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nous, une approche socio-politique, d’autant plus que sa problématique appelle des
réponses institutionnelles, et donc un positionnement de la société face au problème.
Nous approfondirons cette seconde partie avec l’apport d’une recherche socio-historique
menée par Lebaron (2000), notamment sur « le prosélytisme de la raison économique » qui
s’est opéré et s’opère encore dans nos sociétés. Nous verrons ensuite dans quelle mesure
cette « raison économique » peut se retrouver dans différents types de perceptions
sociétales (Staerklé & al., 2003), perceptions qui organisent les prises de position sur la
régulation des rapports sociaux, et qui orientent également, comme nous le verrons, la
manière dont peuvent se former des préjugés et stéréotypes à l’encontre d’individus ou de
groupes (Sherif, 1967, in Staerklé & al., 2003 ; Skitka & Tetlock, 1993 ; Crandall, 2000).
A ce titre, les perceptions sociétales nous serviront de cadre d’analyse des mesures
proposées ou mises en place par les institutions politiques pour lutter contre le chômage
(Tabin, 1998 ; Duvanel, 2002 ; Sheldon, 1998), que nous présenterons dans une troisième
partie.
Enfin, nous nous pencherons sur la campagne de sensibilisation proprement dite. Il s’agira
de faire ressortir les idées que les autorités tentent de faire passer dans cette campagne, les
attitudes qu’ils préconisent à l’égard des personnes au chômage, et de les analyser au
moyen des différents éléments théoriques présentés dans les trois premières parties de
notre travail, de manière à déterminer dans quelle mesure cette campagne peut atteindre ses
objectifs déclarés, à savoir la lutte contre les préjugés à l’encontre des sans emploi.
I) Approche théorique
1. Les représentations sociales
L’origine de l’approche en terme de représentations sociales est multidisciplinaire. Elle
remonte à la fin du 19
ème
siècle, de la sociologie tout d’abord, avec Durkheim (1898), qui
fut l’un des premiers à utiliser le terme de « représentation collective ». Par ce concept, « il
voulait souligner ainsi la spécificité de la pensée collective par rapport à la pensée
individuelle » (Herzlich, 1972, p. 303). C’est ensuite dans le domaine de l’anthropologie,
avec Levy-Brühl, qu’a été développée l’idée de « diversité culturelle des représentations