Le modèle alimentaire français : une introduction à la gastronomie !
En disséquant notre manière de manger, les sociologues ne s’étonnent pas qu’il y ait
une gastronomie française. Basé sur le goût, la convivialité et les règles qui
conditionnent la prise d’aliments, notre modèle alimentaire, porte en lui l’art de la
bonne chère…
Elle nous paraît peut-être « évidente », mais elle l’est beaucoup moins pour le reste du
monde : notre alimentation a des caractéristiques bien particulières ! Avec trois repas par
jour, pris à des heures relativement fixes et admises par tous. Avec des temps de
préparation et de durée des repas plutôt élevés. Avec des menus structurés, à deux ou trois
composantes, qu’il convient de déguster dans l’ordre : une entrée, un plat de résistance, un
fromage et/ou un dessert. Avec une grande importance accordée au goût des aliments. Avec
enfin le recours à un savoir-faire efficace, transmis par la tradition et par l’expérience…
D’après les sociologues. la quasi totalité des Français respecte globalement tous ces
principes. Ils sont à l’origine de la gastronomie, qui est la reconnaissance, la valorisation et
l’exaltation de ces « bonnes règles ». La gastronomie française ne fait pas autre chose que
célébrer et peaufiner notre modèle alimentaire « de base ».
Le repas gastronomique apparaît ainsi comme une variante améliorée du repas de tous les
jours. Il comporte souvent plus de mets et toujours au moins une entrée, un plat, un fromage
et un dessert. Les aliments traditionnels sont présents en quantité et en qualité : viande ou
volaille, poisson ou crustacés, féculents et légumes, plateau de fromage, pâtisserie et
entremets, sans oublier le bon vin… Le menu est plus sophistiqué. Il propose des plats plus
élaborés, préparés avec plus de temps et plus d’attention. Les convives sont souvent plus
nombreux, les rituels de table plus soignés. Le repas dure plus longtemps et la conversation
est animée. Il n’y a plus la moindre place pour la radio ou la télé...
Mais au fond, ce sont toujours les mêmes principes qui dominent : le goût et la convivialité.
Entre le repas du quotidien et le repas gastronomique, il y a une différence de degré et non
de nature. Accéder à la gastronomie n’est pas seulement une affaire de « grand chef » ou de
restaurant étoilé. C’est une culture alimentaire de base, qui amène à savoir préparer et
apprécier un excellent repas.
Bien sûr, le monde change et l’on peut toujours se demander ce que deviendra cette culture.
La société française se diversifie, les conditions de vie et l’offre alimentaire évoluent. Une
partie de la population, plus âgée, reste tournée vers les valeurs alimentaires traditionnelles,
les produits bruts et peu transformés. Une autre partie, plus jeune, a plus d’attirance pour les
plats industriels préparés, les pizzas, les sodas… Mais l’intérêt pour la cuisine et la
gastronomie ne disparaît pas. D’après les estimations, environ 40 % des Français
bénéficient d’une alimentation variée et équilibrée, bien partagée entre des produits
traditionnels et des produits peu riches en énergie. (Nutrinews hebdo)
Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC). Cahier de
recherche n° 267.