Tristesse animal noir-CSUM-final (8.2.15)

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TRISTESSE ANIMAL NOIR
ANJA HILLING
COLLECTIF SUR UN MALENTENDU
Tristesse animal noir de Anja Hilling traduit de l’allemand par Silvia Berutti-­‐Ronelt en collaboration avec Jean-­‐Claude Berutti Texte publié aux éditions Théâtrales, éditeur et agent de l’auteure. Le feu est une épreuve pour chacun, une révélation de ce qui couvait en chacun, du feu intérieur qui les habitait, la cata les détruit et les reconstruit (Rue 89) Collectif Sur un Malentendu – Création 2015-2016
Le Collectif Sur un Malentendu Parce que nous menons un travail de mise en commun de nos savoirs, nos connaissances, nos rêves, nos questions et nos différentes pratiques sous une forme frictionnelle. Parce que nous sommes six au début, et puis qu’après on verra bien. Parce qu’il n’y a pas de metteur en scène, Parce que nous sommes guidés par le plaisir du jeu, Parce que le travail commence par un texte, Parce qu’on réfléchit le texte comme une écriture de plateau. Parce que nous envisageons chaque projet comme une expérience, Parce que chaque projet constitue un ensemble de limites à transgresser, Parce que chaque projet questionne nos propres limites et celles qui se situent entre nous et le public. Sur un Malentendu, Parce que nous voulons questionner l’utopie du comme-­‐un. Parce que nous voulons mélanger nos univers pour en créer un. Parce nous sommes tous responsables, du choix du texte jusqu’au rôle d’un autre acteur. Parce que nous nous investissons dans chaque domaine (lumière, scénographie, etc). Parce que c’est un lieu de partage, de discussion, de ce qui a aussi été vécu individuellement. Parce qu’il y a le groupe, et que chacun se responsabilise. Parce que tout se crée ensemble et que chacun décide. Parce que le collectif n’a pas l’exclusivité, mais notre fidélité. Sur un Malentendu, Parce que nous ne sommes pas au service de la vision d’un autre, Parce que nous avons besoin de l’autre pour nous provoquer. Parce que nous refusons de nous harmoniser. Parce que le débat est créatif, mais qu’il est question de confiance pour provoquer. Parce que chacun est responsable de l’exigence et du regard qu’il porte sur l’autre. Parce c’est l’écart entre nous qui nous intéresse. Parce que nous voulons lutter contre l’unilatéral. Parce que nous désirons créer des formes hybrides, Parce le mélange crée des aspérités. Sur un Malentendu, Parce que le collectif repousse les limites de chacun. Parce que le collectif est une tentative à la communication. Parce que le collectif permet de trouver des idées qu’on n’aurait pas jamais eues tout seul. Parce qu’il s'agit de présenter un discours unique : celui d’un Malentendu, porté par la singularité de chacun. Parce qu’on n’en sait rien, et qu’on peut jouer ce qu’on veut. Collectif Sur un malentendu – Création 2015-2016
Fondé en juin 2014 en Suisse, le collectif Sur un Malentendu est formé de six comédiens, tous issus de la Haute Ecole de Théâtre de Suisse romande (HETSR) -­‐ La Manufacture de Lausanne : Claire Deutsch, Cédric Djejde, Nora Steinig, Emilie Blaser, Pierre-­‐Antoine Dubey et Cédric Leproust se connaissent depuis longtemps et la relation étroite qui les unit sert un jeu qui laisse la part belle à leur propres personnalités. En 2010, dernière année de formation à la Manufacture, l’équipe se réunit autour des Trublions, texte de Marion Aubert. Sur un Malentendu, en 2013, l’équipe monte ce même texte dans le cadre professionnel et en tournée Suisse romande produite par la Distillerie Cie. Sur un Malentendu, sur le plateau, le groupe prend conscience de l’évidence de travailler ensemble. Sur un Malentendu, leur première création remporte un vif succès auprès du public et de la critique. Sur un Malentendu décide de poursuivre l’aventure ensemble sous un autre nom, ainsi naît : Le Collectif Sur un Malentendu Une des caractéristiques de notre collectif est de créer à partir d’un texte d’auteur contemporain. Pour notre nouveau projet, nous avons donc d’abord organisé un comité de lecture. Chaque membre a défendu une proposition. Après exposés, débats et temps de latence pour laisser mûrir le désir, nous avons choisi, comme point de départ de notre prochaine création, le texte de l’auteure allemande Anja Hilling : Tristesse animal noir. ****** C’est l’histoire d’un groupe de trentenaires/quarantenaires, amis, en couple ou frère et sœur : Miranda, Paul, Martin, Jennifer, Oskar, Flynn. Ils ont décidé de « sortir de la ville », vivre « une nuit au grand air ». Ils partent en minibus Volkswagen, et au cœur de la forêt se retrouvent autour du barbecue, des saucisses, des bières, des histoires, des chansons, des pointes d’ironie… Au moment de glisser vers le sommeil, la forêt prend feu. La catastrophe va faire voler en éclat, défigurer leur vie, au-­‐dedans comme au dehors. Il faut une déflagration en soi pour que les choses se produisent, je ne crois pas que les petites choses puissent aider à changer. Après le malheur, une vie recommence avec un plus grand entendement. (Anja Hilling). Après ce tournant irréversible, ceux qui restent sont face au désastre. Comment revenir de l’horreur, comment en parler ? Comment l’espace intérieur se renverse, se retourne dans la douleur ? Une énigme persiste : l’origine du feu. Est-­‐ce qu’une cause existe ? Est-­‐ce que l’explication est possible ? Dans l’après-­‐catastrophe se posent les questions du souvenir, de la culpabilité, de la responsabilité. Collectif Sur un Malentendu – Création 2015-2016
NOUS NE SOMMES PAS SI LOIN D’EUX
Miranda, Paul, Martin, Jennifer, Oskar, Flynn : on a autant envie de les aimer que de les mépriser. En apparence, ils vont plutôt bien. On pourrait dire que c’est des bobos : Ils représentent un état moyen. Ils ne sont pas précaires, ni financièrement, ni en amour. Ils ont donc quelque chose à perdre. Ils travaillent dans le milieu artistique (top model, architecte…). Voici une façon de les caractériser : lisses, doux, soucieux de l’apparence et du bien-­‐être. Sont-­‐ils en partie les clichés de leur propre classe ? A l’échelle d’un individu, cela s’avère être beaucoup plus complexe. Il y a des rêves, des déceptions, des blessures, l’abime de l’intériorité. Il y a ce qu’on pense et qui reste indicible. Dans les silences, la pensée et l’émotion se fraient un chemin étincelant. La catastrophe, le feu, va mettre en crise, bouleverser l’état d’équilibre, l’état de confort de ces jeunes gens. Comment sortiront ils de l’épreuve du feu ? Cette pièce est apparue comme un matériau propice pour le collectif, dans le fait qu’elle traite de la question du groupe en résonnance avec celle de l’individu. Jusqu’où le désir d’un ego peut se réaliser/ chauffer sans détruire l’autre ? UNE ECRITURE DESTABILISANTE NOUS METTANT AU DEFI Ce qui nous a d’abord marqué, c’est que dans Tristesse animal noir tout pose problème, ce qui perturbe la posture commune aujourd’hui du consommateur d’emblée satisfait face à un produit fini. Nous sommes confrontés à une énigme, nous devrons donc inventer des chemins : comment et dans quelles mesures, par exemple, représenter sur un plateau de théâtre une forêt, un incendie ? Les questions suscitées par la lecture ont provoqué au sein du collectif de l’enthousiasme, des frictions, du débat, du désir. Nous allons imaginer à partir du texte et des résonnances qu’il a en nous un espace de créativité. UNE ECRITURE DE LA FRICTION La pièce est articulée en trois mouvements tranchés créant un mélange détonnant : •
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Première partie : La fête. Le groupe vit un retour à la nature, en quête de bien-­‐être et d’harmonie. Deuxième partie : Le feu. La nature se déchaîne. Troisième partie : La ville. Un nouvel état, à fleur de peau. Anja Hilling donne certains codes. Au début, les personnages sont nommés avant de parler et s’expriment dans un langage quotidien sous-­‐tendu par des non-­‐dits pris en charge par de longues didascalies poétiques. Au moment où on a l’impression, en tant que lecteur, d’avoir décrypté un système, d’avoir trouvé des clés de lecture, une bascule s’opère. Une transformation radicale des codes a lieu. Ainsi, dans la deuxième partie, le nom des personnages n’apparait plus, seuls des tirets annoncent le changement de locuteur. Les didascalies sont supprimées, seule reste une parole directe, extrême, violente et totale (disparition des non-­‐dits) : « -­‐ Tu ne sais pas si tu tiendras le coup, si l’entrée d’air sera suffisante. L’oxygène. Tu as peur. -­‐ Peur de mourir -­‐ Tu ne veux pas mourir. Ta volonté est forte, très forte. -­‐ Te cramponner comme ça à la vie. -­‐ A moitié aveugle, couvert de suie et presque calciné. -­‐ Tu tentes de respirer. Dans le bruit et la douleur. » Collectif Sur un malentendu – Création 2015-2016
La troisième partie, au contraire des deux autres, apparaît comme un univers fragmenté au niveau de l’espace, du temps, des prises de parole. Il en résulte un sentiment d’incohérence, d’absurdité et de folie lié à l’état de choc d’après-­‐catastrophe. Sous cette apparence morcelée et détonante se dessine pourtant un réseau. Les liens se forment dans le lieu invisible de l’intériorité des personnages. UNE ECRITURE DE LA VISION, DU REVE. Ce qui est écrit n’est que la part émergée de l’iceberg. Les liens entre les faits ou les paroles ne sont pas logiques, clairs et transparents. Ils sont souterrains, imaginaires, irrationnels parce qu’ils naissent et prennent forme dans l’inconscient des personnages, au sein de leurs désirs, de leurs peurs et de leurs rêves. Anja Hilling joue sur « les phénomènes de déjà-­‐vu » en faisant des variations d’une même histoire. Y-­‐a-­‐t-­‐il une version plus vraie qu’une autre ? On ne peut pas déterminer de frontières entre le vrai et le faux entre ce qui relève du rêve et ce qui relève de la réalité. Le feu se déclenche lorsque le groupe glisse vers le sommeil : La friction des désirs de chacun va provoquer un incendie à la fois réel et mental. Au travers de cette écriture, nous désirons cela : • Etre lecteurs-­‐dramaturges : Enquêter sur ces chemins invisibles afin de découvrir comment et pourquoi les phénomènes minuscules et gigantesques surviennent ? • Etre comédiens : Devenir les objets de l’enquête pour les futurs spectateurs. Comment jouer ces personnages, ce drame, en créant une haute tension entre le visible et l’invisible et ainsi réveiller, aviver le désir du spectateur d’être lui-­‐même chercheur ? • Relever les défis de jeu et de scénographie proposés par Anja Hilling en trouvant le point d’équilibre entre ce qui est montré et ce qui est caché. Ces défis sont les suivant : -­‐ Ce qui est de l’ordre de la contemplation : Comment susciter par le jeu et la scénographie « le respect face à la forêt, la beauté du monde, l’émerveillement et la joie » ? -­‐ Ce qui est de l’ordre de l’indicible : Comment jouer pour qu’on sente sous les mots la poussée de la pensée, de l’émotion, d’une vie inconsciente ? -­‐ Ce qui relève de la vision poétique et de la sensation : Comment transmettre ce qui apparaît dans les didascalies ? -­‐ Ce qui relève de l’extrême : Comment faire l’expérience sur scène de la catastrophe, de l’incendie ? Ces défis correspondent aux moments où on n’a plus les mots. Comment résister à la puissance du vide et faire l’expérience de ce que propose Deleuze : « Résister c’est créer » ? Collectif Sur un Malentendu – Création 2015-2016
LES THEMES DE LA PIECE :
Tristesse animal noir repose sur la mise en interaction d’un groupe de l’espèce humaine et d’un milieu naturel végétal. Quelle alchimie va-­‐t-­‐il advenir de cette mise en relation de corps étrangers : des citadins bobos et une forêt sauvage ? L’alchimie est la transformation d’une réalité banale en une fiction poétique (larousse). La mise en contact de ces deux éléments va s’avérer explosive puisqu’elle provoque une catastrophe, un incendie. Cet événement bouleverse l’état des choses : la forêt comme les êtres en sortent méconnaissables. La catastrophe apparaît comme la condition pour que la nature (végétale et humaine) change. Chaque personnage répondra d’une autre manière à la blessure qu’il porte. Oskar s’appuiera sur la mémoire de l’horreur pour en faire une œuvre. Il transformera sa douleur en installation plastique. Flynn la chantera. C’est sur ces notes que la pièce s’ouvre finalement. La blessure est-­‐elle nécessaire pour créer ? La pièce s’organise autour de trois tandem : Evénement/Histoire ; Nature/Art ; Culpabilité/Responsabilité. EVENEMENT/ HISTOIRE :
Ce qui circule entre les personnages au cours de la fête est une base continue qu’on pourrait appeler l’histoire. Mais ce flux est dans un premier temps percé régulièrement par des micro-­‐
événements formant de petits trous noirs à l’intérieur desquels se précipitent le désir et la peur de chacun. Les personnages ne sont pas « nature », en adéquation avec elle, « francs jusqu’à la naïveté ». Ils ont des arrière-­‐pensées qui font grincer leurs liens. On entend par exemple sous les mots de Miranda et Paul le soupçon vis-­‐à-­‐vis de Jennifer et Flynn : « Miranda : Qu’est-­‐ce que vous avez fait dans la forêt. Flynn : Parlé. Paul : Parlé. Jennifer : Oui. Parlé. » Collectif Sur un malentendu – Création 2015-2016
On sent l’élastique se tendre. C’est comme si ces trous-­‐noirs accumulés les uns aux autres allaient en former un gigantesque qui allait tout interrompre. Les micros-­‐accidents, apparemment banals, provoquent une réaction en chaîne donnant lieu à la catastrophe : l’incendie. Le feu semble prendre de manière irrationnelle. En réalité, Anja Hilling propose à travers cette pièce une façon de lire les phénomènes-­‐catastrophes. L’explication rationnelle, unique, exacte s’avère impossible et fausse. Comment s’extraire de la toute-­‐puissance du hasard et de la fatalité ? L’interprétation d’un événement passe par le filtre des différentes réalités qui l’ont vécu. L’auteure se penche ainsi sur le mouvement organique et intrinsèque du vivant. Il existe un écart entre les éléments et les êtres. Soit on désire combler ce vide en s’unissant à l’autre, c’est l’élan d’Eros ; soit on veut annuler ce vide en détruisant l’autre, c’est l’élan de Thanatos. Ou on peut transcender la pulsion par la pensée, par l’art, par le chant. Le blues d’Elvis, Always on my mind, rythme la pièce comme une ritournelle pour apprivoiser la peur de la mort et la douleur. NATURE/ ART :
Tristesse animal noir fait entrer en résonnance le thème de la nature avec celui de l’art. Dans le cadre naturel du drame – une forêt -­‐ évoluent des protagonistes tous artistes. Est-­‐ce que ces citadins prennent la mesure de ce nouveau cadre ? Ils posent un jugement sur ce qui sort de la norme. Quand Miranda, ancien top model, s’absente, le sarcasme fuse : “Martin : un peu grossi. Elle est has been. Tu ne peux pas te laisser aller comme ça et penser que la profession va te le pardonner. Le groupe ne semble pas pouvoir accueillir l’étrangeté, l’autre. Tout se joue dans des rapports de force. Le feu peut apparaître comme la manifestation des colères et des désirs tus jusque-­‐là. On assiste à la connexion électrique de l’immensité infinie de la nature à l’abime infini des individus. La déflagration va bouleverser le rapport au monde et à l’art de chacun des personnages. Le seul qui ne change pas, c’est Flynn, le chanteur énigmatique. Comme Elvis, avec son déhanchement lascif, dérange. Il est l’élément étranger qui vient inquiéter ceux qui se connaissent. Flynn provoque l’enthousiasme, c’est-­‐à-­‐dire la possession et le transport divin. Autrement dit, il met dans un état hors du commun, peut rendre fou de désir. Dès le début, il porte une blessure qu’il exulte en chantant du blues. Le terme blues vient de l'abréviation de l'expression anglaise blue devils (« diables bleus »), qui signifie « idées noires»(Wikipedia). L’animal noir ronge : avant qu’il ne dévore l’intérieur de soi, il y a urgence à le faire danser pour qu’il sorte. Le blues est une catharsis, c’est l’animal noir qui sort de sa cage. CULPABILITE/ RESPONSABILITE : Ces deux sentiments naissent des ruines laissées par la catastrophe. Comment se positionner face à l’événement ? Comment vivre en portant un trou en soi et ne pas sombrer à l’intérieur ? La culpabilité est une émotion qui repose sur le sentiment – justifié ou non-­‐ qu’on porte une responsabilité dans un événement (déf. De Wikipedia). Dans quelles mesures je peux assumer ma vie et mon comportement avant et pendant la catastrophe ? Le terme de « responsabilité » est composé de « respons » et « –abilité » et signifie donc « habilité à répondre ». Comment est-­‐il possible de répondre de ce qui s’est passé ? Répondre apparaît comme une nécessité vitale : c’est la possibilité d’exprimer (sortir de soi) ce qui est comprimé dans la mémoire et l’oppresse. Chaque figure de la pièce porte une manière de répondre à la catastrophe. Collectif Sur un Malentendu – Création 2015-2016
Il y a ceux qui n’ont plus la possibilité de parler : la mère et l’enfant représentent les sacrifiés. Il y a l’impossibilité de communiquer, d’exprimer la douleur, ce qui conduit au suicide de Paul. Il y a la fuite et le chant pour Flynn. Jennifer rêve d’un enfant. Oskar donne une réponse cathartique et poétique en créant une installation plastique. En latin Cata correspond en effet à un mouvement qui t’enfonce ou t’élève. L’incendie va en précipiter certains vers le haut, d’autres vers le bas. Ce qui traverse et déplace ces différents thèmes, c’est la question du regard, du point de vue. Qui regarde d’où ? Il n’est jamais question d’omniscience ou de vérité unilatérale. La réalité se lit différemment à travers chaque regard. Ce sont ces réalités ajoutées qui en forment une autre qui les dépasse, l’Histoire. Cela renvoie à l’organisation même de notre collectif : l’objet que nous créons est le fruit de points de vue qui se confrontent et se mélangent. C’est en descendant en profondeur dans une individualité qu’il y aurait la chance de comprendre les phénomènes. (Proust, Du côté de Guermantes) NOTES D’INTENTION
DRAMATURGIE Le travail de dramaturgie s’effectuera à la fois d’un point de vue macroscopique et d’un point de vue microscopique. Nous analyserons les mouvements qui sous-­‐tendent chaque partie et la pièce entière. En parallèle, nous dégagerons ce qui meut les personnages à chaque moment, nous observerons les relations qui les lient. Qui veut quoi de qui ? Nous examinerons d’une part ce qu’on voit, ce qu’on sait, ce qui est dit et, d’autre part, ce qu’on ne voit pas, ce qu’on ne sait pas, ce qui est tu. Nous travaillerons comme des enquêteurs pour faire apparaître les liens souterrains qui peuvent exister entre chaque acte et chaque prise de parole. Le but sera de pouvoir dessiner la toile que constitue ce groupe, toile qui sera ensuite déchirée par la catastrophe. JEU
Les trois séquences de la pièce convoquent des réalités tranchées, ce qui nous amènera à investiguer des types de jeu très différents. Nous aborderons la première partie comme une pièce d’ambiance. Un groupe constitué d’individus renvoyant chacun à une figure archétypale (la mère ayant renoncé à son travail de top model, le musicien silencieux, mystérieux et attirant…) évolue au cœur d’une forêt-­‐type. Nous nous inspirerons du jeu des acteurs de Philippe Quesnes : le corps et la voix menés par un tonus doux, léger ; la recherche de la simplicité et de l’humour. Ce sera comme si on observait des animaux placés dans un biotope qui ne leur est pas habituel. L’enjeu de la deuxième partie (l’incendie) sera pour les acteurs de devenir méconnaissables. L’identité d’une personne au cœur de la catastrophe est pulvérisée. Le visage disparaît sous la suie. Le corps et la voix sont engagés de manière totale (sans le temps de pouvoir penser), dans un état d’extrême urgence. La troisième partie fait apparaître la folie du désespoir à travers des scènes absurdes. Nous nous appuierons sur des images et des expressions de la difformité afin de nourrir un jeu grotesque. La douleur des personnages se manifeste de façon bizarre, ridicule ou effroyable, ce qui peut provoquer le rire ou la gêne. Collectif Sur un malentendu – Création 2015-2016
Pour trouver ce qui se joue dans les silences, les non-­‐dits, sous les mots de la première partie et dans les écarts absurdes de la troisième partie, nous réaliserons un travail sur les fantasmes, les désirs, les peurs. Nous pratiquerons des séances de rêveries (proches de l’hypnose) afin de convoquer notre imaginaire en fonction de chaque personnage et de chaque situation. La pièce fonctionne comme une entrée en hypnose. A la fin de « la fête », un glissement s’opère vers le sommeil, ce qui fait basculer les personnages vers l’inconscient, le feu étant un phénomène hypnotique. Nous désirons surtout nous mettre en état de déséquilibre. « Agir en catastrophe » signifie « agir sous la menace d'un danger imminent, en toute hâte, en prenant des risques et donc sans garantie de réussite ». Nous voulons nous confronter à l’expérience que Anja Hilling propose et nous mettre nous-­‐même en état de catastrophe, de prendre des risques. SCENOGRAPHIE
Comment et pourquoi amener la nature sur un plateau de théâtre ?
Tristesse animal noir est une plongée au cœur de la nature sublime et terrible. La pièce s’ouvre sur une forêt grandiose et fourmillante de petites bêtes. La catastrophe va ensuite défigurer cet espace. La troisième partie se joue dans un cadre urbain, éclaté : la forêt est devenue un fantôme qui hante les mémoires. Comment impressionner c’est-­‐à-­‐dire donner des impressions à la fois sensationnelles et minuscules ? Jusqu’où représenter pour stimuler sans combler l’imaginaire ? L’espace que nous allons créer se composera à partir du mélange, de la juxtaposition, de la friction d’éléments opposés. La mise en relation de matériaux a priori incompatibles suscitera des perturbations, des chocs. Il s’agira ainsi de remettre en cause l’idée d’une beauté lisse, plastique et immuable. Un espace synesthésique : Nous désirons convoquer les sens du spectateur. Dans la première partie il s’agira d’éveiller, d’ouvrir son odorat, son toucher, sa vue, son ouïe, son goût. Nous diffuserons par exemple une odeur de saucisses grillées, le bourdonnement des abeilles. Des ventilateurs provoqueront du vent dans les feuilles et sur la peau… A cette douceur légère répondra la violence décapante de l’incendie dans la deuxième partie. Pour la séquence du feu, il s’agira de travailler sur le sensationnel supprimant toutes les nuances des saveurs et des couleurs du début. Nous testerons les limites du supportable : par exemple, jusqu’à quel point est-­‐il possible de créer une surchauffe grâce aux projecteurs ? Un espace mystérieux : La scénographie jouera sur le montré/caché. Des espaces s’ouvriront au regard tandis que d’autres s’y soustrairont afin de susciter l’inquiétude et le désir. Nous ferons apparaître des bouts de vie invisible (les fantasmes des personnages, ce qu’ils pensent mais ne disent pas, ce qu’ils ressentent), sur un espace de projection, à partir de vidéos que nous aurons réalisées au préalable. Une installation plastique : Nous puiserons notre inspiration auprès de trois sources principales : les installations performatives de Bill Viola, l’univers des maquettes et celui de la reconstitution. Collectif Sur un Malentendu – Création 2015-2016
• Chaque partie sera envisagée et constituée sous forme de tableau. Nous pourrons de cette façon donner l’impression de basculer d’un monde à un autre, d’un univers insouciant, pétillant, presque paradisiaque à un univers infernal, à l’univers éclaté de la folie. Chaque tableau sera marqué par certaines couleurs : le premier sera pétant et acidulé ; le second gris, noir et rouge ; le troisième aura gardé les stigmates de l’incendie sur un fond de couleurs d’hôpital. • Un jeu des échelles : cette pièce nous apparaît comme un dialogue entre le gigantesque et le minuscule, les deux ouvrant sur l’infini. Nous désirons donc travailler sur les rapports disproportionnés entre les objets et entre les différentes parties du décor. Cela permettra de troubler et de remettre en cause la perception : Est-­‐ce que je regarde de très loin ou est-­‐ce que je regarde depuis l’intérieur ? Est-­‐ce que je suis sujet ou objet de ce rêve/ cauchemar ? • Un espace de reconstitution : dans quelle mesure et par rapport à quels critères est-­‐il possible de reconstituer une réalité ? Celle d’un espace naturel, la forêt ; celle d’une catastrophe, l’incendie ; celle d’un espace mental, la mémoire blessée. Pour donner corps à ces réalités nous nous appuierons : * Sur l’univers de la reconstitution historique, scientifique. * Sur les émissions télévisuelles qui utilisent le principe de reconstitution. * Sur les fantasmes des personnages et des comédiens. Une esthétique du mélange : Vrai/ faux
Nous désirons associer, imbriquer des éléments réels et fictifs afin de créer une friction étrange pour le regard et de troubler la frontière entre vrai et faux. Ainsi, pour la séquence « barbecue en forêt » se côtoieront les matières synthétiques/ plastiques et les matières naturelles : il y aura de vrais cailloux, de vrais saucisses, de vraies plantes, un vanne réel, des fleurs, de la salade, des oiseaux, des orvets en plastique… Un public témoin impliqué : La transformation du rapport. Les spectateurs et les comédiens se situeront dans le même espace. Ceux qui regardent seront comme la lisière de la forêt, partie prenante de l’expérience. Pour imaginer la scénographie, il faut penser à un caillou qui tombe dans l’eau. L’eau est le bain dans lequel tout le monde se trouvera (acteurs et spectateurs) : Ce bain est une forêt bruissante et lumineuse un soir d’été, correspondant à une représentation fantasmée en occident (la forêt au printemps dans Bambi est un exemple). Le Collectif Sur un malentendu – Création 2015-2016
caillou est l’événement catastrophe c’est-­‐à-­‐dire l’incendie qui va déformer le bain ambiant. L’impact de la catastrophe provoquera des ondes de choc qui bouleverseront l’espace et les repères des spectateurs. En effet, la partie du feu appelle une déstructuration de ce qui aura été installé dans la première partie. Le point autour duquel il y aura eu rassemblement, sentiment d’équilibre et d’organisation va d’un coup augmenter, devenir un trou noir absorbant tout sur son passage. Concrètement, cela signifie que l’espace du début sera concentré et délimité par les spectateurs eux-­‐mêmes et, qu’au moment où le sommeil et le feu envahissent la forêt, les acteurs franchiront la limite du public afin d’ouvrir, de coloniser un espace beaucoup plus vaste, voire inatteignable par le regard. Le but sera de désorienter avant de faire apparaître un troisième espace, éclaté en îlots. Chaque personnage tentera la communication avec les autres depuis son île. La jeunesse de nos parents s’est inscrite dans l’ère du « plus, des trente glorieuses, de l’expansion, de l’émancipation ». Les mots qui courent autour de nous aujourd’hui sont : « moins, économisez, crise, culpabilité, responsabilité », comme si l’univers entrait dans une période de contraction. Le désir est de résister, à l’échelle de l’individu, à l’échelle de notre collectif, à ces termes qui semblent dicter comme une fatalité ce que nous devrions vivre. Collectif Sur un Malentendu – Création 2015-2016
BIOGRAPHIES
CLAIRE DEUTSCH est née en 1982 à Strasbourg. Après avoir suivi des études de lettres modernes, elle exerce durant deux ans le métier d'enseignante en école primaire. En 2007, elle commence une formation de comédienne à la Manufacture de Lausanne. Dès sa sortie de l'école, elle joue dans REVE, de Vincent Brayer ; puis dans Erwan et les oiseaux de Jean-­‐Yves Ruf. En 2011-­‐2012 elle travaille avec le metteur en scène polonais, Krystian Lupa, dans Salle d'attente. Elle joue ensuite dans Baptiste et Angèle de Francine Wohnlich. En 2012-­‐13, elle joue dans trois créations : Un après-­‐midi au zoo de la Cie Post Tenebras Lux ; Dîtes-­‐moi qui je suis (que je me perde) de Vincent Brayer ; Hey, it's cold here, de Julia Perrazini. En 2013-­‐14, Claire travaille en tant que dramaturge pour la Distillerie Cie, puis en tant que comédienne dans Sauna d’Adrien Barazzone, et dans On a promis de ne pas vous toucher d’Aurélien Patouillard. En 2014/15, elle joue dans Will’s will de Vincent Brayer, à L’Arsenic ; dans A Côté de Catherine Delmar, au 2.21 ; dans Autoportrait d’Audrey Cavélius, à l’Arsenic ; dans un Hamlet pour les écoles, de Magali Tosato, au théâtre de Vidy. NORA STEINIG est née à Genève. Après l’obtention de son baccalauréat littéraire option Arts du Cirque à l’Ecole Nationale de Cirque de Châtellerault en 2004, elle se tourne vers le théâtre et rejoint les Cours Florent à Paris. Deux ans plus tard elle est admise à la Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande – La Manufacture à Lausanne. Pendant ces trois années de formation, elle obtient les prix d’études d’art dramatique du Pour-­‐cent cultutrel Migros en 2008 et 2009 ainsi que le prix d’étude d’art dramatique de la fondation Friedlwald en 2009. À l’issue de ses études, elle joue au théâtre pour Mathieu Bertholet, Claudia Bosse, Denis Maillefer, Laurent Gachoud ainsi que les frères Larrieu au cinéma. Elle sera prochainement à l’affiche de Derborence, écrit et mis en scène par Mathieu Bertholet. En parallèle, elle cofonde avec cinq autres comédiens, issus de la Manufacture, le collectif Sur un Malentendu. Collectif Sur un malentendu – Création 2015-2016
PIERRE-ANTOINE DUBEY, comédien et musicien né à Zürich. Après l’obtention de sa Maturité Fédérale, il suit la formation professionnelle d’art dramatique aux Cours Florent à Paris. En 2010, il sort diplômé de la Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande – La Manufacture à Lausanne. Il y travaille notamment avec Cécile Garcia-­‐Fogel, Claudia Bosse, Jean-­‐Yves Ruf et joue dans Une chambre à soi mis en scène par Denis Maillefer et dans Les Helvètes, un travail dirigé par Christian Geffroy-­‐Schlittler. A côté de son activité théâtrale, il se forme également à la musique en jouant du violon. Durant ses études, en 2008 ainsi qu’en 2009, il est lauréat des prix d’études d’art dramatique des Fondations du Pour-­‐cent culturel Migros et Friedl-­‐Wald. Dès sa sortie d’école, il joue pour Mathieu Bertholet dans Rosa, seulement au festival d’Avignon et participe aussi à la création collective R.E.V.E. dirigée par Vincent Brayer en Suisse et au théâtre de la Tempête à Paris. Depuis, il a notamment joué dans Viï – Le roi terre mis en scène par Vlad Troistkyi au Théâtre de Vidy et au Théâtre de la Ville de Paris et dans Le Malade Imaginaire de Molière mis en scène par Jean Liermier en Suisse et en France. En 2013, Il joue également dans les long-­‐métrages franco-­‐suisses Pause de Matthieu Urfer et Sweet Girls de Xavier Ruiz et Jean-­‐Paul Cardineaux. En parallèle, il cofonde avec cinq autres comédiens, issus de la Manufacture, Le Collectif Sur un Malentendu. En 2013, Les Trublions de Marion Aubert est la première création du Collectif. EMILIE BLASER est née à Neuchâtel. Elle étudie l'art dramatique aux Cours Florent à Paris puis à la Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande (La Manufacture) à Lausanne, où elle travaille notamment avec Jean-­‐Yves Ruf, Denis Maillefer, Anton Kouznetsov, Lilo Baur... Durant ses études, elle obtient plusieurs prix (Bourse de la Fondation Jéquier, Prix d'étude d'art dramatique de la Fondation Friedl Wald) et elle est choisie en tant que jeune talent du cinéma Suisse (Junge Talente) pour jouer dans le court-­‐métrage Quitte de Jacob Berger, présenté au Zürich Film Festival et au Festival Tous Ecrans à Genève. Dès sa sortie d'école, Emilie Blaser travaille sous la direction de Mathieu Bertholet (Rosa Seulement, au Festival d'Avignon 2010), Nathalie Lannuzel (La Femme d'Avant de Roland Schimmelpfennig), Nicolas Gerber (Une Nuit Arabe, au Théâtre Vde l'Oriental à Vevey), ou encore Frédéric Polier, au Théâtre du Grütli à Genève. En 2014 elle rejoint la compagnie "Tire Pas La Nappe" de Marion Aubert, pour jouer dans GO GO GO BMO au Quartz, Scène Nationale de Brest. En parallèle, elle entre à la RTS (Radio Télévision Suisse) où elle présente la météo. En 2011, Emilie Blaser fonde "La Distillerie Cie" à Neuchâtel, entourée d'une équipe de jeunes comédiens issus de la Manufacture. Ils montent collectivement Je ne fais que passer, joué au Crématoire de la Chaux-­‐de-­‐Fonds en 2012, puis Les Trublions de Marion Aubert en 2013, au Théâtre de l'Arsenic à Lausanne et en tournée. En 2014, c'est avec cinq autres comédiens issus de la Manufacture qu'elle fonde le collectif Sur Un Malentendu. Collectif Sur un Malentendu – Création 2015-2016
CEDRIC DJEDJE est diplômé de la HETSR-­‐La Manufacture (2007-­‐
10) à Lausanne. Il a travaillé, dans le cadre de sa formation, avec entre autre Jean-­‐Yves Ruf, Denis Maillefer, Claudia Bosse, Lilo Baur, Christian Geoffroy-­‐Schittler, Christian Colin, André Steiger, Philippe Macasdar et Alain Gautré. Depuis sa sortie, il a joué avec Jean-­‐Louis Hourdin dans Coups de Foudre de Michel Deutsch et Franz Fanon au Théâtre Saint-­‐Gervais, avec Ludovic Payet dans Wake up White men au Festival de la Cité à Lausanne, avec Massimo Furlan dans Schiller Thriller au Festival de la Bâtie à Genève, avec Erika Von Rosen dans Interroger l’habituel présenté au Théâtre de l’Usine à Genève et en tournée, avec Arpad Schilling dans Noéplanète au Théâtre National de Chaillot et à la Comédie de Genève, avec Chris Cadillac dans Médecine Générale au Théâtre 2.21 à Lausanne,, avec Aurélien Patouillard dans On a promis de ne pas vous toucher au Halles de Sierre et à L'arsenic. En 2013, il a été chef de projet et a joué dans la création collective Un après-­‐midi au zoo jouée au Théâtre Saint-­‐Gervais, à l’Arsenic et au Petit théâtre de Sion. Cédric Djedje a aussi participé à des courts métrages notamment avec Géraldine Rod et Lionel Rupp pour Eskapo en 2010 et avec Géraldine Rod en 2012 pour Rat de marée. Il cofonde avec cinq autres comédiens, issus de la Manufacture, le collectif Sur un Malentendu. CEDRIC LEPROUST, élève au cours Florent à Paris de 2004 à 2007, il joue ensuite au théâtre sous la direction, entre autres, de Benoit Guibert, de Sarah-­‐Lise Salomon-­‐Maufroy et de Guillaume Gallienne à la Comédie Française. De 2009 à 2012, il est élève à la HETSR-­‐La Manufacture à Lausanne. Il y travaillera notamment avec Jean-­‐Yves Ruf, Denis Maillefer, François Gremaud, Philippe Saire, Oskar Gomez Mata… En 2012, il joue dans Restons Ensemble Vraiment Ensemble mis en scène par Vincent Brayer. En 2013, on a pu le voir au théâtre de Carouge dans Léonce et Léna de G. Büchner mis en scène par Anne Schwaller et dans Mangeront-­‐ils ? de V. Hugo mis en scène par Laurent Pelly. Avec la Distillerie Cie, il signe le jeu et la mise en scène collective Des Trublions de Marion Aubert ( Théâtre du Grütli de Genève, Arsenic de Lausanne, l’Oriental de Vevey ). En parallèle, il crée la compagnie Tétanotwist, dont il est le directeur artistique et met en scène sa première création à l’Arsenic de Lausanne : Nous Souviendrons Nous, actuellement en tournée en Suisse et en Europe. En 2014, il joue dans Seule la mer d’après le roman d’Amos Oz, adapté et mis en scène par Denis Maillefer. Au cinéma, Cédric a participé au film Bon Vent Claude Goretta réalisé par Lionel Baier. La saison prochaine, il se produira notamment dans « Manger seul » mis en scène par Fabrice Gorgerat et jouera pour la première fois dans une pièce pour enfant « Le dératiseur d’Hamelin » mis en scène par Julie Burnier et Frédéric Ozier. Enfin, il est co-­‐fonde le Collectif Sur un Malentendu. Collectif Sur un malentendu – Création 2015-2016
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