CERCA Implication de l`inhibition dans les troubles de mémoire

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CeRCA - Projet d’allocation de thèse 2015-2018
Implication de l’inhibition dans les troubles de mémoire émotionnelle dans le PTSD
Directeur du projet : David Clarys, PU
Encadrement doctoral actuel : Arnaud Boujut (100%, non financé), Elisabeth Grimaud (50%
avec Laurence Taconnat)
Descriptif du projet :
Les patients en état de stress post-traumatique (PTSD pour Post-Traumatic Stress Disorder)
rapportent une fréquence élevée de rappels involontaires et intrusifs de certains aspects de
l’évènement traumatique, mais ils présentent aussi des difficultés à récupérer
intentionnellement la mémoire complète de l’évènement traumatique. Ainsi, le PTSD est
caractérisé à la fois par une hypermnésie et une amnésie psychogène. Par ailleurs, cette
pathologie comporte aussi un phénomène de dissociation psychique (altération des
fonctions normalement intégrées telle que la mémoire, l’identité, la conscience ou la
perception de l’environnement) (Ehlers & Clark, 2000). Le lien entre mémoire et conscience
est particulièrement adapté à la compréhension du trouble de stress post-traumatique.
L’objectif de ce projet est d’étudier les troubles de la mémoire en lien avec la conscience
dans le stress post-traumatique.
Ce projet de thèse s’inscrit dans la continuité de précédents travaux (thèse de
Géraldine Tapia, 2007). Cet axe de recherche s'est révélé être très productif, puisqu'il a déjà
permis la publication de deux revues de littérature (Tapia et al., 2007a ; 2007c) et de deux
articles expérimentaux (Tapia et al., 2007b ; 2012). Nos travaux expérimentaux sur les états
de conscience associés à la récupération en mémoire ont montré que les patients PTSD
présentent un déficit dans la remémoration consciente du souvenir. Au contraire, nous
avons observé une augmentation simultanée des reconnaissances impliquant la conscience
noétique (Tapia et al., 2007b). Nous avons également montré qu'en présence d’une
connotation émotionnelle négative, les patients PTSD présentent un accès anormalement
facilité à la remémoration consciente du souvenir (Tapia et al., 2012). Ceci pourrait traduire
une vigilance particulière de ces patients à l'égard des stimuli susceptibles de déclencher les
souvenirs intrusifs du traumatisme. En effet, les patients étant incapables d’interrompre la
survenue angoissante de pensées intrusives en lien avec le traumatisme, ils pourraient
mettre en place des processus d’évitement de tout indice se rapportant à cet évènement.
Ceci pourrait les amener à porter une attention particulière à l'égard de ces stimuli
favorisant ensuite leur reviviscence.
L'idée sous-jacente à ce projet de thèse est qu'il existe un lien entre les déficits
d'inhibition et les troubles de conscience autonoétique qui pourrait être la conséquence
d'un biais attentionnel pour les stimuli anxiogènes et/ou d'un déficit d'inhibition des pensées
intrusives, les deux phénomènes pouvant s'alimenter l'un et l'autre. Pour cela plusieurs
protocoles seront mis en place dans lesquels nous manipulerons le contexte émotionnel
(induction d’états émotionnels) ou la valence émotionnelle des informations apprises (mots
connotés négativement ou en lien avec le traumatisme relativement à des mots positifs et
neutres). Ces protocoles évalueront les états de conscience associés à la mémoire, en lien
avec des procédures d’inhibition (Stroop classique et émotionnel, oubli dirigé, amorçage
négatif). Ils devraient permettre de mieux comprendre la difficulté, pour les patients PTSD, à
inhiber les informations négatives/traumatiques et la place que cette difficulté occupe dans
les symptômes de reviviscence. A terme ceci pourrait ouvrir de nouvelles perspectives
thérapeutiques permettant une meilleure prise en charge des symptômes associés au PTSD.
Justification de la priorité de la thématique
Cet axe de recherche s’inscrit à l’intersection de deux champs d’études complémentaires : la
psychiatrie clinique et la psychologie cognitive. La collaboration que j’avais établie avec
Wissam El Hage (Inserm U930, Tours) s’est trouvée interrompue d’une part par mon départ
pour Poitiers, et d’autre part par le départ pour un an de mon collaborateur à Londres. Ce
mois de mai, nous avons tous deux été sollicités pour intervenir aux 17e journées Psychiatrie,
Neurologie, Gériatrie de Poitiers, ce qui nous a amené à échanger quant à la relance de cette
collaboration fructueuse, d’autant plus que nous avions en amont déposé un projet dans le
cadre de l’appel d’offre Tours-Poitiers. Ce projet a été retenu et nous avons programmé le
financement de deux stages de M2 (poitevins qui iraient à la CPU de Tours). Ces conditions
sont donc idéales pour lancer des étudiant(e)s dans le cadre de ce projet de thèse. Enfin ce
projet de thèse s’inscrit parfaitement dans la volonté affichée du CeRCA dans son projet
scientifique sexennal de mettre « l’accent sur des thématiques liées à la psychopathologie
cognitive, aux fonctions exécutives, aux facteurs émotionnels […] ».
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