La frustration chez le petit enfant.
Relais d'Assistantes Maternelles Lou Petitoun
le 10 octobre 2013
Qu'est-ce que la frustration ?
La frustration est une expérience indispensable au développement affectif et psychologique de
l'enfant, qui doit apprendre à renoncer à la satisfaction immédiate de tous ses désirs.
Un enfant auquel on ne refuse rien ne sera jamais heureux car il désirera toujours posséder
davantage.
Or, il n'y a pas de vie sociale sans un minimum de contraintes et l'enfant l'apprendra tôt ou tard mais
plus ce sera tard, plus ce sera traumatisant! Dès qu'une épreuve surviendra dans sa vie, soit il
s'écroulera soit il se réfugiera dans les addictions de toute sorte.
Il est donc préférable de poser ces limites dès l'âge de 18 mois/deux ans, car à cet âge l'enfant a des
velléités d'autonomie qui induisent le développement du « non ». Il est capital à ce moment-là de
dire « non » au « non » en expliquant la raison.
Cependant, il faut faire attention et différencier les frustrations (source Dr Igor Reitzman) :
frustrations éducatives : ce sont celles qui amènent l'enfant à prendre très progressivement
une distance vis-à-vis de sa mère, qui lui permettent d'intérioriser la loi, les limites,
l'existence du principe de réalité à travers le sevrage, la mise en place des interdits
indispensables. Encore faut-il être à l'écoute de leurs émotions et être indulgent vis-à-vis de
leurs réactions qui nous semblent parfois excessives (autant que possible...).
frustrations destrutrices : elles concernent les besoins essentiels de l'enfant et notamment
les besoins psychologiques : abandon affectif, non-écoute, non-reconnaissance, absence de
limites claires permettant à l'enfant de se construire, et besoins physiologiques : privation de
nourriture, etc...
frustrations liées à la réalité extérieure : celles-ci sont légitimées par les contraintes de la
vie : un parent qui travaille, une assistante maternelle qui doit s'occuper de plusieurs enfants
à la fois.
micro-frustrations : si à un moment donné, l'enfant ne peut accéder à l'objet dont il a
envie : bonbon, émission télévisée,..., il vit une frustration souvent intense mais que le Dr
Igor Reitzman propose d'appeler « micro-frustration » puisque ses besoins fondamentaux ne
sont pas concernés. Dans un premier temps, son déplaisir s'extériorise par un chagrin et/ou
une agressivité disproportionnée du point de vue de l'adulte. Si ces émotions sont accueillies
avec sérénité, des micro-frustrations peuvent être saines et positivement structurantes. Elles
vont aider l'enfant à se construire, à prendre conscience de lui-même comme personne
séparée, à « se poser en s'opposant », à tolérer de mieux en mieux un certain niveau de
frustration.
Que se passe-t-il dans la tête d'un enfant qui dit « non » :
Il dit « moi », « je ne veux pas ». Il dit « c'est moi qui décide ce que je veux ».
Rappel du développement du petit enfant :
Jusqu'à l'âge de 8 mois, le bébé et sa mère sont totalement indistincts pour l'enfant, ils ne font qu'un.
Vers 6-8mois, âge des premières peurs, il comprend qu'il y a son entourage proche, « les autres » et
une autre entité qu'il ne sait pas encore nommer et qui est en fait « lui ». Au début du langage,
l'enfant ne dit d'ailleurs pas « j'ai faim » mais « Théo a faim », en utilisant son prénom et non pas
« je ».
Il est donc normal qu'il en vienne un jour à comprendre que « lui » est en fait une seule et même
personne c'est-à-dire « moi ». Et cette découverte, il va la clamer haut et fort en s'opposant grâce à
ce mot magique « non » : Je dis « non » donc j'existe.
Le « non » est donc un moyen nécessaire pour organiser sa personnalité.
De plus c'est une perche que tend l'enfant : « je pense non, mais toi que penses-tu ? ». En fait par ce
non et cette opposition permanente, ainsi que les bêtises qui vont avec, l'enfant met les adultes dans
l'obligation de lui fixer des limites.
Comment réagir ?
Autorité mais pas autoritarisme ! :
Définition littérale d'autorité : conduire à l'extérieur, faire sortir l'individu, conduire un enfant à
devenir un être humain.
En matière d'autorité, il faut être convaincu de la légitimité de son rôle d'éducateur, ceci rend
l'autorité plus saine.
Dans l'autoritarisme, il y a une notion de violence faite à autrui, d'un excès de pouvoir. Il faut donc
savoir être autoritaire sans basculer dans l'autoritarisme pour éviter les frustrations destructrices, la
maltraitance.
Il s'agit aussi de savoir poser les limites et être cohérent car si l'on change de position constamment,
l'enfant sera perdu. Les limites sécurisent l'enfant et ceci jusqu'à ce qu'il devienne adulte (les
recherches des limites seront aussi très importantes au moment de l'adolescence).
Avoir une certaine souplesse :
Savoir abdiquer lorsque l'enjeu n'est pas très important et qu'il ne met pas l'enfant en danger.
Savoir négocier, proposer une alternative :
« Oui, je t'ai entendu mais je ne peux pas te donner ce que tu veux... »,
« Tu ne peux pas prendre ce livre mais je peux te prêter celui-ci si tu veux... »
Détourner l'attention :
Une fois avoir pris en compte sa demande et lui avoir répondu que malgrè sa colère nous ne
changerions pas d'avis, on peut lui proposer une activité afin de trouver une issue positive:
« Viens, nous allons nous promener... »
Et ne culpabilisez pas !
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