CENTRE MAURITANIEN D’ANALYSE DE POLITIQUES COURS DE PAUVRETE GESTION MACROECONOMIQUE ET REDUCTION DE LA SEANCE 5 : GESTION ET REGIMES DE TAUX DE CHANGE La position géographique privilégiée de la Mauritanie et les réformes économiques et structurelles mises en oeuvre ces dernières années1 notamment celles relatives à la politique de change ( qui se sont traduites par la dépréciation du taux de change réel) aux secteurs orientés vers l’exportation à la fiscalité et à la réduction des coûts de transactions devraient déclencher une dynamique du commerce extérieur du pays. Pourtant les résultats enregistrés dans ce domaine demeurent très en deçà des objectifs nationaux avec la stagnation de la croissance en volume des exportations, le maintien de la forte concentration de celles-ci sur deux produits de base et la dégradation des termes de l’échange du fait de la baisse des cours de ces produits. La séance sur le régime de change et la politique commerciale revêt donc un intérêt particulier pour notre pays et s’inscrit dans nos centres d’intérêts. La présente note rappelle (i) les principales évolutions du régime du taux de change et (ii) l’évolution des principaux indicateurs de change et du commerce extérieur avant (iii) d’identifier les principales questions qui représentent des enjeux actuels pour le pays dans ce domaine. I. EVOLUTION DU REGIME DE CHANGE EN MAURITANIE Depuis sa création en 1973, la monnaie nationale (l’ouguiya) a connu plusieurs régimes de change : 1 • Période 1973 à 1989 : régime dirigiste avec un contrôle de change strict sur toutes les opérations avec l’extérieur avec un rattachement à un panier de devises ( dont principalement le Franc Français et le Deutsch Mark ), • Période 1990 à 1995 : la Banque Centrale de Mauritanie administrait un régime conventionnel de parité fixe, le taux fluctuant à l’intérieur d’une bande et autour d’un taux central, • En 1996 l’introduction d’un flottement dirigé (flexibilité limitée) sans annonce préalable de la trajectoire du taux de change, Ainsi, le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP, mis en œuvre depuis 2001) est fondé sur une vision à moyen terme d’une économie plus ouverte. Il considère que la diversification de la base productive, notamment celle orientée vers l’exportation, contribuera fortement à la réduction de la pauvreté à travers ses effets, d’une part, sur la croissance, sur l’emploi et sur les revenus et, d’autre part, sur la stabilité macroéconomique, les recettes intérieures de l’Etat et sur la réduction de la vulnérabilité de l’économie face aux chocs exogènes • Entre 1997 et 2004, la politique de change est sous un contrôle strict du flottement. Le taux de change étant fixé suivant un panier de monnaie des principaux partenaires commerciaux avec des pondérations non publiées mais révisées périodiquement. Depuis l’avènement de l’Euro, le panier de rattachement est composé du dollar, de l’Euro et du Yen. Ce système donne l’avantage de limiter la variabilité (volatilité) du taux de change mais conserve le risque d’une forte variabilité vis–à–vis d’une des devises composant ce panier. La BCM intervient sur le marche de change (vente de devise) et sur le marché monétaire (bons de trésor) pour influer l’évolution du taux. II. PRINCIPAUX MESSAGES DE l’EVOLUTION DU TAUX DE CHANGE ET DU COMMERCE EXTERIEUR Le taux de change • La variabilité du taux de change nominal: outre les années de dévaluations (1998, 1993), le taux de change a enregistré une fluctuation importante sur l’ensemble de la période examinée. Ainsi, en moyenne le taux de change nominal s’est déprécié par rapport aux principales devises du commerce extérieur du pays ( avec une dépréciation par rapport au dollar de 12% sur la période 1985-2003 et par rapport à l’Euro de 8,9% sur la période 2000-2003). • La dépréciation du taux de change réel : les politiques économiques poursuivies ces dernières années (monétaire et de change) ont abouti à une évolution positive du taux de change réel qui s’est traduite par une dépréciation de celui-ci représentant en moyenne -3% sur la période 1994-2003. Les termes de change • Les termes de change se sont détériorés en moyenne de -1,2% sur la période d’analyse en raison de la dépréciation du dollar (monnaie des exportations) et de l’appréciation de l’Euro (monnaie des importations) sur la marché international. Le commerce extérieur • Les exportations en valeur ont progressé à un rythme moyen négatif de -1,6 % sur la période 1994-2003. • La structure des exportations montre une forte concentration, qui a tendance à se renforcer ces dernières années, tant en terme de produit qu’en terme de marché. Le fer exporté à l’état brut et les poissons frais assurent la quasi-totalité des recettes d’exportations de la Mauritanie (en moyenne sur la période 1994-2003, ces produits représentent 99,4% du total des exportations de biens) avec une prépondérance récente pour le premier produit ( 55,3% sur la période 1997-2003 contre 42,1% entre 1994 et 1996) Les exportations sont destinées principalement à l’Union européenne (76% en 2001) et au marché asiatique (12% dont près de 82% sont destinés au Japon) alors que le niveau des échanges avec les pays de la région d’Afrique sont très faibles (4% en 2001). Le taux de change réel et la balance commerciale • En dépit d’une dépréciation du taux de change réel (-3%), les exportations en valeur ont enregistré une baisse moyenne de -1,6% sur la période. Les gains en change ne se sont donc pas traduits en gain de compétitivité et de croissance des exportations. Tableau : Evolution des principaux indicateurs de la commerce extérieur et taux de change 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Moy 94-03 COMMERCE EXTERIEUR Balance commerciale en millions d'US$ 70,0 83,4 72,1 52,6 1,9 28,4 8,5 -33,7 -81,8 -205,6 373,8 478,9 474,9 408,0 359,7 333,1 344,7 338,6 330,3 306,1 Exportations Taux de croissance 28,1 -0,8 -14,1 -11,8 -7,4 3,5 -1,8 -2,4 -7,3 -1,6 Dont en % Minerai de fer 43,6 41,1 41,7 51,8 60,3 53,2 56,3 52,7 55,7 57,3 52,2 Poissons 55,4 58,5 58,3 48,2 39,1 46,5 43,2 46,3 43,4 41,1 47,2 -303,8 -395,4 -402,9 -355,4 -357,9 -304,7 -336,2 -372,3 -412,0 -511,7 Importations Taux de croissance 30,2 1,9 -11,8 0,7 -14,9 10,3 10,7 10,7 24,2 6,9 Solde commercial en % du PIB TAUX DE CHANGE Taux de change nominal UM/US$ Taux officiel Taux de variation en % 75,0 83,2 120,8 135,6 188,5 209,5 239,4 255,2 272,0 284,2 4,6 3,8 38,8 5,9 24,1 11,1 11,1 14,7 21,2 25,5 32,4 34,1 0,0 0,0 0,0 0,0 13,6 7,1 28,3 6,4 20,2 5,2 0,0 0,0 0,0 0,0 14,3 6,6 6,6 4,5 12,0 UM/FF Taux officiel Taux de variation en % 8,1 UM/EURO Taux officiel 221,3 228,8 255,9 285,0 Taux de variation en % Taux de change réel Taux de variation en % TERMES DE L'ECHANGE 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 3,4 11,9 11,4 0,0 0,0 0,0 8,9 7,0 1,1 -8,6 -4,2 -16,4 1,1 -3,8 1,0 -7,0 0,0 -3,0 4,0 -2,8 -15,4 6,1 -1,4 -10,0 2,5 6,3 6,6 -7,5 -1,2 III. NOS PREOCCUPATIONS Comment réduire les fluctuations de changes ( et les écarts de change entre le marché officiel et le marché parallèle) pour atténuer les effets négatifs de ces fluctuations sur la balance commerciale (renchérissement des importations), sur les réserves (pression) et sur les prix intérieurs (hausse). Comment réduire la vulnérabilité de l’économie et accroître les performances des exportations • En exploitant mieux les réels potentiels de diversification des exportations en particulier dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’agro-industrie, des mines et des services (Tourisme) dont dispose le pays. • En faisant de sorte que la dépréciation du taux de change réel se répercute sur la compétitivité de l’économie (à travers la croissance des exportations) ? Comment renverser ou réduire la tendance de la détérioration des termes de change ?