au‐delàde
l'expérienceimmédiate.»
‐ …mais ajoute que nous avons donc le droit
«d'alleraudelàdel'expérienceimmédiate»,c’est‐
à‐dire de supposer l’existence d’une réalité
psychique (l’inconscient) qui par définition n’est
pas observable directement, qui n’est pas
présenteànotreconscience.
→D’un point de vue épistémologique, on peut
signaler que cet argument est effectivement
recevable : nombreuses sont les théories qui
posentl’existenced’entitésoudephénomènesnon
directementobservables,maisquisontadmisesen
fonctionde leur valeur explicativeouheuristique:
« modèle standard » en physique des particules,
théoriedel’évolutionenbiologie.
ARGUMENT2
«Ets'ils'avèredeplusque
nouspouvonsfondersur
l'hypothèse
del'inconscientune
pratiquecouronnéede
succès,parlaquellenous
influençons,
conformémentàunbut
donné,lecoursde
processusconscients,nous
auronsacquis,
aveccesuccès,unepreuve
incontestabledel'existence
decedontnousavonsfait
l'hypothèse.»
‐IciFreudénoncedoncsondeuxièmeargument:
la psychanalyse n’est pas seulement une théorie
dupsychismehumain,elleestaussiunepratique,
unethérapeutique.Or,pourFreud,cettepratique,
la cure psychanalytique, parvient à aider des
patients, voire à les guérir ou les libérer de leurs
troubles.Sonefficacitén’est‐ellepaslapreuvede
sa justesse ? L’argument peut sembler
convaincant…
‐Onpeutsignalerquecetargumentestdenature
pragmatique (voir cours sur la vérité, William
James):estvraicequifonctionne.Maisilyaune
différenceentreuneidéevalidéeparl’expérience
(ou non démentie), et une idée vraie, au sens
absolu.
→…maiss’agit‐ild’une«preuve
incontestable»commeleditFreud?Quelqu’unqui
prendunplaceboencroyantprendreun«vrai»
médicamentpeutêtreguériparcelui‐ci.Quelqu’un
quisecroitposséderparundémonseralibéréde
cettepossessionparunexorcisme.Lacure
psychanalytique,lorsqu’elleest«couronnéede
succès»,l’est‐elleparcequelesprincipessur
lesquelselleestbaséesontvrais?
REORMULATION
DELATHESE
«L'ondoitdoncserangerà
l'avisquecen'estqu'auprix
d'uneprétention
intenablequel'onpeut
exigerquetoutcequise
produitdansledomaine
psychique
doiveaussiêtreconnudela
conscience.»
‐ Freud conclut donc son texte en revenant sur
l’affirmationde sa thèse : il existe bien une zone
de notre psychisme qui échappe à notre
conscience.«Psychique»et«conscient»nesont
passynonymes.Toutcequiprécèdedevraitnous
ôter tout doute à ce propos, la position adverse
est selon lui « intenable », c’est‐à‐dire
intellectuellement non rationnelle voire
malhonnête.
‐Ellerelèveenfaitdel’illusionoudelamauvaise
foi:c’est uneprétentionintenable. La prétention
deceluiquinepeutconcevoirqueleSujetnesoit
pas maître de ses pensées et de ses actes (cf.
philosophieclassique).
‐Onpeutprolongercetexteparl’évocationdece
passagecélèbreoùFreudparledestroisblessures
narcissiquesinfligéesparlascienceàl’homme;la
troisièmedecesblessuresétantconstituéeparsa
découvertedel’inconscient.
→Onpeutparlericidelapositiond’Alainsurce
qu’ilappelle«lefreudisme»(voircours).