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prochaines élections. Du coup, au lieu de prendre les dispositions qui
permettraient, au bout d’un certain temps, de sortir de la crise, ces
tergiversations ne conduisent qu’à son aggravation. L’euro est mort, mais
nul ne veut l’enterrer. On attendra pour cela qu’il soit en pleine
décomposition.
La récession qui guette désormais l’ensemble des pays européens,
ne fera que rendre plus précaires les populations fragiles. Mais comme nul
ne veut accepter de dire que le système européen de la monnaie unique
n’est pas viable dans une union de pays qui gardent chacun un certain
pouvoir économique, l’on va chercher à promouvoir un peu plus de
fédéralisme. Derrière ce mot fétiche, chacun met ce qu’il veut. Et aucun
homme politique n’ose dire de quoi il s’agit. Il ne peut pas y avoir de
monnaie unique viable entre des populations qui ne sont pas solidaires
entre elles ; il faut que les plus favorisés acceptent de subventionner les
plus pauvres sans exiger un « retour sur investissement », ni immédiat ni
futur. La solidarité n’est pas une question d’équilibre financier mais
d’équilibre social. Il faut que le régime social soit le même partout et non
que certains travaillent 35 heures par semaine pendant que d’autres
passent plus de 40 heures en activité, que certains prennent leur retraite
à 60 ans tandis que d’autres attendent plus de 67 ans avant d’y arriver,
que certains bénéficient d’un salaire minimum de plus de 1 500 euros
alors que d’autres n’en ont un que de 123 euros, etc. Est-il réaliste de
penser que l’on pourra rapidement niveler ces divers seuils ? Tant que l’on
n’y sera pas arrivé, les transferts des plus riches vers les plus pauvres
seront extrêmement importants. Même lorsque les régimes sont
identiques au sein d’une même zone, des transferts existent, car toutes
les régions ne bénéficient pas des mêmes climats et des mêmes
ressources naturelles, car toutes les activités humaines, pour utiles
qu’elles soient, ne rapportent pas les mêmes revenus. Lorsque, de plus,
les régimes sociaux diffèrent, l’équilibre requiert encore plus d’efforts. Est-
ce vraiment cela qu’a imaginé le « couple Merkozy » ?
Les états ne remboursent plus leurs dettes
On nous dit que les pays les plus endettés ne peuvent plus trouver
sur les marchés financiers des taux d’intérêt qui leur permette de
supporter les remboursements nécessaires. À l’inverse, l’Allemagne – qui,
quoique très endettée, bénéficie d’excédents de trésorerie provenant de
ses exportations – supporte des taux artificiellement bas qui ne dureront
plus très longtemps puisque ses principaux clients (ses partenaires
européens et les Chinois) sont menacés de s’enfoncer dans la récession ;
ils achèteront donc moins. Cette différence de taux à laquelle on assiste,
est la négation même de ce pourquoi l’euro a été créé. Mais il y a plus, les
États européens ne remboursent plus leurs dettes ; ils les renouvellent à
l’échéance. Compte tenu de la situation actuelle, ces renouvellements se
font à des taux toujours plus élevés. Les États entrent en concurrence les