Téléchargement - Centre des Maladies du Sein

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SERVICE DU CANCER DU SEIN HOPITAL ST LOUIS Personnalité: • Résultante de l’organisation dynamique des composantes émotionnelles, intellectuelles, physiologiques et biologiques qui constituent l’originalité d’ une personne par rapport aux autres. • Résulte de l’intéraction entre inné et acquis: facteurs biologiques, développementaux et sociaux • La personnalité est relativement stable tout au long de la vie Elle se constitue dans l’ enfance et l’adolescence Traits de personnalité: Manière habituelle d’être, de réagir et de se comporter dans ses rapports avec le monde extérieur et avec soi-­‐même Extraversion Neuroticism Hostilité-­‐Colère Agressivité Anxiété Dépression Répression État de détresse -­‐état de désespoir (helplessness/hoplessness) Conformisme Expressivité des émotions/contrôle émotionnel Stoïcisme, bonté, perfectionnisme • Fondés sur la théorie des « Traits de Personnalité » qui considère celle-­‐ci comme résultat de caractéristiques innés, génétiquement prédéterminés ( Les Trois Traits de H. Eysenck , Les Cinq Dimensions de Personnalité , Les Types de Carl Jung et Myers –Briggs), Le plus souvent utilisé: Le questionnaire de Personnalité de Eysenck
(EPQ) Traits évalués: • Neuroticism: Instabilité émotionnelle, Anxiété • Extraversion: Sociabilité, Vivacité, Impulsivité • Psychoticism: Egocentricité, Agressivité, Psychorigidité Neuroticism /Emotionality (Eysenck ) : résultat d’ activation de certaines parties du Système Nerveux Autonome responsables pour la réaction « combat-­‐fuite» activée face au danger Le neuroticism est caractérisé par de hauts niveaux d’ affect négatif : Dépression , Anxiété, Culpabilité, Dévalorisation de Soi, Dépendance, Humeur Labile Les individus avec ce trait présentent un seuil bas d’ activation du SNA; ils sont ainsi incapables d’ inhiber ou de contrôler leurs réactions émotionnelles et vivent le moindre stress à travers la réaction de « combat-­‐fuite » Traits de personnalité : stoïcisme, bonté, perfectionnisme, normativité, rigidité , fort contrôle émotionnel Difficulté à l’ expression des émotions Attitude d’ « état de détresse et de désespoir (helplessness/ hopelessness) » • Morris T. et Greer S. 1980, Cancer Detection Prevention, 3, Abstract 102 • Temoshok et al,. Cancer Surv 1987;6:123-­‐7 • Eysenck HJ. New York :Springer-­‐Verlag, 1991 Individus qui cherchent à éviter le conflit et sont dépendants dans leurs relations Ils ont également une tendance de réprimer leurs émotions et de ne pas savoir se défendre. Ces traits sont potentiellement capables de provoquer: •  perception de stress chronique, •  dépression et état de désespoir, • Taux élevés hormonaux (cortisol) • Baisse de la défense immunitaire • Possible développement de cancer Elle éprouve des sentiments conflictuels par rapport à l’expression des émotions Réservée, disposée au stress et à la dépression chronique Présente des « états de détresse/de désespoir » Effacée, prête à abandonner ses propres besoins pour faire plaisir aux autres , perfectionniste N’ exprime pas sa colère Conformiste, soumise aux normes sociales Réprime son agressivité, hostilité, impulsivité Les facteurs du stress sont considérés capables d’ induire des changements immunitaires lors de l’évaluation cognitive de l’anxiété: Quand un événement est perçu comme anxiogène, cette perception saurait provoquer un état de détresse émotionnelle et ces changements cognitifs et émotionnels déclencheraient une série de réactions du Système Central Nerveux et du Système Hormonal, avec un effet sur le système immunitaire.( Kiecolt-­‐Glaser et al ,2002) Réponse neuro-­‐hormonale au stress: Le stress est le reflet d’un processus complexe de facteurs environnementaux et psychosociaux (anxiété, dépression, manque de soutien social) chroniques : Le SNA est responsable pour la réponse « combat-­‐fuite » et l’axe Hypothalamus-­‐Glande Pituitaire-­‐Surrénales pour la réponse « défaite-­‐retrait » (Glaser et al 2005) L’ activation de ces voies prépare l’ individu face à une menace Facteurs de personnalité et Risque du Cancer du Sein Facteurs de personnalité et Survie Résultats contradictoires Les premiers résultats constataient une faible association entre un score important à l’ échelle de l’ « émotion-­‐négative » et le développent du Cancer du Sein(1996) Élaboration plus récente des données de la même cohorte de 9705 femmes: Aucune association entre: l’ agressivité, la dépression, l’ anxiété et la personnalité de type C et le risque pour le Cancer du sein Bleiker EM et al., J Natl Cancer Inst 2008;100:213-­‐218 12.499 femmes Finlandaises âgées de plus de 18 ans Questionnaires: Eysenck Bortner Personnality type A ( Ambition, Compétition, Agressivité) Questionnaire construit par les chercheur s mesurant l’ Hostilité: Pas d’ augmentation de risque pour le Cancer du Sein Lilliberg K et al., IntJ Cancer 2002; 100:361-­‐366 Les grandes études et méta-­‐analyse s montrent une association positive entre quelques facteurs de personnalité et la survie par rapport au cancer Les facteurs les plus important étant: • Neuroticism (instabilité émotionnelle, anxiété) • Dépression • Répression des émotions Nakaya N et al,. Br J Cancer .2006 July 17:95(2):146-­‐152 Falagas M et al,. Breast Cancer Res. 2007;9(4):R44 Association entre le Neuroticism et la Survie du Cancer à travers : •  le Stress •  la Dépression Influence sur le système immunitaire (De Jong et al.,1999, Kiecott-­‐Glaser et al.,
2002) Le Neuroticism est considéré comme un facteur de risque important prédisposant à une Dépression Majeure. (Kendler et al., 2004) Nombre important d’ études constatent une association statistiquement significative entre la Dépression et la Survie chez plusieurs types de cancer (Goodwin et al., 2004) •  L’ association entre la Dépression et la Survie du cancer pourrait s’expliquer par l’impact de la dépression sur les systèmes hormonal et immunitaire ainsi que par la compliance du dépressif au traitement du cancer (Kiecott-­‐Glacer and Glacer 1999, Spiegel and Katto 1996) • Évaluation sélective de certains traits de personnalité • Méthodologies hétérogènes -­‐ résultats par chance • Échantillon d’ études pas toujours représentatives de la population générale • Traits de personnalité non évalués avant l’ apparition du cancer • Outils psychométriques hétérogènes • Périodes de suivi hétérogènes • Échantillons de petite dimension • Facteurs de confusion (confounders)( cigarette, alcool etc.) La théorie Psychosomatique École de Paris / Pierre Marty. Deux concepts importants: • Dépression Essentielle •  Vie et Pensée Opératoire Et encore quelques noms importants: Joyce Mc Dougall: Désaffectation P.E Sifneos: Alexithymie Individus psychiquement « séparés » de leurs émotions , condamnés à vivre dans un vide affectif qu’ils n’arrivent ni à conceptualiser ni à décrire. Leur solution de survie consiste au fait de disperser immédiatement sous forme d’ action l’ impact de certaines expériences émotionnelles « Le discours de ces patients me faisait penser à une chanson dont je n’aurais jamais entendu que la musique, les paroles demeurant inaudibles : une parole pour ainsi dire désaffectée…. » Joyce McDougall(1989) Théâtres du corps (Paris ) Edit. Gallimard Nom dérivé par le grec « a » pour l’ absence, « lexis » pour les mots et « thymos » pour l’émotion, signifiant: L’absence des mots pour décrire les émotions Il s’agit d’ une difficulté de l’individu à trouver les mots appropriés pour décrire ses émotions et d’ une tendance à décrire en détail des situations ou ses symptômes somatiques à la place des sentiments , • une absence de fantasmes et de rêves, •  une difficulté dans les relations interpersonnelles et un contenu de pensée ressemblant à la pensée opératoire: ils recourent à l’ action pour éviter les situations conflictuelles I.  P.E Sifneos et al, (1975) Psychother. Psychosom, 26,p.65-­‐70 • Effectuée entre 1984-­‐1988 par l’Unité d’ Oncogenèse Appliquée , Hôpital Paul Brousse et IPSO • Double aveugle • Deux groupes de patientes d’ un échantillon de 77 éligibles (choisies d’ un échantillon initial de 2298 patientes après strictes critères d’ exclusion) 19 femmes atteintes d’ un cancer du Sein 58 témoins • Population âgée de 32-­‐65 ans • Equipe de recherche de quatre médecins et de sept psychosomaticiens • Les patientes ne connaissaient pas la nature de leur tumeur au moment de leur première consultation médicale •  Évaluation à l’ IPSO pour toutes les femmes après la première consultation médicale et avant toute procédure diagnostique • Aucun contact entre les médecins et les psychosomaticiens qui n’avaient également aucun renseignement sur les caractéristiques épidémiologiques ou cliniques des patientes Évaluation psychosomatique: Entretien d’ une heure, élaboré selon les rubriques suivantes (Outil psychométrique fait à l’ IPSO pour cette recherche , fondé sur l’ évaluation des caractéristiques du comportement qui perdurent tout au long de la vie d’un adulte et sur ses réactions à des événements traumatiques survenus bien avant l’ apparition de la maladie): 1. Structure psychique de base 2. Fonctionnement psychique habituel, évalué grâce à l’ anamnèse 3. Symptomatologie récente et données anamnestiques Ensuite le psychosomaticien affectait chaque patiente à l’un des deux groupes selon son estimation du risque(élevé ou faible) de développer un cancer Finalement après l’évaluation suivaient les examens prévus pour le diagnostique Point important: Appréciation dynamique de la personnalité du sujet qui prend en compte ses antécédents et l’évolutions de ses symptômes Claude Jasmin et al., Evidence for a link between certain psychological factors and the risk of breast cancer in a case-­‐control study. Annals of Oncology 1990:1(1):22-­‐9 Relation positive significative (p=00.2) entre le risque relatif du Cancer du Sein et le pronostique psychosomatique selon les caractéristiques psychiques de: • Moi idéal prédominant lié a une expression anormale des émotions et surtout de la colère • Deuil récent non élaboré (traumatisme capable de produire une désorganisation psychique qui pourrait entraîner une dépression aigüe subaigüe, latente ou une angoisse diffuse sans cause précise) • Structure psychique de base: Névrose peu structurée : ( la patiente ne possède pas l’ organisation psychique nécessaire pour lui permettre de faire face à un stress psychologique majeur tel que la perte de quelqu’ un ou de quelque chose d’ important dans sa vie) Mme C., âgée de 40 ans , m’ a été adressée par l’ équipe oncologique pour l’évaluation d’une dépression, suite à un parcours sinueux à travers consultations médicales et hospitalisations, dont l’objet avait été un Cancer du Sein déjà métastasé au foie et aux os, détecté en 2007 Antécédents Psychiatriques : Dépression post-­‐partum (2002), après la naissance de sa fille. Elle a accepté les médicaments pour une période très courte et les a arrêtés dès qu’elle s’est sentie mieux, malgré le conseil de son médecin. Pas d’ antécédents psychiatriques familiaux. Histoire Personnelle: Fille unique, ayant eu une éducation stricte. Mariée avec deux enfants, un garçon de 13 ans et une fille de 8 ans. Relation difficile avec son époux (psychiquement absent, souvent irresponsable). Elle assume toutes les responsabilités d’ordre familial sans s ’en plaindre. Elle occupe un poste à responsabilité dans une grande entreprise, très investi. Elle est considérée comme ‘ le pilier’ de l’ entreprise. 2007: Parallèlement à la découverte de sa maladie son fils est tombé gravement malade 2008: Tout au long de sa chimiothérapie et ses hospitalisations elle continue à travailler à plein temps . Le frère de son époux meurt soudain d’ un accident de voiture. Elle se sent obligée de soutenir son mari et le décharge encore plus de ses responsabilités limitées. Elle prend tout en charge. Son hyperactivité devient encore plus importante. Elle est adressée par son oncologue à la psychologue du Service qu’elle a arrêté de voir après quelques consultations parce qu’ elle pensait ne pas en avoir besoin. Finalement, épuisée par sa chimio et après beaucoup de complications somatiques elle arrête de travailler. 2009 (Juliet): Somatisations: Céphalées, douleurs diffuses, intolérance au bruit, fatigue++, troubles d’ endormissement. Elle ne se dit pas déprimée. A l’ entretien: Elle prend des postures rigides, étant assise souvent comme si elle était gelée. Parfois elle rougit, mais plus souvent elle apparait dans une sorte de vide et donne l’impression d’être sur la défensive. Son discours est concret et pragmatique sans nuances émotionnelles. Elle aime la maîtrise, tout doit être planifié « tout ce qui sort de mon planning me bouscule » Elle a du mal à trouver des mots pour parler de ses sentiments et toute question relative la met dans un état de confusion. Elle dit ne jamais faire des rêves. Les sentiments qu’elle provoque chez le thérapeute sont souvent ceux de frustration et d’ennui. Mme G., âgée de 65 ans, m’a été adressée par son Oncologue qui soupçonnait une éventuelle dépression aigüe ,manifestée pendant sa troisième cure de chimiothérapie après la découverte d’ un Cancer du Sein quelques mois avant. Elle voulait arrêter sans explication tout traitement. Pas d’ Antécédents Psychiatriques (personnels/familiaux) Histoire Personnelle: Fille aînée d’ une fratrie de deux sœurs , c’était elle qui depuis toujours s’ occupait des autres sans jamais s’en plaindre: « J’étais toujours le soutien de ma famille » Jamais mariée, elle a pris en charge les maladies chroniques de ses deux parents qu’elle a accompagnés jusqu’à leur décès, en s’occupant parallèlement des enfants de sa sœur . Enseignante depuis 40 ans, vit seule. A l’âge de 30 ans, suite à un accident, elle perd la vision d’un œil. Malgré son handicap elle a continué son travail sans jamais le dire à personne. Elle a été toujours considérée par ses collègues comme « perfectionniste, impeccable à son travail , avec des principes moraux strictes» 2007: Décès de son père après une maladie longue et handicapante , déclin de la santé de sa mère 2009(Janvier): Décès de sa mère (Alzheimer) après une période prolongée de complications où la patiente vit avec elle et s’ occupe d’ elle en continuant sans interruption son activité professionnelle. Retraite prévue pour juin2010 2009(Septembre): Diagnostic du Cancer du sein 2009(Décembre): Fatigue+++, angoisse+++, tremblement inexplicable, insomnie, pleurs, clinophilie, troubles de concentration, pensées noires: « la mort serait un soulagement », « je ne serai jamais guérie », « je ne pourrai jamais retrouver la joie de vivre » A l’ entretien: Elle est toujours réservée, sa posture corporelle courbée, comme si elle voulait s’excuser de sa présence . Elle cherche rarement le contact visuel direct. Elle donne l’impression qu’elle a subi son destin sans jamais se révolter. Elle évoque des sentiments de tristesse par rapport au décès de ses parents et à sa solitude, mais son discours n’exprime jamais des sentiments agressifs ou hostiles Docile, elle n’exprime jamais des désaccords ;elle cherche à faire plaisir aux autres. • Probablement les diverses variables de la personnalité n’ont pas d’ impact direct sur le développent du Cancer du Sein mais ce ne sont que des facteurs de vulnérabilité qui pourraient modifier l’ impact d’ autres composantes, entre autres, les événements de vie et la dépression. • La clinique et la recherche indépendamment de leurs divergences par rapport aux liens entre affection somatique et fonctionnement psychique, aboutissent finalement à des résultats qui concernent tous l’ anxiété et la dépression Yiannis Ritsos ‘Nudité du corps’ 
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