Fédération des médecins omnipraticiens du Québec
4
La portée du projet de loi n° 60
Les résultats du sondage d’opinion eectué par la FMOQ auprès de ses membres après la présentation du projet de loi
n° 60 montrent qu’une majorité de médecins omnipraticiens endossent la promulgation d’une loi armant que l’État
québécois doit être fondé sur des principes d’égalité et que son mode de fonctionnement doit être neutre et indépen-
dant au niveau religieux.
La FMOQ croit cependant que le projet de loi n° 60 ratisse trop large. En eet, il ressort de sa consultation que les
médecins omnipraticiens estiment que l’atteinte des objectifs recherchés ne nécessite pas de cibler indistinctement
autant de gens. La Fédération est donc d’avis que la loi devrait faire la part des choses et tenir compte de la nature du
travail qu’exécutent certaines personnes. Elle pense qu’une charte de la laïcité ne devrait interdire les signes religieux
ostentatoires que pour ceux qui exercent des pouvoirs de contrainte et d’autorité pour le compte de l’État. Il devrait
notamment en être ainsi pour les juges, les procureurs, les gardiens de prison ou les policiers. En tout respect pour
l’opinion contraire, la FMOQ estime cependant que le travail qu’eectuent ses membres, tout comme celui des autres
professionnels de la santé, n’entre pas dans ces catégories de fonctions. La pratique de la médecine est à l’opposé de
l’exercice de tels pouvoirs de coercition. Elle est tout au contraire fondée sur des principes de consentement, d’empa-
thie, de désintéressement et de conance.
Les problèmes liés au port d’un objet marquant ostensiblement
une appartenance religieuse.
Questionnés à cet égard par la Fédération, les médecins omnipraticiens ont mentionné, dans une forte proportion, qu’il
n’existe actuellement dans le milieu médical québécois aucune problématique particulière mettant en cause le port
de signes religieux ostensibles. De fait, ces derniers ne nous ont rapporté aucun phénomène ou manifestation qu’il
conviendrait présentement de résoudre an de contrer un étalage intempestif de signes à caractère religieux au sein de
la communauté médicale.
La FMOQ tient à rappeler que le Code de déontologie des médecins oblige ces derniers à avoir une conduite irrépro-
chable envers toutes les personnes avec lesquelles ils entrent en relation dans l’exercice de leur profession, et ce, que ce
soit sur le plan physique, mental ou aectif. Les médecins sont donc tenus à exercer leur jugement par le spectre de l’in-
térêt des personnes qu’ils soignent et on verrait mal que ceux-ci puissent se commettre dans un déploiement religieux
susceptible d’incommoder leurs patients. Selon la Fédération, la déontologie médicale et professionnelle ne permet
déjà pas aux médecins d’adopter de tels comportements.
Le port d’un objet marquant ostensiblement une appartenance religieuse
aecte-t-il la qualité des soins qu’un médecin dispense à ses patients?
À l’instar de ce qu’ils mentionnaient à l’égard de la question précédente, les médecins omnipraticiens ont largement
souligné à la Fédération que le port d’un objet marquant ostensiblement une appartenance religieuse n’aecte pas la
qualité des soins qu’un médecin dispense à ses patients.
De fait, la FMOQ ne peut répertorier d’incident où le port d’un signe religieux aurait pu, d’une façon ou d’une autre,
nuire à la qualité des services oerts aux patients. Il est d’ailleurs dicile d’imaginer que pareil problème puisse au
surplus survenir. En eet, les règlements aérents à la pratique de la médecine imposent depuis longtemps aux méde-
cins de s’abstenir d’adopter des conduites personnelles susceptibles de compromettre la qualité de leur exercice. Ces
mêmes règlements les obligent à pratiquer selon des principes scientiques.
Pour la FMOQ, un tel encadrement protège de façon juste et adéquate le public. Les conditions contemporaines de la
pratique médicale ne commandent d’aucune manière d’ajouter des restrictions aux balises déjà existantes.