Premier Theme: L` IMMUNOLOGIE - Association Française du

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Résumé par le Dr. Komaroff (Professeur, Harvard Medical School) de
la Conférence de l'IACFSME ( INTERNATIONAL Association of CFS/ME)
tenue du 20 au 24 Mars 2014 à San Francisco.
Traduction de l'allocution du Pr. Komaroff par le Dr. A. Rose pour l'Association Française du
Syndrome de Fatigue Chronique.
L'allocution
originale
peut
s'écouter
sur
youtube:
https://www.youtube.com/watch?list=UUzrFQHNiCc_6AMpw_GpWZOA&v=nyyjRdbvPj0&feature
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et est référencée dans le site de l'association américaine du CFS/ME:
solvecfs.org/2014-iacsfme-summary-by-dr-komaroff/
Recherches Biologiques dans le Syndrome de Fatigue Chronique / Encéphalopathie Myalgique:
Les questions adressées par beaucoup de présentations sont:
1.- Dans une maladie définie, jusqu'ici, par des symptômes subjectifs, y a-t-il des preuves d'anomalies
biologiques sous-jacentes?
2.-Ces anomalies biologiques pourraient-elles théoriquement expliquer les symptômes?
3.- Y-a-t-il une corrélation réelle de ces anomalies biologiques avec les symptômes présentés?
Nous avons actuellement un énorme groupe de Base de données provenant de multiples Centres :
1.-Stanford Medical School.
2.- N.I.H.(national Institute of Health) Multicenter Study: Columbia University.
3.- Nova Southern University (U. Miami); Miami V.A. (Veterans Administration) Medical Center.
4.-C.F.I.: Chronic Fatigues Initiative: Multi-Centers.
5.-United Kingdom ME/ CFS BANK .
Premier Theme: L' IMMUNOLOGIE:
1.-Observe une augmentation des taux de CYTOKINES et CHEMOKINES (InterLeukines : IL.4, -6, 10,
13, 17A, CCL5 ) et d'autres cytokines pro-inflammatoires (IL 1alpha, 1 beta, -RA, IL-8, MCP1, CXCL10, M1P1alpha, IL- 12p40, TGF alpha) chez les patients malades depuis moins de trois ans,
comparés aux patients malades depuis plus de trois ans. Ceci valide le fait que la plupart des
anomalies biologiques sont retrouvées chez les patients souffrant depuis moins de trois ans.
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2.- Les études faites à STANFORD montrent que les molécules associées à des inflammations
multiples permettent de distinguer les cas de SFC de la population "saine".
A.- Ainsi, en comparant près de 200 patients "SFC" (exactement 197 ) avec près de 400 personnes
"saines" ( précisément 394) , d'âge et de sexe similaires , en ce qui concerne 51 molécules liées à des
inflammations (familles des cytokines, chemokines et hormones…il a été constaté que 15 des 51
molécules permettaient soit de distinguer les patients SFC des autres, soit étaient en corrélation
directe avec la sévérité des symptômes, soit les deux à la fois.
Une évaluation d'un si grand nombre de molécules chez autant de patients est une première non
seulement dans le domaine de la médecine mais aussi dans beaucoup d'autres domaines!
Une Leptine, hormone de découverte relativement récente, 1994, contrôlant l’appétit, et produite
par les cellules graisseuses, a été très étonnamment détectée, en association aux cytokines
inflammatoires et en corrélation directe avec le degré de fatigue des patients SFC.
B.- Une augmentation significative des Inter-Leukines IL-17, molécules fortement associées à
nombre d'affections auto-immunes suggère que l'auto-immunité joue très vraisemblablement un
rôle dans le SFC/EM.
C.- on mesure une forte diminution de plusieurs micro-Acides RiboNucléiques ou miRNA (146a, 106b,
191, 223) qui contrôlent la production des molécules inflammatoires , ce qui entraîne une
augmentation de la production des cytokines, confirmée par analyses.
D.- on observe également des niveaux élevés de l' Interféron Gamma, cytokine particulière.
Taux de Probabilité: T.P. , ou, en anglais: O.R.: Odds Ratios:
Ce taux compare la fréquence d'un paramètre dans un groupe (SFC) avec sa fréquence dans un autre
groupe (contrôles sains) : il est exprimé par un chiffre: 1.0 = pas de différence, 5.0= cinq fois plus
fréquent dans le groupe 1, généralement le T.P. est aux alentours de 5….
C’est ainsi que dans le SFC/ME, nous avons deux T.P. extraordinairement élevés pour la
concentration d'interféron Gamma:
1.- comparant les malades atteints depuis moins de trois ans à ceux dont l'affection dure depuis plus
de trois ans, le T.P.est de…. 111.17 …..!!!!...avec une variation <0.001
2.-La corrélation de cet interféron à des taux élévés avec l'intensité des troubles cognitifs donne un
T.P. de 67,4 avec déviation < 0.001
Or, l'interféron Gamma est relâché dans les infections virales ou bactériennes intracellulaires , ce
qui suggère un agent infectieux mais ne prouve en aucun cas qu'il y a un tel agent dans le SFC/ME.
Deuxième THEME : CHROMOSOMES : Anomalies des Télomères :
Les télomères sont les extrémités des chromosomes et sont en relation avec la longévité des cellules:
des télomères courts signifiant une cellule âgée et donc plus vulnérable à une variété de maladies de
l'âge, y compris l'athérose et les affections dégénératives et cancéreuses.
Une association a été démontrée entre le raccourcissement des télomères et le stress vécu ou perçu
comme tel.
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Les données du C.D.C. (Center of Diseases Control) montrent que les patients atteints de SFC/ME ont
des télomères plus courts, ce qui n'est pas unique à ces patients mais signifie la présence d'un
processus biologique qui fait que les cellules de ces patients vieillissent un peu plus vite que celles
des "sujets sains"
Troisième THEME : Virologie et Agents infectieux:
1.-.dans le sérum: absence d'agents infectieux ou micro-organismes.
La question à étudier est : qu'en est-il dans les Globules blancs circulants, le cerveau et les autres
tissus ???
2.-Les Entérovirus: rapport d'une étude très extensive du Dr. John CHIA, mettant en évidence des
différences très significatives entre patients SFC/ME et contrôles sains de concentration de
l'antigène et de l'ARN d'entérovirus dans les biopsies gastriques : de plus, il a démontré qu'en
injectant le produit de ces biopsies à des souris, il contenait des entérovirus !
Quatrième THEME : Epidemiologie:
le C.F.I. , (Chronic Fatigue Illness Epidemiology), a étudié 1.000 patients dont un tiers (1/3) a
présenté une rémission d'environ un an pour une histoire de 15 ans d'affection, mais cette rémission
n'a malheureusement pas persisté.
Le C.F.I. rapporte également que le TRAITEMENT comprenant la triade: exercices modérés,
progressifs/ repos / diététique … est plus efficace que les médications ou les médecines alternatives
ou traitements complémentaires pour diminuer les symptômes.
Le C.F.I. rapporte également que les patients atteints présentent une co-morbidité supérieure à la
normale.
Le C.F.I. souligne que la définition des cas doit être précise, comportant non seulement les
symptômes mais leur intensité, sévérité, durée,….etc….Et les définitions des groupes de façon
empirique sont supérieures aux définitions dérivées de consensus : càd. qu’il faut procéder à une
collecte de beaucoup de données sur les différents symptômes et leur intensité, durée et utiliser des
techniques statistiques afin de définir des sous-groupes pouvant répondre à des traitements
différents, et permettant d'établir des pronostics et tests de laboratoires.
Cinquième THEME : TESTS D’EFFORT:
Etudes de PROVOCATION ou "Stressor" : les tests répétés peuvent en effet aggraver les résultats
du patient et permettre de faire apparaître la pathologie: exemple de test d'effort progressif: ce ne
sera qu'au deuxième jour, en répétant le test que des anomalies apparaissent: exemple: la
consommation d'Oxygène à l'effort: le VO2 max. chez 95% des patients SFC/ME et on le voit
également pour la Ventilation Pulmonaire!
Cette dégradation des performances n'est retrouvée ni chez les contrôles sains, ni dans les affections
Cardio-Pulmonaires ET sa survenue au deuxième jour des tests doit avoir une cause à définir.
Un "pic" abaissé de V02 max. implique un trouble métabolique (peut-être du métabolisme hydroCarboné).
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Sixième THEME : SFC/ME pédiatrique:
1.- On est surpris chez l'enfant par la prévalence élevée de l' HyperSensibilité Retardée aux Protéines.
2.-des tests existent pour déterminer des pronostics de l'affection chez l'enfant.
3.- La dépression n'est retrouvée que chez 25% des enfants et même seulement 15% des
adolescents.
Septième THEME : Etudes Objectives de l’ENCEPHALE :
1.-EEGq: Electro-Encéphalo-Graphie quantitative:
Stanford University montre par ses études que l' EEGq possède une remarquable capacité à
différencier les patients SFC/ME des contrôles sains !
50 patients SFC/ME ont été comparés pour cette évaluation à 50 contrôles sains.
Trois anomalies sont évidentes:
1.- le pic "alpha" des ondes est diminué en fréquence de près de 60% dans le cortex et la fréquence
des ondes "delta" est fréquemment augmentée, particulièrement dans les aires frontales et
limbiques.
2.- la mesure de l'Amplitude des deux anomalies alpha et delta montre une corrélation élevée avec
le degré de Fatigue du patient (vérification instrumentale objective).
3.- Ceci implique un trouble des transmissions neurales au niveau cortical et une inhibition des voies
afférentes ascendantes : on observe cela dans de nombreuses affections neurologiques et jamais
chez les contrôles sains .
2.-PET Scan Studies: ETUDES PAR TOMOGRAPHIE par Emissions de POSITONS:
Les équipes d'Osaka et Kobé ont démontré :
1.- une diminution du flux sanguin cortical.
2.-une diminution du glutamate , transmetteur neural important.
3.- une diminution du transporteur de sérotonine .
4.-une augmentation de la synthèse de dopamine.
leur but étant de trouver une activation chronique du système immunitaire intra-cérébral parce que
cela expliquerait la sécrétion excessive de cytokines que l'on retrouve dans le SFC/ME.
Pour mesurer l'activation du système immunitaire intra-cérébral, il faut injecter en I.V. une protéine
se combinant aux cellules immunitaires cérébrales de la microglie et des astrocytes et effectuer un
suivi par "PET Scans" : l'étude porte sur 9 patients SFC/ME comparés à 10 contrôles sains:
A.- de multiples signaux des zones cérébrales corticales, cingulaires, hippocampe, amygdales,
thalamus, tronc cérébral et pont.
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B.- L'intensité des signaux montre une corrélation avec les troubles cognitifs.
CONCLUSIONS:
Aux questions adressées par beaucoup de présentations, on peut répondre:
1.- OUI, il existe dans le SFC des PREUVES objectives d'anomalies biologiques.
2.- OUI, ces anomalies observées peuvent clairement entraîner les symptômes observés, car on les
a observés dans d'autres affections neurologiques
3.- OUI, ces anomalies sont corrélées précisément avec les symptômes observés.
On peut donc conclure que, lorsque les patients "SFC/ME" sont comparés à des groupes de contrôle
sains, on trouve des PREUVES INDENIABLES de l'existence de processus biologiques sous-jacents !!!
Ces processus comprennent :
1.- le cerveau et le système nerveux autonomique.
2.-le système immunitaire.
3.-le métabolisme énergétique.
4.-le stress oxydatif et nitrosatique.
La maladie n'est PAS simplement l'expression de symptômes somatiques chez des personnes
présentant un trouble psychologique primitif.
Il ne s'agit pas d'expression de troubles psychiatriques décompensés.
Il ne s'agit pas de personnes simulant afin d'obtenir des gains secondaires.
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