerie-restauration. La hausse des coûts sera
répercutée sur la facture du client, qui prendra encore plus souvent qu’il ne le fait déjà la
clé des champs, pour aller déguster son repas à l’étranger.
Les restaurateurs en Suisse auront encore de moins bonnes cartes en cas de salaire
minimum imposé par l’Etat. Le Tessin entre autres pourrait ressentir cet effet de manière
particulièrement forte, l’hôtellerie et la restauration y jouant notamment un rôle socioéconomique particulièrement important.
Une autre conséquence grave est une potentielle dégradation des rapports de travail, effet
que l’on peut observer dans de nombreux pays voisins. Car, en effet, l’initiative sur les
salaires minimums admet des exceptions, par exemple pour les stagiaires. Pour de
nombreuses branches au sein desquelles les salaires sont bas, l’initiative sur les salaires
minimums pourrait tout simplement être éludée en engageant plus de stagiaires. On risque
ici de voir naître une «génération stage», expression encore quasi inconnue en Suisse,
mais courante en Allemagne et en France par exemple.
3. L’initiative conduit à une suppression de postes de travail.
L’initiative sur les salaires minimums garantit certes un salaire minimum de CHF 4000.–.
Dans le même temps cependant, se pose la question de savoir quels employeurs peuvent
se permettre de verser de tels salaires. Pour certains travailleurs potentiels, l’initiative sur les
salaires minimums élève dès le départ le seuil à franchir pour parvenir à une embauche. Ce
sont justement ceux qui dépendent de postes munis d’un profil d’exigences bas qui se
trouvent ainsi particulièrement pénalisés.
Les restaurateurs, et surtout les petits établissements dont le chiffre d’affaires est modeste
et qui ne peuvent tout simplement pas se permettre de verser un salaire minimum de
CHF 4000.–, engageront moins de personnel. Par suite, le service perdra en qualité, les
clients seront moins satisfaits, et le chiffre d’affaires baissera.
4. L’initiative menace le partenariat social.
Il n’incombe pas à l’Etat de déterminer les salaires. Au contraire: le niveau des salaires a
toujours constitué un objet de négociation principal entre les partenaires sociaux, ainsi
qu’un élément central de toute convention collective de travail. En voulant imposer des
salaires minimums sans tenir compte des différences régionales, l’initiative sur les salaires
minimums menace de mettre fin à cette flexibilité.
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Les régions reculées, défavorisées, s’en trouveront particulièrement affectées si elles
doivent verser les mêmes salaires que ceux pratiqués dans les villes.
Un salaire minimum fixé par l’Etat nuit finalement au partenariat social – l’un des piliers
d’une Suisse économiquement forte. Seuls les représentants sectoriels connaissent les
conditions internes à une branche et peuvent définir les salaires de manière appropriée en
fonction de la qualification et de la région. L’initiative sur les salaires minimums menace
donc la flexibilité offerte par le modèle des CCT aux partenaires sociaux, caractéristique du
marché du travail suisse.
5. L’initiative est centralisatrice et éloignée de la réalité économique.
La Suisse est composée de cultures et de réalités économiques les plus diverses. En
définitive, la Suisse ne peut subsister et avoir du succès qui si elle tient compte de ses
différences régionales. Il n’est ainsi pas étonnant qu’elle soit, encore de nos jours, un Etat
fédéral à caractère fédéraliste prononcé, et non un Etat centralisé comme la France par
exemple.
Vu sous l’angle socio-économique, les faits sont clairs. Les régions à forte population ont,
d’un point de vue économique, nettement plus de succès que les régions frontalières et de
montagne. Ainsi, un entrepreneur à Zurich ou à Genève peut plus facilement se permettre,
au vu de son chiffre d’affaires, de verser un salaire de CHF 4000.– qu’un entrepreneur dans
le Haut-Valais, la région du Toggenburg ou du Jura. Inversement, il est également vrai que
le coût de la vie varie lui aussi: en effet, la vie dans une ville comme Zurich ou Genève est
nettement plus chère qu’à la campagne ou en montagne, ce qui justifie des différences de
salaires.
L’initiative sur les salaires minimums veut instaurer un salaire minimum unique applicable
dans toute la Suisse et dans toutes les branches. Ceci revient à dire qu’on ne tient pas
compte du tout des différences régionales et de la rentabilité des branches respectives.
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