Réunion du Comité marseillais du Mouvement

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Allocution de Georges SARRE
Commémoration du 134ème anniversaire
de la Commune de Paris
Samedi 14 mai 2005
Chers camarades,
Nous sommes réunis aujourd’hui pour commémorer le 134ème anniversaire de la Commune
de Paris. Il s’agit évidemment, comme chaque année, d’un rassemblement du souvenir,
d’un témoignage de fidélité à celles et ceux qui se sont battus et sont morts pour que la
République sociale remplace l’ordre ancien et la réaction. Mais il est inutile de vous dire
que cette année, plus encore que les autres fois, cette manifestation prend un relief
particulier, en fonction du calendrier politique.
Pour nous, militants du Mouvement Républicain et Citoyen, les idées- force de la
Commune restent actuelles et fondent l’identité de la gauche républicaine, celle qui est
attachée à la fois à la question sociale et à la Nation. Nous sommes la vraie gauche, celle
qui porte les valeurs des Communards et de Jaurès, de Léon Blum et du CNR. Et nous
sommes aujourd’hui à l’avant-garde du combat qu’il faut mener pour sauver la République
et les acquis de deux siècles de luttes sociales, au moment où on demande au peuple
français d’approuver un Traité constitutionnel qui entraînerait, si par malheur il était
approuvé, la fin de la France en tant que Nation indépendante, ainsi que la victoire
définitive du libéralisme le plus sauvage.
Comment définir ce que fut la Commune ? C’est d’abord une insurrection populaire, dans
la lignée des Révolutions de 1789, de 1830 et de 1848. C’est un soulèvement spontané
contre un ordre social et politique inégalitaire et injuste, incarné jusqu’à la défaite de 1870
par le Second Empire, et que la bourgeoisie, restée monarchiste de conviction, s’apprêtait
à prolonger par une fiction de régime républicain. C’est aussi un sursaut de fierté nationale
de patriotisme contre la défaite militaire, l’occupation étrangère, et l’arrogance d’une
classe possédante qui, en installant le gouvernement Thiers à Versailles, avoue sans
vergogne qu’elle veut, au fond, renouer avec l’Ancien Régime. L’égalité des citoyens et la
défense de la patrie : voilà le programme des Communards, qui mirent en chantier, avec
des décennies d’avance, nombre des grandes conquêtes sociales que le peuple et la
gauche n’arracheront que bien plus tard, avec le Front Populaire et la Libération.
Nous ne sommes pas si nombreux, dans la France d’aujourd’hui, à pouvoir nous réclamer,
sans qu’il y ait imposture ou détournement d’héritage, du legs historique et idéologique de
la Commune de Paris. Oui, c’est bien au MRC d’ incarner ce patriotisme ouvert, cette
Nation citoyenne, cette laïcité rassembleuse la démocratie économique et sociale qui
permettent le vouloir vivre ensemble, dans le seul cadre démocratique capable d’intégrer
et de projeter vers l’avenir et l’universel : celui d’une France libre de ses choix.
Or, c’est précisément cette liberté de choix, cette marge de manoeuvre dans l’action, cette
indépendance, que veulent nous retirer nos adversaires, de droite comme de gauche, qui
communient ensemble, comme les deux faces d’une même médaille, dans le culte du
post-national et l’apologie de l’Europe fédérale. Dans cette campagne pour le référendum
du 29 mai, voyez comme ils se retrouvent : partisans d’une Europe chrétienne et donc
adversaires résolus de la laïcité, autour de BAYROU ; sociaux-libéraux qui ont depuis
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longtemps tourné le dos aux fondamentaux du socialisme ; droite ultra-libérale qui
n’invoque plus le nom de de GAULLE que pour s’inventer une filiation, ex- gauchistes
embourgeoisés qui, à l’instar de Toni Negri, avouent que leur oui est destiné, je le cite, à
« en finir avec cette merde d’Etat- Nation ». Qu’ils fassent parfois meeting commun nous
démontre à quel point, aujourd’hui, le véritable clivage idéologique est celui entre la
République sociale d’un côté, et l’Europe fédérale gouvernée par le marché, de l’autre.
Au temps de la Commune comme aujourd’hui, il arrive un moment où le peuple n’en peut
plus. Où il voit bien que la condition des plus faibles empire, alors que celle des classes
possédantes tire des profits considérables de l’ordre profondément inégalitaire qu’elles
instaurent. Il arrive aussi forcément un moment où les citoyens veulent être respectés
dans leur dignité, leur droit à l’expression, la liberté de choisir leur propre destin. Certes,
nous ne sommes plus au temps du suffrage censitaire qui révoltait les insurgés de la
Commune. Mais nous avons encore la pensée officielle à défaut du candidat officiel. Nous
avons plus que jamais ce formidable rouleau compresseur qui veut dicter aux français ce
qu’ils doivent penser, méprise ceux qui s’opposent, culpabilise ceux qui refusent cette
Europe là, celle du chômage et des délocalisations, celle de la disparition des services
publics, celle des communautarismes.
Que nous disent aujourd’hui les tenants de l’ordre social établi ? D’abord, qu’il ne saurait
en exister aucun autre, comme si l’ultra- libéralisme était un ordre de quasi droit divin ;
ensuite, pour nos Versaillais contemporains, la globalisation ultra- libérale et la loi du
marché, quel que soit leur coût humain, sont présentés comme les seuls chemins vers la
justice sociale, alors que jamais les écarts de richesse n’ont été aussi grands, et les espoirs
d’ascension sociale par le mérite républicain aussi minces. Enfin, que l’Europe est la seule
voie de salut pour s’affranchir de la tutelle américaine, sous laquelle ils se sont placés
d’eux-mêmes en ex-Yougoslavie et par deux fois dans le Golfe. Sachons donc, au MRC,
dire la vérité aux Français, à savoir que la marche forcée vers l’Europe et la mondialisation
ultra- libérale, la financiarisation de l’économie, ne doivent pas être accompagnés comme
le veulent les socio-libéraux, mais stoppés. C’est pour cela que, sans hésitation, nous
dirons « non » le 29 mai. Car nous ne sommes pas réunis ici pour annexer abusivement
l’histoire et les valeurs de la Commune, pour les trahir sous le masque de la fidélité.
Comme les Communards, nous savons qu’à un moment donné, il n’est plus possible de ne
pas nous opposer, sous peine de cesser d’être nous-mêmes.
Chers camarades, la Commune de Paris est trop souvent ignorée ou oubliée par ceux-là
mêmes qui se réclament du socialisme. Mais le peuple de France, lui, sans forcément en
connaître l’histoire dans les détails, garde au fond de lui un attachement profond aux idées
de la Révolution française, aux progrès énormes qui ont été obtenus par les combats du
mouvement ouvrier, à la République indépendante, une et indivisible. J’ai confiance, je
vous le dis sincèrement, dans le fait que nos concitoyens comprennent et approuvent le
combat de notre Mouvement.
Vive la sociale.
Vive la République.
Vive la France.
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