- appliquer 5,5% de TVA : le disque est alors "offert" avec le livre mais ne peut être vendu qu’en
librairie (option peu appréciée des producteurs)
- appliquer 19,6% de TVA et se retrouver, dans les librairies, en concurrence avec des produits
moins taxés
- appliquer une double TVA (5,5% sur une partie et 19,6% sur une autre) qui permet d’accroître
les ventes mais qui nécessite un suivi comptable compliqué. Si les pouvoirs publics décidaient
d’un aménagement établissant un même taux de TVA mixte pour tous les livres-disques, cela
permettrait de faciliter la gestion fiscale de ces produits.
Musique en ligne et conséquences
Historiquement, le disque jeune public est en décalage avec le marché du disque généraliste. Il y a cinq
ans, quand l’industrie du disque a définitivement retiré les cassettes du circuit de distribution, les
productions jeune public se vendaient toujours deux fois plus en cassettes qu’en CD. Aujourd’hui, à
l’heure où l’on prédit la mort du CD et une longue vie au numérique, le secteur s’inscrit à contre-courant
de ces idées.
Ainsi, le disque jeune public se vend assez mal sur les plateformes de musique en ligne (et est
relativement peu "piraté"). Internet et le format digital ne semblent pas adaptés aux spécificités de ces
produits et des publics concernés. Cependant, le développement de la musique en ligne provoque une
dépréciation de valeur symbolique de l’objet-disque, ce qui touche tout particulièrement le secteur jeune
public qui voit là une dévalorisation de son principal outil. En réponse, la stratégie des producteurs
s’oriente donc vers un travail spécifique autour du format, du support et du packaging (comme c’est le
cas pour le livre-disque) en cherchant à redorer les valeurs du "bel objet" et de l’objet-cadeau.
Les faibles ventes de DVD
Des projets de DVD musicaux jeune public existent mais ils ne génèrent que peu de ventes (difficile de
dépasser les 2 000 exemplaires vendus). Ce support vidéo limite en partie l’importance de l’audio et
n’apparaît pas nécessairement adapté aux spécificités d’un produit qui cherche à développer
l’imaginaire et le vocabulaire sonore des enfants.
C’est également un marché coûteux et risqué car les frais sont importants (prix de gros hors taxe élevé)
et les oeuvres se retrouvent en concurrence avec des superproductions internationales comme celles
de Walt Disney.
Médias : promotion et prescription en berne
Les disques jeune public ont du mal à se faire connaître et à être repérés du grand public. Au-delà des
problèmes de distribution, cela s’explique par leur sous-exposition au niveau médiatique. En radio, les
émissions où l’on chronique des CD jeune public sont inexistantes en dehors notamment de celles de
Dominique Boutel sur France Musique (A do dièse, Keske). En presse, la page jeunesse du
Figaroscope a été supprimée et les journaux qui offrent de l’espace aux disques jeune public sont rares
(guide Paris Môme, magazine pour enfants). En télévision, certaines chaînes câblées ou numériques
spécialisées en jeunesse semblent vouloir se démarquer en intégrant des programmes musicaux ; cela
pourrait améliorer la visibilité des disques et des artistes jeune public qui, pour l’instant, ne bénéficient
pas d’exposition télévisuelle.
Les médias jouent peu le rôle de prescripteur… en dehors de l’exception du Soldat Rose qui a bénéficié
d’une opération médiatique d’envergure (presse, radio, tv, Victoire de la musique jeune public
–catégorie spécialement réouverte pour l’occasion) bien que le projet ne semble pas adapté à la
caractéristique jeune public (majorité d’adultes dans la salle). Les éditeurs développent par conséquent
d’autres stratégies adaptées aux niches de consommateurs. Par exemple le livre-disque "Comptines et
berceuses du Baobab", qui ne dispose pas d’une riche revue de presse, s’est fait connaître par le
bouche-à-oreille et par des biais détournés : une présence annuelle au Salon du livre jeunesse de
Montreuil, le soutien des librairies via l’obtention du Prix Sorcière, l’appui des bibliothèques, etc.