1
Chapitre 3 : L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la
croissance
L’Asie du Sud et de l’Est concentre la majeure partie de la population mondiale avec plus de 3,5
milliards d’habitants. Cette région connaît la plus forte croissance économique au monde avec
l’émergence de nouveaux pays, dont la Chine, ou ici la Malaisie. Mais la région reste aussi marquée par
des inégalités de développement, suggérées ici par l’exemple du Népal, à toutes les échelles.
Problématique : Quelles relations existent entre population et croissance économique sur le
continent le plus peuplé de la planète dans un espace encore en recherche d’un véritablement
développement ?
I) Mumbai : modernité, inégalités
II) L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la
croissance
L’Asie du Sud et de l’Est n’est pas un espace politiquement délimité. Il se définit surtout en
négatif, comme un espace dans lequel on ne compte pas l’Asie centrale ni la Russie d’Asie. C'est donc
un espace formé de deux éléments, l'Asie de l'Est (Chine, Japon, Corées, Sud Est asiatique) et l'Asie du
Sud (Inde, Pakistan, Bangladesh). C'est également un espace d’une grande diversité. Il compte des
régimes politiques très différents (empire ou monarchie constitutionnelle, républiques socialistes ou
non...). De même, certains des États les plus pauvres du monde y sont présents, comme le Bangladesh,
mais aussi les 2e et 3e puissances économiques mondiales (Chine et Japon). Cependant, son
homogénéité vient de deux éléments. C’est en effet la première zone de croissance démographique du
monde et la région du monde la plus peuplée, devant ainsi faire face à un poids important de la
population. L’Asie de l’Est est le premier foyer de peuplement du monde. L’Asie du Sud le suit de près.
Ensuite, elle est traversée de forts courants d’échanges, bases d’une croissance économique
importante.
Problématique : Comment l’Asie du Sud et de l’Est allie-t-elle la croissance démographique et le
développement économique ?
A) Les défis d’une population immense
Quelles sont les dynamiques démographiques de l’Asie du Sud et de l’Est ?
1) La région la plus peuplée du monde
Avec environ 4,2 milliards d’habitants, l’Asie de l’Est et du Sud regroupe 57% de la population
mondiale. La densité moyenne de population y est de 178 hab./ km2, soit le triple de la moyenne
2
mondiale. Les deux États les plus peuplés du monde y sont situés, la Chine (1,38 milliard) et l’Inde (1,31
milliard) suivis de l’Indonésie (257M) et du Pakistan (186M). Ces géants démographiques contrastent
avec des pays très peu peuplés comme le Bhoutan (0,77 M) ou la Mongolie.
Cette population est inégalement répartie. Les grandes vallées fluviales (Gange, Mékong…), les
deltas et les littoraux sont très densément peuplés avec des densités pouvant atteindre 1000
hab./km2. D’autres régions sont par contre désertes : Chine orientale, désert de Thar (Inde),
montagnes afghanes…
2) Une croissance démographique inégale selon les pays
- Que peut-on dire de la situation des pays
asiatiques au niveau de la transition
démographique ?
La situation des pays asiatique est aussi variée au niveau de la croissance démographique. Dans
certains pays, l’accroissement naturel reste fort en raison d’une transition démographique à peine
amorcée (Afghanistan) ou encore inachevée (Laos, Inde…). Dans d’autres, la transition démographique
est finie et la croissance démographique est faible comme en Chine, Thaïlande ou au Japon.
Ces différences s’expliquent par l’inégal développement des pays. Dans tous les Etats qui se
développent, un ralentissement de la croissance démographique se fait sentir. Dans certains cas, les
politiques étatiques de contrôle de la population ont accentué le phénomène.
Ces politiques de restriction des naissances ont été soit incitatives (planning familial en Inde dans les
années 1990, ou au Sri Lanka) ou autoritaires (Vietnam, Chine = politique de l’enfant unique en 1979).
Inquiets du vieillissement de leurs populations, ces États aujourd’hui ont révisé leur politique,
supprimé les restrictions et encouragent leurs populations à avoir plus d’enfants mais avec un succès
très limité (les Chinois continuent à n’avoir qu’un enfant en raison du coût financier que les enfants
représentent…)
3
Les conséquences de l’achèvement de la transition démographique constituent un défi social et
économique dans de nombreux pays asiatiques. Au Japon la population diminue. Le vieillissement de la
population, qui doit s’accentuer dans les années à venir, implique des coûts supplémentaires (santé,
retraites…). Les politiques antinatalistes ont aussi entraîné une surmasculinité des populations
(avortements sélectifs, mauvais traitements) et un déficit en femmes évalué à plus de 100 millions qui
peut encore aggraver le ralentissement démographique qui devrait s’observer dans la majorité des
pays asiatiques d’ici 2050.
3) Une urbanisation rapide
L’Asie du Sud et de l’Est constitue une des gions les moins urbanisées du monde avec
l’Afrique, avec un taux d’urbanisation de 43% environ. Pourtant, elle est entrée dans la « transition
urbaine ». La population des villes d’Asie augmente de 40 millions de personnes chaque année et, d’ici
2050, l’Asie devrait compter 65% d’urbains.
Certains pays sont déjà très urbanisés : Corée du Sud (82%), Japon (93%) ou Malaisie (73%). La
Chine est majoritairement urbaine depuis 2011 (53 % aujourd'hui) alors que l’Inde n’est que très peu
urbanisée (32% d’urbains), tout comme le Bangladesh (33%), le Cambodge (20%) ou le Népal (18%),
dévoilant ainsi un retard de développement.En valeur absolue, la population des villes asiatiques a
quintuplé depuis 1960, ce qui fait que l’Asie du Sud et de l’Est est la région du monde qui compte le
plus d’urbains avec environ 1,8 milliard de personnes soit 46% des urbains du monde. 42 villes
asiatiques comptent parmi les 100 premières mondiales, 7 parmi les 10 premières mégapoles (Tokyo
avec 39,5 millions d'habitants, Shanghai 30,2, oul 25, , Beijing 22, Mumbai 21, Bangkok 14, Manille
12). L’Asie du Sud et de l’Est compte ainsi 222 des 533 métropoles millionnaires en 2015 (42 %).
Nourrie par un fort exode rural et un taux d’accroissement naturel élevé, cette explosion
urbaine incontrôlée pose de nombreux problèmes : fort étalement urbain chaotique, engorgement des
réseaux de transports (embouteillages gigantesques), pollution, absence d’approvisionnement en eau
potable, aggravation des ségrégations socio-spatiales (bidonvilles, gated communities…)
Transition :
Mais ces villes sont aussi un atout pour le développement en offrant un meilleur accès aux services, à
l’éducation et aux activités dynamiques liées à la mondialisation. Le niveau de vie y est généralement
plus élevé qu’en milieu rural.
L’Asie du Sud et de l’Est se caractérise donc par les plus fortes densités de population de la planète,
une forte croissance démographique et une urbanisation grandissante. Si cette situation
démographique, avec ses déséquilibres, est source de défis et d’enjeux pour les pays asiatiques, elle
participe aussi développement économique exceptionnel que connaît cette région du monde.
4
B) La population, une ressource pour la croissance ?
La croissance démographique est-elle un atout ou un frein pour le développement économique ? Quels
sont les défis de la croissance démographique et économique de cette région ? Comment concilier les
deux ?
1) Une croissance économique rapide
L’Asie du Sud et de l’Est connaît depuis les années 1990 un fort essor économique avec des taux
de croissance annuelle de 5 à 10 % et parfois même supérieurs. Cette aire géographique réalise à elle
seule 30 % du PIB mondial et 25 % du commerce mondial. Elle est aussi à l’origine du plus du tiers des
IDE dans le monde. La Chine est désormais la 2e, voire la 1ère puissance économique mondiale,
reléguant le Japon au 3e rang mondial. La Corée du Sud, Singapour et surtout l’Inde sont aussi d’autres
grandes puissances économiques mondiales.
Cette croissance repose sur des économies extraverties, fortement mondialisées, intégrées au
commerce international, notamment maritime : 16 des 20 1ers ports mondiaux (1er : Ningbo, 2e :
Shanghai, 3e : Singapour…) sont en Asie faisant de celle-ci la plus grande interface portuaire mondiale !
La croissance économique débute ainsi dès les années 1950 au Japon (Asie de l’Est) dans un
contexte de reconstruction menée par les EU et le MITI (ministère de l’industrie et de la technologie
japonais). A la fin des années 1960, le Japon est la 2ème puissance économique mondiale.Dans les
années 1970, l’industrialisation se développe dans les NPI, c’est à dire les 4 Dragons (Asie de l’Est). Ces
pays ont débuté leur développement par l’exportation de produits à faible valeur ajoutée (matières
premières notamment) puis, avec les délocalisations japonaises, une industrie nationale se constitue,
qui limite les importations et développe les exportations de produits manufacturés, dans un deuxième
temps. Enfin, dans les années 1980, chaque « dragon » se spécialise dans un secteur industriel dans
lequel il devient dominant (téléviseurs plats en Corée du Sud,
disques durs pour Singapour, consoles pour Taïwan, jouets
électroniques pour Hong Kong). Dans les années 1980, les Tigres
(Asie du Sud-Est) se développent à leur tour, basés sur des biens
de consommation ou des biens intermédiaires à destination de
leur marché intérieur. Enfin les nouveaux États émergents (Asie du
Sud) comme la Chine, l’Inde ou le Vietnam se sont ouverts aux IDE
dans les années 1990 surtout, avec la création de nombreuses ZES.
Longtemps fermées, leurs économies socialistes ou
protectionnistes (Inde) se sont ouvertes au libéralisme et à
capitalisme sous contrôle étatique
La croissance économique et l’intégration à la mondialisation du
Sud et de l’Est de l’Asie se sont donc faites par vagues successives.
Un pays lance un processus d’industrialisation sur un produit à
faible valeur ajoutée (matières premières, industrie lourde), en
5
devient exportateur puis l’abandonne au profit d’un produit à plus forte valeur ajoutée (haute
technologie), permettant à un autre pays de se lancer à sa suite dans l’industrialisation par
délocalisation et sous-traitance. C’est le développement en « vol d’oies sauvages ».
2) La croissance permet-elle le développement ?
a) Une croissance démographique aux effets discutés
Les conséquences de ces fortes populations sur l’économie sont discutées :
- Thèses malthusiennes = la croissance démographique est un frein à la croissance et un danger :
la surpopulation entraîne un épuisement des ressources et un appauvrissement général. La
nécessité de pourvoir aux besoins d’une population si nombreuse peut être un frein à
l’amélioration des conditions de vie.
- « effet Boserup » = la croissance démographique peut être facteur de croissance économique
(main d’œuvre importante et bon marché, jeune et de mieux en mieux formée + marché de
consommation)
Les pays émergents sont ainsi souvent des pays fortement peuplés. C’est surtout la rapidité de la
croissance démographique qui peut poser problème comme le montre l’exemple de Mumbai.
b) Un développement inégal à toutes les échelles
Certains pays sont peu intégrés à la mondialisation et restent à l’écart de cette croissance. C’est
le cas de PMA comme le Bhoutan, le Laos ou le Népal qui souffrent de leur enclavement (+ Myanmar,
Bangladesh, Cambodge, Timor oriental = autres PMA). Parfois, l’isolement peut être volontaire et
résulter d’un choix politique comme pour la Corée du Nord. D’autres pays ont une croissance mesurée
(Pakistan, Sri Lanka). Ces pays à l’IDH faible contrastent fortement avec l’économie dynamique et en
plein essor des puissances émergentes (Chine, Inde) ou des pays riches tels le Japon ou la Corée du
Sud.
Si le niveau de vie augmente (100 millions de personnes sortis de la pauvreté entre 2005 et
2015) et les classes moyennes grossissent, l’Asie du Sud et de l’Est compte encore plus de 2 milliards
de pauvres. Les 2/3 de la population sous-alimentée dans le monde vit dans cette région.
Ce développement touche en 1er les littoraux et les villes tandis que les espaces ruraux restent
en retard et contribuent à l’explosion urbaine par l’exode rural. Ces inégalités marquent ainsi le
paysage urbain avec de nombreux bidonvilles (40% de la population mondiale vivant dans des
bidonvilles). Dans beaucoup de pays, même ceux connaissant une forte croissance économique, les
problèmes de santé, l’espérance de vie faible (ex : 72 ans en Indonésie), le manque d’éducation, les
discriminations vis-à-vis des femmes… restent très préoccupants.
3) Un continent confronté à de nombreux défis
a) Les limites de la croissance économique
1 / 17 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !