File - Geoffrey Grill

publicité
Chapitre 3 : L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la
croissance
L’Asie du Sud et de l’Est concentre la majeure partie de la population mondiale avec plus de 3,5
milliards d’habitants. Cette région connaît la plus forte croissance économique au monde avec
l’émergence de nouveaux pays, dont la Chine, ou ici la Malaisie. Mais la région reste aussi marquée par
des inégalités de développement, suggérées ici par l’exemple du Népal, à toutes les échelles.
Problématique : Quelles relations existent entre population et croissance économique sur le
continent le plus peuplé de la planète dans un espace encore en recherche d’un véritablement
développement ?
I)
Mumbai : modernité, inégalités
II)
L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la
croissance
L’Asie du Sud et de l’Est n’est pas un espace politiquement délimité. Il se définit surtout en
négatif, comme un espace dans lequel on ne compte pas l’Asie centrale ni la Russie d’Asie. C'est donc
un espace formé de deux éléments, l'Asie de l'Est (Chine, Japon, Corées, Sud Est asiatique) et l'Asie du
Sud (Inde, Pakistan, Bangladesh). C'est également un espace d’une grande diversité. Il compte des
régimes politiques très différents (empire ou monarchie constitutionnelle, républiques socialistes ou
non...). De même, certains des États les plus pauvres du monde y sont présents, comme le Bangladesh,
mais aussi les 2e et 3e puissances économiques mondiales (Chine et Japon). Cependant, son
homogénéité vient de deux éléments. C’est en effet la première zone de croissance démographique du
monde et la région du monde la plus peuplée, devant ainsi faire face à un poids important de la
population. L’Asie de l’Est est le premier foyer de peuplement du monde. L’Asie du Sud le suit de près.
Ensuite, elle est traversée de forts courants d’échanges, bases d’une croissance économique
importante.
Problématique : Comment l’Asie du Sud et de l’Est allie-t-elle la croissance démographique et le
développement économique ?
A) Les défis d’une population immense
Quelles sont les dynamiques démographiques de l’Asie du Sud et de l’Est ?
1) La région la plus peuplée du monde
Avec environ 4,2 milliards d’habitants, l’Asie de l’Est et du Sud regroupe 57% de la population
mondiale. La densité moyenne de population y est de 178 hab./ km2, soit le triple de la moyenne
1
mondiale. Les deux États les plus peuplés du monde y sont situés, la Chine (1,38 milliard) et l’Inde (1,31
milliard) suivis de l’Indonésie (257M) et du Pakistan (186M). Ces géants démographiques contrastent
avec des pays très peu peuplés comme le Bhoutan (0,77 M) ou la Mongolie.
Cette population est inégalement répartie. Les grandes vallées fluviales (Gange, Mékong…), les
deltas et les littoraux sont très densément peuplés avec des densités pouvant atteindre 1000
hab./km2. D’autres régions sont par contre désertes : Chine orientale, désert de Thar (Inde),
montagnes afghanes…
2) Une croissance démographique inégale selon les pays
- Que peut-on dire de la situation des pays
asiatiques au niveau de la transition
démographique ?
La situation des pays asiatique est aussi variée au niveau de la croissance démographique. Dans
certains pays, l’accroissement naturel reste fort en raison d’une transition démographique à peine
amorcée (Afghanistan) ou encore inachevée (Laos, Inde…). Dans d’autres, la transition démographique
est finie et la croissance démographique est faible comme en Chine, Thaïlande ou au Japon.
Ces différences s’expliquent par l’inégal développement des pays. Dans tous les Etats qui se
développent, un ralentissement de la croissance démographique se fait sentir. Dans certains cas, les
politiques étatiques de contrôle de la population ont accentué le phénomène.
Ces politiques de restriction des naissances ont été soit incitatives (planning familial en Inde dans les
années 1990, ou au Sri Lanka) ou autoritaires (Vietnam, Chine = politique de l’enfant unique en 1979).
Inquiets du vieillissement de leurs populations, ces États aujourd’hui ont révisé leur politique,
supprimé les restrictions et encouragent leurs populations à avoir plus d’enfants mais avec un succès
très limité (les Chinois continuent à n’avoir qu’un enfant en raison du coût financier que les enfants
représentent…)
2
Les conséquences de l’achèvement de la transition démographique constituent un défi social et
économique dans de nombreux pays asiatiques. Au Japon la population diminue. Le vieillissement de la
population, qui doit s’accentuer dans les années à venir, implique des coûts supplémentaires (santé,
retraites…). Les politiques antinatalistes ont aussi entraîné une surmasculinité des populations
(avortements sélectifs, mauvais traitements) et un déficit en femmes évalué à plus de 100 millions qui
peut encore aggraver le ralentissement démographique qui devrait s’observer dans la majorité des
pays asiatiques d’ici 2050.
3) Une urbanisation rapide
L’Asie du Sud et de l’Est constitue une des régions les moins urbanisées du monde avec
l’Afrique, avec un taux d’urbanisation de 43% environ. Pourtant, elle est entrée dans la « transition
urbaine ». La population des villes d’Asie augmente de 40 millions de personnes chaque année et, d’ici
2050, l’Asie devrait compter 65% d’urbains.
Certains pays sont déjà très urbanisés : Corée du Sud (82%), Japon (93%) ou Malaisie (73%). La
Chine est majoritairement urbaine depuis 2011 (53 % aujourd'hui) alors que l’Inde n’est que très peu
urbanisée (32% d’urbains), tout comme le Bangladesh (33%), le Cambodge (20%) ou le Népal (18%),
dévoilant ainsi un retard de développement.
En valeur absolue, la population des villes asiatiques a
quintuplé depuis 1960, ce qui fait que l’Asie du Sud et de l’Est est la région du monde qui compte le
plus d’urbains avec environ 1,8 milliard de personnes soit 46% des urbains du monde. 42 villes
asiatiques comptent parmi les 100 premières mondiales, 7 parmi les 10 premières mégapoles (Tokyo
avec 39,5 millions d'habitants, Shanghai 30,2, Séoul 25, , Beijing 22, Mumbai 21, Bangkok 14, Manille
12). L’Asie du Sud et de l’Est compte ainsi 222 des 533 métropoles millionnaires en 2015 (42 %).
Nourrie par un fort exode rural et un taux d’accroissement naturel élevé, cette explosion
urbaine incontrôlée pose de nombreux problèmes : fort étalement urbain chaotique, engorgement des
réseaux de transports (embouteillages gigantesques), pollution, absence d’approvisionnement en eau
potable, aggravation des ségrégations socio-spatiales (bidonvilles, gated communities…)
Transition :
Mais ces villes sont aussi un atout pour le développement en offrant un meilleur accès aux services, à
l’éducation et aux activités dynamiques liées à la mondialisation. Le niveau de vie y est généralement
plus élevé qu’en milieu rural.
L’Asie du Sud et de l’Est se caractérise donc par les plus fortes densités de population de la planète,
une forte croissance démographique et une urbanisation grandissante. Si cette situation
démographique, avec ses déséquilibres, est source de défis et d’enjeux pour les pays asiatiques, elle
participe aussi développement économique exceptionnel que connaît cette région du monde.
3
B) La population, une ressource pour la croissance ?
La croissance démographique est-elle un atout ou un frein pour le développement économique ? Quels
sont les défis de la croissance démographique et économique de cette région ? Comment concilier les
deux ?
1) Une croissance économique rapide
L’Asie du Sud et de l’Est connaît depuis les années 1990 un fort essor économique avec des taux
de croissance annuelle de 5 à 10 % et parfois même supérieurs. Cette aire géographique réalise à elle
seule 30 % du PIB mondial et 25 % du commerce mondial. Elle est aussi à l’origine du plus du tiers des
IDE dans le monde. La Chine est désormais la 2e, voire la 1ère puissance économique mondiale,
reléguant le Japon au 3e rang mondial. La Corée du Sud, Singapour et surtout l’Inde sont aussi d’autres
grandes puissances économiques mondiales.
Cette croissance repose sur des économies extraverties, fortement mondialisées, intégrées au
commerce international, notamment maritime : 16 des 20 1ers ports mondiaux (1er : Ningbo, 2e :
Shanghai, 3e : Singapour…) sont en Asie faisant de celle-ci la plus grande interface portuaire mondiale !
La croissance économique débute ainsi dès les années 1950 au Japon (Asie de l’Est) dans un
contexte de reconstruction menée par les EU et le MITI (ministère de l’industrie et de la technologie
japonais). A la fin des années 1960, le Japon est la 2ème puissance économique mondiale.
Dans les
années 1970, l’industrialisation se développe dans les NPI, c’est à dire les 4 Dragons (Asie de l’Est). Ces
pays ont débuté leur développement par l’exportation de produits à faible valeur ajoutée (matières
premières notamment) puis, avec les délocalisations japonaises, une industrie nationale se constitue,
qui limite les importations et développe les exportations de produits manufacturés, dans un deuxième
temps. Enfin, dans les années 1980, chaque « dragon » se spécialise dans un secteur industriel dans
lequel il devient dominant (téléviseurs plats en Corée du Sud,
disques durs pour Singapour, consoles pour Taïwan, jouets
électroniques pour Hong Kong). Dans les années 1980, les Tigres
(Asie du Sud-Est) se développent à leur tour, basés sur des biens
de consommation ou des biens intermédiaires à destination de
leur marché intérieur. Enfin les nouveaux États émergents (Asie du
Sud) comme la Chine, l’Inde ou le Vietnam se sont ouverts aux IDE
dans les années 1990 surtout, avec la création de nombreuses ZES.
Longtemps
fermées,
leurs
économies
socialistes
ou
protectionnistes (Inde) se sont ouvertes au libéralisme et à
capitalisme sous contrôle étatique
La croissance économique et l’intégration à la mondialisation du
Sud et de l’Est de l’Asie se sont donc faites par vagues successives.
Un pays lance un processus d’industrialisation sur un produit à
faible valeur ajoutée (matières premières, industrie lourde), en
4
devient exportateur puis l’abandonne au profit d’un produit à plus forte valeur ajoutée (haute
technologie), permettant à un autre pays de se lancer à sa suite dans l’industrialisation par
délocalisation et sous-traitance. C’est le développement en « vol d’oies sauvages ».
2) La croissance permet-elle le développement ?
a) Une croissance démographique aux effets discutés
Les conséquences de ces fortes populations sur l’économie sont discutées :
- Thèses malthusiennes = la croissance démographique est un frein à la croissance et un danger :
la surpopulation entraîne un épuisement des ressources et un appauvrissement général. La
nécessité de pourvoir aux besoins d’une population si nombreuse peut être un frein à
l’amélioration des conditions de vie.
-
« effet Boserup » = la croissance démographique peut être facteur de croissance économique
(main d’œuvre importante et bon marché, jeune et de mieux en mieux formée + marché de
consommation)
Les pays émergents sont ainsi souvent des pays fortement peuplés. C’est surtout la rapidité de la
croissance démographique qui peut poser problème comme le montre l’exemple de Mumbai.
b) Un développement inégal à toutes les échelles
Certains pays sont peu intégrés à la mondialisation et restent à l’écart de cette croissance. C’est
le cas de PMA comme le Bhoutan, le Laos ou le Népal qui souffrent de leur enclavement (+ Myanmar,
Bangladesh, Cambodge, Timor oriental = autres PMA). Parfois, l’isolement peut être volontaire et
résulter d’un choix politique comme pour la Corée du Nord. D’autres pays ont une croissance mesurée
(Pakistan, Sri Lanka). Ces pays à l’IDH faible contrastent fortement avec l’économie dynamique et en
plein essor des puissances émergentes (Chine, Inde) ou des pays riches tels le Japon ou la Corée du
Sud.
Si le niveau de vie augmente (100 millions de personnes sortis de la pauvreté entre 2005 et
2015) et les classes moyennes grossissent, l’Asie du Sud et de l’Est compte encore plus de 2 milliards
de pauvres. Les 2/3 de la population sous-alimentée dans le monde vit dans cette région.
Ce développement touche en 1er les littoraux et les villes tandis que les espaces ruraux restent
en retard et contribuent à l’explosion urbaine par l’exode rural. Ces inégalités marquent ainsi le
paysage urbain avec de nombreux bidonvilles (40% de la population mondiale vivant dans des
bidonvilles). Dans beaucoup de pays, même ceux connaissant une forte croissance économique, les
problèmes de santé, l’espérance de vie faible (ex : 72 ans en Indonésie), le manque d’éducation, les
discriminations vis-à-vis des femmes… restent très préoccupants.
3) Un continent confronté à de nombreux défis
a) Les limites de la croissance économique
5
L’économie des pays asiatiques, très extravertie, dépend énormément de la mondialisation.
Principal « atelier » du monde, l’Asie du Sud et de l’Est doit néanmoins importer l’essentiel des
matières premières nécessaires à son industrie, notamment dans le domaine énergétique. Avec 2,5 %
des réserves mondiales de pétrole et 8 % des réserves de gaz, l’économie asiatique dépend des
hydrocarbures importés surtout du Moyen-Orient (Japon, Inde, Chine), de l’Afrique (Chine, Japon) et
de la Russie (Chine). Cette dépendance crée aussi des tensions à propos de la possession des gisements
miniers ou d’hydrocarbures de la région (cf Senkaku).
La financiarisation excessive de ses économies, dans un système bancaire qui manque de transparence
(corruption, spéculation), fragilise le développement économique de la région ainsi qu’en témoigne la
crise financière de 2008.
b) La nécessité d’un développement durable
La croissance économique pèse lourdement sur l’environnement. L’Asie du Sud et de l’Est est la
émettrice de gaz à effet de serre avec 44% du total mondial. La Chine est le 1er émetteur mondial
de CO2, suivi de l’Inde (4e) et du Japon (5e). La pollution atmosphérique est particulièrement grave
dans les métropoles du littoral Est. Les eaux des fleuves et les sols n’échappent pas non plus à la
pollution tandis que la déforestation progresse en Indonésie et en Asie du Sud-Est.
1ère
La vulnérabilité aux risques naturels et technologiques est accrue du fait des très fortes
densités de population concentrées dans des zones à risque (inondations au Bangladesh, tsunamis de
2004 en Indonésie, séismes au Népal en 2015… tandis que le faible niveau de développement de
certains pays entraine une faible résilience aux risques et une faible réactivité en terme de secours et
de reconstruction (ex : Népal). Entre 2000 et 2015, l’Asie est le continent ayant connu le plus de
catastrophes naturelles, 2435, soit 38 % du total, pour 750 000 victimes.
c) Une intégration régionale à améliorer
Enfin, si le commerce intra-régional se développe beaucoup et représente 55% du commerce
extérieur des pays asiatiques, l’intégration régionale reste encore peu poussée : l’ASEAN ne comprend
ni la Chine, ni le Japon, ni la Corée du Sud. Une vaste zone de libre échange (AFTA : Asian Free Trade
Area) est néanmoins en projet tandis que les principales puissances économiques se rapprochent de
l’ASEAN (accords bilatéraux, ASEAN + 3…). Les nombreuses tensions entre pays asiatiques, notamment
en mer de Chine, menacent toutefois sérieusement ces efforts d’intégration régionale…
6
III) Japon-Chine :
mondiales
concurrences
régionales,
ambitions
A) Japon et Chine, deux puissances comparables ?
Comparez la Chine et le Japon à l’aide des documents suivants et complétez le ta bleau suivant :
Doc. 1
Doc. 5
Doc. 6
7
Doc. 7
Doc. 8
Doc. 9
Doc. 10
8
Deux puissances économiques majeures
Japon
Chine
9
10
Des puissances politiques différentes
Des territoires inégaux (superficie, population,
ressources naturelles)
B) Japon et Chine : partenaires ou rivaux ?
1) Une rivalité historique
- Explique l’origine des tensions entre
la Chine et le Japon ?
o 1931 = invasion de la
Mandchourie par le Japon, puis guerre en
1937, nombreux massacres comme celui de
Nankin, expérimentation chimique et
bactériologique, « femmes de réconfort »
pour les troupes nippones…
o En réalité, 1ère guerre sinojaponaise en 1894
o Relations diplomatiques
difficiles après 1945, rétablies qu’en 1972.
Les souvenirs de la guerre empoisonnent
toujours les relations sino-japonaises :
Pékin accuse le Japon de révisionnisme de
e
la 2 GM (dénonciation des visites officielles au sanctuaire du Yasukani abritant des
criminels de guerre, manuels scolaires édulcorant les crimes japonais en Chine)
Ces rancœurs historiques sont ravivées par les poussées nationalistes liées aux enjeux régionaux
2) Des contentieux territoriaux
Doc. 2 p. 286 :
- Quels États se disputent la mer de Chine méridionale ? Pourquoi ?
- Quelles îles concentrent notamment les tensions et attisent les convoitises des pays riverains ?
Rappel : Les frontières maritimes et la délimitation de leurs ZEE respectives en mer de Chine orientale
sont contestées entre les 2 pays à l’exemple des îles Senkaku (en japonais) ou Diaoyutai (en chinois),
annexées par les Japonais en 1895, mais toujours réclamées par la Chine.
La Chine, le Vietnam, les Philippines, l’Indonésie, la Malaisie et Brunei se disputent la mer de Chine
méridionale en raison de ses nombreuses ressources halieutiques, de ses gisements d’hydrocarbures et
de l’importance géostratégique des routes maritimes qui la traversent, notamment pour
l’approvisionnement chinois en matières premières.
La Chine mène une politique expansionniste en mer de Chine méridionale, grande voie de passage
commercial régional et mondial, autour d’îlots qu’elle s’approprie et aménage, à l’exemple des îles
Spratleys, provoquant la colère et l’inquiétude des pays voisins comme le Vietnam ou les Philippines.
11
3) Mais deux économies très interdépendantes
La Chine et le Japon entretiennent d’importants échanges économiques : le Japon et le 3e
partenaire commercial de la Chine qui, inversement, est le 1er partenaire commercial du Japon. Entre
1972 et 2015, leurs échanges commerciaux ont été multipliés par 300. Le Japon a délocalisé en Chine
de nombreuses usines et a investi massivement en Chine. Plus de 20 000 entreprises japonaises sont
ainsi installées en Chine.
C) Japon et Chine : des ambitions mondiales
1) Des ambitions géopolitiques et géoéconomiques concurrentes
-
Comment la Chine cherche-t-elle à étendre son influence dans la région ?
o Elle noue des relations avec l’Asean qu’elle cherche à dominer
o Elle a créée l’organisation de coopération de Shanghai en 2001 pour développer son
influence vers l’Asie centrale
o Elle maintient son soutien à la Corée du Nord
o Elle multiplie les bases navales en Asie de l’Est et du Sud selon une stratégie de « collier
de perles » = théorie américaine selon laquelle la Chine construit un chapelet de bases
portuaires et aériennes entre Hong-Kong et l’océan Indien afin de sécuriser son
approvisionnement maritime
o Fortes diasporas = forte influence dans la région et le monde (soft power)
o
12
-
A l’inverse quelle stratégie est suivie par le Japon ?
o Contrecarrer l’influence de la Chine :
 Soutien des EU
 Partenariats économiques (Inde, Australie)
 Coopération militaire avec les Philippines (se sent menacé par les ambitions
chinoises en mer de Chine
 En développant les relations Asie-Pacifique tout en essayant d’en exclure la
Chine : relations commerciales avec les pays d’Amérique latine dans le cadre de
la TPP signée en 2016 (Accord de partenariat transpacifique (Chili, Pérou, EU,
Canada, Mexique). Note : depuis l’élection de Donald Trump, les EU se sont
retirés du traité…
Doc. 5 : Comment s’exprime la rivalité entre les deux
pays sur la scène internationale ?
o La Chine s’oppose à l’affirmation de la
puissance japonaise sur la scène internationale (ex : refus
d’un siège de membre permanent au Conseil de sécurité)
- Comment cette rivalité affecte-t-elle l’intégration
régionale économique en Asie ?
o La Chine est en faveur d’une Asean + 3 où
elle serait très influente
Mais le Japon est pour une Asean + 6 incluant
d’autres démocraties et pays développés qui lui seraient
plus favorables (NZ, Aust., Inde) pour contrebalancer
l’influence chinoise
Le Japon et la Chine cherchent à renforcer leur
puissance militaire. La puissance militaire et politique de
la Chine est ancienne et bien établie. Dotée d’une forte
armée, du 2e budget militaire mondiale, de l’arme
atomique, la Chine modernise ses forces navales pour mieux défendre ses ambitions, assoir sa
domination régionale et sécuriser ses approvisionnements maritimes grâce à sa stratégie de « collier
de perles » doublée d’une route alternative terrestre (projet de la « route de la soie ». La Chine
s’efforce de saper les ambitions politiques internationales du Japon et refuse ainsi l’octroi d’un siège
permanent au Conseil de sécurité réclamé par le Japon.
Le Japon, depuis 1945, a longtemps été un « nain » militaire. Sa constitution ne l’autorise qu’à
n’avoir qu’une force d’auto-défense. Son budget militaire néanmoins croît depuis 2012 (9 e, 45,6 Md en
2015). Sa flotte renforce ses capacités offensives (ex : …………………………………………………….) tandis
qu’une révision de la constitution lui permet désormais d’intervenir pour défendre un allié. Pour
13
assurer sa sécurité et contrecarrer l’influence chinoise dans la région, le Japon compte sur la protection
américaine et établit une coopération militaire avec les
Philippines
Les deux pays cherchent à nouer aussi des
alliances et partenariats économique pour mieux assoir
leur influence régionale et régionale par rapport à leur
rival. Fort de l’appui américain, le Japon cherche à
contrebalancer l’influence chinoise en Asie en
augmentant la coopération Asie-Pacifique et
développant ses relations commerciales avec les pays
d’Amérique latine dans le cadre de la TPP signée en
2016 (Accord de partenariat transpacifique : Chili,
Pérou, EU, Canada, Mexique…). Le Japon cherche aussi
à étendre son influence grâce à ses aides au
développement (APD) en Afrique et en Asie (1er
contributeur
de
la
Banque
asiatique
de
développement)
De son côté, la Chine développe son influence vers
l’Ouest à travers l’Organisation de coopération de Shanghai
(OCS, 2001, Russie, Pakistan et pays d’Asie centrale). La Chine a
créé aussi sa propre Banque asiatique d’investissement pour les
infrastructures (BAII) pour concurrencer le Japon au niveau de
l’APD (l’aide public au Développement), le FMI et la Banque
asiatique de développement.
Le modèle de développement chinois en crise ?
Texte 3 : Comment la Chine a-t-elle faite pour profiter de la
mondialisation ?
Le succès chinois repose sur sa main d’œuvre peu chère qui lui a
permis d’obtenir de nombreux contrats de sous-traitance (ex :
Apple) et qui a attiré de nombreuses entreprises sur son territoire
= stratégie de l’ « ultra-low cost »
Pourquoi ce modèle de développement est-il à bout de souffle ?
Ce
« modèle de sous-traitance » est remis en question
aujourd’hui :
- Croissance basée sur les exportations qui dépend donc de
la bonne santé de l’économie mondiale
- Salaire moyen X 3
14
Hausse du prix des matières 1ères que la Chine doit importer
Hausse des prix fonciers
Hausse de la devise chinoise, le yuan, de 35% en 10 ans / au $ = le taux de change est moins
favorable aux entreprises étrangères qui payent en dollars
= il devient moins cher de produire ailleurs qu’en Chine
= mouvement de délocalisation des industries vers de nouveaux pays comme le Cambodge ou l’Inde
Ex : Mattel pour les jouets, dont 75% de la production est faite en Chine
-
-
Quelle stratégie la Chine doit-elle suivre pour rester compétitive ?
Solution = « go west » : privilégier l’intérieur de la Chine peu développé = réservoir de main d’œuvre
peu chère = poursuivre le modèle de développement économique qui a fait le succès chinois + dissuader
les migrations vers le littoral
La Chine doit se reconvertir dans la production de biens à haute valeur ajoutée comme les biens de
haute technologie qui demandent plus de savoir-faire, de compétences et d’innovation.
Cette évolution n’est pas non plus une surprise puisque le Japon, les Dragons et les Tigres sont passés
par la même phase et ont eux aussi dû se tourner vers la haute technologie :
(développement en vol d’oie).
C’est un peu la rançon du succès et il ne faut pas aller trop vite en parlant de déclin ou de crise…
2) Une influence culturelle à l’échelle planétaire
15
Doc. 1 à 3 : quels sont les instruments du
soft power chinois ? Sur quels espaces
s’exercent-ils ?
Docs. 4 : sur quoi se base le soft power
japonais (voir aussi doc. 3 p. 281) ?
16
Doc. 1 à 3 : quels sont les instruments du soft power chinois ? Sur quels espaces s’exercent-ils ?
Le soft power chinois repose sur :
o De nombreux instituts Confucius (400 dans 105 pays) qui visent à promouvoir la culture
et la langue chinoise : surtout en Europe, Amérique du Nord et Asie du Sud Est, mais
aussi une présence en Afrique et en Asie centrale qui témoigne des ambitions chinoises
dans ces régions
o Une forte diaspora qui aide à la diffusion de la culture chinoise (40 M dans 150 pays)
o Une forte présence des médias chinois (presse, TV, radio) dans de nombreux pays
africains
o Diplomatie basée sur des investissements économiques et le principe de non-ingérence
pour séduire les pays du Sud = « consensus de Pékin » par opposition au « consensus de
Washington » qui promeut en même temps la démocratie.
Doc. 3 et 4:
- Sur quoi se base le soft power japonais ?
o Longtemps basé sur sa culture et ses valeurs traditionnelles (sumo, thé, estampes =
gravures, samouraï)
o Insiste maintenant sur sa modernité (à la pointe de la haute technologie), ses produits
culturels phares (manga, jeux vidéo Sony, Nintendo), sa gastronomie (sushi) ou sa
musique (J-pop) = « cool Japan » (tactique marketing)
o Création de nombreux expositions ou festivals (Paris ou Londres en 2015)
La rivalité entre le Japon et la Chine s’exprime de plus en plus sur le terrain du soft power, même si les
outils employés par les deux pays diffèrent. Chaque État cherche à affirmer ses ambitions mondiales en
proposant aide et soutien à de nombreux pays et en cultivant son image.
Conclusion
Fondées sur des bases différentes, les puissances économiques du Japon et de la Chine sont
comparables en tant que moteurs de l’économie mondiale et de la mondialisation. Malgré une
complémentarité ancienne, les deux pays sont en situation de concurrence historique, géopolitique et
économique. Si Japon et Chine sont tous deux animés d’ambitions mondiales, la Chine semble mieux
armée que le Japon dans cette compétition. La Chine est une puissance de plus en plus complète,
capable de menacer la place et l’influence des États-Unis tandis que le Japon souffre de fragilités et
d’une tutelle étroite des États-Unis sur sa politique extérieure.
L’avenir régional et mondial néanmoins
passe par une coopération de ces deux puissances. Enfin, tous deux doivent trouver des solutions pour
renouveler leur modèle économique plus ou moins à bout de souffle : le Japon doit surmonter le
vieillissement de sa population, son endettement et sa faible croissance tandis que la Chine ne
dépasser son rôle d’ « atelier » du monde pour devenir le principal centre d’innovation de la planète.
Sujets possibles :
- « Mumbai : modernité, inégalités »
- « L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la croissance »
- « Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales »
17
Téléchargement