© Secrétariat du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO/OCDE) PERSPECTIVES MALIENNES, OCTOBRE 2015 5
PERSPECTIVES MALIENNES
POA
Économie
En décroissance depuis l’indépendance, la part du septen-
trion dans l’économie nationale est de l’ordre de 5 %. Cette
tendance ne devrait pas s’inverser car les potentiels de
croissance sont plus importants dans la partie sud du pays
(2.1). Au niveau national, le septentrion n’est pas particu-
lièrement désavantagé en termes de pauvreté et autres
indicateurs sociaux, à l’exception de l’éducation et de l’accès
à l’eau potable. Les crises alimentaires ne se cantonnent
pas aux seules régions du nord, toutefois les populations
de ces dernières sont très vulnérables aux conséquences
de mauvaises récoltes et de déficits fourragers (2.2).
Le commerce transsaharien (hors économie criminelle)
est une activité économique majeure qui témoigne de la
vivacité de la vocation commerciale transsaharienne du
septentrion (2.3) alors que l’agriculture ne représente que
1,2 % des surfaces cultivées et 4,3 % de la production céréa-
lière du Mali. Concentrée dans la région de Tombouctou,
son avenir réside dans la maîtrise de l’eau. La construction
du barrage de Taoussa pourrait en partie changer la donne
(2.4.1). Dans la région de Tombouctou est également
concentré l’essentiel des activités de pêche dont l’essor se
heurte aux contraintes de l’enclavement (2.4.2). Le potentiel
économique considérable de l’élevage est très mal valorisé.
Avec 45 % du cheptel ovin et caprin et 20 % du cheptel
bovin du Mali, le septentrion ne compte que pour 1 à 2 %
des abattages officiels dans le pays, alors que la demande
ne cesse de croître. La filière « cuirs et peaux » et la filière
« lait », sont sous-développées. L’élevage transhumant est le
plus pratiqué. Il est nécessaire de lui accorder une attention
particulière. Outre son intérêt économique, il constitue une
ligne de défense essentielle contre l’insécurité par l’occu-
pation de l’espace (2.4.3).
Le tourisme a joué un rôle significatif dans l’économie
du nord. Il a aujourd’hui disparu du fait de la guerre.
Cependant, l’insécurité n’est que l’un des nombreux
problèmes posés à un développement durable de ce secteur
qui devra remédier à ses faiblesses structurelles, parmi
lesquelles figure la faible qualité des infrastructures
d’hébergement et des axes de transport (2.5).
Perspectives
Accorder une attention particulière au fleuve et à
sa vallée. Lieu de vie et d’activité de l’immense majorité
de la population, le fleuve devrait faire l’objet d’un schéma
intégré d’aménagement, de préservation et de dévelop-
pement de la boucle du Niger ; abordant simultanément
le désenclavement, la construction du barrage le désen-
sablement, l’aménagement urbain, les services sociaux,
l’agriculture, l’élevage, la pêche, etc (3.1).
Valoriser le potentiel commercial du septentrion.
Pourrait-on envisager que le commerce transsaharien
retrouve la place et le rôle qui ont longtemps été les siens ; qu’il
redevienne un espace dynamique d’échanges vertueux entre
l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb (3.2.1) ? Cette hypothèse
mérite de faire l’objet d’une réflexion prospective sur les
potentiels de coopération économique entre l’Algérie et le
Mali (3.2.2). Une coopération transfrontalière dans le triangle
Agadez, Gao, Tamanrasset pourrait constituer la « tête de
pont » d’une coopération régionale plus poussée (3.2.3).
Exploiter les ressources minières dans une optique
d’intégration nationale et régionale. Le calcaire et
le phosphate du septentrion ont des débouchés poten-
tiels importants sur le marché malien et africain. En se
développant, ces deux filières semblent parées de toutes les
vertus : celle de créer de l’emploi et des revenus localement
et celle de contribuer au développement du Mali et à son
rayonnement économique en Afrique.
Derrière ces hypothèses se profilent deux convictions :
Il est nécessaire que le septentrion redevienne un
espace central et partagé qui n’est pas seulement le
nord du Mali avec « au-dessus » le sud de l’Algérie,
mais aussi le centre d’un ensemble macro régional
allant de la méditerranée à l’atlantique. Ceci
suppose un projet à long terme –générationnel - de
coopération politique, économique et sécuritaire
soutenue entre les deux rives du Sahara.
Il lui faut par conséquent devenir un espace
connecté et fluide : un espace intégré dans le Mali
et intégrant pour le Mali dans sa région. Cette
intégration territoriale est la condition première de
son intégration sociale et économique.