
ment  toute  tentative  de  reconstitution  formelle
ou déguisée d'associations professionnelles. « Il
faut que les ouvriers sachent qu'il n’y a de re-
mède pour eux, que la patience et la résignation »
dira Casimir Perrier au lendemain de la Révolte
lyonnaise.
L'opposition propriété (capital)- travail allait
peu à peu dominer la vie des métiers, puis la so-
ciété tout entière, précipitant les travailleurs, de-
venus « classe ouvrière » dans les bras d'autres
illusionnistes  et  charlatans des lendemains  qui
chantent.
On  ne  fait  pas  d'omelettes  sans  casser  des
œufs, certes, mais les propos introductifs du livre
de Pascal Salin sont pour le moins surprenants,
et dans tous les cas, historiquement faux, comme
en témoigne l'abominable condition ouvrière du
XIXe siècle, que ce soit en France ou en Angle-
terre.
Le libéralisme et Les Lumières
Introduction  éclairante  qui  traduit  l'ancrage
du libéralisme dans la philosophie des lumières
dont il est même, d'une certaine manière la par-
faite expression. Les ingrédients de la recette sont
d'ailleurs  tous  pris,  avec  plus  ou  moins  de
nuances,  il est vrai, en  particulier  en  ce  qui
concerne le contrat social, dans cette philosophie
qui constitue la  matrice de la  modernité, dont
les fleurs vénéneuses sont désormais sorties de
terre  et  répandent  leur  parfum  délétère.  Qu'il
s'agisse de la liberté, de la nature, de la raison,
de  l'individualisme  et  du  subjectivisme, de  la
morale, de  l'optimisme,  de  l'immanence,  qui
sont les éléments du système, c'est-à-dire tout à
la fois causes et conséquences les uns des autres,
ils appartiennent tous, dans leur définition au ré-
férentiel des lumières.
« Ce  qui  caractérise  le  libéralisme,  ce  n'est
pas non plus l'économie de marché, contraire-
ment à une présentation habituelle, mais restric-
tive. En réalité, l'économie de marché peut exister
même  dans  des  sociétés  collectivistes.  Ce  qui
caractérise le libéralisme c'est la reconnaissance
des droits de propriété et de la liberté contrac-
tuelle. (2) »
« Le véritable libéralisme respecte la person-
nalité  unique  de  chacun,  sa  dignité,  sa  liberté
dans le choix de ses objectifs il récuse par consé-
quent toute vision globale, mécaniste, quantita-
tiviste de la  vie  des  hommes  en  société.  C'est
pourquoi le libéralisme est un humanisme et l'hu-
manisme ne peut être que libéral. (3) »
« Le libéralisme est vrai, en ce sens qu'il est
fondé sur une conception réaliste de l'homme et
des relations sociales. (4) »
« Les hommes ne peuvent en effet parvenir à
leurs objectifs que dans la  liberté individuelle,
car  seuls,  ils  connaissent  ces  objectifs  et  seuls
sont capables de déterminer les moyens de les
atteindre. Le libéralisme est donc à la fois réaliste
et moral, en ce sens est moral ce qui est conforme
à la nature de l'homme (5) ».
« Liberté, propriété, responsabilité, tels  sont
les piliers sur lesquels se fonde le libéralisme ;
ces concepts sont évidemment distincts les uns
des autres, mais ils sont  inséparables : il n'y a
pas de liberté sans propriété et la propriété est le
fondement de la responsabilité. () »
Nominalisme
Et  oui !  Le  revoilà,  impossible  de  faire  abs-
traction de ce mouvement intellectuel, qui consti-
tue la grande rupture intellectuelle, épistémolo-
gique, de la culture européenne. Et, le libéralisme
est une parfaite incarnation du nominalisme, le
livre de Pascal Salin est d'ailleurs émaillé de pro-
pos qui font des diverses entités une simple col-
lection d'éléments particuliers. Seul existe le par-
ticulier, et le tout n'est que l'addition des parties.
C’est ainsi que l'entreprise est une entité abs-
traite. « Le vrai libéral, dit-il, devrait même éviter
d'utiliser le terme d'entreprise afin de porter son
attention sur les êtres véritables qui sont concer-
nés : les propriétaires, les salariés, les fournisseurs
et clients, tous ceux dont les liens contractuels
sont constitutifs de l'entreprise. (7) »
Classement : 2Br31 07/2016
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