Le syndrome sous-cortico-frontal est souvent décrit chez
les sujets âgés et consiste en des altérations spécifiques de la
cognition et des fonctions motrices. Des troubles de la
posture et de la marche sont associés à une rétropulsion en
position assise et/ou debout, une modification du tonus
musculaire et la perte des réactions de protection lors des
chutes (réactions parachutes). Les troubles psychologiques
consistent en un ralentissement psychomoteur, souvent
associé avec la peur de chuter. Une imagerie cérébrale par
scanner peut montrer une altération sévère de la substance
blanche. Ce tableau clinique, parfois appelé syndrome de
désadaptation psychomotrice, est fréquent chez le sujet âgé et
peut être associé à un haut niveau de dépendance et une
mortalité élevée.
Cette étude a permis d’évaluer le risque
d’institutionnalisation et de décès durant un suivi de 4 ans
(1998-2002) de patients présentant un syndrome sous-cortico-
frontal. L’idée initiale était de comparer les patients
présentant un syndrome sous-cortico-frontal et des troubles
de la marche et de la posture (soit un syndrome de
désadaptation psychomotrice) avec des patients présentant
une maladie d’Alzheimer. Ces patients étaient évalués
initialement, avec réalisation d’un MMS, d’une échelle de
Katz et d’un index de masse corporelle. Le suivi était effectué
grâce à des entretiens téléphoniques annuels avec le médecin
traitant, à qui deux questions étaient posées : le patient est-il
vivant, décédé ou perdu de vue ? Est-il institutionnalisé ?
Tous les patients inclus étaient hospitalisés dans le
service de médecine gériatrique de l’hôpital de Dijon soit 41
sujets présentant un syndrome de désadaptation
psychomotrice, suivant les critères connus et 35 personnes
présentant une probable maladie d’Alzheimer, en accord avec
les critères du DSM-IV. Les patients présentant une maladie
d’Alzheimer avaient un MMS, un indice de masse corporelle
et un indice de Katz significativement différents de ceux
présentant un syndrome de désadaptation psychomotrice. Le
taux d’institutionnalisation était beaucoup plus élevé dans le
groupe de désadaptation psychomotrice, de même que la
mortalité.
Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour
expliquer l’augmentation de la mortalité chez les sujets qui
présentaient un syndrome sous-cortico-frontal. Tout d’abord
l’indice de masse corporelle est plus faible chez ces patients
et de fait la sarcopénie sans doute plus importante. Le fait que
l’indice de Katz, qui comprend les activités de la vie
quotidienne, soit bas est aussi un risque de mortalité et de
morbidité connu. De plus les troubles de la marche, présentés
par ces patients, sont aussi un facteur supplémentaire de
mortalité et de morbidité.
Sophie Moulias
Hôpital Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt
Comparaison du risque d’institutionnalisation et de décès
chez des patients atteints de maladie d’Alzheimer ou de
dysfonction sous-corticale
Syndrome de désadaptation
psychomotrice
n = 41
Maladie d’Alzheimer
n = 35 p
Age (années) 86,2 ± 6,1 84,0 ± 8,6 NS
Sexe (F/M) 25/16 25/7 NS
MMS 20,8 ± 5,0 10,6 ± 5,5 < 0,05
IMC (kg/m²) 20,6 ± 3,7 23,0 ± 5,1 < 0,05
ADL > 4 6 12 < 0,05
Taux d’institutionnalisation
-à 1 an (%)
-à 4 ans (%)
65,3
93,1
35,2
61,4
< 0,05
< 0,05
Taux de mortalité
-à 1 an (%)
-à 4 ans (%)
37,3
85,0
17,8
66,5
< 0,05
< 0,05
Légendes : MMS = mini mental status, IMC = indice de masse corporelle, ADL = activities of daily
living, NS = non significatif
©2005 Successful Aging SA
Pfitzenmeyer P, Mourey F, Manckoundia P, d’Athis P. A 4-year follow-up of very old patients presenting with frontal-
subcortical dysfunction compared with Alzheimer’s disease patients. Gerontology. 2005;51:62-65.
Af 318-2005