Guide de l’élève en philosophie
SOMMAIRE
Une position de principe : pluralisme et indécidabilité
L’enseignement de la philosophie au collégial
L’apprentissage
L’élève
Les relations avec le professeur
Guide méthodologique
Le texte philosophique. Qu’est-ce qu’un texte philosophique ?
Lecture du texte philosophique
L’analyse
Le travail d’analyse du texte philosophique
Le résumé
Le texte argumentatif
Le commentaire critique
La dissertation
Le schéma de concepts
La grille d’analyse de texte
La présentation matérielle
Une position de principe : pluralisme et indécidabilité
Au cours du procès que les Athéniens lui firent et qui entraîna sa mort, le philosophe grec Socrate déclara à
ses juges : Une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue (Platon, Apologie de Socrate). C’est la
plus simple et la plus fondamentale définition que l’on ait donnée de la philosophie: philosopher, c’est se
poser des questions sur le monde, sur l’être humain, sur la société ainsi que sur les discours que les êtres
humains produisent sur leur univers. Cela suppose que l’on puisse mettre en doute les réponses reçues et
communément admises.
Toute société, en effet, éduque les enfants et leur enseigne des réponses, une manière de voir tout ce qui les
entoure. Le philosophe doute de ces réponses. Sa présence au sein d’une communauté montre que celle-ci
accepte d’y laisser vivre celui qui en questionne les fondements et les valeurs. De telles sociétés furent
rares dans lhistoire; ce sont des sociétés «pluralistes» peuvent coexister plusieurs valeurs et le doute,
le questionnement, la philosophie sont possibles. Nous vivons dans une telle société. Cela signifie qu’il sera
difficile, voire impossible, d’y mettre tout le monde d’accord sur les réponses à donner aux questions
essentielles; il pourra être difficile même de s’entendre sur les questions qui doivent être jugées
essentielles. Mais les philosophes ne cherchent pas tant à fournir des réponses qu’à laisser les questions
ouvertes.
Dans plusieurs domaines du savoir, il est possible de tenir des discours uniques parce que les objets
d’étude le permettent. En philosophie, il n’en va pas ainsi car les questions sont indécidables: elles ne
peuvent pas recevoir de réponses définitives. De telles questions peuvent devenir nantes. Aussi, on ne
doit pas s’étonner de ce qui se produit dans l’histoire des sociétés quand des poseurs de questions sont
ridiculisés, exilés et, parfois, mis à mort.
Si philosopher, c’est poser des questions, c’est encore les poser avec méthode, c’est-à-dire suivre une
démarche qui développe une question, en manifeste la nécessité et fait voir la logique des réponses
possibles.
Vous serez, pendant vos études au collège, face à des professeur-es qui poseront des questions différentes
selon des méthodes différentes. Cela n’est pas pure fantaisie mais tient à la nature même de la philosophie.
L’enseignement de la philosophie au collégial
Des raisons tout à la fois historiques, culturelles et pratiques sont à l’origine du fait que des cours de
philosophie sont obligatoires pour tous les élèves du collégial. La philosophie contribue à la formation de
l’élève en l’introduisant aux dimensions réflexive et critique qui portent sur le fond des problèmes humains.
C’est en néral la première fois qu’il aborde ces problèmes de façon formelle et systématique. C’est
l’occasion d’entrer en contact avec les principes et les théories qui sont à la base de la vie humaine,
personnelle et sociale.
L’enseignement de la philosophie poursuit de façon particulière, dans le champ de la rationalité et avec ses
méthodes propres, une double fin:
~ sur le plan personnel, former des individus intellectuellement et moralement autonomes;
~ sur le plan social, former des citoyens éclairés et responsables, capables de s’engager dans les grands
débats de la cité.
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L’apprentissage
L’enseignement de la philosophie met en oeuvre quatre types de moyens dans chacun des cours:
1. le développement des habiletés intellectuelles, principalement: conceptualiser, «problématiser»,
analyser, argumenter et conclure, faire des synthèses, juger et critiquer;
2. l’emploi de la langue comme outil d’organisation, de clarification, d’expression et de
communication de la pensée rationnelle;
3. la mise en contact avec les principales conceptions de l’homme et quelques systèmes de valeurs
appartenant à la culture occidentale, de façon qu’aucune idéologie ne soit érigée en absolu ;
4. la connaissance et l’appréciation de la dimension historique des problèmes, des idées et des
pratiques.
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L’élève
L’enseignement de la philosophie contribue à l’atteinte de sa double fin en permettant aux élèves
1. d’acquérir les instruments théoriques et pratiques de la réflexion et les appliquer à leur vécu;
2. d’assurer une flexion critique sur les facteurs qui déterminent les rapports de l’être humain et de
son milieu;
3. de se situer, de se définir et de s’orienter par rapport aux conceptions de l’être humain en
confrontation dans les sociétés contemporaines;
4. de prendre conscience des enjeux politiques et éthiques de la vie en société et de connaître certains
systèmes de pensée et d’action qui concernent ces enjeux.
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Les relations avec votre professeur-e
Consultez ce guide et assurez-vous d’avoir bien compris les exigences de votre plan de cours. N’oubliez
pas que seule l’administration pédagogique peut autoriser un-e étudiant-e à changer de groupe-cours. Si
vous avez des remarques à faire sur votre cours, adressez-vous d’abord à votre professeur. Si la rencontre
ou si l’entente est impossible, rencontrez les coordonnateurs du département (si votre professeur est
coordonnateur, adressez-vous à l’autre coordonnateur). Si cette marche est infructueuse, vous pouvez
recourir à la conciliation en vous adressant le plus tôt possible à une personne agente de conciliation. Pour
plus de détails, consultez la procédure de conciliation relative aux plaintes étudiantes. Chaque professeur-e
a entre 120 et 160 étudiant-es par semestre. Aussi, il est essentiel de respecter les exigences et les
échéances d’évaluation et de s’entendre avec lui sur les heures de rencontre en dehors des heures de cours.
Le texte philosophique
Qu'est-ce qu'un texte philosophique ?
C'est un texte exposant des arguments 1 dans le but de répondre à une question fondamentale.
Dans Le Monde de Sophie, Jostein Gaarder se questionne sur ce qu'il y a de plus important dans la
vie. Il écrit : « Tous les hommes ont évidemment besoin de nourriture. Et aussi d'amour et de
tendresse. Mais il y a aussi autre chose dont nous avons tous besoin : c'est de savoir qui nous
1 . Argument : Raisonnement destiné à prouver ou à réfuter une proposition.
sommes et pourquoi nous vivons 2. » Que signifie être homme ? Quel sens donner à notre vie ?
Voilà deux questions fondamentales, des questions philosophiques.
Un bon texte philosophique est une construction littéraire. Pour l’écrire, son auteur fait un
travail comparable à celui d’un architecte. Il a un projet, et pour le réaliser le plus efficacement
possible, il se fait un plan qu’il suit rigoureusement. Il faudra tenir compte de cela lorsque nous
lirons un texte philosophique.
Lecture du texte philosophique
A) Premier contact
Avant de débuter la lecture d'un texte philosophique, il peut être utile de s'enquérir de quelques
renseignements qui en faciliteront la compréhension. Nous trouverons, dans un premier temps,
à l'aide d'un dictionnaire des noms propres ( Larousse ou Robert ) ou d'une encyclopédie générale
ou spécialisée, les informations suivantes :
- dates et lieux de naissance et de mort de l'auteur
- période historique à laquelle il appartient
- oeuvres importantes qu’il a écrites
- sa contribution à l'étude de certains problèmes philosophiques ( s’il y a lieu )
Ces indications sont précieuses, car elles situent l'auteur d'un texte philosophique dans l'espace et
dans le temps. Elles permettent ainsi d'aborder l'oeuvre à l'étude avec quelques renseignements
qui en orientent la lecture.
Nous nous tournerons, dans un second temps, vers le texte lui-même en s’arrêtant aux éléments
suivants :
- le titre de l'ouvrage ou du texte
- les divisions ( préface, chapitres, etc. )
- l’année où ce texte a été écrit et publié
B) Deuxième contact
Nous commencerons par lire le texte une fois du début à la fin, sans se laisser arrêter par les
détails que nous ne comprenons pas. Dans ce premier parcours, il s’agit de nous faire une idée
d’ensemble du texte, grâce à laquelle nous « saurons nous irons » quand nous le travaillerons
plus à fond. Nos autres lectures du texte nous serviront à rendre à la fois plus nette et plus
précise, plus affinée et plus nuancée cette idée d’ensemble. Nous tenterons lors de cette
première lecture de répondre aux questions suivantes :
- quel est le sujet dont traite l'auteur dans ce texte ?
- quelle est la position de l'auteur sur le sujet abordé ?
-quels sont les principaux arguments qu’il utilise pour soutenir sa position ?
- à quelle conclusion le mènent ses arguments ?
- quelle place fait-il aux arguments contraires aux siens ?
Quelques conseils : lire lentement, avec un crayon à la main, de façon à souligner les énoncés ou
les développements dont le sens vous échappe. Signaler d'un point d'interrogation les phrases
difficiles à saisir et les mots dont vous ne connaissez pas la signification. Résoudre les difficultés
de vocabulaire par les outils adéquats : dictionnaires ( généraux ou spécialisés ) et encyclopédies
( générales ou spécialisées ). Ils jouent deux rôles dans la lecture : ils nous aident à découvrir le
sens des mots que nous ne connaissons pas ; ils précisent celui des mots dont nous n’avons
2 . GAARDER, Jostein. Le Monde de Sophie, Seuil, Paris, 1995, p.27.
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