Quelques formulations de la tétravalence à travers les conceptions

Quelques formulations de la tétravalence à travers les conceptions matérialistes et idéalistes antiques
Extrait du RECHERCHE CLINIQUE PSY
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Quelques formulations de la
tétravalence à travers les
conceptions matérialistes et
idéalistes antiques
- LOGIQUE CLINIQUE DU MODÈLE FONCTIONNEL
- Date de mise en ligne : mercredi 1er juin 2005
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Quelques formulations de la tétravalence à travers les conceptions matérialistes et idéalistes antiques
La logique tétravalente
Les termes du tétralemme de la logique tétravalente sont souvent exprimé sous une forme métaphysique [1], par
exemple :
Etre
Non-être
Etre et non-être
Ni être ni non-être
Ce qui différentie un système tétravalent de la pensée divalente est assez simple. La divalence, c'est ce qui nous
est habituel. Nous y sommes, sans cesse, en dilemme, avec des paires d'opposition exclusives. La divalence exclut
l'existence d'un terme médian et d'un terme tiers dans le raisonnement. En dilemme, quelque chose existe ou pas,
est vrai ou pas, est juste ou pas etc. Un système logique tétravalent, par contre, n'accepte pas le rejet d'un terme
médian et d'un terme tiers dans la dialectique. Dans ce système, ce qui N'EST PAS se différencie du
complémentaire de ce qui EST. Dans la logique tétravalente, un phénomène peut, à la fois, ETRE ET NON ETRE
ou, NI ETRE NI NON ETRE. Il est certain que de telles distinctions ontologiques sont rarement prises en
considération dans la réalité quotidienne. Elles ne sont, toutefois, pas inconnues dans l'histoire. On en trouve les
premières ébauches dans la littérature platonicienne, ainsi que dans les textes fondateurs de la philosophie
bouddhique.
Divergences Orient / Occident
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Dans l'opposition entre matérialisme et idéalisme, qui traverse la fin du néolithique que nous connaissons en
Occident sous le nom d'Antiquité, la logique divalente, le dilemme, sert à Aristote à réfuter l'idéalisme platonicien,
basé sur la tétravalence, semble t'il. Aristote veut une réelle action efficace sur le monde pour changer la condition
humaine et mieux la diriger.
En orient, le bouddhisme est, aussi, une tentative matérialiste pour se dégager de la vision de l'atman idéaliste du
brahmanisme de l'Inde du temps. C'est une démarche d'action pour améliorer la condition humaine, en se détachant
de tous nos attachements inutiles, ceux qui nous font souffrir et nous casser la tête pour rien. Nous sommes au 5e
siècle avant J.C. et un membre de la caste des guerriers, le prince Siddhartha Gautama, arrive à l'illumination pas
très loin du Gange. Il y prêche le sermon de Bénarès à quelques ascètes. On souffre parce qu'on s'attache à nos
objets de désir, dit-il. Si on réfléchit bien, on arrête les frais et par le lâcher-prise, on résout le problème de la
souffrance.
Dans le matérialisme d'Aristote, on s'attache, par contre, aux objets qui valent le coup, à ceux qui nous amènent des
solutions et du bonheur par un raisonnement juste. Si, dans le bouddhisme, on se détache de ce qui fait problème,
dans Aristote, on s'attache à ce qui fait du bien. Ce sont deux aspects assez complémentaires du matérialisme. Ce
sont deux doctrines pragmatiques de l'action. La différence, c'est que le matérialisme aristotélicien peut se réduire
facilement au dilemme : un pôle dialectique, c'est l'objet d'attachement utile, l'autre pôle c'est le pôle cognitif du
raisonnement,- mais d'un raisonnement limité à cette utilisation pragmatique d'une pensée structurée et, surtout, qui
ne dérape pas vers l'idéalisme philosophique, ni vers l'affect.
Tandis que dans le bouddhisme, pour créer un objet inutile, illusoire, se virtualisant, détachable, on ne peut se
passer de la logique tétravalente et d'une certaine dose de philosophie qui est, au départ, la doctrine de la
production conditionnée. Pourquoi faut-il une doctrine ? Parce que, s'il n'y a pas de réflexion structurée formalisée
quelque part, il n'y a pas de transmission et le mouvement se dissout de lui-même, dans des anachorètes
déambulants solitairement au gré de leurs détachements successifs, tandis que la société se morcelle et se retrouve
prête à être envahie,- ce qui est quand même arrivé pour de bon aux Indes avec l'invasion musulmane et la
disparition du bouddhisme indien au début du 2e millénaire.
Articulations logiques
Je vais utiliser un schéma très simple pour décrire les différentes articulations logiques de tout cela, qui est le
schéma dont je me sers habituellement pour expliquer le développement des pôles fonctionnels du psychisme.
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A gauche du schéma, l'action posturale d'appropriation et d'élimination ; à droite, la réflexion, l'inhibition :
1/ En haut à gauche, se place l'action structurée. C'est celle de l'appropriation, car si on veut s'approprier un
objet, il faut qu'il soit repérable. Il faut le définir et le repérer structuralement, le faire devenir. C'est le pôle de «
l'Etre », en métaphysique. C'est ce qui constitue notre réalité, qui est forcément réduite par cette appropriation
même, puisqu'on ne peut tout saisir.
2/ En bas à gauche, se place l'action de détachement, de production, où on perd la définition de l'objet, où il
devient virtuel. On perd sa localisation et il devient perdu, oublié. C'est le pôle de l' "Etre et non-être", en
métaphysique. C'est ce qui « disparaît », c'est à dire ce qui ne se montre que pour s'éteindre aussitôt.
3/ En haut à droite, se place la réflexion structurée. On y crée des idées, des "eidos" en grec, on y hiérarchise
des concepts. On y retient, de façon organisée, des impressions concrètes pour créer des modèles. C'est le pôle
du "non-être", en métaphysique. C'est la « cognition », qui coupe tout en jeux d'oppositions, pour les faire «
apparaître négativement ».
4/ En bas à droite, nous trouvons le pôle de l'affect et des abstractions ; c'est le pôle du "ni être ni non-être", en
métaphysique. C'est « l'affection » qui définit le sacré, celui du hors-tout, c'est à dire ce qui reste hors de la
réduction du pôle de l'Etre.
Articulations dans le bouddhisme
Evoquons la constitution du bouddhisme, pour mettre en avant les termes utilisés pour le tétralemme.
Le bouddha historique - au Ve siècle avant J.C. - développe, son action à partir du sermon de Bénarès, où il met en
mouvement la roue de la Loi, comme disent les bouddhistes. Il procède comme un médecin, selon la description du
Pr Guy Bugault [2] :
Il établit un diagnostic : tout est douleur, mal-aise, mal-être, tourment ; même le bonheur est décevant par son
instabilité.
Puis il trouve l'étiologie : c'est la "soif", l'envie de s'approprier, comme l'envie sexuelle ou celle d'exister (
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l'instinct de conservation), ou l'envie de mourir dans le suicide ; comme la soif n'a pas de fin, on ne peut la
combler, elle nous entraîne dans une douleur sans fin , dans une frustration infinie.
Il en déduit un pronostic : il n'est pas si mauvais que cela, si on se rend compte qu'il suffit de ne plus obéir à la
soif.
Enfin, vient le traitement : c'est le « làcher-prise ».
On voit le cheminement sur ce schéma, à partir du pôle de l'affect :
Mais, en arrière-fond, se colle à la prédication du Bouddha, la doctrine de la "production conditionnée" ou "production
en dépendance mutuelle", qui devient le fond de la doctrine bouddhiste. C'est le principe de causalité. Tout est
causes et effets, car il n'y a pas de réalité propre sui generis ; tout est impermanent, donc pourquoi s'y attacherait-on
? De plus, si tout est impermanent et composé, y compris l'identité de l'individu, si cette illusion se dissout, la
douleur intégrée par celle-ci se dissout aussi...
Cette doctrine de la "production conditionnée" est généralement exprimée sous cette forme :
quand ceci est, cela est (la suite des causes et effet)
quand ceci apparaît, cela apparaît (à la conscience)
quand ceci n'est pas, cela n'est pas ("ceci" = l'être, qui "n'est pas" en même temps)
quand ceci cesse, cela cesse (ni en train d'être, ni en train de n'être pas)
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