I] Introduction.
La fibrillation atriale est le trouble du rythme cardiaque le plus répandu. Sa
physiopathologie est complexe. Elle fait appel à tous les mécanismes impliqués dans la
genèse des troubles du rythme cardiaque. Sa naissance et sa persistance résultent
d’interactions entre un phénomène initiateur, la « gâchette », (automatismes anormaux,
activités déclenchées), d’un substrat arythmogène favorable aux circuits de réentrée, de
mécanismes de remodelage électrique et anatomique qui favorisent l’entretien du trouble du
rythme, et de facteurs de modulation : le système nerveux autonome. Considérée autrefois
comme banale, cette atteinte est maintenant reconnue comme étant à l’origine de nombreuses
complications, hémodynamiques ou emboliques, et potentiellement graves. Les complications
emboliques sont efficacement prévenues par les anti-vitamine K, au prix d’un risque
hémorragique et d’un traitement contraignant au long cours. Les antiarythmiques sont d’une
efficacité inconstante et exposent à des effets indésirables : complications respiratoires et
thyroïdiennes pour l’amiodarone, surmortalité dans certaines populations de patients pour les
antiarythmiques de classe I. Depuis quelques années, les premiers succès de la segmentation
atriale chirurgicale d’une part et d’autre part la reconnaissance du rôle joué par les veines
pulmonaires dans la genèse et l’entretien du trouble du rythme ont permis le développement
de nouvelles techniques de traitement non pharmacologiques de la fibrillation atriale. La
déconnexion des veines pulmonaires, associée ou non à une segmentation de l’oreillette par
application de tirs de radiofréquence par voie endocardique a démontré son efficacité en tant
que traitement curatif. Les indications actuelles sont représentées par l’amélioration des
signes fonctionnels chez les patients jeunes très symptomatiques malgré l’usage de plusieurs
antiarythmiques. La majorité des études sont conduites par quelques équipes dont l’activité
dans ce domaine est particulièrement développée, avec une expérience qui leur confère un
taux de succès séduisant, de l’ordre de 75 à 80% pour les fibrillations paroxystiques et de 70%
pour les fibrillations permanentes, et un taux de complications minime. L’activité des centres
de faible expérience est susceptible de donner lieu à des résultats moins satisfaisants. En effet,
la courbe d’apprentissage de cette technique est réputée longue. Le but de cette étude est
d’évaluer l’impact de l’ablation par radiofréquence sur le maintien en rythme sinusal et
l’amélioration des signes fonctionnels des patients traités au CHU de Nantes durant les trois
premières années d’expérience.
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