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1- Le Marketing d’imitation
Faute d’avoir pu lancer à temps une étude systématique auprès des organisations
médiatiques et leurs consultants permettant de répertorier toutes les nouvelles approches
Marketing mises en œuvre dans le secteur des médias, nous avons confié aux étudiants du
DESS de Management des médias de Montpellier une enquête auprès des entreprises qui les
accueillent en stage, en février 2004. Ils n’ont pas repéré d’approches Marketing nouvelles4.
Les études d’audience et les études ad hoc traditionnelles sont encore majoritaires dans les
médias. La plupart des organisations médiatiques confient leurs « sujets sensibles » à des
prestataires extérieurs, principalement IPSOS, Médiamétrie et SOFRES. Dans la presse écrite
quotidienne, seuls, L’Équipe et Le Parisien ont un service Marketing interne.
Actuellement, les médias connaissent des succès variables5. Dans la plupart des cas, pour
relancer ou développer l’activité, on applique les recettes ayant déjà fait leurs preuves ailleurs. Il
s’agit d’un Marketing d’imitation (la qualification n’est pas péjorative, T. LEVITT soulignait à
son époque les avantages d’une stratégie d’imitation qui évite les risques majeurs de
l’innovation). Ainsi approche-t-on le marché en se demandant quel « plus » améliorerait la
satisfaction de la clientèle. Les exemples sont multiples. Citons des professionnels des médias :
- Pour L. BOSIO, DG adjoint de Carat Expert, « Les succès de Capital, de Courrier
International, de Psychologies Magazine ou d'Entrevue sont les exemples les plus frappants de
cette capacité à répondre aux attentes du lectorat. Au-delà de ces innovations éditoriales, les
audaces Marketing ont aussi permis à la presse d'attirer davantage de clients. En France, les
suppléments magazines des quotidiens dopent la diffusion. Les ventes ont augmenté de 37 %.
Une stratégie efficace pour résister à la concurrence de la télévision et de l'Internet. Côté
magazines, l'introduction du Marketing a donné naissance à la multiplication des suppléments
régionaux des titres. Une proximité fortement appréciée qui se répercute également sur les
ventes ».
- D'autres recettes ont fait leurs preuves à l'échelle mondiale. L'innovation passe aussi par
l'adaptation aux techniques commerciales des grandes surfaces. B. SCHMUTZ, Directeur
Études et Recherches à Hachette/Interdéco, explique que « la presse - produit culturel - fait de
plus en plus appel au Marketing de la grande distribution. À l’instar de l’Italie où les journaux
sont vendus avec des parfums, des disques ou des livres afin d'appâter le client. Malgré ce
potentiel d'attraction, ce « plus produit » n'est pas un concept encore très répandu en France ».
- P. MOATI, directeur de recherche au CREDOC, généralise cette approche avec la notion
de Marketing de bouquet. « Certains relais H ont déjà exploré cette voie en proposant en plus
des produits traditionnels de presse un espace restauration. Les journaux ayant un lectorat ciblé
pourraient être distribués dans des boutiques dont les clients partagent le même centre
d'intérêt ». Il conclut que « pour dégager de nouvelles stratégies de diffusion de la presse, il
faudrait raisonner de manière transversale et non plus par filière ».
4 Nombre de petites organisations médiatiques ne pratiquent pas du tout le Marketing. La diffusion de la culture
Marketing est limitée dans le secteur des médias. D’après les spécialistes, seuls PRISMA, et Hachette dans une
moindre mesure (gestion titre par titre), ont une approche globale du marché. Le Marketing centralisé au niveau des
groupes de presse coupe souvent les établissements membres de leurs terrains. Les succès remportés par la presse
n’occultent pas pour autant les échecs, exemple marquant, Infomatin créé en septembre 1995 et mis en liquidation
judiciaire fin janvier 1996.
5 « 2003 a été une nouvelle année difficile et contrastée pour la diffusion de la presse. Les magazines s’en sortent
mieux que les quotidiens », Le Monde 26/03/2004.