LES PEUPLEMENTS CORALLIENS DE GUADELOUPE @ 8 a C\J liE ~ LEGENDE o Herbiers marins Sable Fond vaseux Substrat mixtes : corail , sable, algues Peuplements coralliens sur massifs rocheux volcaniques. Peuplements coralliens épars et sable BASSE - TERRE Récifs frangeants et barrière Tombants :-lOà-20m Profondeur supérieure à 30 m LES SAINTES c ~ <Il 'fU '~ a; c Source: CAREX ENWIRONNEMENT f c 8 LES CAVES La caye est un mot de vieux français passé dans le créole désignant les formations coralliennes ou rocheuses sous-marines très proches de la surface de la mer. Le récif est la manifestation par excellence de la caye. Autour des îles de l'archipel de la Guadeloupe, les colonies de polypes ont d'abord bâti des massifs au bord des côtes. Là, sur le platier (plateau sous.marin côtier à 1 m de profondeur), très vite les coraux ont atteint la surface et se sont alors développés vers le large, formant au gré du relief marin un front récifal sur lequel vient se briser la houle. Ce type de caye est appelé Récif frangeant. Étroitement liée à la lumière, la croissance des coraux est limitée à la profondeur de pénétration des rayons du soleil (voir «Le Corail n'est pas un tendre » : algues zooxanthelles) , ce qui limite cette croissance sur la pente externe de récifs très abrupts. Quand le platier s'étend vers le large sur plusieurs centaines de mètres, la partie comprise entre le front récifal et la côte va évoluer. L'eau circulant moins librement, les coraux vont disparaître et se faire remplacer par des herbiers (Bois-Jolan, Ste Anne) ou sous l'effet dé l'érosion , donner naissance à une dépression d'arrière-récif peu profonde. Celle-ci va s'appeler lagon si elle devient profonde (de 4 à 10 ml . La caye devient alors un Récif-barrière. Le récif-barrière est une ceinture récifale qui peut être longue de plusieurs centaines de mètres, voire kilomètres, sa pente externe peut dépasser les 100 m de profondeur. Lè plus connu en Guadeloupe est celui du Grand Cul-de-Sac Marin, citons aussi celui de Capesterre de MarieGalante, plus petit. Ce récif-barrière peut être coupé par des passes plu.s ou moins profondes qui sont souvent dans l'axe de l'embouchure des cours d'eau·.gouce. Cette eau et les sédiments charriés freinent la croissance corallienne provoqu,ant des discontinuités dans la barrière récifale. LE CORAIL N'EST PAS UN DUR 1 Sous son apparence solide, Misyé Koray Gwo-bra, roi des cayes et des roches, est très fragile. Certes, celui dont le bateau s'échoue nous dira le contraire, mais regardons de plus près notre corail , nos barrières, nos «sèk" (monticules sous-marin sableux et coralliens affleurant à la surface) . Nous voyons de la roche, autrement dit les squelettes de nos polypes. Les grandes formations comme le Corai l Corne d'Élan ont disparu en 20 ans du Petit et du Grand Cul-de-Sac Marin. Les cycles climatiques de la planète (réchauffement) n'en sont pas la seule cause, c'est l'objet de ce dépliant : pousser plus qu'un cri d'alarme, un appel au bon sens et à un comportement de respect vis à vis d'un patrimoine dont les Antilles tirent source de nourriture et de revenus (tourisme bleu). Dans quel état es-tu Misyé Koray Gwo-bra? Seuls 10 % du peuplement corallien sont considérés aujourd'hui en bon état, les 90 % restant sont dégradés. Quelles sont les causes principales de dégradation ? Nous les classons dans deux groupes : les causes naturelles et les causes anthropiques (sous responsabi lité humaine) . Pour les cause naturelles; les cyclones , chacun a encore en mémoire Lenny et sa houle dévastatrice ; la maladie des coraux et celles des oursins diadèmes (noirs) qui se nourissent des algues qui étoufferaient le corail sans cela ; le blanchissement des coraux est un résultat du réchauffement de l'eau par le fameux «effet de serre" pour lequel l'homme n'est pas, lui, blanc comme neige. Les causes anthropiques sont les plus difficiles à admettre car liées à notre développement : • la déforestation, et l'utilisation d'engrais et de pesticides, les eaux de pluie et de rivières drainant terre et produits chimiques vers les milieux coralliens. • Les rejets urbains (mauvaise épuration des eaux usées) , industriels (distilleries, dépôts d'hydrocarbures), les travaux de remblais littoraux (construction de ports, marinas, ... ). • La surexploitation des ressources marines et les techniques de pêche inadaptées, notamment l'utilisation des nasses sur les massifs coralliens. • La plaisance avec le mouillage des ancres sur les fonds coralliens. Tous ces points sont lourds de conséquences pour notre archipel tourné vers le tourisme. Des décisions ont été prises pour la création d'aires maritimes protégées, pour le traitement des eaux usées et les rejets de distillerie. Reste les moyens et les hommes. Cet Or Bleu a la cote parce qu'il est encore vivant. C'est notre comportement qui doit changer maintenant. Une branche de corail pousse de l mm à 20 mm par an. LE CORAIL N'EST PAS UN TENDRE 1 DU CORAIL DE LA VIE 1 Misyé Koray Gwo-bra, roi des cayes et des roches , a des moyens de défense qui à notre échelle feraient frémir plus d'un militaire. Ces armes microscopiques lui servent à capturer ses proies mais aussi à se défendre des agressions. Chacun de ses tentacu les est garni de cellules urticantes (cnidoblastes) : imaginez une petite poche remplie de venin et contenant un filament urticant, sur cette poche un cil capteu r ; dès que le cil enregistre un contact, la poche se contracte , déclenche le tir du filament et injecte le venin. Le poison foudroie les proies habituelles du Cnidaire (larves, vers et petits poissons). Sur l'homme, se frotter à un corail (corail de feu par exemple) est une expérience qui marque à jamais la mémoire. Dire que ça brûle n'est rien , c'est terrible ! Le remède consiste à appliquer une pommade à l'hydrocortizone (indispensable à bord d'un bateau). Seuls les coraux de Détail du fonctionnement d'un Cnidoblaste feu , les hydraires, les méduses et certaines anémones (voir ci-contre à gauche) provoquent ce type de réaction. Dans la mer la règle d'or est : ne touche pas ce que tu ne connais pas. Misyé Koray Gwo-bra, roi des cayes et des roches , est très mal connu, même de nos pêcheurs : ils l'appellent Wèch lanmè (roche de mer), mais quelle roche formidable ! Sans corail pas de poisson, pas d'oursin, pas de langouste. Sa disparition (voir «Corail n'est pas un dur») est une des causes de raréfaction des poissons de récif (Pwason wouj) . «- Quoi ? Où t'as vu ça mon frère? » C'est assez simple à comprendre. Le corail sert de nourriture, d'habitat, de nurserie, de terrain de chasse, de jardin, de filtreur de l'eau , à quasiment toutes les espèces marines tropicales de la planète. Qu'il vienn~ à disparaître et c'est comme si nous avions une terre sans arbre, ni plante. Sa propre reproduction alimente la chaîne alimentaire avec une sexualité originale. Arrêtons-nous, sans censure , sur son cas. Difficile de crbire que ce morceau de pierre vivante est aussi, à un moment de sa vie, une méduse gélatineuse de quelques grammes se dirigeant au gré des courants . Et c'est pourtant le cas. Le Cnidaire, au départ, est un œuf lâché dans l'eau qui se transforme en larve (planula) et se fixe sur un rocher pour se transformer en polype. A partir de là, il va se diviser (reproduction asexuée) pour former une colonie , puis un jour, il va produire un bourgeon et le libérer dans l'eau. Ce bourgeon se transforme en petite méduse nageuse et grandit pour devenir une belle méduse mâle ou femelle qui, en se reproduisant, va donner naissance à des œufs. Le cycle est bouclé. Notez que certains cnidaires ont des polypes sexués (mâle-femelle) qui produisent directement un oeuf sans phase méduse et vice-versa, certaines méduses se reproduisent sans Certains coraux vivent en association avec des algues unicellulaires (zooxanthelles) qui les teintent de couleur beige à brun, cette cohabitation profite aux deux. L'algue en transformant le gaz carbonique, rejeté par le Cnidaire, avec la lumière du soleil, va nourrir les deux partenaires: c'est le même processus de photosynthèse pratiqué chez les plantes terrestres. Quand l'eau de mer se réchauffe trop, les coraux stressés expulsent leurs zooxanthelles, le tissu organique devient blanc, ce phénomène appelé «blanchissement des coraux », de plus en plus courant durant les périodes les plus chaudes, est grave dans toutes les zones coralliennes du monde car le corail meurt peu après. Tentacules Bouche , Cavité gastrique LARVE PLANULA ~ ~IJ t ŒUF ~ O , POLYPE Blanchissement du corail ~ " Sans Corail, pas de Vie. MEDUSE :::.:.: :.. : :.-::' " PETITE MEDUSE LE CORAIL AUX ANTILLES ,Corà'ux de Feu - Hydrozoajres Très abondants et très urticants, formes encroûtantes ou branchues. Polypes sans squelette , de couleurs variées, inoffensifs. Hydraires ~ Hydrozoaires , Cérianthatre's '·.Àrithozàires ' \ Le polype sans squelette se rétracte dans un tube, inoffensif. Aspect de fougère, 7-14 cm très urticants. , , Corail qoir ~ Anth'ozaÎres Gorgones· Anthozaires Colonie de polypes à squelette Colonie de polypes à squelette Souple et corné, Formes variées Calcaire constructeur de récif Colonie de polypes cornés, arborescente ou en fil de fer. " AnémC?~es ~ Anthozqires Un gros polype sans squelette, éviter le contact. QU'EST CE QUE LE CORAIL ? Bousculons l'image de Misyé Koray Gwo-bra, roi des cayes et des roches, pour découvrir un animal à l'aspect plus végétal que minéral et dont la fragilité est aussi grande que celle de nos hibiscus. Notre «fleur» marine a un nom: le Polype. C'est lui L'animal nous réserve bien des surprises. Le plus souvent, il vit en colonies de milliers d'individus et chose étrange, ils prennent alors des formes surprenantes, dures, souples ou gélatineuses ; fixées au fond pour la majeure partie ou flottantes. Le nom de Madrépore, de Patacho désigne une colonie de polypes, pareil pour Méduse, Anémone, Gorgone. Tous ces organismes sont issus de l'extraordinaire Polype et se regroupent sous le nom de Cnidaires, (prononcez knidèr) . Vous découvrirez les différentes classes de Cnidaires dans le tableau Ci-contre. Celui qui nous intéresse c'est le Dur, Misyé Koray Gwo-bra, roi des cayes et des roches. Chacune de nos cayes est le résultat du développement continu de millions de polypes qui, dans leur quête de la lumière, finissent par avoir un jour la tête hors de l'eau . C'EST LE RÉCIF. Avant d'arriver là-haut, il a fallu à toute la colonie défendre son territoire , résister aux fortes houles cycloniques, aux poissons brouteurs de corail , aux algues étouffantes, à la maladie, pour enfin dresser son immense squelette de calcaire alentour de nos îles, protégeant la côte d'une ceinture de pierre, créant des eaux limpides et calmes où nous nous baignons dans l'océan ainsi dompté. L'individu est petit, de 1 mm à 10 cm , doté de tentacules, d'une bouche-anus et d'un gros estomac (cavité gastrique, voir dessin «Du Corail de la Vie»). Il vit plutôt la nuit où il se déploie, balançant dans le courant ses tentacules, capturant ainsi les éléments nutritifs du plancton . Il se retracte le jour dans son calice. Il absorbe le calcaire dissous' dans l'eau de mer pour édifier son squelette. Colonie de Tubastrées orange, Colonie de Tubastrées orange, Les polypes sont cachés de jour Les polypes sont dehors de nuit