Ce fut le début de la colonisation ionienne, qui se poursuivit avec la fondation de Catane,
Messine et autres cités de la Sicile orientale. Ces villes se trouvèrent vite en conflit avec
d’autres colons grecs venus de Corinthe qui, dans un site admirable, avaient fondé
Syracuse autour d’une des plus belles sources d’eau vive de toute la Méditerranée, la
fontaine Aréthuse. Cité au grand destin colonisateur et, d’après Cicéron, la plus grande
ville grecque de l’antiquité, Syracuse rivalisa en grandeur avec Athènes, Carthage et
Rome. Elle fut le phare de la civilisation grecque en Occident jusqu’à l’arrivée des Arabes,
1500 ans après sa fondation. Les armées de Syracuse repoussèrent le danger punique vers
l’Ouest de la Sicile et mirent un terme à l’expansion étrusque vers le Sud de l’Italie.
Les bateaux de Syracuse, les plus grands de l’antiquité, sillonnaient les mers
jusqu’en Egypte. Au moment où Hannibal écrasait les armées romaines en Italie, Syracuse,
par un mauvais jugement politique, se rangea aux côtés de Carthage contre Rome. Après
un siège de deux ans, l’armée romaine entra dans la ville. Syracuse était si belle que
Marcellus, le commandant de cette armée, pleura longuement lorsqu’elle tomba et fut
pillée par ses soldats.
La période arabo-normande
La chute de l’Empire romain, qui avait apporté à la Sicile une très longue période de
paix mais aussi de marginalisation, marqua le début de siècles de décadence. Un nouveau
souffle civilisateur toucha les côtes siciliennes avec la conquête arabe. Pendant deux
siècles (IXe et Xe) refleurirent les arts, l’économie, l’agriculture et l’industrie. Palerme
devint célèbre pour ses mosquées, ses jardins et ses magnifiques palais. Les Arabes
changèrent le visage de l’île en introduisant le mûrier, l’oranger, le citronnier et le palmier.
Durant la deuxième moitié du XIe siècle, une poignée d’aventuriers normands
guidés par les frères Robert et Roger de Hauteville mirent un point final à la domination
musulmane en Sicile et créèrent, en quelques années, un état ordonné, prospère et
puissant. La Sicile vécut alors une merveilleuse aventure où différentes cultures et
civilisations (normande, arabe, byzantine et juive) purent se rencontrer pour donner
naissance à une exceptionnelle synthèse des valeurs culturelles de l’Orient et de
l’Occident. Ce réveil politique et économique donna aussi naissance à l’art arabo-
normand, fusion harmonieuse des précieuses décorations arabes, de la monumentalité
occidentale et du faste byzantin.
Aujourd’hui encore nous pouvons admirer le Cloître et la Cathédrale de Monreale,
la Chapelle Palatine, considérée comme l’une des plus belles églises au monde, la
Martorana, le Couvent de Saint-Jean-des-Ermites et la Cathédrale de Cefalù. Durant