
Notions et principes concernant les relations sexuelles entre les professionnels de la santé et les patients
Les effets délétères sur les patients des relations sexuelles entre les professionnels de la santé et les patients sont
de plus en plus reconnus et documentés dans les publications.8 Des limites sont mises en place afin de protéger des
patients à qui cela pourrait survenir. Par exemple, en éthique médicale, la non-malfaisance et la bienfaisance sont
reconnues comme des principes importants. On s’attend à ce que les fournisseurs de soins de santé évitent de
causer un préjudice à leurs patients, mais ils ont également l’obligation d’aider leurs patients. Les fournisseurs de
soins de santé ne doivent pas fournir des traitements inefficaces aux patients puisque ces traitements peuvent ne
procurer aucun avantage, ce qui risque de causer un préjudice aux patients. De plus, les fournisseurs de soins de
santé ne doivent poser aucun geste qui pourrait, délibérément, causer un préjudice aux patients, sans que ce geste
soit équilibré par un avantage proportionnel. Ainsi, le fournisseur de soins de santé à l’obligation de travailler à
l’intérieur des limites juridiques et éthiques établies et de veiller à ce que la rencontre avec le patient soit
thérapeutique, malgré le soi-disant caractère intime de la situation.
Par conséquent, les violations des limites sexuelles sont considérées sous l’angle des principes éthiques. Certains
analystes ont énuméré les principes éthiques sous-jacents qui sont pertinents et les ont étudiés afin de déterminer si
les relations sexuelles entre professionnels de la santé et les patients étaient conformes ou non à chacun de ces
principes. Les principes largement reconnus sont la confiance, le déséquilibre des pouvoirs et le consentement.9
Cela s’explique par la présence de préoccupations dans une relation entre un professionnel de la santé et un patient
qui empêchent l’existence d’une relation sexuelle entre un professionnel de la santé et un patient. La première
préoccupation qui doit être considérée est le déséquilibre des pouvoirs entre un professionnel de la santé et un
patient. Un patient permet à un professionnel de la santé d’effectuer des examens physiques intimes, il compte sur le
professionnel pour lui fournir des soins en fonction de sa formation et de ses connaissances et il lui fournit des
renseignements délicats sur lui-même ou des membres de sa famille. Ces activités sont toutes à sens unique du
patient vers le médecin. En outre, un patient vient le plus souvent voir un médecin parce qu’il est malade ou ressent
de la douleur ou, dans certains cas, le patient ne parle pas la langue du professionnel de la santé, ce qui place le
patient dans une position très vulnérable. Tous ces facteurs contribuent à ce déséquilibre des pouvoirs en faveur du
professionnel de la santé par rapport au patient. On affirme que les relations inégales ont la possibilité de donner lieu
à un mauvais traitement d’ordre sexuel et à un abus de pouvoir. En raison de ce déséquilibre des pouvoirs, un
professionnel a la capacité de manipuler le patient en plaçant ses intérêts, comme le désir sexuel, avant l’intérêt
supérieur du patient.10
L’inégalité dans la relation professionnel-patient causée par le déséquilibre des pouvoirs peut favoriser ce qu’on
appelle un transfert. Un transfert survient lorsqu’un patient commence à ressentir envers le professionnel des
sentiments, à l’origine associés à « d’autres personnes », qui ne sont pas liés aux soins professionnels fournis.
Lorsque cela se produit, les patients idéalisent fréquemment le professionnel de la santé et peuvent avoir
l’impression de « devenir amoureux » du professionnel. Cette idéalisation place le patient dans une position de
vulnérabilité et de dépendance qui peut être exploitée par le professionnel de la santé. Par conséquent, il incombe
au professionnel de déterminer et de maintenir les limites de sa relation thérapeutique.11
8 Voir, par exemple, Zelas, K. (1997). Sex and doctor-patient relationship, New Zealand Medical Journal, 110: 60-62; Hall, K. H. (2001).
Sexualization of the doctor-patient relationship: is it ever ethically permissible? Family Practice, 18,(5): 511-515; Subotsky, F., Bewley, S., et
Crowe, M. (eds.). (2010). Abuse of the Doctor-Patient Relationship. London: The Royal College of Psychiatrists.
9 Voir, par exemple, Zelas, K. (1997). Sex and doctor-patient relationship, New Zealand Medical Journal, 110: 60-62; Gillon R. (1985).
Philosophical medical ethics. Chichester: John Wiley and Sons.
10 Task Force on Sexual Abuse (Commissioned by the College of Physicians and Surgeons of Ontario), (1991). The final report of the task
force on sexual abuse of patients. Toronto: Author; Brody, H. (1992). The healer’s power. New Heaven: Yale University Press.
11 College of Physicians and Surgeons of Nova Scotia (2000) Sexual misconduct in the physician-patient relationship. Consulté à :
http://www.cpsns.ns.ca/LinkClick.aspx?fileticket=PYFECzS40GY=&tabid=92&mid=628; Hall, K. H. (2001). Sexualization of the doctor-patient
relationship: is it ever ethically permissible? Family Practice, 18(5): 511-515; Simon, R.I.(1994). Transference in therapist-patient sex: the
illusion of patient improvement and consent, part 1; Psychiatric Annals, (24): 509-515