« La vision aveugle » une curiosité qui montre les propriétés inconnues du cerveau. François Clarac 27 Octobre 2011. La vision est assurée normalement par les rétines de chacun de nos yeux. Elles captent le champ visuel disposé devant nous avec un champ à gauche et un autre à droite. Cette fine couche est composée de deux types de cellules visuelles : les cônes situés au centre, là où nous focalisons automatiquement notre regard, on parle de fovéa, assurent la vision en plein jour et permettent de voir le monde en couleur. Au nombre de trois types, ces cônes nécessitent une forte intensité pour être mis en jeu, bleus, verts et rouges ( avec un spectre d’absorption de 437, 533 et 584 nanomètres), ils assurent « la vision photopique » (vision en plein jour). Les autres récepteurs sont situés sur les pourtours de la rétine, ils ne sont sensibles qu’à une lumière faible et enregistrent les fines variations d’intensité lumineuse. Ils fonctionnent la nuit, à l’aurore et au crépuscule indiquant les évolutions de brillance. Ils assurent « la vision scotopique » qui sans couleur nous permet de nous déplacer même en condition de très faible lumière. Le chemin qui conduit l’information visuelle de la rétine au cerveau commence par croiser au niveau du chiasma optique. Cette voie comprend une chaîne de trois neurones. Avant d’aller au cerveau elle passe par les corps genouillés externes. De là elles remontent jusqu’au cortex occipital pour former les aires visuelles primaires où la vision devient consciente. Le champ visuel droit est vu par le cerveau occipital gauche. Le champ visuel gauche par le cerveau occipital droit. Le relief vient de la différence d’angle de vision entre l’œil droit et l’œil gauche. Il arrive mais heureusement cela est très rare, qu’un sujet à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC) n’ait plus d’un côté, par exemple du coté droit, une aire visuelle primaire active. Les cellules corticales de ce cote là sont mortes, le patient est à moitié aveugle ! Si on le met en face d’un écran en lui demandant de fixer un point central pour dissocier sa vision à droite et à gauche, il ne verra pas ce qui lui sera présenté à gauche. Un objet présenté à droite sera tout de suite identifié. Tout ce qui apparaîtra à gauche, le malade dira qu’il n’a rien « vu »….Pourtant, si on insiste…en lui disant qu’il y a quelque chose de ce coté là…il hésitera… et finira par dire qu’il a bien reconnu quelque chose…C’est la vision aveugle ! Si on continue à solliciter le patient lésé en lui montrant de son coté aveugle de très nombreux documents…et en répétant souvent l’expérience… il va apprendre à savoir qu’il y a quelque chose de ce coté et va savoir repérer convenablement ce qui peut s’y trouver…Ce coté « aveugle » reprend vie! En continuant régulièrement, il y même une amélioration significative. Ces résultats suggèrent qu’il existe un chemin visuel qui contourne l’aire V1 et peut prendre en charge l’orientation et la couleur en l’absence de conscience. Les individus dotés d'une «vision aveugle », due à une lésion cérébrale, déduisent correctement les caractéristiques visuelles d'objets qu'ils ne peuvent pas voir consciemment. Cette « vision intuitive » arrive même parfois à être plus performante que la vision normale ! ***** *