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RAPPEL DU SUJET
SUJET N°3 : ANALYSE D’UN DOCUMENT EN HISTOIRE
L’économie-monde britannique.
Montrez que ce document témoigne des différentes formes de la domination britannique sur l’économie-monde au
milieu du XIXe siècle.
Document : Londres en 1860.
D’abord on est ébloui des richesses et des merveilles de Londres, mais bientôt on s’aperçoit que cette Babylone se
compose de plusieurs villes entièrement distinctes et n’ayant guère rien de commun que le dôme de fumée qui les
recouvre. Chacun de ces quartiers forme comme un monde à part qu’il faut étudier séparément. […] Le principe de la
division du travail qui a fait la puissance de l’Angleterre, a été introduit à Londres avec la rigueur la plus impitoyable
dans la hiérarchie des classes et dans la distribution de leurs demeures. D’un côté, sur le bord de la noire Tamise, toute
grouillante d’embarcations, sont les quartiers du grand commerce avec leurs processions de navires, leur ignobles
jetées, encombrées de marchandises, leurs docks où sont empilées des richesses suffisantes pour acheter un royaume
d’Asie ou d’Afrique. Dans les faubourgs de l’est et du nord sont les quartiers industriels avec leurs ruelles sombres et
tortueuses, leurs montagnes de houille, leurs fabriques toujours frémissantes, leurs cheminées qui plongent dans un
éternel brouillard de charbon, leur population hâve1 et déguenillée qui se traîne dans la dégradation la plus abjecte. Au
centre de Londres résident les innombrables shopkeepers2 et marchands de toute espèce, qui sont le fond même de la
nation et dont les magasins et les échoppes, mis bout à bout, feraient le tour de l’Angleterre. Ils ont pour club, pour
centre de réunion, le quartier de la Cité où leur banquiers, pressés à l’étroit, dans les ruelles sombres qui environnent la
Bourse et la Banque, voient affluer dans leurs comptoirs l’or de tous les continents. Là se concluent en quelques heures
les opérations les plus gigantesques et s’ourdissent3 sans bruit des spéculations commerciales qui entrainent les
conséquences les plus importantes et font davantage pour la ruine et la prospérité des empires que toutes les subtilités
des diplomates. Extrait du Guide du voyageur à Londres et aux environs. Elisée Reclus4, Paris, Hachette 1860.
1 hâve : maigre et pâle
2 shopkeeper : boutiquier
3 s’ourdissent : se préparent
4 Elisée Reclus : géographe français
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LE CORRIGÉ
SUJET N°3 : L'ECONOMIE-MONDE BRITANNIQUE
I- Analyse du sujet
Ce sujet appartient à la première partie du programme d’histoire de Première S, le thème I intitulé
« Croissance économique, mondialisation et mutation des sociétés ». Le deuxième chapitre de ce thème traite
des économies-monde successives (britannique, américaine, multipolaire). L’économie britannique est la première
de ces économies-monde. Le concept d’économie-monde a été élaboré par Fernand Braudel dans sa thèse
monumentale sur la Méditerranée. Il s’agit d’un espace de la planète, économiquement autonome, capable pour
l’essentiel de se suffire à lui-même, et auquel ses échanges intérieurs confèrent une certaine unité. L’économie-monde
repose surtout sur une ville qui est le siège du pouvoir économique et financier. Il s’agit d’une « ville-monde », en
l’occurrence Londres, dans l’exemple qui nous est donné ici.
Il s’agit donc ici d’analyser les caractéristiques de l’économie-monde britannique, à travers un texte d’Elisée Reclus.
Elisée Reclus est un géographe français du XIXe siècle, auteur d’une Géographie universelle (1875-1894). On lui doit
entre autre la notion de « francophonie ». Ce texte est extrait de son ouvrage Guide du voyageur à Londres et aux
environs, publié en 1860 à Paris et paru aux éditions Hachette.
II- Les connaissances essentielles
Ce texte d’Elisée Reclus montre les éléments sur lesquels repose l’économie-monde britannique. Il pourrait être divisé
en deux parties, chacune concernant les formes de la puissance économique britannique.
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A) La division internationale du travail
Le premier de ces éléments est la division internationale du travail (ligne 5). Le Royaume-Uni importe des matières
premières (coton, etc.) et exporte des produits manufacturés à forte valeur ajoutée. Le texte donne lignes 9 à 12 un
aperçu de la production industrielle du pays. Initiée dès le XIXe siècle, la division internationale du travail, est au cœur
des processus de mondialisation. Les entreprises britanniques ont été les premières à s’installer sur les marchés
étrangers pour tirer parti d’une main d’œuvre moins coûteuse et plus « docile ». C’est d'autant plus aisé que
l’Empire britannique est vaste et que ses colonies recèlent matières premières et main d’œuvre potentielle.
B) Le contrôle des marchés
Le Royaume-Uni joue aussi un rôle d’entrepôt et de redistribution : il achète de la laine argentine qu’il revend aux
usines françaises par exemple, ou importe du thé des Indes. Sa marine marchande contrôle 60 % du trafic mondial
(lignes 6 à 7). La Royal Navy, première marine militaire du monde, protège les routes du commerce. Les colonies
fournissent des bases de ravitaillement dans toutes les mers. Dans cette économie-monde, les banques et la Bourse
jouent un rôle fondamental. Elles prêtent aux Etats étrangers et financent les infrastructures sur toute la planète, fixent
le cours des matières premières… Le rôle de la City dans cette économie-monde est mis en évidence par Reclus
lignes 15 à 20.
En conclusion, rappeler que l’économie-monde britannique décline lentement après la Grande Dépression (1873-1896).
En 1913, le Royaume-Uni n’est plus la première puissance industrielle du monde, mais son emprise commerciale et
financière reste incontestable, 54 % des marchandises importées aux Etats-Unis le sont sur des navires britanniques, et
45 % des capitaux investis à l’étranger viennent du Royaume-Uni. Dans ces domaines, il n’est dépassé par les
Etats-Unis qu’après 1914.
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III- Les pièges à éviter
Le document ne montre pas d’autres éléments qui expliquent la puissance britannique comme l’antériorité de la
révolution industrielle dès le XVIIIe siècle, le choix du libre-échange dès 1846 par le Royaume-Uni, et la maîtrise de
l’information qui expliquent la présence dans toutes les grandes places commerciales de sociétés britanniques
(banques, compagnies d’assurance, de commerce et de navigation). Cependant, il n’aurait pas été inutile de les
rappeler.
Il est aussi indispensable de se référer régulièrement au texte d’Elisée Reclus en indiquant les lignes du document qui
confirment son analyse.
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