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juillet – août 2013
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QUÉBEC PHARMACIE
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blème demeure. Durant les premiers stades, la
glande hypertrophiée continue à produire des
quantités normales d’hormones. Le patient est
donc euthyroïdien. On fait alors référence à un
« goitre dius simple » (non toxique et sans baisse
de la TSH). Quelquefois, le volume de la thyroïde
continue à augmenter; elle peut atteindre un
volume critique et présenter des nodules: c’est ce
qu’on appelle un « goitre multinodulaire simple ».
Souvent, contrairement à la thyroïde, ces nodules
produisent des hormones thyroïdiennes en excès
de façon autonome, indépendamment du
contrôle de la TSH. On parle alors d’un « goitre
multinodulaire toxique »6,7,18.
Épidémiologie et étiologie
La maladie de Basedow ou de Graves peut surve-
nir à tout âge, mais elle touche surtout les
femmes âgées de 40 à 50 ans. On ignore encore la
cause de la production d’anticorps dans cette
maladie, mais cette dernière étant héréditaire,
les gènes jouent certainement un rôle. Il est pos-
sible qu’un facteur environnemental (stress
important, tabagisme, post-partum, apport
d’iode, prise de certains médicaments comme
l’amiodarone) la déclenche chez les personnes à
risque sur le plan génétique6,7,20,21.
Quant au goitre, il est plus fréquent chez les
femmes et les personnes âgées6,7,18.
Symptômes
L’hyperthyroïdie subcliniqueest plus discrète
et moins évidente cliniquement. Par contre, ses
conséquences peuvent être inquiétantes,
comme une densité osseuse diminuée et de la
brillation auriculaire . Chez la personne âgée,
on remarque plus particulièrement une perte
de poids et d’appétit, une faiblesse musculaire
et de l’apathie. De plus, dans cette population,
même si la hausse des taux d’hormones thyroï-
diennes est négligeable, l’hyperthyroïdie est
problématique avec ses complications car-
diaques6,18,19,21,22. Le tableau II présente les
signes et symptômes de l’hyperthyroïdie.
Les symptômes d’un goitre peuvent varier en
intensité d’une personne à l’autre. On observe
d’abord une enure uniforme et symétrique du
cou non douloureuse au toucher. Aucune di-
culté à avaler n’est ressentie, mais une sensation
de serrement dans le cou peut être présente.
Lorsque le volume du goitre augmente, la déglu-
tition devient plus difficile et la respiration
devient ardue si la trachée est compressée6,7,18.
Diagnostic et objectifs de traitement
La plupart des patients éprouvent des symp-
tômes depuis au moins six mois avant de consul-
ter. Le médecin devra évaluer les antécédents
familiaux, procéder à un examen physique pour
détecter la présence d’un goitre, effectuer des
tests de laboratoire afin de déceler la présence
d’anticorps et mesurer la TSH. Si cette dernière
est anormale, un dosage de la T
4
libre est indiqué.
Dans le cas où la T
4
libre demeure normale, il faut
doser la T
3
. Pour évaluer l’état de la thyroïde, une
scintigraphie à l’aide de l’iode radioactif pourra
être eectuée
6,18,19
.
Pour l’hyperthyroïdie subclinique, il est géné-
ralement recommandé de traiter les patients qui
ont une TSH inférieure à 0,1 mUI/L. De plus,
ceux qui ont une TSH partiellement supprimée
(de 0,01 mUI/L à 0,5 mUI/L) et dont la densité
minérale osseuse est basse ou qui sont atteints
d’une maladie cardiovasculaire sont aussi des
candidats au traitement21.
Aux premiers stades du goitre et lorsque le
patient est euthyroïdien, le médecin ne recom-
mandera probablement que la surveillance, car
souvent le goitre devient moins évident et dispa-
raît en deux ou trois ans. Un dosage annuel ou
tous les deux ans du taux d’hormones thyroï-
diennes sera réalisé, car une hyperthyroïdie
pourrait se développer. Si le goitre simple ou
multinodulaire devient toxique, une surproduc-
tion d’hormones thyroïdiennes survient6,18,23.
Dans tous les cas d’hyperthyroïdie, il est pri-
mordial de viser une normalisation du taux
d’hormones et même d’envisager une ablation
de la glande thyroïde suivi d’une supplémentaire
en T4. De cette manière, le taux d’hormones sera
normalisé et les complications pourront être
prévenues7,18.
Traitement pharmacologique
Le traitement de l’hyperthyroïdie se divise en
deux parties: le traitement des symptômes pour
soulager le patient et le traitement de la cause par
antithyroïdiens, chirurgie ou iode-131. Pour le
goitre, le traitement dépendra de la cause et du
degré d’hypertrophie6,7,19-21,23.
Traitement symptomatique
An de soulager les symptômes adrénergiques
(p. ex., les tremblements) et de diminuer le
rythme cardiaque, des bêtabloquants sont utili-
sés. Le propranolol est particulièrement utile,
car il diminue la conversion de T4 en T3. Si les
bêtabloquants sont contre-indiqués, des blo-
quants calciques non dihydropyridiques,
comme le diltiazem ou le vérapamil, sont indi-
qués. Des larmes artificielles sont bénéfiques
pour la sécheresse des yeux et le larmoiement.
Bien que ces traitements soulagent le patient, la
cause sous-jacente doit être traitée par des médi-
caments spéciques6,7,19,21.
Antithyroïdiens ou thionamides
Pharmacologie
Le méthimazole (TapazoleMD) et le propylthiou-
racile (Propyl-thyracileMD, ou PTU) bloquent la
biosynthèse des hormones thyroïdiennes. Ils
inhibent de façon compétitive l’activité de la
thyroïde peroxydase responsable de l’organi-
cation de l’iode. De plus, le propylthiouracile
agit au niveau périphérique en bloquant la
conversion de T4 en T3 par l’inhibition de l’en-
zyme 5-mono-déiodinase. Le méthimazole est
environ 10 fois plus puissant que le propylthiou-
racile : d’un point de vue clinique, il permet
d’obtenir plus rapidement un état euthyroïdien
que le propylthiouracile, il présente moins de
toxicité hépatique et affecte moins la réussite
d’un traitement ultérieur à l’iode-131. Puisque
ces médicaments n’agissent pas sur la sécrétion
d’hormones thyroïdiennes mais sur leur bio-
synthèse, leur début d’activité est lent, soit de
quatre à huit semaines7,24,25.
Indications, posologies et ecacité
Pour le méthimazole, chez un adulte, la posolo-
gie initiale varie entre 15 et 60 mg/jour selon la
gravité. Après quelques mois, la dose sera gra-
duellement diminuée jusqu’à environ 5 à 30 mg/
jour
7,19,26
.
Pour le propylthiouracile, la dose est initiale-
ment de 300 à 600 mg/jour. Après quelques
mois, la dose sera réduite jusqu’à environ 50 à
300 mg/jour7,19,27.
Généralement, le traitement doit se prolonger
durant 6 à 18 mois. Après cette période, certains
patients seront rétablis6,21,28.
La thérapie par les antithyroïdiens est utilisée
en particulier chez les jeunes patients qui ont
une forme légère de la maladie ou chez les per-
sonnes présentant leur premier épisode. Mal-
heureusement, même avec la prise d’antithyroï-
diens, le taux de récidive est de 50 % à 70 %6,19,21,24.
Eets indésirables et gestion
La plupart des eets indésirables ressentis sont
des nausées, de l’intolérance digestive, un goût
amer, des étourdissements, des céphalées, de la
somnolence et de l’arthralgie. An de faciliter la
tolérance gastrique, la prise de ces médicaments
peut être fractionnée en plusieurs prises par jour,
en début de traitement. En cas d’éruption cuta-
née, un antihistaminique peut être administré et
la résolution est possible6,7,25,29,30.
Les effets indésirables plus graves, comme
l’agranulocytose, sont rares. L’agranulocytose
peut survenir avec les deux antithyroïdiens; l’af-
fection est caractérisée par un décompte de neu-
trophiles inférieur à 500/mm3 ou par un
décompte inférieur à 0,5 × 109 leucocytes/mm3.
Elle provoque de fortes douleurs à la gorge avec
des aphtes buccaux, une forte èvre et un malaise
généralisé. De plus, une septicémie doit être
soupçonnée en cas de montée de èvre rapide,
de frissons et en présence de faiblesse et d’ex-
trême fatigue. L’agranulocytose survient habi-
tuellement lors des trois premiers mois de traite-
ment, de façon subite et imprévisible. Le risque
d’agranulocytose serait plus élevé chez les
patients de plus de 40 ans et ceux qui prennent
des doses de méthimazole supérieures à 40 mg/
jour. Il faut dire aux patients de signaler tout
symptôme inhabituel, car l’agranulocytose
constitue une urgence médicale. Cet effet est
réversible à l’arrêt des thionamides et ces der-
niers ne devront pas être represcrits6,7,25,29,30.
Quelques cas d’hépatite fulminante et de
nécrose hépatocellulaire ont été rapportés avec le
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