visites médicales non indispensables. »
Q3. Quelles mesures restrictives pourraient être envisagées à l'endroit de Mme X et comment ces
mesures pourraient-elles être justifiées?
Deux types de mesures restrictives sont souvent utilisées dans la lutte contre les maladies
transmissibles, et il existe entre elles une distinction importante à faire. La quarantaine désigne
l'isolement physique obligatoire, y compris l'entrave à la liberté de circulation, de populations ou de
groupes de personnes en bonne santé qui pourraient avoir été exposés à une maladie contagieuse, ou
les efforts visant à isoler ces personnes à l'intérieur de zones géographiques précises. Ces personnes ne
manifestent pas de signes ni de symptômes de la maladie, mais elles sont à risque, car elles ont été
exposées à un cas. L'isolement, en revanche, fait référence à la séparation et au confinement de
personnes qui présentent des signes, des symptômes ou des signes biochimiques d'infection, afin
d'éviter qu'elles ne transmettent la maladie à d'autres4.
Les mesures restrictives sont des mesures non médicales utilisées pour lutter contre les maladies
transmissibles. La transmission interhumaine est en effet responsable de la propagation de nombreuses
maladies infectieuses et, en pareilles circonstances, le recours à des mesures restrictives peut être
indiqué, car, en séparant les personnes infectées ou exposées des personnes non infectées, on brise la
chaîne de transmission de la maladie. Dans le cas présenté ici, il est important d'isoler Mme X et
d'instaurer des mesures adéquates de contrôle et de traitement de l'infection. La notification des
autorités publiques permettra de s'assurer qu'il y aura recherche des contacts, lesquels pourraient
devoir être mis en quarantaine durant une période déterminée. Les médecins peuvent jouer un rôle
essentiel en expliquant la nécessité et l'importance de ces mesures.
Conclusion
Les urgences en santé publique qui exigent l'application de mesures restrictives sont relativement rares.
Cependant, comme le montrent la récente éclosion de SRAS, l'apparition de souches résistantes de la tuberculose
et les craintes de bioterrorisme, il est possible que les médecins soient appelés à jouer un rôle durant une
situation d'urgence liée à une maladie infectieuse. En pareilles situations, la préoccupation habituellement
exclusive du médecin pour le bien être de chaque patient change et le médecin doit désormais, dans l'exercice de
son rôle et de ses obligations, accorder une plus grande importance à l'intérêt public.
Les épidémies de maladies infectieuses importantes pour la santé publique s'accompagnent souvent d'une grande
incertitude, en particulier lorsqu'il s'agit de pathogènes nouveaux. Il peut arriver que les autorités de santé
publique imposent des mesures restrictives, souvent accompagnées de sanctions juridiques, dans des situations
controversées et en l'absence de preuves sans équivoque de l'efficacité de ces mesures, et elles invoquent
souvent le principe de précaution pour justifier leur décision. La récente Commission sur le SRAS présidée par le
juge Campbell a notamment recommandé ce qui suit5 :
« Que le principe de précaution, qui prévoit de prendre des mesures de réduction des risques
sans attendre une certitude scientifique, soit expressément adopté comme principe directeur
dans tous les systèmes de santé, de santé publique et de sécurité au travail de l'Ontario par la
voie d'un énoncé de principe, d'une référence explicite dans toutes les normes et directives
opérationnelles pertinentes et de l'inclusion de ce principe au moyen d'un préambule, d'un
énoncé de principe ou autrement dans la Loi sur la santé et la sécurité au travail, la Loi sur la
protection et la promotion de la santé et l'ensemble des lois et des règlements pertinents
régissant la santé ».
En plus d'invoquer le principe de précaution, on doit également justifier le recours à des mesures restrictives en
établissant qu'il existe un préjudice potentiel pour la collectivité et que l'on utilise la mesure la moins restrictive
pour maîtriser la situation. De plus, la nécessité de ces mesures doit être communiquée au public, au moyen
d'une déclaration qui précise clairement les restrictions auxquelles sont assujetties les personnes visées par ces
mesures, ainsi que les conséquences auxquelles elles s'exposent en ne se conformant pas aux ordonnances de
santé publique. Le loi reconnaît aux patients le droit d'appel et le droit à un avocat. À cela s'ajoute l'obligation
pour la société d'appliquer ces mesures d'une manière juste et non discriminatoire, d'offrir un soutien
psychologique aux personnes et de veiller à ce que leurs besoins fondamentaux soient satisfaits.