critiquent la hausse fiscale, ce qui a eu pour effet de faire fuir les Italiens, accusés de profiter des
richesses de la France. L’Opéra en a donc pâti. Le faible intérêt des français pour le style baroque
Italien vient aussi de l’importance en France de la pensée Cartésienne, qui va marquer les XVIIe et
XVIIIe siècle. L’Opéra, dans son côté expressif un peu débordant n’allait pas tout à fait avec les
attentes artistiques du public français. Bukofzer pense que « le rationalisme lucide de la tradition
classique française a empêché la musique de succomber aux passions troublantes déchainées par la
musique Baroque Italienne ». Dans le cadre de la monarchie absolue qui fait de la France la grande
puissance mondiale de ce temps, l’art doit agir comme propagande et doit répondre à la puissance
française : une esthétique du grandiose apparaît.
En effet, la monarchie va réclamer une esthétique du grandiose et des représentations fastueuses,
caractérisés par des genres très français, le ballet de cour, la comédie-ballet, et la tragédie lyrique.
Tous ces genres sont marqués par la personnalité incontournable de Jean-Baptiste Lully (1632-1687),
paradoxalement Italien. Il est arrivé de Florence en 1646, et entre au service du Roi en 1652 ; il
acquiert progressivement une position sociale hégémonique, écartant tous ces rivaux, interdits de
faire représenter leur musique ; inventeur du système de droits d’auteurs, à son propre profit, qui est
devenu très riche.
Le ballet de cour est un divertissement très ancien, puisqu’Henry IV en était très friand (1581), de
même que son successeur Louis XIII qui en composa. A l’époque seul les courtisans et la famille
royale étaient invités. Le ballet de cour se situe à l’opposé de l’air du cour, genre intime populaire
sous Louis XIII (une voix et un luth), généralement illustré par des musiciens peu connus, comme
Etienne Moulinié, qui va disparaître au cours du siècle, en raison du règne de Louis XIV. Avec Louis
XIV et Lully, le ballet de cour devient le plus grand divertissement de la monarchie (1653-1672, avant
de décliner). On y trouve des morceaux, airs et récits chantés par le chœur, censé représenter une
histoire, mais dont l’argument est souvent faible, puisque ce n’est pas l’objet principal de ce genre
d’apparat.
Dans le ballet de cour apparaît le style à la Française, rythmes pointés, ouvertures à la Française,
précision rythmique et ainsi peu d’ornementation, avec des danses héritées de la Renaissance
(Pavane, Gavotte, Gaillarde, Courante, Sarabande, Marche). Les marches sont typiques des ballets de
Cour ; elles incluent dans l’instrumentation des timbales et des cuivres. L’ouverture à la Française
apparaît dans Alcidiane, ballet écrit en 1658. Du point de vue du texte, on trouve l’influence du Bel
Canto Italien, avec un livret souvent de langue Italienne, et un découpage entre airs et récitatifs.
à Ballet royal de Flore (dernier grand ballet de cours), Ouverture – 1669
C’est une forme bipartite. La première partie est lente et solennelle ; la seconde partie est vive,
légère, et fuguée. L’ouverture à la Française va s’exporter dans les pays d’Europe. Très souvent, on
trouve entre ces parties une alternance entre binaire et ternaire. Ce ballet est l’apothéose du ballet
de cour, avec un effectif vocal et instrumental extrêmement important. Tout ceci annonce la tragédie
lyrique. C’est la dernière fois que Louis XIV danse en public ; il est représenté en soleil.
à Marche des Nations
Rythme binaire, caractère majestueux, forme AABB (suite de danse), cellule rythmique répétée,
trompettes, timbales. On bascule du côté festival à la manifestation de la puissance.
La Comédie ballet est une évolution du ballet de Cour. Il s’agit d’une interpolation entre une comédie
de théâtre et des épisodes dansés. Plus particulièrement, c’est la rencontre de Lully et Molière. La
première comédie ballet est Les Fâcheux. Les airs issus de ces comédies ballets répondent plutôt au
style du ballet de Cour. Seulement, les exigences du théâtre demandent une intrigue claire et
élaborée. Les Airs sont simples et efficaces, souvent rudimentaires pour être appris vites et retenus
facilement, pour que les acteurs puissent chanter ; certains airs vont se transformer en chansons à
boire. Lully insère des danses chantées. Mais le compositeur va créer une rupture avec Molière, qui
voyait en lui en concurrent féroce et talentueux. Molière écrira encore des comédies ballet avec
Marc-Antoine Charpentier.
La Tragédie Lyrique naît en 1673. Il s’agit d’un Opéra en 5 actes, de style français et de langue
française, dont le sujet est emprunté à la mythologie Grecque ou Romaine. On retrouvera un certain
nombre d’éléments caractéristiques, comme l’ouverture à la Française, des chœurs, un découpage
air/récitatif, ainsi que des parties dansées. De la même façon, la machinerie et les moyens sont
grandioses. Par ailleurs, certains personnages représentent des allégories. Aussi, le sujet devient
central dans l’œuvre. Ainsi, on trouve une transition intéressante entre le ballet de cour et la