Module Psychiatrie 2 : Psychopathologie de la psychopathieCours du 04/11/05. LA PSYCHOPATOLOGIE DE LA PSYCHOPATHIE I- DEFINITIONS La psychopathie : est un dysfonctionnement permanent de la personnalité qui n’est pas de l’ordre de la névrose ni de la psychose et qui se caractérise par des conduites anti-sociales impulsives et dont le sujet n’éprouve aucune culpabilité. Le symptôme : est un phénomène subjectif qui révèle une lésion ou une maladie fonctionnelle. Le syndrome : est un ensemble de symptômes qui caractérise un type de maladie. Les traits : sont les indices d’un caractère ou d’un sentiment. Le trouble : caractérise une anomalie de fonctionnement d’un organe ou d’un système. II-LA PERSONNALITE PATHOLOGIQUE PSYCHOPATHIQUE. Une impulsivité majeure : c’est l’incapacité à résister à un désir où à l’envie d’une action sous le coup d’une impulsion. Elle est souvent liée à des sentiments de plaisir et de soulagement éphémère lorsqu’il y cède. Passages à l’acte hétéro ou auto agressifs sont très fréquents et constituent souvent la voie habituelle de décharges pulsionnelles ; ils sont impulsifs et ils sont liés au besoin d’exprimer physiquement des émotions agressives qui sont souvent les seules qu’il s’autorise. Des crises d’agitation clastique : (sa pète) elles sont déclenchées par une frustration réelle ou par un motif minime, elles ont un caractère bruyant et explosif qui mobilisent l’entourage. Les manifestations caractérielles les plus fréquentes : colère opposition en réaction à une attitude tendre ou à des situations vécues comme contraignantes, elles sont souvent disproportionnées aux réactions déclenchantes. L’intolérance à la frustration : il ne supporte aucune réponse négative toute réponse qui lui est donnée nécessite une explication et non pas une justification. L’incapacité à se projeter dans l’avenir et dans le temps. Il vit dans l’immédiateté. Ce qui explique son intolérance à la frustration puisque 5 min ne veut rien dire pour lui. Il veut tout maintenant. L’incapacité à se projeter dans l’avenir se retrouve dans le fait qu’il n’arrive pas à retirer des leçons de ses erreurs et de ses actes passés, il répète toujours les mêmes actes, les mêmes échecs. La tendance aux transgressions, il ne supporte pas tout ce qui se rapporte à la loi, il la transgresse à chaque fois qu’il peut, par des actes médicaux légaux, des conduites à risque, la délinquance … 1/3 Module Psychiatrie 2 : Psychopathologie de la psychopathieCours du 04/11/05. La difficulté d’élaboration mentale il n’y a pas d’élaboration psychique des conflits, il n’y a aucune anticipation des conséquences possibles de ses actes sur lui-même et sur autrui. Une affectivité froide en apparence il présente une réelle absence de sentiment de culpabilité, il présente ni honte ni remord, il incrimine les autres. Il se positionne en tant que victime et il rejette la faute sur autrui dès qu’il y a un obstacle à une satisfaction immédiate. Sentiment d’ennui permanent que le sujet tente de rompre par des changements perpétuels de partenaires sexuels et la recherche continuelle de stimulations physiques. Tendance à la mythomanie et à la manipulation. La mythomanie se repère dans son comportement et dans son discours où il valorise ses actes souvent délictuels. Cela démontre une confusion entre phénomène et réalité en s’attribuant les rôles qui satisferont son narcissisme, il se dupe lui-même autant qu’il dupe les autres. La manipulation est fréquente est a pour but de satisfaire ses désirs par tous les moyens à sa disposition. Les gestes suicidaires sont fréquents et répondent à des motivations multiples et intriquées (il peut y avoir de multiples motivations qui sont associées) : le coup de cafard, les réactions de panique et de fuites, les gestes de provocations, les appels à l’aide et un jeu avec la mort. Les appétences toxico- phyliques qui sont associées à l’attrait de la transgression de l’interdit plus qu’aux désirs d’appartenir à un groupe. Ces comportements les conduisent souvent à la consommation de drogues dures, à l’automédication abusive et à des conduites alcooliques qui augmentent leur agressivité et leur dangerosité. III- EXPLICATION PSYCHOLOGIQUE L’enfance est décrite comme perturbée avec des alternances de phases d’apathie et de sur excitation, une irrégularité dans le travail scolaire avec indiscipline, des colères violentes, des chapardages, l’école buissonnière et parfois des fugues. L’adolescence est marquée par une accentuation de ces troubles, des conflits répétés avec l’autorité. Une instabilité scolaire entraînant des échecs et des renvois successifs puis l’arrêt des études, la fréquentation de groupes marginaux ou délinquants. La réalisation des premiers délits : vol de voiture, cambriolage, agression, fréquence des fugue ou du nomadisme, des excès éthyliques, des expérience psycho maniaques et de la prostitution. A l’age l’adulte l’instabilité persiste et compromet l’insertion socio professionnelle, l’égocentrisme et l’installation affective est habituelle. Rien n’attache ce sujet qui fait devant les conflits et les responsabilités. Il semblerait avoir chez ces sujets un raté de la structuration oedipienne, qui semble se rapporter à une carence particulière de la fonction paternelle. Il n’est pas rare que le père ne donne pas son nom à l’enfant ou qu’il laisse planer le doute sur la paternité. La fonction d’interdiction, un des aspects de la fonction paternelle, n’est pas remplie ou l’est de manière rigide sans recours à la loi commune, ce qui semble fonctionner comme traumatisme et qui constitue une ouverture à la répétition est un traumatisme corporel qui a été reçu à la place d’une parole, ce qui interdit tout accès aux symboliques. Les transgressions et les recherches de sanctions sont des stratagèmes inconscients destinés à faire apparaître les figures représentantes de la loi. Comme la médiation symbolique est impossible, il s’agit pour ces sujets d’épuiser leur énergie destructrice toujours renaissante dans des actes toujours répétés. 2/3 Module Psychiatrie 2 : Psychopathologie de la psychopathieCours du 04/11/05. Dans la biographie de ces personnes, on constate que souvent les coups du père surviennent comme des interdits qu’il est incapable de poser. Le père surgit sur un mode explosif en frappant rarement en rapport avec une transgression, mais souvent à cause d’un débordement de l’enfant. Il donne à son enfant des coups sans noms et ceux-ci les reçoivent sans pouvoir les intégrés dans un ordre symbolique. Le père jette des mots en même temps que des coups mais sans que l’enfant puisse identifier les raisons de ces explosions. C’est de là que tient l’origine de leur impulsivité et de l’intolérance à la frustration, il pallie un éventuel refus par une décharge motrice. L’investissement de la mère semble alterner des mouvements de haine rejetante à des phases de complicité fusionnelle au cours desquelles elle protège son enfant des agressions sociales et paternels, elle le défend qu’elle que soit ses actes, elle les dénie et sans que l’enfant sache pourquoi pour les mêmes actes : elle le rejette. Cette carence d’élaboration symbolique inscrit le sujet dans une dépendance à l’autre. Ainsi toute relation même thérapeutique déclenche le mécanisme de destruction et la preuve par l’épreuve. 3/3