A l’inverse, le 87Rb – élément père du 87Sr – passe facilement dans les phases liquides : c’est un élément incompatible
qui s’est accumulé dans le magma à l’origine de la croûte au cours des deux premiers milliards d’années du globe
terrestre : un rapport isotopique 87Sr / 86Sr élevé signera donc une contribution de la croûte à la genèse du magma.
Les rapports isotopiques pour le MORB se superposent en partie avec ceux du manteau supérieur, ce qui suggère que
le matériau source du magma à l’origine de ces MORB est bien le manteau supérieur.
Les rapports isotopiques des boninites sont comparables à ceux du manteau supérieur concernant le Nd, ce qui
suggère là aussi que le manteau supérieur est le solide initial, mais les rapports pour le Sr sont bien plus élevés : il doit
y avoir une autre contribution à la genèse du magma, qui permet son enrichissement en 87Rb (élément-père à l’origine
du 87Sr.
On peut faire l'hypothèse d'une contamination du magma. Dans le contexte Izu-Bonin, l’hypothèse d’une contribution de
la croûte océanique (compte-tenu de la richesse en Fe/Mg des boninites) peut être proposée.
III. Les conditions de la fusion partielle
1. Evaluation du taux de fusion partielle
Le document 4 permet de comparer la teneur en différents éléments – Zr et Cr – des boninites à celles des dacites et
rhyolites.
L’élément Zr est un élément incompatible, alors que Cr est un élément compatible.
La teneur en éléments incompatibles renseigne sur le taux de fusion partielle à l’origine d’un magma primaire : en effet,
ces éléments ont tendance à passer facilement dans les liquides résultant de la fusion partielle, ainsi ils seront
davantage concentrés dans les premiers jus résultant de la fusion partielle, alors que le taux de FP est faible. Si la
fusion partielle se poursuit, d’autres éléments s’ajoutent – notamment des éléments compatibles – et diluent les
éléments incompatibles, dont la teneur diminue à mesure que le taux de FP augmente.
Le graphique 4a montre que les boninites sont systématiquement plus riches en Cr, élément compatible que les dacites
et rhyolites.
Le graphique 4b montre qu’elles sont plus pauvres en Zr, élément incompatible.
Ces différences par rapport aux roches de la série calco-alcaline suggèrent un taux de fusion partielle élevé, supérieur à
celui rencontré dans le cas d’une série calco-alcaline (classiquement, de l’ordre de 10 %).
Le document 5 fournit les teneurs en Al2O3 et K2O pour une roche mantellique appauvrie en éléments incompatibles,
une roche mantellique très appauvrie en éléments incompatibles, et la boninite a.
Placées dans le graphique fourni, ces données permettent de déterminer le taux de fusion partielle qui a permis de
produire un magma à l’origine des boninites a.
La roche mantellique correspondant au solide résiduel est celle qui est la plus appauvrie en éléments incompatibles,
puisqu’ils passent facilement dans le liquide magmatique : c’est donc la 2e du tableau, et la 1ère est le solide initial.
Par la méthode du levier :
Sur le graphique, on mesure la longueur du
segment correspondant au % de liquide, que
l’on rapporte à la longueur totale entre le point
correspondant au solide résiduel et celui
correspondant au liquide magmatique. Le
résultat est de 0,18, soit 18 % pour le taux de
fusion partielle.
Un tel taux de fusion partielle est important
dans une zone de subduction, où l’on trouve
plutôt des taux de l’ordre de 10 %. Cela peut
expliquer (en partie) la faible teneur en K des
boninites, et la teneur élevée en Mg.
[Pour éventuellement aller plus loin… Le taux
de fusion partielle élevé n’est peut-être pas la
seule explication : le tableau nous propose
une roche mantellique appauvrie comme
solide initial, ce qui pourrait suggérer que le
manteau aurait déjà subi une fusion partielle
au préalable, qui l’aurait appauvri. Les deux
causes pourraient se combiner pour expliquer
la faible teneur en K]