Conférences et stage avec Michel Angot 28 avril – 3 mai 2015 Indianiste, spécialiste de littérature védique, grammairien et philologue, Michel Angot a travaillé en Inde et a appris auprès d’érudits (pandits) la récitation du Veda et la grammaire traditionnelle. Il a enseigné le sanskrit et la littérature sanskrite à l’université de Nanterre (Paris-X) puis à l’Inalco. Membre du Centre d’études de l’Inde et de l’Asie du Sud (CEIAS), il anime à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) un séminaire consacré à l’étude des textes sanskrits anciens, du Veda à Abhinavagupta. Il voyage depuis plus de quinze ans à travers le monde pour offrir divers cours sur les textes anciens Outre de nombreux articles, il a publié L’Inde Classique (Les Belles Lettres, 2001), La Taittirîya-Upanishad avec le commentaire de Shamkara (Collège de France, 2007), et Le Yoga-Sutra de Patanjali, suivi du Yoga-Bhashya de Vyasa (Les Belles Lettres, 2008), La Caraka-Samhîtâ, Traité d’Ayurveda (2011). Michel Angot présentera deux conférences publiques : 1. La tradition du yoga : le mardi 28 avril à 18h15, 18h 15 le mardi à St-Pierre, à la Mairie de St-Pierre (salle des mariages) Le Buddha, le Jina (les créateurs du bouddhisme et du jaïnisme) ont pratiqué certaines formes de yoga vers le 5e s. av. J.C. Les brahmanes, les spécialistes de la parole, ont vers le 3e s. av. J.C. rencontré les yogin spécialistes du silence. C'est de cette rencontre qu'est né le Yogasutra, le premier texte en sanskrit sur le yoga. Celui-ci avait alors pour seule fin l'extinction du corps, son non-retour définitif dans le monde et le maintien pour l'éternité d'une individualité spirituelle. Si cette espérance, quelque peu étrange pour l'homme contemporain, est restée intacte, rapidement le Yogasutra est devenu obsolète, les brahmanes préférant d'autres moyens et d'autres doctrines pour parvenir à la délivrance. Pourtant on a continué à commenter le Yogasutra, comme un texte philosophique : il était un texte vivant au niveau de la doctrine, mais en pratique un texte mort. Parallèlement, depuis la fin du premier millénaire, une autre forme de yoga se développait ; il n'était pas soucieux de l'extinction du corps, mais de l'obtention des pouvoirs extraordinaires 23 : pouvoirs sur soi, et aussi pouvoirs sur les autres. Pendant le second millénaire, tandis que le yoga paisible, celui du Yogasutra, n'est plus qu'un texte fréquenté par de vieux érudits, les yogin à pouvoirs, jouissant d'un grand prestige, s'engagent dans le monde. Ils forment même des armées, participent aux combats du 17e siècle, et au 18e siècle luttent contre les Anglais, puis à leurs côtés. Ce yoga violent est le seul qui subsiste au 19e siècle quand, à la suite de l'impact de la colonisation, certains Indiens redécouvrent les textes anciens. La tradition du yoga est morte mais elle va féconder le yoga moderne. 2. Le yoga moderne : mercredi 29 avril, 18h15, Espace Lecomte de Lisle à Saint-Paul A la suite de la prédication de S. Vivekananda en 1896 à Chicago, le yoga alors complètement disparu en Asie du Sud est présenté à la curiosité des Occidentaux. Le yogasutra, texte alors complètement oublié et dont seuls quelques manuscrits du 18e siècle survivaient, est ressuscité. Le yoga moderne est alors inventé : un mélange de techniques gymniques, corporelles, pneumatiques, adossées à des spéculations philosophiques nouvelles, même si elles empruntent des mots sanskrits prestigieux. Tandis que quelques universitaires principalement indiens et américains étudient le texte d'un point de vue scientifique, l'interprétation de Vivekananda dans son Raja Yoga sert de base au développement du yoga en Occident, d'abord aux Etats-Unis puis en Europe. Différents yoga sont inventés. La formation du yoga moderne doit moins aux textes sanskrits qu'à une volonté et à une invention internationales aux multiples composantes. Le culte du corps sain et jeune, la volonté de prolonger la jeunesse et le bien-être sont rapidement la première préoccupation relayée ; parfois s'ajoute la recherche de la sagesse, de l'harmonie, du bonheur individuel, plus rarement la recherche de pouvoirs extraordinaires. On est très loin de la tradition du yoga des lettrés brahmanes, même si, à la suite de S. Vivekananda, des hommes comme T.R. Krishnamacharya, Pattabhi Jois, T.K.V. Desikachar, en inventant des écoles de yoga en Inde, ont marqué le yoga en Occident. Ce n'est que récemment que nous connaissons l'histoire du yoga tant ancien que moderne. Une histoire passionnante, surprenante, de nos jours encore en train de se développer sous nos yeux. Aux Etats-Unis, on estime qu'environ 25 millions d'hommes et de femmes pratiquent une forme de yoga. Celui-ci a acquis une dimension économique majeure et est donc un enjeu important dont témoigne la multiplication des traductions des textes anciens. Stage du 1er mai au 3 mai au Centre J Tessier, La Saline les Bains Le stage comprend : -une présentation théorique des yoga ancien (en Inde) et moderne, -la lecture des quatre premiers aphorismes du Yogasutra avec son commentaire en sanskrit, -la récitation d’un hymne du Rgveda et de la première section du Yogasutra. Aucune connaissance en sanskrit n’est requise. Séances de yoga, récitations védiques et études alterneront. Les séances de yoga seront animées par les professeurs de l’ARY. 24