I. Les écosystèmes côtiers
des Antilles françaises:
des milieux variés mais fragiles
1. Des origines volcaniques
L’archipel des Petites Antilles s’étire sur
850 km environ et se situe au sein de la
région Caraïbe, reliant l’extrémité nord-est
de l’Amérique du Sud aux Grandes Antilles
(Westercamp & Tazieff, 1980). Cet arc est
le résultat de la subduction qui s’opère entre
l’océan Atlantique et la plaque Caraïbe.
Localisée entre les plaques Amérique du
Nord et Amérique du Sud, la plaque Caraïbe
abrite une vingtaine d’îles volcaniques dont
certaines témoignent d’une activité presque
quotidienne, comme Montserrat (Soufrière
Hills) par exemple. Les Antilles françaises
sont connues également pour leur activité
volcanique avec la Soufrière (Guadeloupe)
et la Montagne Pelée (Martinique).
À l’image des autres îles de la Caraïbe, les
Antilles françaises sont soumises à une forte
insularité qui se traduit par une fragilité
importante des ressources naturelles et un
endémisme de certaines espèces, facteurs
de vulnérabilité au regard des phénomènes
météorologiques qui affectent la région
chaque année.
Les caractéristiques climatiques de cette
région résultent des alizés qui ont effectué
un long trajet sur un substratum marin sous-
tendant ainsi une forte humidité. La conju-
gaison entre la localisation géographique et
l’orographie des Antilles françaises sont à
l’origine de variations climatiques et de la
formation de microclimats liés à l’effet de
fœhn ; cet aspect permet de faire une distinc-
tion entre la côte au vent, très arrosée, et la
côte sous le vent, beaucoup plus sèche.
2. Les écosystèmes de mangrove
Aux Antilles françaises, trois écosystèmes
côtiers peuvent être distingués : les man-
groves, les herbiers de phanérogames et les
récifs coralliens.
Les mangroves se dévelo ppent essentielle-
ment aux embouchures des rivières et plus
généralement dans les fonds des baies. En
Guadeloupe, par exemple, elles occupent une
superficie moyenne de 3 000 ha (Chauvaud,
1997), alors qu’en Martinique elles ne cou-
vrent plus que 1 278 ha en raison des nom-
breuses pressions subies (
fig. 1
et
2
). Ainsi, la
mangrove martiniquaise a vu sa superficie
régresser de près de 30 % en 20 ans (SIEE,
1998) ; c’est ce qui explique que la mangrove
de la baie de Fort-de-France ne couvre plus
que 680 ha contre plus de 2 300 ha dans le
Grand-Cul-de-Sac Marin en Guadeloupe
(Chauvaud, 1997).
Cet écosystème se compose principale-
ment d’un front pionnier de Rhizophora
mangle (palétuviers rouges), ceinturés par
des Avicennia germinans et des Avicennia
schaueriana (palétuviers blancs et noirs),
bordés eux-mêmes par une association de
mangles blancs et gris (Laguncularia race-
mosa et Conocarpus erectus).
Les mangroves étant des espaces répulsifs,
durant de nombreuses années elles ne furent
exploitées que par des populations margi-
nales qui n’en extrayaient que leur minimum
vital. Quand la pression démographique
s’est accrue, mais surtout quand ces popu-
lations prirent conscience des profits qu’elles
pourraient tirer de la vente des produits de
Pascal SAFFACHE, Didier MOULLET
161
Martinique et Guadeloupe : des écosystèmes côtiers en sursis
0 10 Km
14°50' N
61°00' W61°10' W
14°40' N
14°30' N
Distillerie du
Gallion
Herbiers de phanérogames
Pollution agricole par des
produits phytosanitaires
Récifs coralliens
Rejets industriels majeurs
Moullet D. ; Saffache P. 2005
Agglomération de Fort-de-
France
Rejets urbains importants
Décharge non autorisée
et lixiviation
Principales nuisances
Écosystèmes marins et littoraux
Mangrove
Principaux cours d'eau
Cours d'eau sujet à
une pollution industrielle
Source : C. et Y. BOUCHON, 1998
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Fig. 1. Carte synoptique de la Martinique.
198
carbonatés, de quartz et des fragments de
roche volcanique. Les récifs frangeants se
sont développés à l’extrémité ouest et vers
la côte sud de l’île, soit les 2/3 du littoral.
Toute la côte nord est caractérisée par la
présence de communautés récifales crois -
sants sur les blocs de basalte (Leão et Lima,
1982) (photos 3 et 4).
L’île de Redonda, située à l’ouest de Santa
Bárbara, est haute de 36 m et large de 400 m.
Le récif frangeant, qui s’observe sur la côte
sud-est, est composé d’une communauté
d’organismes récifaux identique à celle de
la côte nord de Santa Bárbara. Plus au sud,
séparée par un étroit chenal, l’île de Siriba
est longue de 300 m (W-E), large de 100 m
et haute de 16 m. L’île la plus méridionale
de l’archipel est l’île Sueste, qui mesure près
de 500 m de longueur, 200 m de largeur
et d’une altitude maximum de 15 m. Les
communautés récifales s’établissent sur l’en-
semble des versants sous-marins (photos 5 et
6
). Les îles Siriba et Sueste ne possèdent pas
de vrais récifs frangeants mais de nombreux
pinacles coralliens épars. Ces pinacles peu-
vent atteindre 15 m de haut sur des fonds
qui peuvent en atteindre près de 20 m au
niveau du chenal qui sépare ces îles. L’îlot
de Guarita, situé à 250 m au nord de Santa
Bárbara, est large de 100m et culmine à
13 m d’altitude.
ARCHIPEL D'ABROLHOS
Ilha Guarita
Parcel dos Abrolhos
Ilha Santa Barbara
Ilha Redonda
Ilha Siriba
Ilha Sueste
Île
Platier rocheux
Récif intertidal
Récif submergé
Herbier de phanérogames marines
Champ de blocs
s 17˚ 58' s 17˚ 58'
w 38˚ 42' w 38˚ 40'
w 38˚ 42' w 38˚ 40'
0 1 km
Fig. 3. Carte physiographique de l’Archipel d’Abrolhos.
Zelinda M.A.N. LEÃO, Jérôme FOURNIER
199Contribution à l’étude biogéomorphologique d’un archipel d’origine volcanique
Photo 3. Vue prise de l’île de Siriba avec, en arrière-plan, l’île Santa Barbara. Falaises
de basalte et platier intertidal.
Photo 4. Vue de la partie orientale de l’île Santa Barbara et des falaises composées
de roches sédimentaires postérieures aux basaltes éocènes d’Abrolhos.
Format : 25 x 20 cm
224 pages couleurs
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Les littoraux volcaniques ont très tôt compté parmi
les éléments clefs de la recherche géographique et
géologique : Darwin puis Davis s’appuieront sur les
récifs coralliens associés aux îles volcaniques du
Pacifique pour étayer leurs grandes théories.
L’énoncé de la théorie de la tectonique des plaques
accordera ensuite aux îles volcaniques le rôle de
marqueurs cinématiques du déplacement des
plaques. L’intérêt des îles volcaniques récentes réside
en effet dans le contrôle chronologique de l’évolution
géologique et géomorphologique sur le long terme,
du fait de l’activité éruptive observée ou datée qui
renouvelle régulièrement la topographie. Pourtant,
les travaux mettant en relation le contexte volcano-
tectonique, les variations climatiques et eustatiques
et la morphologie des littoraux volcaniques sont peu
nombreux.
Les littoraux des îles volcaniques auraient pu consti-
tuer l’exclusivité de la matière de cet ouvrage, mais il
a été choisi de ne pas se limiter à ces seules îles,
souvent de taille réduite afin d’essayer de faire
ressortir ce qui rapproche, et ce qui éloigne, les
littoraux volcaniques des îles et ceux des marges
continentales, tant sur le plan de la géodynamique
externe (première partie), de l’enregistrement des
crises du géosystème (deuxième partie), que de
l’adaptation des sociétés à ces environnements
particuliers (troisième partie).
Ouvrage disponible en librairie (diffusion : C.I.D.),
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