L`iode-131 et la thérapie des troubles thyroïdiens

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Texte rédigé
par Rita Karam,
Pharm. D., stagiaire
chez Jubilant
DraxImage Inc.
Texte original soumis
le 4 mars 2013.
Texte final remis le 24 juin 2013.
Révision : Marie-France Beauchesne, M. Sc. (Pharm.), Pharm. D., professeure titulaire
de clinique, cotitulaire de la Chaire pharmaceutique AstraZeneca en santé respiratoire;
pharmacienne, Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke.
Remerciements à France Fournier, technicienne en médecine nucléaire (TEMN)
et chef Support marketing chez Jubilant DraxImage Inc.
L’auteure et la réviseure scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts dans la rédaction de cet article. L’iode-131 et la thérapie des troubles thyroïdiens
objectifs d’aPPrentissage :
1. Comprendre la médecine nucléaire, plus spécifiquement la radiopharmacie;
2. Connaître la place des antithyroïdiens, de la chirurgie, et plus particulièrement de l’iode-131 dans la thérapie
des désordres thyroïdiens;
3. Conseiller les patients sur le traitement à l’iode radioactif et les précautions nécessaires lors de son utilisation.
Présentation de la patiente
Mme Bequerelle, 42 ans, se présente à la pharmacie, car elle a remarqué que son état a
changé depuis quelques semaines. Elle dit ressentir des palpitations, elle a de la difficulté à
dormir et est plus irritable. De plus, elle a
observé une perte de cheveux. Elle vous révèle
avoir déjà eu un épisode d’hyperthyroïdie dans
le passé. Vous pensez donc qu’elle présente un
nouvel épisode d’hyperthyroïdie. Elle dit d’ailleurs avoir pris un antithyroïdien, le méthimazole, lors de son premier épisode. Elle se
demande si elle devrait en reprendre ou s’il
existe un autre traitement plus efficace
puisque la maladie est revenue. Que faire?
À première vue, un patient sera réticent à recevoir de la radioactivité en raison d’une connotation dangereuse. Pourtant, la radioactivité se
révèle bénéfique en médecine nucléaire, car elle
permet de réaliser des diagnostics et des traitements à l’aide d’agents radiopharmaceutiques.
Un de ces agents, l’iode-131, est particulièrement important dans les troubles et cancers
thyroïdiens. Cet article permettra au pharmacien de s’initier à la radiopharmacie pour
mieux conseiller son patient. Une introduction
à la radiopharmacie sera présentée, en plus des
caractéristiques de l’iode-131 et des pathologies
pour lesquelles il est utilisé.
Médecine nucléaire et radiopharmacie
La médecine nucléaire est l’ensemble des applications médicales utilisant des substances
radioactives. Aussi appelées « produits radiopharmaceutiques » ou « traceurs radioactifs »,
ces substances sont des médicaments contenant
un ou plusieurs radionucléides. En général, les
examens en médecine nucléaire impliquent
moins de risques que la plupart des autres tech-
niques, comme les biopsies et certaines procédures radiologiques. En effet, certaines biopsies
peuvent impliquer un risque d’infection ou
d’hémorragie. De plus, pour la plupart des examens diagnostiques, la quantité d’irradiations
lors d’examens en médecine nucléaire est
moindre que celle reçue lors d’examens radiologiques spécifiques. Les procédures radiologiques
(rayons X, tomodensitométrie, échographie et
résonance magnétique) étudient les changements anatomiques, alors que la médecine
nucléaire met en évidence la physiologie de l’organe étudié. Par exemple, il est possible d’étudier, à l’aide de la médecine nucléaire, le flot vasculaire, la perfusion cérébrale, le métabolisme
hépato biliaire et la dynamique vésiculaire
biliaire, les fonctions de filtration et d’élimination rénale, les fonctions de remplissage et de
vidange de la vessie, l’efficacité et la rapidité de la
vidange gastrique et la fonction pulmonaire. Il
est aussi possible de déterminer la densité
osseuse et de vérifier s’il y a amélioration après
une fracture des os, d’évaluer les dommages cardiaques après un infarctus du myocarde et de
détecter des cancers1-4.
Les produits radiopharmaceutiques sont
introduits dans le corps humain par voie orale,
parentérale ou inhalée pour visualiser leur trajectoire. La gamma-caméra capte les rayons
émis par le radiopharmaceutique et les enregistre sous forme d’images statiques, dynamiques ou en trois dimensions. Cette technique,
la scintigraphie, aide à poser un diagnostic de
façon non invasive et non douloureuse. Les
radiopharmaceutiques sont aussi utilisés en thérapie, car ils peuvent cibler un organe ou tissu
afin de le détruire1-3.
les hormones thyroïdiennes. Si une carence survient, un retard de croissance et un risque de
retard mental chez l’enfant sont possibles. Une des
manifestations de cette déficience est l’apparition
d’un goitre, soit la turgescence de la glande thyroïde. Un apport nutritionnel en iode est alors
recommandé afin d’éviter ce problème. Pour un
adulte, l’apport journalier en iode recommandé
est de 150 mcg. Les carences en iode ne s’observent
presque plus dans les pays développés du fait des
apports alimentaires. On retrouve de l’iode dans
notre alimentation : poissons, fruits de mer, produits laitiers, pain et sel de table iodé5-8.
L’iode compte 37 isotopes, dont l’isotope stable
127. Tous les autres sont radioactifs et certains,
dont l’iode-131, sont d’une importance capitale
pour la médecine nucléaire5,9. Lorsque les radionucléides se désintègrent, ils libèrent de l’énergie
sous forme de radiation pour retourner à un état
stable. L’iode-131 se désintègre sur une période
d’un peu plus de huit jours, en émettant des
rayons bêta (β-) et gamma (γ) de haute énergie. Il
est produit industriellement dans un réacteur
nucléaire à partir de la fission de noyaux lourds
(uranium, plutonium, etc.)9,11.
À faible dose, l’iode-131 a une utilité diagnostique. En raison de ses émissions de rayons γ, il
est utilisé comme traceur radiopharmaceutique.
À dose plus élevée, il permet de traiter l’hyperthyroïdie et certains cancers de la thyroïdie. Certains utilisateurs préfèrent l’iode-123 comme
radiotraceur, car il n’émet que des rayons γ, et cet
isotope possède une demi-vie plus courte. Par
contre, l’iode-123 n’est pas offert partout et il est
plus coûteux, car sa production nécessite un
cyclotron9,15.
Pharmacocinétique
Après son administration per os, l’iode-131 est
absorbé rapidement, sous forme d’ions, dans le
tractus gastro-intestinal. Ensuite, la glande thyroïde capte l’iode radioactif et la concentration y
est maximale après environ 24 heures. Environ
30 % de la dose sera fixée dans la thyroïde et envi-
L’iode-131
Avant de comprendre l’utilité de l’iode-131, il
faut d’abord s’intéresser à ses caractéristiques
ainsi qu’à celles de l’iode, l’atome d’origine
(tableau I ). L’iode est un oligo-nutriment
essentiel à la vie humaine, car il sert à fabriquer
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pomme d’Adam. Cette glande en forme de papillon est constituée d’un lobe droit et d’un lobe
gauche situés de part et d’autre de la trachée, et
pèse environ 20 grammes. Bien qu’elle soit de
petite taille, c’est un organe très important pour le
contrôle du métabolisme. Elle influe sur celui-ci
grâce aux hormones qu’elle produit à partir de
l’iode : la thyroxine (T4) et la triiodothyronine
(T3). Ces dernières existent sous deux formes
dans le sang : la forme libre, active (moins de 1 %),
et celle, inactive, liée à une protéine constituant
les réserves6,7,16-18.
La T4 plasmatique est convertie dans les cellules en T3 par l’action de l’enzyme déiodinase.
L’hormone T3 se lie à son récepteur intracellulaire et active la synthèse protéique. Ces hormones thyroïdiennes influent sur presque toutes
les fonctions et activités des organes en stimulant leur métabolisme, comme celui des sucres et
des gras, ainsi que la température du corps et la
fréquence cardiaque. Ces hormones thyroïdiennes sont aussi impliquées dans la croissance,
le développement, la fonction et le maintien de
tous les tissus. Normalement, les niveaux de T3 et
de T4 sanguins sont régulés par une hormone, la
thyréostimuline (TSH) ou thyrotrophine, sécrétée par l’adénohypophyse. Ainsi, si la sécrétion
de TSH augmente, les niveaux de T3 et de T4 augmenteront et inversement. Il existe également un
mécanisme de rétrocontrôle négatif : lorsqu’une
chute des taux d’hormones thyroïdiennes dans
le sang est perçue, la sécrétion de TSH augmente
et inversement (figure I )6,7,18.
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ron 70 % sera répartie ailleurs dans l’organisme.
On retrouve de faibles pourcentages de la dose
administrée dans les glandes salivaires, la
muqueuse gastrique, le plexus choroïde et le lait
maternel. L’élimination de l’iode-131, majoritairement rénale, est mesurée par la demi-vie effective. Cette dernière représente le temps requis
pour qu’un radionucléide introduit dans le corps
humain soit réduit de moitié, résultante de l’action combinée de la décroissance radioactive
(demi-vie physique) et de l’élimination biologique (demi-vie biologique). La fraction fixée
dans la thyroïde a une période effective d’environ sept jours. La fraction répartie ailleurs dans
l’organisme a une demi-vie effective d’environ
six heures. Une faible proportion de l’iode-131
est éliminée dans les selles, la salive, la sueur et
l’air exhalé1,11,16,17. Afin de comprendre l’action de
l’iode-131, les deux principales pathologies où
l’iode-131 a une importance catégorique seront
revues, soit l’hyperthyroïdie et les cancers différenciés de la thyroïde.
Pathophysiologie de la glande thyroïde
La thyroïde est une glande située dans la partie
inférieure du cou, devant le larynx et juste sous la
I
II
Caractéristiques de l’iode5,9-14
Découvert en 1811 à partir des cendres d’algues marines
Solide cristallin, couleur violette-noire, aspect légèrement métallique,
composé de molécules homonucléaires I2
Vient du terme grec « iodes », qui signifie « violet »
Masse volumique : 4,9 g/cm3
Température de sublimation : 184 0C en un gaz très irritant, le di-iode I2
Température de fusion : 114 0C
Peu soluble dans H2O
Soluble dans les solutions aqueuses à pH basique
Se dissout facilement dans les alcools, le chloroforme et les solvants organiques
Utilisations : lampes halogènes, purification de l’eau potable
Utilisations médicales :
■ Agent de contraste IV en imagerie médicale : forte opacité aux rayons X
■ Teinture d’iode (diiode dissout dans l’alcool) : solution antiseptique pour la peau
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Isotopes
Demi-vie (T1/2)
Rayons
Utilisation
I-123
13, 2 heures
γ
I-125
59,4 jours
γ, X
I-131
8,02 jours
γ, X, β-
- Exploration morphologique
et fonctionnelle de la thyroïde
- Curiethérapie de la prostate : implantation
chirurgicale de composants radioactifs
dans la prostate pour détruire la tumeur
et ses prolongements
- Exploration morphologique et
fonctionnelle de la thyroïde
- Thérapie thyroïdienne
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Hyperthyroïdie et goitre
Pathophysiologie
L’hyperthyroïdie est l’hyperfonctionnement de
la glande thyroïde qui provoque une « thyrotoxicose », état clinique caractérisé par une surproduction d’hormones thyroïdiennes. Dans ce cas,
la sécrétion de TSH diminue en raison du rétrocontrôle négatif. L’hyperthyroïdie subclinique se
caractérise par une TSH supprimée mais par des
taux de T4 et de T3 libres normaux et par l’absence de symptômes cliniques apparents6,7,18,19.
Chez les trois quarts des patients, l’hyperthyroïdie découle de la présence d’un anticorps
dans le sang : on parle alors de la maladie de
Basedow ou de Graves. L’anticorps stimule la
thyroïde, ce qui provoque une sécrétion excessive d’hormones et peut entraîner une augmentation du volume de la glande engendrant alors
un goitre6,7,18,20.
D’autres maladies ou causes peuvent provoquer un goitre (cancer de la thyroïde, thyroïdite
de Hashimoto, etc.). Toutefois, la cause de plusieurs des goitres reste inconnue. Par ailleurs,
une carence en iode peut provoquer son apparition. En effet, en présence d’une carence en iode,
la production d’hormones thyroïdiennes est
réduite. Par conséquent, le corps compense en
haussant la sécrétion de TSH dans le but de produire une quantité suffisante de T4 et T3, ce qui
se traduit par une hypertrophie de la glande. En
Amérique du Nord, le problème de carence en
iode a été réglé par l’iodation du sel de table. Par
contre, dans les pays en développement, le pro-
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Signes et symptômes de
l’hyperthyroïdie6,18,20,21
Perte de poids
Transpiration
Irritabilité
Insomnie
Rythme cardiaque accéléré
Palpitations
Essoufflements
Tremblements
Faiblesse musculaire
Douleur musculaire et articulaire
Augmentation de la fréquence
d’élimination des selles
Menstruations irrégulières et/ou
peu abondantes
Démangeaisons sur tout le corps
Ongles cassants
Perte de cheveux
Problèmes ophtalmiques : pour la maladie
de Graves seulement
Exophtalmie
Larmoiement excessif s’aggravant avec
le vent ou une lumière intense
Sensation de sable dans les yeux
Vision dédoublée, floue
blème demeure. Durant les premiers stades, la
glande hypertrophiée continue à produire des
quantités normales d’hormones. Le patient est
donc euthyroïdien. On fait alors référence à un
« goitre diffus simple » (non toxique et sans baisse
de la TSH). Quelquefois, le volume de la thyroïde
continue à augmenter; elle peut atteindre un
volume critique et présenter des nodules : c’est ce
qu’on appelle un « goitre multinodulaire simple ».
Souvent, contrairement à la thyroïde, ces nodules
produisent des hormones thyroïdiennes en excès
de façon autonome, indépendamment du
contrôle de la TSH. On parle alors d’un « goitre
multinodulaire toxique »6,7,18.
épidémiologie et étiologie
La maladie de Basedow ou de Graves peut survenir à tout âge, mais elle touche surtout les
femmes âgées de 40 à 50 ans. On ignore encore la
cause de la production d’anticorps dans cette
maladie, mais cette dernière étant héréditaire,
les gènes jouent certainement un rôle. Il est possible qu’un facteur environnemental (stress
important, tabagisme, post-partum, apport
d’iode, prise de certains médicaments comme
l’amiodarone) la déclenche chez les personnes à
risque sur le plan génétique6,7,20,21.
Quant au goitre, il est plus fréquent chez les
femmes et les personnes âgées6,7,18.
symptômes
L’hyperthyroïdie subclinique est plus discrète
et moins évidente cliniquement. Par contre, ses
conséquences peuvent être inquiétantes,
comme une densité osseuse diminuée et de la
fibrillation auriculaire . Chez la personne âgée,
on remarque plus particulièrement une perte
de poids et d’appétit, une faiblesse musculaire
et de l’apathie. De plus, dans cette population,
même si la hausse des taux d’hormones thyroïdiennes est négligeable, l’hyperthyroïdie est
problématique avec ses complications cardiaques 6,18,19,21,22 . Le tableau II présente les
signes et symptômes de l’hyperthyroïdie.
Les symptômes d’un goitre peuvent varier en
intensité d’une personne à l’autre. On observe
d’abord une enflure uniforme et symétrique du
cou non douloureuse au toucher. Aucune difficulté à avaler n’est ressentie, mais une sensation
de serrement dans le cou peut être présente.
Lorsque le volume du goitre augmente, la déglutition devient plus difficile et la respiration
devient ardue si la trachée est compressée6,7,18.
Diagnostic et objectifs de traitement
La plupart des patients éprouvent des symptômes depuis au moins six mois avant de consulter. Le médecin devra évaluer les antécédents
familiaux, procéder à un examen physique pour
détecter la présence d’un goitre, effectuer des
tests de laboratoire afin de déceler la présence
d’anticorps et mesurer la TSH. Si cette dernière
est anormale, un dosage de la T4 libre est indiqué.
Dans le cas où la T4 libre demeure normale, il faut
racile : d’un point de vue clinique, il permet
d’obtenir plus rapidement un état euthyroïdien
que le propylthiouracile, il présente moins de
toxicité hépatique et affecte moins la réussite
d’un traitement ultérieur à l’iode-131. Puisque
ces médicaments n’agissent pas sur la sécrétion
d’hormones thyroïdiennes mais sur leur biosynthèse, leur début d’activité est lent, soit de
quatre à huit semaines7,24,25.
doser la T3. Pour évaluer l’état de la thyroïde, une
scintigraphie à l’aide de l’iode radioactif pourra
être effectuée6,18,19.
Pour l’hyperthyroïdie subclinique, il est généralement recommandé de traiter les patients qui
ont une TSH inférieure à 0,1 mUI/L. De plus,
ceux qui ont une TSH partiellement supprimée
(de 0,01 mUI/L à 0,5 mUI/L) et dont la densité
minérale osseuse est basse ou qui sont atteints
d’une maladie cardiovasculaire sont aussi des
candidats au traitement21.
Aux premiers stades du goitre et lorsque le
patient est euthyroïdien, le médecin ne recommandera probablement que la surveillance, car
souvent le goitre devient moins évident et disparaît en deux ou trois ans. Un dosage annuel ou
tous les deux ans du taux d’hormones thyroïdiennes sera réalisé, car une hyperthyroïdie
pourrait se développer. Si le goitre simple ou
multinodulaire devient toxique, une surproduction d’hormones thyroïdiennes survient6,18,23.
Dans tous les cas d’hyperthyroïdie, il est primordial de viser une normalisation du taux
d’hormones et même d’envisager une ablation
de la glande thyroïde suivi d’une supplémentaire
en T4. De cette manière, le taux d’hormones sera
normalisé et les complications pourront être
prévenues7,18.
Indications, posologies et efficacité
Pour le méthimazole, chez un adulte, la posologie initiale varie entre 15 et 60 mg/jour selon la
gravité. Après quelques mois, la dose sera graduellement diminuée jusqu’à environ 5 à 30 mg/
jour7,19,26.
Pour le propylthiouracile, la dose est initialement de 300 à 600 mg/jour. Après quelques
mois, la dose sera réduite jusqu’à environ 50 à
300 mg/jour7,19,27.
Généralement, le traitement doit se prolonger
durant 6 à 18 mois. Après cette période, certains
patients seront rétablis6,21,28.
La thérapie par les antithyroïdiens est utilisée
en particulier chez les jeunes patients qui ont
une forme légère de la maladie ou chez les personnes présentant leur premier épisode. Malheureusement, même avec la prise d’antithyroïdiens, le taux de récidive est de 50 % à 70 %6,19,21,24.
Traitement pharmacologique
Le traitement de l’hyperthyroïdie se divise en
deux parties : le traitement des symptômes pour
soulager le patient et le traitement de la cause par
antithyroïdiens, chirurgie ou iode-131. Pour le
goitre, le traitement dépendra de la cause et du
degré d’hypertrophie6,7,19-21,23.
Effets indésirables et gestion
La plupart des effets indésirables ressentis sont
des nausées, de l’intolérance digestive, un goût
amer, des étourdissements, des céphalées, de la
somnolence et de l’arthralgie. Afin de faciliter la
tolérance gastrique, la prise de ces médicaments
peut être fractionnée en plusieurs prises par jour,
en début de traitement. En cas d’éruption cutanée, un antihistaminique peut être administré et
la résolution est possible6,7,25,29,30.
Les effets indésirables plus graves, comme
l’agranulocytose, sont rares. L’agranulocytose
peut survenir avec les deux antithyroïdiens; l’affection est caractérisée par un décompte de neutrophiles inférieur à 500/mm 3 ou par un
décompte inférieur à 0,5 × 109 leucocytes/mm3.
Elle provoque de fortes douleurs à la gorge avec
des aphtes buccaux, une forte fièvre et un malaise
généralisé. De plus, une septicémie doit être
soupçonnée en cas de montée de fièvre rapide,
de frissons et en présence de faiblesse et d’extrême fatigue. L’agranulocytose survient habituellement lors des trois premiers mois de traitement, de façon subite et imprévisible. Le risque
d’agranulocytose serait plus élevé chez les
patients de plus de 40 ans et ceux qui prennent
des doses de méthimazole supérieures à 40 mg/
jour. Il faut dire aux patients de signaler tout
symptôme inhabituel, car l’agranulocytose
constitue une urgence médicale. Cet effet est
réversible à l’arrêt des thionamides et ces derniers ne devront pas être represcrits6,7,25,29,30.
Quelques cas d’hépatite fulminante et de
nécrose hépatocellulaire ont été rapportés avec le
traitement symptomatique
Afin de soulager les symptômes adrénergiques
(p. ex., les tremblements) et de diminuer le
rythme cardiaque, des bêtabloquants sont utilisés. Le propranolol est particulièrement utile,
car il diminue la conversion de T4 en T3. Si les
bêtabloquants sont contre-indiqués, des bloquants calciques non dihydropyridiques,
comme le diltiazem ou le vérapamil, sont indiqués. Des larmes artificielles sont bénéfiques
pour la sécheresse des yeux et le larmoiement.
Bien que ces traitements soulagent le patient, la
cause sous-jacente doit être traitée par des médicaments spécifiques6,7,19,21.
antithyroïdiens ou thionamides
Pharmacologie
Le méthimazole (TapazoleMD) et le propylthiouracile (Propyl-thyracileMD, ou PTU) bloquent la
biosynthèse des hormones thyroïdiennes. Ils
inhibent de façon compétitive l’activité de la
thyroïde peroxydase responsable de l’organification de l’iode. De plus, le propylthiouracile
agit au niveau périphérique en bloquant la
conversion de T4 en T3 par l’inhibition de l’enzyme 5-mono-déiodinase. Le méthimazole est
environ 10 fois plus puissant que le propylthiouwww.Professionsante.ca
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tum, il y a risque d’exacerbation de l’hyperthyroïdie chez la mère et il est recommandé de
mesurer les concentrations sériques d’hormones
thyroïdiennes entre la sixième et la huitième
semaine, et trois mois après l’accouchement. Le
propylthiouracile et le méthimazole sont compatibles avec l’allaitement, car ces deux agents
sont sécrétés en faible quantité dans le lait maternel. Par prudence, il est suggéré d’allaiter le bébé
avant de prendre le médicament et de suivre sa
fonction thyroïdienne7,20,24,34,35.
Il est à noter que l’ablation radioactive est
proscrite chez la femme enceinte et que la
chirurgie est réservée aux rares cas d’effets
indésirables graves ou dans le cas d’échec aux
antithyroïdiens7,34,35.
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propylthiouracile à doses élevées. Ces réactions
surviennent habituellement au cours des deux
premiers mois de traitement et l’administration
du médicament doit être cessée et ne plus être
reprise par la suite6,7,29.
Quant au méthimazole, quelques rares cas
d’ictère cholestatique ont été observés. Les
patients doivent être au courant des symptômes de dysfonctionnement hépatique, tels
que prurit, anorexie et douleur au niveau du
quadrant supérieur droit, afin de les rapporter.
L’administration du méthimazole devra également être cessée6,7,30.
chirurgie
Pour les goitres plus sévères, comme ceux causés
par un cancer, s’il y a échec aux autres thérapies,
dont l’iode radioactif, ou s’il y a recrudescence de
l’hyperthyroïdie, la chirurgie s’avère une solution possible. Cette opération consiste à exciser
la majeure partie de la thyroïde6,7,24.
Avant la chirurgie, le patient hyperthyroïdien
devra prendre un antithyroïdien pendant environ six à huit semaines afin d’atteindre un état
euthyroïdien, ce qui préviendra le risque de
complications cardiaques ou une thyrotoxicose.
Aussi, afin de diminuer la vascularité de la
glande, le patient devra prendre de l’iode non
radioactif pendant environ 10 à 14 jours avant
l’intervention et des bêtabloquants, s’il présente
des symptômes.Après la chirurgie, la plupart des
patients devront prendre une hormone thyroïdienne, la lévothyroxine (SynthroidMD) ou la liothyronine (CytomelMD), car les tissus restants de
la thyroïde ne suffiront peut-être pas à produire
la quantité nécessaire d’hormones6,7.
Cette chirurgie est majeure et les lésions aux
parathyroïdes, glandes situées sur la surface
postérieure de la thyroïde, sont possibles,
entraînant une hypoparathyroïdie caractérisée
par un faible taux de calcium sanguin. Un supplément de vitamine D peut alors être administré à long terme6,7.
Suivi, précautions et populations spéciales
Un suivi de la TSH, T3 et T4 libre est recommandé environ quatre à six semaines après le
début du traitement et toutes les quatre à six
semaines par la suite, jusqu’à stabilisation de la
maladie. L’état euthyroïdien sera atteint après
environ six à huit semaines. Le suivi de la fonction thyroïdienne devra alors être fait à deux ou
trois mois d’intervalle au cours des six mois suivants et, enfin, tous les quatre à six mois pendant
le reste du traitement. Les symptômes devraient
commencer à s’améliorer trois à huit semaines
après l’instauration du traitement. Le patient
devrait se sentir mieux dans environ 10 à 14
semaines. Notons qu’une fois l’état euthyroïdien
atteint, une période excédentaire de six mois à
l’état euthyroïdien permettrait de prolonger la
période de rémission. Lors du passage de l’état
hyperthyroïdien à euthyroïdien, il peut être
nécessaire de modifier la posologie de certains
médicaments : bêtabloquants, warfarine,
digoxine et théophylline7,20,21,28-32.
Chez la population âgée, les antithyroïdiens ne
sont pas à privilégier en raison de leurs effets
indésirables et du taux de rechutes élevé. Si un
antithyroïdien doit être utilisé, le méthimazole
serait choisi de préférence au propylthiouracile
en raison de son effet d’inhibition prolongé22,33.
Chez les femmes enceintes, les antithyroïdiens
sont le traitement de premier choix et seule la
maladie de Graves justifie leur utilisation.
Durant le premier trimestre, il est recommandé
d’administrer le propylthiouracile, car le méthimazole a été associé à certaines malformations
congénitales. Après le premier trimestre, les
auteurs conseillent de prendre le méthimazole
afin d’éviter l’hépatotoxicité associée au propylthiouracile. Les antithyroïdiens passent dans le
placenta et peuvent affecter la fonction thyroïdienne du fœtus. Il est donc important de mesurer la fonction thyroïdienne de la femme
enceinte toutes les deux à quatre semaines
durant la grossesse. Durant la période post-par18
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thérapie par l’iode-131
Outre la chirurgie, l’iode-131 peut être utilisé en
particulier pour les goitres toxiques, et c’est souvent le traitement de premier choix pour ces derniers. Des précautions sont aussi à prendre avant
l’administration orale de doses d’iode-131. En
effet, pendant environ six à huit semaines avant
un traitement par l’iode-131, il faudra administrer des antithyroïdiens afin d’atteindre un état
« euthyroïdien ». Cela permettra d’éviter une
crise thyréotoxique suivant le traitement par
l’iode-131, car ce dernier engendrera une libération d’hormones thyroïdiennes. Trois à sept
jours avant d’administrer l’iode-131, le patient
devra cesser ses antithyroïdiens7,16,20,21,23,24,37.
L’efficacité de l’iode-131 sera obtenue six à huit
semaines après son administration. Dans la
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mesure où l’effet de l’iode radioactif met un certain temps à se manifester et où l’hyperthyroïdie est sérieuse, l’antithyroïdien peut être repris
environ sept jours après le traitement par
l’iode-131 afin de pallier ce délai d’action, ce qui
soulagera les symptômes 6,7,16. À la suite d’un
traitement par l’iode-131, un suivi est effectué
afin de détecter la manifestation d’une hypothyroïdie. C’est une complication très courante
du traitement par l’iode-131 qui peut se manifester à court ou à moyen terme. En effet, selon
les données rapportées dans la littérature médicale, environ 25 % à 50 % des patients deviennent
hypothyroïdiens dans la première année après
le traitement, alors que les autres deviennent
hypothyroïdiens à un rythme de 2 % à 4 % par
année6,7,16.
Cancer de la thyroïde (papillaire
et folliculaire)
Pathophysiologie
Il existe trois grands types de cancer de la thyroïde : médullaire, anaplasique ou indifférencié
et bien différencié. Ce dernier type regroupe le
cancer papillaire et le cancer folliculaire, dit aussi
« vésiculaire »38-40. L’iode-131 a un intérêt particulier pour les cancers différenciés, car leurs cellules peuvent être détruites grâce à leur captation
de l’iode radioactif38.
Les termes utilisés pour nommer les types de
cancer décrivent entre autres l’apparence de la
tumeur au microscope. Dans le carcinome
papillaire, la tumeur contient des papilles ou des
frondes semblables à des feuilles de fougère. L’apparence du carcinome folliculaire est clairement
anormale. Cependant, certaines structures ressemblent encore aux follicules normaux de la
thyroïde6,40.
La thyroglobuline est une protéine produite
exclusivement par la thyroïde ou par un cancer
thyroïdien différencié. À la suite du traitement
radioactif ou de la chirurgie, il reste peu ou pas
de tissu. Par conséquent, les niveaux de thyroglobuline sont bas. S’il y a augmentation de
celle-ci dans le sang, cela indique une récidive
du cancer6,18,40.
épidémiologie et étiologie
Les tumeurs malignes de la thyroïde sont rares.
Parmi les différents cancers de la thyroïde, ceux
qui sont bien différenciés sont les plus fréquents.
Le carcinome papillaire touche habituellement
les enfants et les jeunes femmes. Le cancer folliculaire, quant à lui, est inhabituel avant l’âge de
30 ans. L’irradiation de la thyroïde dès le plus
jeune âge est le facteur de risque le plus souvent
impliqué dans le cancer de la thyroïde6,39,40.
Diagnostic et objectifs de traitement
Le cancer de la thyroïde est souvent soupçonné
lors de la palpation d’une masse ou d’un nodule
au niveau du cou. Afin de confirmer le diagnostic de cancer papillaire, la cytoponction est l’examen le plus fiable. Cependant, pour confirmer
un cancer folliculaire, la chirurgie est nécessaire,
car les critères de malignité de ce cancer
dépendent de l’envahissement vasculaire ou
capsulaire observé à l’examen histologique38,39.
La cytoponction, utile pour l’évaluation de la
nature du nodule, peut se faire à l’aide de l’échographie lorsque la lésion est profonde ou possiblement kystique38-40.
L’aspect fonctionnel du nodule est évalué par
la scintigraphie thyroïdienne à l’aide de l’iode
radioactif. De plus, la TSH et la thyroglobuline
devraient être analysées 6,38,39. Par ailleurs, il
arrive que ce type de cancer soit découvert de
façon fortuite, lors d’une échographie ou d’une
tomodensitométrie effectuée pour toute autre
cause38.
Lors du traitement, on vise à éliminer les cellules cancéreuses, à réduire les risques de récidives et à diminuer les taux sériques de TSH6. conséquences et pronostic
Les conséquences d’une tumeur thyroïdienne
dépendent de sa taille et de sa propagation au
moment du diagnostic. Habituellement, « une
personne atteinte d’un petit carcinome papillaire, qui est traitée adéquatement, aura probablement une espérance de vie normale, même
si le cancer s’est propagé aux ganglions lymphatiques du cou. De plus, même un patient atteint
d’un carcinome folliculaire qui s’est propagé
aux os et aux poumons peut survivre pendant
de nombreuses années avec une bonne qualité
de vie »6.
traitement
Lorsqu’un cancer bien différencié est diagnostiqué, il faut procéder à une thyroïdectomie totale
ou partielle. Aucun traitement particulier n’est
requis avant l’intervention. Généralement, trois
à six semaines après la chirurgie, un traitement
par l’iode-131 peut être administré pour détruire
le tissu thyroïdien résiduel et ainsi éviter les
risques de récidives6,18,37,38,40.
Afin que l’iode radioactif soit bien absorbé par
les cellules cancéreuses résiduelles, il faut que la
TSH soit élevée. Pour augmenter les niveaux de
TSH, il faut soit provoquer l’hypothyroïdie, soit
injecter de la thyrotropine alfa (ThyrogenMD),
forme recombinante de la TSH humaine6,38,40.
Pour provoquer l’hypothyroïdie, le patient
doit cesser ses médicaments de remplacement
s’il en a déjà reçu après sa chirurgie. La lévothyroxine devra être cessée durant quatre à six
semaines avant le traitement par l’iode-131.
Quant à la liothyronine, il faudra la cesser seulement deux semaines avant, car sa demi-vie est
plus courte. Cette technique occasionnera par
contre des symptômes d’hypothyroïdie, comme
de la fatigue et de l’irritabilité. Le patient peut
reprendre ses hormones 48 heures après le traitement par l’iode-1316,38,40.
Une autre option est d’injecter de la TSH
recombinante humaine de façon intramusculaire une fois par jour durant les deux jours pré-
cédant le traitement par l’iode-131. Avec cette
méthode, le patient n’aura pas besoin de cesser
de prendre ses médicaments de remplacement et
évitera ainsi de ressentir des symptômes d’hypothyroïdie6,37,38,40.
chaque année durant trois à cinq ans en fonction de l’état du patient6,18,38,39.
On estime que la croissance des carcinomes
papillaires et folliculaires peut s’accélérer avec la
TSH. Il faut une dose suffisante d’hormones
thyroïdiennes pour que le taux sanguin de TSH
soit indécelable et empêcher ainsi la stimulation
du tissu potentiellement néoplasique. Les
patients souffrant d’un cancer de la thyroïde ont
besoin d’une dose de thyroxine légèrement plus
élevée que ceux souffrant d’hypothyroïdie. En
général, une dose de 150 à 200 mcg/jour suffit à
interrompre la sécrétion de TSH. Le traitement
par l’iode-131 peut être répété s’il y a persistance
de tissu cancéreux avec une thyroglobuline augmentée6,38-40.
suivi et précautions
Après la chirurgie, les patients reviennent généralement quelques jours plus tard chez eux.
Cette chirurgie est majeure et les lésions aux
parathyroïdes sont possibles, tout comme dans
le cas de la chirurgie en hyperthyroïdie. Bien
que le pronostic soit favorable une fois les tissus
cancéreux enlevés, il est primordial d’assurer le
suivi6,38,40.
Dans les 7 à 10 jours suivant le traitement par
l’iode-131, une scintigraphie pancorporelle est
effectuée afin de vérifier les sites captants et
d’évaluer s’il y a des foyers à distance (métastases), lesquels nécessiteront un second traitement38,39.
Six à 12 mois suivant l’intervention chirurgicale et le traitement par l’iode-131, la thyroglobuline sera mesurée afin de savoir s’il y a récidive du cancer. Les niveaux de TSH, de T3 et T4
seront aussi mesurés. On réalisera une scintigraphie pancorporelle et une échographie de la
thyroïde afin de repérer toute apparition ganglionnaire d’allure douteuse, ainsi qu’une cytoponction si nécessaire. Ces tests seront répétés
I
Iode-131
Pharmacologie
Tout tissu thyroïdien bénin ou néoplasique qui
peut produire l’hormone thyroïdienne va capter l’iode stable ou ses isotopes radioactifs. Ce
procédé se nomme « trapping »1.
L’iode-131 radioactif, qui émet des rayons γ et
des particules β-, se concentre et s’accumule
dans la glande thyroïde. Les radiations β- de
haute énergie permettent la destruction partielle ou totale du tissu hyperfonctionnel au
bout de quelques semaines ou mois en cas
d’hyperthyroïdie et viennent compléter l’abla-
Régulation de la production des hormones thyroïdiennes
Hypothalamus
–
+
+
–
Anterior
pituitary gland
Thyroid
gland
Circulatory
system
Liver
Conjugated T4 and T3
Intestine
+
–
Stimulatory pathway
Inhibitory pathway
Légende : Hypothalamus = hypothalamus; anterior pituitary gland = adénohypophyse; thyroid gland = glande thyroïde;
circulatory system = appareil circulatoire; liver = foie; intestine = intestin; conjugated T4 and T3 = T4 et T3 conjugués;
stimulatory pathway = voie stimulatoire; inhibitory pathway = voie inhibitoire.
Image reproduite dans sa version intégrale avec la permission de Ross DS. Thyroid hormone synthesis and physiology.
In: UpToDate, Basow DS (Ed), UpToDate, Waltham, MA 2013. Copyright © 2013 UpToDate, Inc. Pour plus d’informations,
visiter www.uptodate.com
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rôle de l’iode-131 pour le diagnostic
ou le suivi
Le métabolisme de l’iode fournit de l’information capitale sur le fonctionnement de la thyroïde. Ainsi, les produits radiopharmaceutiques
sont utilisés pour effectuer des examens diagnostiques en médecine nucléaire, soit le test de
captation et la scintigraphie de la thyroïde.
L’iode-123 et l’iode-131 sont des radionucléides
utilisés pour ces tests1.
Le test de captation détermine la quantité
d’iode radioactif que la glande va capter, révélant
ainsi son statut fonctionnel et sa façon d’utiliser
l’iode stable. Plus le pourcentage de captation est
élevé, plus la glande est hyperactive. Si la captation est inférieure à 7 %, le patient est hypothyroïdien; de 7 % à 30 %, il est euthyroïdien, et
hyperthyroïdien si la captation est supérieure à
30 %. Ce test, facilement réalisable, consiste à
administrer une dose de l’ordre du kilobecquerel
(kBq) d’iode-123 ou d’iode-131. Une période de
les pages
bleues
tion chirurgicale de la glande dans le cas de
cancer1,18.
L’iode-131 est l’isotope le plus utile pour éliminer le tissu thyroïdien en raison de ses propriétés d’émission de rayonnement β-. En effet,
l’irradiation β-, ayant un faible parcours, est
limitée à la zone à traiter, ce qui est avantageux1,9. Environ une à deux semaines après son
administration, il se produit une libération
d’hormones thyroïdiennes à la suite de la destruction du tissu. Ce phénomène, nommé
« thyroïdite radique », peut aggraver l’hyperthyroïdie de façon transitoire22.
24 heures doit s’écouler avant que l’on puisse
faire la lecture de la captation1.
La scintigraphie est une technique utilisant
une gamma-caméra qui produit une image
fournissant le maximum de détails morphologiques et indiquant si les nodules présents dans
le goitre sont susceptibles de produire des hormones thyroïdiennes. L’iode-123 est l’agent de
choix pour la mise en image, car ses caractéristiques sont plus favorables pour ce type de test1.
Généralement, pour un adulte de poids moyen
(70 kg), des doses de 0,185 à 3,70 mégabecquerels
(MBq) (5 - 100 microcuries [mcCi]) d’iode-131
sont administrées pour le test de captation et la
scintigraphie. Pour la localisation des métastases, des doses plus élevées sont administrées,
soit de 37 à 370 MBq (1 - 10 millicuries [mCi])17.
indications, posologies et efficacité
En Amérique du Nord, le traitement par l’iode
radioactif est très populaire et permet une réso-
III Thérapie par l’iode-131 – Précautions6,37,38,42-45
Hospitalisation
Retour à la maison ou consultation externe
Seul à la maison ou avec personnes averties et consentantes
Pour les 24-48 pRemièRes HeuRes :
idéalement duRant 2 jouRs :
■
■
Salle de bain privée
Bonne hygiène (se laver les mains)
Hommes : doivent uriner assis afin d’éviter les éclaboussures
■
Faire chambre à part/Dormir seul dans un lit à une distance d’au moins 2 mètres
de toute autre personne/S’abstenir de relations sexuelles durant 5 jours
Éviter les endroits publics
Activités restreintes
S’absenter de son travail
Usage exclusif de la salle de bain si possible
Bonne hygiène (se laver les mains)
Hommes : doivent uriner assis afin d’éviter les éclaboussures
■
Plateaux, verres, couverts jetables
■
Couverts exclusifs au patient; les laver séparément des autres
■
Literie, jaquette entreposée pour décroissance de la radioactivité
Tous déchets jetés dans contenant spécialement identifié
pour déchets radioactifs
■
Vêtements et draps lavés séparément des autres
Brosse à dents, serviettes différentes de celles utilisées par les autres membres
de la famille
Boire beaucoup de liquides et vider souvent la vessie
Tirer la chasse d’eau 3 à 4 fois afin d’éliminer la radioactivité
■
■
■
Chambre privée identifiée avec avertissement de radioactivité
Pellicule de plastique sur murs, plancher, matelas, oreillers,
téléphone, car de l’iode-131 est excrété dans la transpiration
■
■
■
■
■
■
■
■
■
20
■
■
■
Boire beaucoup de liquides et vider souvent la vessie
Tirer la chasse d’eau 3 à 4 fois afin d’éliminer la radioactivité
Personnel infirmier et visiteuRs :
■ Rester à une distance d’au moins 1 mètre du patient
■ Le patient ne doit pas se déplacer pendant la visite
■ Entretien ménager non permis
membRes de la famille et visiteuRs :
■ Limiter les contacts le plus possible (maximiser la distance
et minimiser le temps)
femme enceinte, Personne de moins de 18 ans :
■ Interdiction d’entrer dans la chambre
■ Interdiction de tout contact avec le patient
femme enceinte, Personne de moins de 18 ans :
■ S’absenter du domicile
■ Limiter les contacts le plus possible (maximiser la distance
et minimiser le temps)
* Tous les jours : évaluation du taux de radiation émis par le patient.
Lorsque la mesure ≤ 1110 MBq : le patient reçoit son congé;
chambre à nettoyer, tous articles et déchets entreposés pour
décroissance. Se reporter à Retour à la maison.
* Après 5 jours : literie, vêtements à laver séparément et salle de bain à nettoyer.
Retour aux activités normales.
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lution à long terme de la maladie avec un bon
taux de réussite19,21. La solution et les capsules
diagnostiques d’iodure de sodium per os sont
indiquées pour l’évaluation de la fonction thyroïdienne17. Elles sont aussi utiles pour traiter
l’hyperthyroïdie dans le cas de la maladie de
Graves, de goitre toxique, de récurrence à la suite
de la prise des antithyroïdiens ou de la chirurgie,
ou si le patient ne désire pas ou n’est pas apte à
subir une chirurgie. De plus, l’iode-131 est utile
pour le traitement de certains types de carcinome thyroïdien avec métastases fonctionnelles
après chirurgie1,6,16.
L’iode-131 provoque la mort des cellules dans
lesquelles il pénètre, mais peut aussi entraîner
des mutations génétiques dans les cellules voisines. Une cellule irradiée qui survit peut muter
en cancer. Il faut donc s’assurer d’administrer
une dose assez élevée afin d’obtenir un effet létal
sur la cellule41. Généralement, pour traiter l’hyperthyroïdie chez un adulte de poids moyen
(70 kg), il faut prévoir une dose de 148 à 370 MBq
(4 à 10 mCi). Si l’intervention nécessite une dose
de plus de 1110 MBq (30 mCi), l’hospitalisation
peut être requise pendant 24 à 48 heures7,16,18.
L’iode-131 est le traitement de choix pour les
patients âgés, car il est efficace et bien toléré,
comparativement aux antithyroïdiens22,33.
Il est à noter que chez les patients qui refusent le
traitement par l’iode-131, la durée de traitement
par les antithyroïdiens peut être prolongée pendant plusieurs années. Par contre, les antithyroï-
diens sont associés à un haut taux de récidives et
exigent une surveillance des effets indésirables.
Quant au coût et à l’observance, ils causent souvent problème. De plus, si le traitement par les
antithyroïdiens échoue, l’efficacité du traitement
consécutif par l’iode-131 peut diminuer19.
Dans le cas des cancers thyroïdiens, il est souvent impossible d’enlever entièrement la thyroïde par la chirurgie. S’il reste des cellules cancéreuses, l’iode-131 est alors administré afin de
tuer les cellules résiduelles. Une dose encore plus
élevée est nécessaire pour traiter les cancers : de
3,7 à 5,55 gigabecquerels (GBq) (100 à 150 mCi)
pour l’ablation du tissu thyroïdien néoplasique
et de 3,7 à 7,4 GBq (100 à 200 mCi) pour les traitements subséquents si requis (tissu résiduel et/
ou métastases)16.
après le traitement. Un radiopharmacien bien
renseigné sur l’iode-131 et son utilisation pourra
mieux conseiller le patient. C’est à l’hôpital que
l’iode-131 est administré sous forme de solution
ou de capsule 6,16. Une thérapie à dose élevée
(> 1110 MBq), bénéfique pour le patient, peut
être nocive pour le personnel médical, le public
et les membres de la famille en contact direct
avec lui. Généralement, il est hospitalisé et en
isolation dans une chambre blindée, avec des
règles strictes à suivre. Certaines de ces règles
sont aussi applicables au patient qui reçoit une
thérapie en consultation externe utilisant des
doses inférieures à 1110 MBq (tableau
III )6,37,38,42-45.
mise en garde et contre-indications
En cas de vomissements, de diarrhée et d’insuffisance rénale modérée ou grave, le traitement
par l’iode radioactif est contre-indiqué. Il est
aussi contre-indiqué chez les personnes âgées
présentant une cardiopathie thyréotoxique16.
En aucun cas, on ne doit administrer de l’iode
radioactif aux femmes enceintes, car il y aura des
dommages au fœtus. Même si aucune étude n’a
été menée dans cette population, l’iode est
reconnu être transféré au fœtus et s’accumuler
dans sa thyroïde. L’iode radioactif est aussi
contre-indiqué durant l’allaitement, car il est
excrété dans le lait maternel. Si un traitement
doit être administré chez la femme qui allaite,
l’allaitement devrait être cessé au moins six
effets indésirables
L’iode-131 diagnostique occasionne peu d’effets
indésirables. En thérapie, quand la dose administrée est importante, certains effets sont rapportés dans la littérature médicale : nausées,
vomissements, céphalées, sensibilité au niveau
de la glande thyroïde et dysphagie. Une hyperthyroïdie transitoire peut se produire. Quant à
elle, une hypothyroïdie subséquente est très fréquente16,17,21,37.
Précautions spéciales
Le traitement par l’iode-131 est jugé sécuritaire,
mais il faut prendre des précautions pendant et
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interactions
Les aliments goitrigènes tels que ceux de la
famille des choux, les arachides, les graines de
soya, le millet, la patate douce, le radis, le raifort
et le rutabaga; les produits de contraste iodé et les
médicaments contenant de l’iode, dont l’amiodarone, et certaines vitamines prénatales sont à
éviter, car ils pourraient provoquer une diminution de la captation d’iode radioactif 6,16,17.
les pages
bleues
semaines avant l’administration de l’iode
radioactif et ne devrait pas être repris par la suite.
On ignore si ce radiopharmaceutique peut altérer la capacité de reproduction autant chez les
femmes que chez les hommes. Il faut éviter une
grossesse de 6 à 12 mois après la prise d’iode
radioactif. L’utilisation d’une méthode de
contraception appropriée est recommandée6,7,16,17,20,34,37,43,45.
En pédiatrie, il faut évaluer rigoureusement
les risques et les bienfaits éventuels avant d’administrer ce traitement. En effet, la radiotoxicité varie beaucoup avec l’âge de la personne
exposée. Les nourrissons, les très jeunes
enfants et les adolescents sont beaucoup plus
sensibles à la radiation que les adultes, car l’iode
se fixe sur la thyroïde, qui joue un rôle crucial
dans la croissance9,16,17.
allergie
Certains patients rapportent être allergiques à
l’iode. Il existe trois entités cliniques qu’on
semble retrouver sous l’expression « allergie à
l’iode » : la réaction aux produits de contraste
radiologiques, les réactions aux fruits de mer et
l’allergie de contact aux désinfectants à base
d’iode. Pourtant, l’être humain consomme sans
problème de l’iode dans son alimentation. Ainsi,
le patient qui présente une de ces trois entités cliniques n’est pas allergique à l’iode mais à un
autre élément : la protéine du mollusque, ou la
molécule de povidone iodée, cette dernière étant
le véhicule de l’iode. De plus, l’allergie n’est pas
causée par l’iode lui-même, mais par l’effet direct
FC
de la molécule du produit de contraste sur les
mastocytes et l’osmolarité mise en cause. Ces
trois types de réaction constituent des problèmes différents, pas nécessairement interreliés. L’expression « allergie à l’iode » est donc
inexacte, car bien que les produits susceptibles
d’induire une « allergie à l’iode » contiennent
tous de l’iode, des substances différentes interviennent. Le pharmacien peut donc rassurer son
patient qui recevra de l’iode radioactif. De plus,
l’iode radioactif ne provoque pas d’allergie46.
Conclusion
L’iode-131 occupe une place de choix en médecine nucléaire, notamment pour traiter certains
cas d’hyperthyroïdie et de cancer papillaire ou
folliculaire de la thyroïde. En Amérique du
Nord, le traitement par l’iode-131 est très populaire et efficace, et il permet une résolution à long
terme de la maladie. L’iode-131 est jugé sécuritaire, mais il faut prendre des précautions selon
la dose reçue. En se renseignant sur cet isotope et
sur la radiopharmacie, le pharmacien peut alors
informer son patient et tenter d’apaiser ses
inquiétudes. ■
Questions de
Répondez en ligne sur www.professionsante.ca,
section Ma FC en ligne; rechercher Québec Pharmacie, juillet-août 2013.
Date limite : 12 août 2014. Donne 4 UFC.
4. Parmi ces symptômes communs dans les troubles thyroïdiens,
lequel est plus spécifique aux cas d’hyperthyroïdie qu’à ceux
d’hypothyroïdie ?
A Essoufflement
B Tremblements
C Perte de cheveux
D Faiblesse musculaire
E Insomnie
5. Concernant le cancer de la thyroïde, quel énoncé est faux ?
A La cytoponction n’est pas l’examen le plus fiable pour le cancer
folliculaire.
B Dans le cas de cancer, il faut procéder à une thyroïdectomie partielle ou
totale et des antithyroïdiens devront être pris avant l’opération.
C Lors du traitement d’un cancer, on vise entre autres à éliminer les
cellules néoplasiques et à diminuer les taux sériques de TSH. D La TSH doit être élevée afin de permettre à l’iode-131 d’être bien
absorbé par les cellules cancéreuses résiduelles.
E Le cancer de la thyroïde peut être causé par l’irradiation de la glande
dans l’enfance.
6. Concernant la médecine nucléaire, quel énoncé est vrai ?
A La médecine nucléaire ne permet pas d’observer des changements sur
le plan anatomique.
B La médecine nucléaire utilise les agents de contraste comme l’iode.
C La radioactivité est produite dans un tube à rayons comme le rayon X.
D La médecine nucléaire implique l’utilisation d’un traceur pharmaceutique radioactif qui ne contient qu’un seul radionucléide.
E Les examens en médecine nucléaire comportent des risques moins
élevés qu’avec les autres techniques d’investigation.
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7. Concernant Mme Bequerelle citée dans le cas clinique,
qu’allez-vous lui répondre ?
A Vous pourriez demander à votre médecin de vous prescrire à nouveau
du méthimazole, car même si vous avez une deuxième crise, il n’y a pas
vraiment d’autre thérapie possible.
B Il est normal que la crise revienne, car il y a possibilité de rechute avec le
méthimazole. Vous pourriez alors prendre un autre antithyroïdien qui
n’occasionnera pas de rechute.
C Il est normal que la crise revienne, car il y a possibilité de rechute avec le
méthimazole. Vous devriez absolument recevoir de l’iode-131 cette
fois-ci, car vous êtes trop jeune pour une chirurgie.
D Il est normal que la crise revienne, car il y a possibilité de rechute avec le
méthimazole. De l’iode-131 ou une chirurgie pourrait être une
meilleure option thérapeutique pour vous. Vous devriez en discuter
avec votre médecin pour faire un choix éclairé.
E Il est normal que la crise revienne, car il y a possibilité de rechute avec le
méthimazole. Une chirurgie est nécessaire afin d’éliminer toute
possibilité de récidives.
8. Concernant l’iode-131, quel énoncé est faux ?
A On tire avantage des rayons bêta de l’iode-131 afin de créer des images
de la thyroïde.
B L’iode-131 peut être particulièrement utile lorsqu’un patient présente
un goitre toxique.
C L’iode-131 est éliminé par les reins et est donc contre-indiqué lors d’une
insuffisance rénale modérée ou grave.
D Pour la mise en image de la thyroïde, l’iode-123 est préférable à
l’iode-131.
E L’iode-131 thérapeutique est administré à l’hôpital sous forme d’iodure
de sodium en solution ou en capsule, généralement en une seule dose.
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