FRACTURE DE CONTRAINTE : APPORT DE L’IMAGERIE Basma SOUISSI, Sondes HADDAR, Sadok BEN AMOR, Omar KAMMOUN, Kheireddine BEN MAHFOUDH Service d’imagerie médicale, CHU Habib Bourguiba, Sfax, Tunisie Introduction c’est une fracture complète ou partielle d’un os incapable de supporter des contraintes non violentes exercées de façon rythmée et avec une intensité inférieure au seuil fracturaire. L’incidence de ces fractures est liée à la pratique sportive et au degré de vieillissement de la population. Le but de notre travail est de montrer la place de l’imagerie dans le diagnostic de ces fractures de contrainte. Matériel et méthode •Etude rétrospective de 7 patients dont 2 hommes et 5 femmes •Age moyen : 47 ans •Motif de consultation : douleur osseuse de type mécanique (n=4), une tuméfaction des parties molles en regard (n= 2), sans notion de traumatisme •Siège des fractures : la diaphyse tibiale (n=2) col du fémur (n=2) bassin (n=1) le condyle fémoral ( n=1) métatarsien (n=1). •Imagerie : Une radiographie standard et une IRM (n=5) Scanner (n=2) Résultats OBSERVATION N ° 1 : Femme âgée de 30 ans admise pour douleur fessière gauche survenue 02 mois après l’accouchement. Examen: douleur à la palpation profonde de l’articulation sacro-iliaque gauche La radiographie standard (Fig. 1) aspect irrégulier des berges de l’articulation sacro-iliaque gauche. Scintigraphie : hyperfixation au niveau de l’aileron sacré gauche TDM (Fig. 2, 3) : Décroché de la corticale avec condensation linéaire de l’os spongieux de l’aileron sacré gauche ( ) Fig. 2 Fig. 1 Fig. 3 OBSERVATION N ° 2: Femme âgée de 72 ans, pour douleur de la hanche droite d’évolution très progressive sans syndrome inflammatoire biologique. La radiographie standard du bassin montre une déminéralisation osseuse diffuse. IRM du bassin : Fine image linéaire du col fémoral droit ( ) en hyposignal sur toutes les séquences , cernée par des plages d’œdème médullaire en hyposignal T1 et hypersignal T2 prenant le contraste après injection ( ). Diagnostic : fracture de contrainte par insuffisance osseuse du col fémoral droit. Coro T2 Coro T2 FS Ax T1 FS Gado Fig. 7 Fig. 6 Fig. 5 Fig. 4 Coro T1 FS Gado Coro T1 Fig. 8 Ax T2 FS Fig. 9 OBSERVATION N°3 : femme âgée de 34 ans, admise pour tuméfaction du dos du pied droit dans un contexte apyrétique Radiographie du pied droit : réaction périostée de M3 IRM du pied droit (Fig. 7, 8 et 9) : Lésion linéaire en hyposignal T1 et T2 du col de M3 ( ), associée à un œdème (hyposignal T1, hypersignal T2) du spongieux de part et d’autre ( ), évoquant une fracture de fatigue. Il s’y associe une réaction périostée fusiforme en regard du trait de fracture ( ) et une infiltration des tissus mous adjacents. Fig. 10 Ax T1 Fig. 11 Ax T1 FS Gado Fig. 12 Ax T2 FS OBSERVATION N°4 : homme âgé de 29 ans, présente une douleur de l’extrémité inférieure du tibia gauche, sans contexte traumatique, ni fièvre , ni syndrome inflammatoire. Radiographie de la jambe gauche (fig. 13) : réaction périostée du tiers inférieur du tibia ( ) Scanner (Fig. 14 et 15) : Réaction périostée de type compact du tiers inférieur du tibia ( ) IRM de la jambe gauche (Fig. 16, 17, 18 et 19) : Epaississement de la corticale du tibia gauche avec une réaction périostée de type compact ( ) associés à un œdème médullaire du tiers inférieur de la diaphyse tibiale ( ) en hyposignal T1, hypersignal T2, prenant le contraste. On note la présence d’une image linéaire bien visible après injection de gadolinium, au niveau du pôle inférieur de la réaction périostée évoquant une fracture de fatigue ( ). Coupe coronale Coupe axiale Coro T1 Coro STIR Fig. 17 Fig. 18 Coro T1 FS Gado Fig. 15 Ax T1 FS Gado Fig. 13 Fig. 4 Fig. 16 Fig. 19 OBSERVATION N°5 : femme âgée de 81 ans, admise pour impotence fonctionnelle du membre inférieur droit dans un contexte fébrile avec tuméfaction du tiers supérieur de la jambe droite. Radio de la jambe droite (Fig. 20 et 21): Fissure corticale ( ) au niveau du tiers supérieur de la diaphyse tibiale avec réaction périostée ( ) associée à une déminéralisation osseuse diffuse. IRM de la jambe gauche (Fig. 22, 23, 24 et 25) : Présence d’une image linéaire en hyposignal T1 ( ) bien visible après injection de gadolinium, au niveau du tiers supérieur de la diaphyse tibiale en rapport avec une fracture de contrainte par insuffisance osseuse. Il s’y associe une réaction périostée de type compact en regard ( ) et un œdème médullaire ( ) du tiers supérieur de la diaphyse tibiale, en hyposignal T1, hypersignal T2, s’homogénéisant après injection de gadolinium Coro T1 Fig. 20 Fig. 21 Fig. 22 Coro T1 Gado SagT2 T2FS FS Sag Fig. 23 Fig. 24 Coro T1 Gado Fig. 25 Discussion Les fractures de contrainte regroupent : La fracture de fatigue consécutive à une contrainte mécanique excessive, inhabituelle et répétée sur un os sain. La localisation la plus fréquente est le tibia (73 % des cas ) puis le calcanéum. La fracture par insuffisance osseuse qui survient sur un os fragilisé , souvent par l ostéoporose (80 % DES CAS). Elle prédomine chez la femme âgée dont la fragilisation osseuse croit avec l’âge. Le pelvis est le siège prédictif de ces fractures. L’atteinte est souvent multiple, elle siège en général sur la branche ischio ou ilio-pubienne et plus rarement sur l’aile iliaque et le sacrum . Dans notre série, trois femmes avaient une fracture de contrainte par insuffisance osseuse et une femme présentait une forme frontière. L’examen clinique est peu contributif, il peut retrouver une douleur ou une tuméfaction des parties molles en regard. L’interrogatoire recherchera chez le sujet jeune une activité physique inhabituelle et chez le sujet âgé des facteurs de baisse de la résistance osseuse. Les examens biologiques affirment l’absence du syndrome inflammatoire L ’ imagerie : a pour buts: d’affirmer le diagnostic positif, d’éliminer des éventuels diagnostics différentiels et de suivre l’évolution. Clichés standard : Au stade initial les clichés standards sont normaux La scintigraphie : positive dès l’apparition de la douleur de façon pratiquement constante en montrant un foyer d’hyperfixation en bande perpendiculaire aux lignes de force de l’os. Les premiers signes radiologiques apparaissent 10 à 15 jours après le début de la douleur . On distingue 3 formes de fractures : la forme corticale : diaphyses des os longs ou des métatarsiens, révélée par une fissure corticale (classique image du cheveu sur la porcelaine) ou le plus souvent par une réaction périoste qui peut masquer le trait de fracture. la forme spongieuse : qui survient fréquemment sur les os courts et les régions métaphyso-épiphysaires des os longs. plusieurs bandes de densification perpendiculaire à l’orientation des travées osseuses principales. A un stade avancé ces bandes peuvent confluer prenant un aspect en plage. la forme cortico-spongieuse : associe des atteintes de l’os cortical et de l’os Spongieux. Elle se traduit par la réaction périoste et la densification en bandes. La Tomodensitométrie : Les coupes doivent être fines, jointives et perpendiculaires au grand axe de l’os. Elles doivent être centrées sur les anomalies visibles sur la radiographie standard et la scintigraphie. L’intérêt de la TDM réside dans l’analyse des régions anatomiques difficiles notamment le pelvis et les tarses. Elle permet: •une bonne étude de la réaction périostée •la mise en évidence du trait de fracture IRM : • Sensibilité dans la détection précoce de l’oedème de l’os spongieux • Possibilité d’étude multidirectionnelle • Méthode de choix dans l’exploration des fractures de fatigue qui posent un problème de diagnostic. • Les séquences utilisées sont généralement les séquences en écho de spin T1 sans et avec injection de gadolinium, avec saturation de la graisse et en T2. IRM : • L’oedème médullaire : précocement visible sous forme d’une plage d’hypo signal en pondération T1 , en hyper signal en pondération T2 et après injection de produit de contraste . • Dans les formes corticales, le trait de fracture se manifeste par un hyper signal relatif au sein de la corticale en hypo signal. • En pondération T1 Les fractures spongieuses se traduisent par un hypo signal en bande sur toutes les séquences, mieux visibles en pondérationT2 et après injection de produit de contraste. Conclusion • Les fractures de contrainte sont des affections fréquentes • Ses sites préférentiels métatarsiens et le bassin sont le tibia, les • Les clichés standard confrontés aux données de la clinique, permettent de poser le diagnostic. • L’IRM est la méthode de choix dans les formes atypiques