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La politique budgétaire a été nettement plus
accomodante aux États-Unis.
Aux États-Unis, la consolidation budgétaire de la fin
des années 90 s'est interrompue en 2001 au profit
d'une réorientation nettement expansionniste.
Les plans budgétaires successifs (loi de conciliation
sur l'allégement de la fiscalité en 2001, stimulus pac-
kage en 2002) ont sensiblement dégradé le solde struc-
turel des administrations, à hauteur d'environ 1 point
de PIB en 2001 et 2,8 points de PIB en 2002. Cette
évolution devrait se poursuivre en 2003 en lien avec le
nouveau paquet fiscal du printemps 2003 (Jobs and
growth tax relief reconciliation Act). Le solde structu-
rel a aussi été affecté par des facteurs plus liés à la
nature du ralentissement observé : suite à l'éclatement
de la bulle boursière, la réduction des plus-values sur
actions des ménages a entraîné une chute massive des
impôts sur les gains en capital.
Estimation DP.
Dans les six principaux pays de la zone euro, les
politiques budgétaires se sont graduellement resser-
rées à la fin des années 1990 en lien notamment avec
la mise en œuvre de la monnaie unique.
En 2001, elles se sont détendues, mais seulement de
l'ordre de ½ point de PIB. Cette détente a été très
variable selon les pays.
En 2002, les politiques budgétaires sont restées globa-
lement neutres. Les dispositions du Pacte de stabilité
n'ont pas favorisé une orientation plus accommodante
des politiques budgétaires. Seul le jeu des stabilisateurs
automatiques a pu avoir un impact favorable sur l'acti-
vité.
Estimation DP.
L'écart de croissance entre la zone euro et
les États-Unis depuis 2002 ne reflète pas
seulement le creusement plus important du
déficit structurel américain sur cette période.
La variation du solde structurel des administrations
publiques ne constitue qu'un indicateur approximatif
et imparfait de l'orientation macroéconomique des
finances publiques2. Son mode de calcul n'est pas tou-
jours consensuel. Son interprétation doit donc rester
prudente.
Par ailleurs, les variations de l'output gap dans les pays
de la zone euro depuis la fin des années 1990 ne
paraissent pas étroitement associées à celles des soldes
structurels.
Prévision DP pour 2003.
Enfin l'écart de croissance entre la zone euro et les
États-Unis tient pour une grande part à des facteurs
démographiques3. En tout état de cause, l'écart de
creusement des déficits structurels des administra-
tions publiques ne peut jouer qu'en second lieu. En
outre, la nature des mesures budgétaires prises aux
États-Unis soulève un certain nombre d'interroga-
tions quant à l'efficacité de leur soutien à l'activité :
• les mesures d'amortissement accéléré du capital
auraient sans doute eu un effet de court terme plus
important sur l'investissement si elles avaient été
concentrées sur une période plus courte.
• les baisses d'impôts massives ont augmenté le pou-
voir d'achat des ménages de près de 2 points sur la
période 2001–2003, mais leur impact sur la con-
sommation pourrait avoir été atténué, car elles ont
pour une bonne part bénéficié à des ménages rela-
tivement aisés.
L'assouplissement de la politique monétaire
a été plus marqué aux États-Unis depuis
2001.
Même en tenant compte d'un calendrier du ralentisse-
ment conjoncturel différent, la baisse des taux direc-
Solde structurel des administrations publiques
aux Etats-Unis (en % de PIB)
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003(e)
–2,0 –1,1 –0,2 0,1 0,7 –0,4 –3,2 –4,6
Solde structurel des administrations publiques
dans la zone euro (en % de PIB)
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003(e)
–3,6 –2,2 –2,0 –1,4 –1,6 –2,1 –2,1 –1,9 2. Le solde structurel des administrations correspond à leur déficit
total corrigé des effets associés aux variations conjoncturelles. Le
calcul usuel de ce solde structurel est adapté si on veut évaluer
l'impact de la politique budgétaire sur l'activité, mais ne permet pas
d'extraire de l'évolution du solde tous les facteurs d'origine con-
joncturelle. Le concept d'effort structurel est plus adapté si l'on ne
veut retenir que le côté discrétionnaire de la politique économique.
Cf. DP-AE n°18, S. Duchène et D. Lévy «Solde structurel et effort
structurel : un essai d'évaluation de la composante discrétionnaire
de la politique budgétaire».
Taux de croissance du PIB dans la zone euro et
aux Etats-Unis (en % de PIB)
2000 2001 2002 2003(*)
Zone euro 3,5 1,5 0,8 0,5
Etats-Unis 3,8 0,3 2,4 2,9
3. Cf. DP-AE n°9, Ch.A.Giuliani «D'ou viennent les écarts de
richesse par habitant entre les Etats Unis, la zone euro, la France et
le Japon ?».