polyarthrite rhumatoïde, sarcoïdose, maladie de Kawasaki,
maladie de Horton, maladie de Weber-Christian.
Dans la plupart des cas, les patients bénéficiaient d’un
traitement immunosuppresseur. Néanmoins, dans plusieurs
observations, la maladie initiale (essentiellement maladie de Still
et lupus systémique) semblait être la seule cause du syndrome
d’activation macrophagique
[14]
.
Syndrome hémophagocytaire et cancers
solides
La survenue d’un syndrome hémophagocytaire a été décrite
dans l’évolution d’un certain nombre de cancers solides,
notamment lorsqu’il existait des métastases médullaires : cancer
de l’ovaire, gastrique, du nasopharynx, pulmonaire à petites
cellules, tumeur germinale médiastinale, rhabdomyosarcome,
angiosarcome.
Encore une fois, l’association de traitements immunosuppres-
seurs (polychimiothérapies) et la possibilité d’infections
s’intriquent.
Étiologies diverses associées au syndrome
hémophagocytaire
L’apparition d’un syndrome hémophagocytaire semble être
favorisée lors de situations variées, probablement par le biais
d’altérations des fonctions du système immunitaire, ou d’infec-
tions associées : transfusion sanguine, nutrition parentérale avec
des solutés lipidiques, vaccination, glycogénoses, traitements
médicamenteux (phénytoïne, acide valproïque) dans le contexte
d’un syndrome d’hypersensibilité médicamenteuse, intoxication
éthylique chronique, splénectomie.
En conclusion, les étiologies du syndrome hémophagocytaire
sont dominées par la triade infection, déficit immunitaire,
lymphome. Il n’est pas rare de retrouver plusieurs cofacteurs
associés favorisant l’émergence d’un syndrome hémophagocy-
taire. Enfin, dans de rares cas, aucune étiologie n’est mise en
évidence : syndrome hémophagocytaire « idiopathique ».
■Physiopathologie
Le premier niveau physiopathologique est que la majorité des
symptômes ou des manifestations biologiques trouvent une
explication dans une hypercytokinémie (tumor necrosis factor
[TNF-a], interféron gamma, IL1, 2, 6, 8, 10, 12, 18, etc.)
d’origine à la fois lymphocytaire et macrophagique. Pour
prendre quelques exemples :
• le TNF-aest capable d’inhiber la lipoprotéine lipase, ce qui
entraîne une augmentation des triglycérides ;
• l’IL18 est susceptible de déclencher une apoptose des hépato-
cytes, voire des cellules souches hématopoïétiques ;
• l’interféron gamma active la phagocytose et peut entraîner
également une myélosuppression, sans oublier une activité
procoagulante
[15]
.
La production et la consommation des cytokines, par les
différents acteurs cellulaires, sont centrées par une boucle
d’activation réciproque des lymphocytes T CD8 et des
macrophages.
À un deuxième niveau physiopathologique, le syndrome
d’activation des macrophages est une voie finale commune de
déficits immunitaires primitifs, de syndromes lymphoproliféra-
tifs, de certaines infections, voire de réactions médicamenteuses
ou de maladies systémiques. L’hémophagocytose cytologique est
un « marqueur banal » dans différentes situations (anémie
hémolytique auto-immune, cancers en phase terminale, choc
septique en réanimation, phase tardive de l’infection par le VIH,
etc.) à ne pas confondre avec le syndrome hémophagocytaire
clinique que l’on rencontre dans certaines proliférations
lymphoïdes, quelques déficits immunitaires primitifs, des
infections (virales et surtout EBV, bactériennes et principalement
la tuberculose, parasitaires en considérant la leishmaniose chez
l’enfant ou l’histoplasmose plus que le paludisme), secondaire à
une maladie systémique, et il s’agit surtout du lupus érythéma-
teux et de la maladie de Still de l’adulte, voire à une prise
médicamenteuse dans le contexte d’un syndrome d’hyper-
sensibilité.
Le modèle de syndrome d’activation macrophagique est la
lymphohistiocytose familiale. L’analyse de ce type de déficit
immunitaire a permis la dissection du processus de cytotoxicité
lymphocytaire dépendant des granules (lymphocytes T CD8 et
cellules NK) qui passe par plusieurs étapes :
• activation du lymphocyte T ;
• biogenèse du lysosome sécrétoire ;
• polarisation à la synapse membranaire entre le lymphocyte T
et sa cible ;
• attachement du granule à la membrane encore appelé tethe-
ring ou encore docking ;
• fusion ;
• exocytose du granule ;
•kiss of death (Fig. 1)
[16, 17]
.
Ainsi, la lymphohistiocytose familiale de type II est liée à une
mutation du gène de la perforine, qui est une petite protéine
située dans les granules lytiques préformés dans le cytoplasme,
dans le lymphocyte cytotoxique et la cellule NK
[18]
. Cette
perforine est monomérique dans le cytoplasme et s’organise en
oligomères transmembranaires au niveau de la cible cellulaire
du lymphocyte cytotoxique, ce qui constitue un pore qui
permet de faire passer les granzymes, susceptibles d’entraîner un
signal d’apoptose (mort cellulaire de la cible), dépendant ou
non des mitochondries.
La lymphohistiocytose de type III est liée à la mutation du
gène MUNC 13-4 dont la protéine joue un rôle dans l’exocytose
du granule lytique, c’est-à-dire à la phase tardive du processus.
La lymphohistiocytose de type IV concerne la syntaxine-11,
exprimée dans les lymphocytes T et NK, qui est en partie
responsable de la fusion du granule à la membrane plasmique.
Le gène de la lymphohistiocytose de type I, porté par le
chromosome 9, n’est toujours pas isolé.
D’autres modèles, qui comportent également un syndrome
hémophagocytaire, ont pu être rapportés à ce mécanisme
général : le syndrome de Griscelli, avec la mutation du gène
RAB27A, est responsable d’un défaut d’attachement du granule
lytique à la membrane et d’un mauvais transfert de la mélanine
du mélanocyte vers le kératinocyte. Au cours du syndrome de
Chediak-Higashi, lié à une mutation du gène LYST, régulateur
du trafic lysosomal, la synapse granule-membrane est possible
mais sans exocytose.
Enfin, le syndrome de lymphoprolifération liée à l’X situe le
problème bien en amont par une mutation du gène SAP qui
obère la signalisation et l’activation lymphocytaire T et NK. Une
mutation d’un autre gène, X-linked inhibitor of apoptosis ou
XIAP, peut donner un phénotype similaire (syndrome XLP2).
La première explication globale est celle d’un défaut de
destruction de la cible macrophagique infectée par les lympho-
cytes T CD8, qui aboutit à une stimulation indéfinie des
lymphocytes T qui eux-mêmes vont hyperactiver les macropha-
ges dans un phénomène de type « explosif ».
Une autre hypothèse est que la lymphocytotoxicité, mode
naturel d’autorégulation des lymphocytes CD8 activés qui
provoque une contraction physiologique de cette population
après stimulation antigénique, devient impossible en cas de
déficit génétique, ce qui aboutit à une activation cellulaire
anormalement intense et durable.
Ces déficits immunitaires (lymphohistiocytose de type II ou
III, syndrome de lymphoprolifération liée à l’X) peuvent être
révélés à l’âge adulte après 40 ans.
■Évolution
La mortalité globale rapportée dans la littérature varie entre
20 % et 40 %. Néanmoins, cette affection survient très souvent
dans un contexte de pathologie sévère et la cause du décès n’est
Syndromes hémophagocytaires. Syndrome d’activation des macrophages
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5Traité de Médecine Akos
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