
1Speight, James G. The Chemistry and Technology of Petroleum, 4eéd. CRC Press, 2006.
2Mousseau, Normand. Au bout du pétrole, tout ce que vous devez savoir sur la crise énergétique. Éditions Multimondes,
Québec, 2008, p. 3
3Lovins, Amery. Winning the oil endgame : Innovation for profits, jobs and security. Rocky Mountain Institute, Snowmass, 2005, p. 2
4Ibid., p. 2
5Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée Nationale pour l’année 2007-2008, Tome 2, Ch. 1, p. 8
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Avant-propos
Une vision pour le Québec
Le pétrole que l’humanité consomme depuis plus de cent ans a mis des centaines de millions d’années
àse former. Il constitue aujourd’hui une énergie essentielle au fonctionnement de la société moderne
telle que nous la connaissons. Il est la source quasi exclusive de la propulsion mécanisée dans
l'exploitation des ressources naturelles ainsi que dans le transport des personnes et des marchandises.
Ses nombreux produits dérivés soutiennent des pans entiers de l’économie : fibres synthétiques,
plastiques, peintures, solvants, insecticides, fertilisants pour l’agriculture, savons, produits pharmaceu-
tiques et esthétiques, et plus encore1. Le pétrole est aussi à l’origine des grands bouleversements
agricoles du XXesiècle. «Sans lui, la révolution verte ne serait qu’une utopie.»2
Quand le chimiste russe D.I. Mendelyeev, créateur du tableau périodique des éléments, a compris ce
qu’était le pétrole, il s’est empressé d’affirmer, dans une lettre écrite en 1882 au Tsar Alexandre III, qu’il
était beaucoup trop précieux pour le brûler3. Or, c’est bien ce que nous faisons depuis. Chaque litre de
pétrole est issu de la très lente transformation d’environ 113 tonnes de plantes primitives. Ainsi, chaque
jour, le véhicule léger moyen en Amérique du Nord brûle l’équivalent de 100 fois son poids en plantes
anciennes pour déplacer son passager4.
Un défi à plusieurs visages
Grâce à la disponibilité du pétrole à bon marché, les collectivités québécoises, comme celles du
continent, se sont développées sur la base d'un modèle extrêmement gourmand en territoire et en
énergie, très coûteux aux plans économique et environnemental et qui augmente de manière marquée
notre empreinte écologique. Aujourd’hui, l’empreinte écologique moyenne de chaque Québécois est
telle qu’il faudrait plus de trois planètes Terre pour généraliser notre mode de vie à l’ensemble du
monde5. Il apparaît clair que ce modèle n’est pas soutenable à l’échelle globale.
La plus récente crise économique ne semble pas étrangère aux conséquences néfastes de ce modèle
de surconsommation qui s’étend désormais partout dans le monde et qui obscurcit, entre autres, les
perspectives énergétiques mondiales, notamment en matière de pétrole. Inextricablement liée à la
diminution de la disponibilité du pétrole à bon marché - source d’énergie la plus commune et la plus
flexible - la nature structurelle de cette crise définit actuellement les paramètres d’un défi dont nous
soupçonnons à peine la profondeur. Or, toute crise présente une opportunité à saisir afin de changer les
pratiques qui en sont à l’origine. Celle-ci n’est pas différente, et comme dans toute crise, ceux qui en
ressortent les moins éprouvés sont ceux qui ont identifié les pratiques nuisibles et les ont éliminées.
« LE PÉTROLE
CONSTITUE
AUJOURD’HUI
UNE ÉNERGIE
ESSENTIELLE AU
FONCTIONNEMENT
DE LA SOCIÉTÉ
MODERNE TELLE
QUE NOUS LA
CONNAISSONS. »